Puisque c'est Numericable qui a été choisi pour faire l'acquisition de l'opérateur SFR, Bouygues Telecom doit se faire une raison et envisager d'autres pistes. Le groupe se prépare à fonctionner en solo sur un marché à quatre acteurs en resserrant les rangs, même si des discussions ont pu avoir lieu avec Orange et Free en vue d'un rapprochement.

Bouygues-Telecom-logo  Il s'est murmuré qu'Orange était particulièrement intéressé, peut-être avec la bienveillance du gouvernement qui aurait pu en profiter pour mettre en place un projet pour accélérer le déploiement de la fibre optique en France avec l'appui de Free en échange de l'accès au réseau de Bouygues Telecom.

Mais le même Free pourrait aussi devenir le repreneur direct de Bouygues Telecom pour constituer un marché à trois : Orange, SFR / Numericable et Bouygues / Free. Or, pour les analystes de Société Générale, un rapprochement entre Orange et Bouygues Telecom est économiquement peu pertinent.

Leur conclusion est sans appel, rapporte le journal La Tribune : "une acquisition potentielle de Bouygues Telecom par Orange n'a aucune logique industrielle", tandis qu'au contraire, une alliance entre Bouygues Telecom et Free constituerait "un mariage de raison".


Trop de risques de position dominante pour Bouygues - Orange
Ils estiment qu'une fusion entre Orange et Bouygues Telecom ne sera acceptée par les régulateurs que si la plupart des actifs du troisième opérateurs mobiles français sont vendus, et notamment son réseau mobile, sans quoi l'entité constituée détiendrait à elle seule plus de 60% des antennes 3G et 80% des antennes 4G, ainsi que le double de fréquences mobiles par rapport à SFR.

Il faudrait également céder une partie de la base des clients de Bouygues Telecom, sans quoi le nouvelle opérateur détiendrait 49% des abonnés mobiles français et générerait seul 60% du chiffre d'affaires du secteur des services mobiles.

Enfin, Orange serait sans doute obligé de céder également la branche Entreprises de Bouygues Telecom, alors qu'il détient déjà plus de 70% de part de marché. Pour les analystes de la Société Générale, les synergies attendues de 1 milliard d'euros en cas de fusion ne sont pas réalistes et les économies à espérer s'approcheraient au mieux de 500 millions d'euros

La seule logique éventuelle serait financière, à l'avantage d'Orange pour atteindre ses objectifs financiers, soit l'équivalent d'une augmentation de capital pour renforcer le bilan de l'opérateur.


Beaucoup moins de contraintes autour de Bouygues - Free
Un mariage entre Free et Bouygues ne présenterait a priori pas de contraintes réglementaires mais aurait l'inconvénient de donner à l'entité créée un ensemble de 70 MHz de bande passante en bande 4G 2600 MHz, contre 40 MHz pour Orange et 30 MHz pour SFR. Une redistribution des fréquences s'imposerait.

Les analystes voient dans cette alliance des synergies plus importantes que dans le scénario précédent et la possibilité pour Free de sortir rapidement de son contrat d'itinérance avec Orange et des centaines de millions d'euros dépensés annuellement pour le maintenir.

Avec l'appui de Bouygues Telecom, Free Mobile peut espérer atteindre plus rapidement son objectif initial de 25% de part de marché dans le mobile et retirer en douceur son forfait à 2 € qui lui a permis de conquérir de nombreux clients mais pèse sur son ARPU (revenu moyen par client) et sa rentabilité, pour le positionner sans doute vers les 5 €, comme ce que propose la concurrence (avec B&You, Sosh et SFR RED).

Par ailleurs, une entente entre Bouygues et Free éviterait la guerre des prix dans l'Internet fixe qui se prépare et dont Bouygues Telecom veut être le fer de lance. Le rapprochement pourrait se jouer à hauteur de 6 milliards d'euros, avec Xavier Niel conservant un contrôle à plus de 50%. Il reste à savoir si le groupe Bouygues est prêt à pactiser avec l'ennemi alors qu'il montre par son plan de transformation qu'il est prêt à soutenir sa filiale télécom contre l'adversité, rappelle La Tribune.

Source : La Tribune