Dans la conscience collective, le P2P, c'est le mal. Les maisons de disques, l'industrie du cinéma, les entreprises du software nous le rappellent chaque semaine. Ce que l'on sait beaucoup moins, c'est que les adeptes du P2P seraient également de bons consommateurs. C'est une étude tout à fait sérieuse qui nous l'apprend. Une étude de plus qui met en évidence l'incidence économique du P2P sur l'industrie de la musique notamment mais d'une façon tout à fait nouvelle. Voyons en détail ce qu'elle révèle.


Une étude qui va chercher plus loin
P2p diagram Si l'échange d'oeuvres piratées et copyrightées est aujourd'hui largement répandu, aucune étude n'avait jusqu'à présent présenté avec exactitude les habitudes des utilisateurs du P2P et leurs modes de consommation en dehors de leur sport favori. On pourrait retourner l'éternel débat dans tous les sens sur les motivations qui poussent les uns et les autres à user et abuser du P2P que cela ne nous avancerait pas beaucoup. Un point nouveau par contre tout à fait intéressant nous interpelle : les usagers du P2P sont également ceux qui achètent le plus les produits qu'ils téléchargent. Décortiquons donc.

L'étude porte sur l'usage du P2P pour la musique au Canada. Deux chercheuses anglaises, Brigitte Andersen et Marion Frenz ont, sans parti pris, étudié deux mille P2Pistes de ce pays dans leurs habitudes de consommation. Et selon elles, au regard des résultats obtenus, il y a aujourd'hui sérieusement de quoi modérer les propos tenus dans les campagnes de lutte contre le peer-to-peer.


L'usage du P2P génère des ventes
Premier point, les P2Pistes n'achètent pas moins de CD que le reste de la population. Ils n'en achètent pas plus pour autant. De plus, on s'aperçoit que plus les P2Pistes téléchargent, plus ils achètent des CD musicaux.

Cdroms Second point, l'étude révèle que la moitié des morceaux téléchargés l'étaient pour se faire une idée de l'album musical avant de l'acheter. Un quart de ces fichiers téléchargés l'étaient car tout simplement introuvables dans l'offre légale. Cela veut dire selon ces chercheurs que le P2P est un moyen comme un autre de se procurer des musiques introuvables ailleurs.

Troisième point, celui qui différencie ceux qui achètent uniquement sur les plateformes légales et donc ceux qui téléchargent uniquement par P2P. Et bien l'étude révèle que les premiers ne sont pas plus consommateurs de CD que les seconds.


Les préjugés des majors

D'autres révélations tout aussi croustillantes (PDF en anglais) sont à découvrir dans le rapport d'Andersen et Frenz. Qu'elle influence aura cette étude commandée par le gouvernement canadien ? Cela risque bien d'avoir peu d'impact sur les débats autour du P2P. L' Etat, tout comme les lobbyistes industriels, fera sans doute toujours autant pression pour la disparition pure et simple de l'échange gratuit de fichiers marqués du sceau "propriété intellectuelle".

Le problème est sans doute aussi qu'on assiste aujourd'hui à un duel " études contre études ", selon que l'on se situe d'un côté ou de l'autre. La réalité est une chose mais que vaut-elle dans ce cas là par rapport aux idées reçues et aux préjugés ?