Le fondeur Qualcomm, très présent dans les puces embarquées dans les smartphones et tablettes, a choisi un modèle économique fabless : il conçoit et teste ses puces lui-même mais il en confie la fabrication en masse à des fondeurs qui, eux, détiennent des sites de production.

Un tel modèle est très efficace dans le sens où il valorise la matière grise et la R&D ( et les royalties qui en découleront ensuite ) tout en laissant la partie production, avec ses lourdes contraintes de fonctionnement ( coûts fixes, taux d'utilisation des équipements, renouvellement.. ), à d'autres acteurs ( TSMC, notamment ).

Mais ce système efficace risque de se gripper si les capacités de production deviennent insuffisantes. Ce n'est pas pour rien qu'Apple, qui fait appel à un modèle similaire pour ses produits, dépense des milliards de dollars pour garantir ses approvisionnements en matières premières et composants, et n'hésite pas à investir dans l'amélioration des usines de ses assembleurs.


le modèle fabless confronté aux nécessités d'adaptation
Qualcomm logo pro  Or, pour Qualcomm, les contraintes de production chez TSMC ont limité les volumes de ses puces SnapDragon S4 de dernière génération, ne lui permettant de répondre à la demande et bridant sa croissance, ce qui permet à d'autres fournisseurs de proposer leurs puces comme alternatives.

La situation ne devant pas s'arranger avant la fin de l'année 2012 ou début 2013, Paul Jacobs, CEO de Qualcomm, a laissé entendre à l'occasion de l'événement annuel du groupe, Uplinq, que la société pourrait envisager de contrôler ses propres sites de production.

Il prévient qu'il ne s'agit que d'une piste de réflexion, et non d'une mutation en cours, mais elle n'est pas écartée et elle dépendra de l'évolution du marché. Le passage d'un modèle économique fabless à un retour aux fondamentaux de la fabrication directe des puces, même partiel, serait peu apprécié à court terme des actionnaires du groupe.

On notera que Qualcomm sait aussi redevenir un fabricant direct de composants lorsqu'il s'agit de pousser ses technologies, à l'image du site de production d'écrans e-paper Mirasol pour lequel il n'a pas hésité à dépenser plusieurs milliards de dollars.

Sans aller jusque-là ( ou pour préparer la transition ), il reste par ailleurs la possibilité de suivre la même stratégie qu'Apple, à savoir faire de gros chèques pour s'assurer des capacités de production de ses partenaires.

La maîtrise de sites de production lui permettrait cependant de s'adapter rapidement à la demande qui s'est révélée plus forte que prévu pour ses dernières générations de processeurs SnapDragon, dépassant les volumes de production initialement commandés chez TSMC.


De la pénurie de composants aux questions de timing
Commentant la présence de processeurs Tegra 3 quadcore dans les tablettes présentées par Microsoft ( gamme Surface ) et par Google ( Nexus 7, dévoilée hier au Google I/O ), Paul Jacobs a expliqué qu'il s'agissait d'une question de timing qui a fait que le processeur concurrent a été sélectionné au lieu de son SnapDragon, alors que " cette puce, avec deux coeurs, surpasse la Tegra, qui en a quatre. C'est une question de timing. Notre dual core est meilleur que leur quadcore ".

Une affirmation que Nvidia balaie du revers de la main en rappelant le nombre de produits (et les deux tablettes susnommées en sont un nouvel exemple ) dans lesquels son processeur Tegra 3 est présent. L'argument du timing est aussi celui qu'avait employé Texas Instruments au lancement du Tegra 2 par rapport à son OMAP4, lancé quelques mois plus tard.

Le bon timing, c'est bien ce qui a permis de faire de Nvidia un acteur significatif du marché des processeurs mobiles ARM en l'espace de deux ou trois ans face à des concurrents pourtant installés depuis bien plus longtemps. C'est aussi ce qui est en train de brider la pénétration des processeurs SnapDragon S4 sur le marché.

Source : Bloomberg