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Caf=c3=a9 Lily (sur le logiciel Lilypond)

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Olivier Miakinen
[envoi dans trois groupes usenet avec suivi vers fr.comp.musique,
copie cachée à Mathieu Demange]

Bonjour,

Le samedi 18 avril prochain aura lieu le deuxième « café Lily » à Paris.
C'est une rencontre entre utilisateurs du logiciel de gravure musicale
Lilypond, mais ceux qui n'ont jamais utilisé ce logiciel sont aussi les
bienvenus : c'est une excellente occasion de le découvrir, et peut-être
de l'adopter si vous vous rendez compte qu'il vous intéresse.

J'ai mis en copie de cet article usenet l'organisateur de la rencontre,
Mathieu Demange, mais en copie cachée car je ne sais pas s'il a ou non
de bons filtres anti-spam. Son adresse complète est contact chez
mathieudemange.fr (bien sûr, remplacer « chez » par l'arobase).

Le lieu, une salle de la Médiathèque musicale de Paris, étant grâcieusement
prêté à l'organisateur, l'entrée est gratuite (et la sortie aussi ;-) ).

Vous trouverez plus d'infos en suivant le lien framapad suivant. Notez
que cette page devrait être mise à jour au fur et à mesure, par exemple
quand on en saura plus sur le programme prévu. À priori, ça devrait
commencer par une initiation à LilyPond pour ceux qui ne le connaissent
pas du tout.

<https://annuel2.framapad.org/p/9f95-cafe-lily-opus-2>

N'hésitez pas à vous inscrire si vous pensez venir, fût-ce avec un
pseudonyme, afin d'estimer le nombre de participants et la quantité de
café ou de thé à préparer. ;-)

[Attention : suivi positionné vers fr.comp.musique seul]

Cordialement,
--
Olivier Miakinen

10 réponses

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Gerald
Le 2 mars 2020 à 21:59, Olivier Miakinen a écrit :
Tu as raison, je n'en ai vraiment aucune idée, mais ça m'intéresse
énormément. Est-ce qu'il existe des vidéos montrant des professionnels
de la gravure au travail ?

Pas à ma connaissance. Aux temps historiques, on avait été approchés
par des gens nous demandant une "formation" sur ce domaine. Avec de
manière parfaitement claire l'envie de nous concurrencer, à quoi nous
n'étions pas vraiment enthousiastes (ah ben pourquoi ?)
Notre "savoir-faire" était le résultat de très nombreuses heures de
recherche, d'essais et d'erreurs, de galères et de nuits blanches...
Qu'on ait souhaité se le conserver pendant qu'on tentait d'en vivre
et alors que le marché "mutait" pouvait se comprendre, d'où l'absence
de vidéos : secrets de fabrication, etc.
Mais arrive un moment où, quand on passe la main, on peut avoir envie
de garder une trace, comme ici ceux à qui nous avions alors succédé
https://www.youtube.com/watch?v=Q65Jzfr7YpE
Quel boulot ! Sans parler de la gravure à l'envers au poinçon, rien
que l'idée de devoir "imaginer" le remplissage de chaque système, la
maquette de la page, la gestion de la "tourne", puis la découpe des
mesures, le positionnement des "boules" puis des hampes et des
ligatures, j'en ai le vertige.
Note que ça s'est poursuivi, un temps, avec les mêmes contraintes
mais au normographe et au Rotring...
Je n'y connais rien. Est-ce que cela a quelque chose à voir avec le
fait de générer des fichiers .tex, .texi et .count ? Quoi qu'il en soit,
il est certain que le format de sortie EPS est prévu, mais je ne sais
pas s'il est « en groupements par couches ».

Jadis, les imprimeurs avaient besoin du "film" (ou des films, en
quadrichromie), seul recevable pour eux. Notre travail se terminait
donc au niveau de la "flasheuse", c'est-à-dire l'imprimante très
haute définition dont le laser impressionnait un "film"
photographique, qu'on développait et qu'on lui transmettait/vendait.
Ces flasheuses (très chères) ne recevaient que des fichiers
postscript... (d'où le besoin de sorties .eps)
Désormais ça a bien changé. Les imprimeurs se satisfont de fichiers
pdf quand ils sont convenablement réalisés, --> offset direct sans
film, les logiciels gratuits (ou les fonctionnalités partitions des
séquenceurs) suffisent à la qualité très dégradée devenue standard
chez les éditeurs et un peu partout, et les "vrais" éditeurs (comme
Henle Verlag, ci-dessus) utilisent des solutions "maison" avec des
salariés dédiés, évitant de faire appel aux "free-lance".
Ce n'est pas spécifique : c'est l'ensemble des "métiers du livre" qui
a muté radicalement en une trentaine d'années, avec perte de deux
aspects essentiels : qualité et tradition. Cela sera-t-il un jour
regretté ?
--
Gerald
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Gerald
Le 2 mars 2020 à 21:33, Olivier Miakinen a écrit :
On ne peut simplement pas le savoir en ne regardant que cette vidéo.

On peut le déduire à la fois de ce qui est présenté comme
fonctionnalités, mais également de ce qui n'est PAS présenté ! ;-)
Comment fais-tu avec tes autres logiciels en saisie rapide ?
Dans le fichier texte, les durées sont notées avec des chiffres et
des points (4 = noire, 8. = croche pointée, 2.. = blanche doublement
pointée), et si on a une série de triples croches on ne note la
durée qu'une seule fois.

Pareil (donc bénéfice du doute). Dans les logiciels commerciaux, les
équivalents sont, en principe standardisés sur ceux de Finale pour
des raisons historiques. Dans certains logiciels c'est directement
paramétrable, quand ce ne l'est pas on peut de toutes façons se
débrouiller avec QuicKeys ou autre. Après, il faudrait voir la
réactivité, la facilité des annulations etc.
-----------
Sans que cela constitue un critère discriminant :
1/ je n'ai pas connaissances de gens *vivant* de la gravure de
partition (rémunérés pour cela par des *éditeurs* de musique)
utilisant LilyPond
2/ LilyPond ne propose pas d'exemples de partitions du commerce,
provenant d'éditeurs connus et disponibles dans les librairies
musicales, réalisées avec ce logiciel.
Ça ne veut PAS dire plein de choses : ni que c'est un mauvais
logiciel, ni que les résultats en seraient médiocres... Seulement
que, pour l'instant, il ne semble pas répondre à des critères
commerciaux auxquels d'autres, parfois fort chers, répondent et
permettent d'être ainsi rentabilisés.
Purement factuel.
--
Gerald
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Olivier Miakinen
Le 04/03/2020 13:26, Gerald a écrit :
On ne peut simplement pas le savoir en ne regardant que cette vidéo.

On peut le déduire à la fois de ce qui est présenté comme
fonctionnalités, mais également de ce qui n'est PAS présenté ! ;-)

Je ne suis pas d'accord en ce qui concerne cette viédo en particulier,
mais c'est un détail. Je trouve la suite de ta réponse beaucoup plus
pertinente.
Comment fais-tu avec tes autres logiciels en saisie rapide ?
Dans le fichier texte, les durées sont notées avec des chiffres et
des points (4 = noire, 8. = croche pointée, 2.. = blanche doublement
pointée), et si on a une série de triples croches on ne note la
durée qu'une seule fois.

Pareil (donc bénéfice du doute). Dans les logiciels commerciaux, les
équivalents sont, en principe standardisés sur ceux de Finale pour
des raisons historiques. Dans certains logiciels c'est directement
paramétrable, quand ce ne l'est pas on peut de toutes façons se
débrouiller avec QuicKeys ou autre. Après, il faudrait voir la
réactivité, la facilité des annulations etc.

D'accord avec tout.
Sans que cela constitue un critère discriminant :
1/ je n'ai pas connaissances de gens *vivant* de la gravure de
partition (rémunérés pour cela par des *éditeurs* de musique)
utilisant LilyPond
2/ LilyPond ne propose pas d'exemples de partitions du commerce,
provenant d'éditeurs connus et disponibles dans les librairies
musicales, réalisées avec ce logiciel.

Effectivement, ça ce sont des arguments pertinents pour penser que
LilyPond ne serait pas aussi performant que les autres logiciels.
Cela dit, il *pourrait* exister une autre explication au fait que
les professionnels ne l'utilisent pas, et c'est ce dont je parlais
dans un précédent article : vu que personne n'est payé pour faire
vivre LilyPond, il n'y a aucun budget pour en faire la publicité,
et du coup les professionnels ne savent peut-être même pas qu'il
existe.
Ça me rappelle ce qui se passait (je le mets au passé parce que
je ne sais pas si c'est toujours le cas) à propos de Microsoft.
À une époque, cette entreprise déployait beaucoup d'efforts envers
les universités, allant jusqu'à fournir des licences très bon marché
ou peut-être gratuites aux étudiants. Du coup, une fois entrés dans
le monde du travail, les anciens étudiants achetaient directement
des produits Microsoft (au prix fort cette fois) sans même penser
que les mondes du Mac ou d'autres comme Unix ou Linux auraient pu
leur rendre de meilleurs services.
Ça ne veut PAS dire plein de choses : ni que c'est un mauvais
logiciel, ni que les résultats en seraient médiocres... Seulement
que, pour l'instant, il ne semble pas répondre à des critères
commerciaux auxquels d'autres, parfois fort chers, répondent et
permettent d'être ainsi rentabilisés.
Purement factuel.

Oui. Je t'avais trouvé injustement partial dans tes articles
précédents, mais cette fois je reconnais que tu as des arguments
convaincants.
--
Olivier Miakinen
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Olivier Miakinen
Le 04/03/2020 13:26, Gerald a écrit :
Tu as raison, je n'en ai vraiment aucune idée, mais ça m'intéresse
énormément. Est-ce qu'il existe des vidéos montrant des professionnels
de la gravure au travail ?

Pas à ma connaissance. Aux temps historiques, on avait été approchés
par des gens nous demandant une "formation" sur ce domaine. Avec de
manière parfaitement claire l'envie de nous concurrencer, à quoi nous
n'étions pas vraiment enthousiastes (ah ben pourquoi ?)

Je comprends cela même si, au final, je le regrette.
Notre "savoir-faire" était le résultat de très nombreuses heures de
recherche, d'essais et d'erreurs, de galères et de nuits blanches...
Qu'on ait souhaité se le conserver pendant qu'on tentait d'en vivre
et alors que le marché "mutait" pouvait se comprendre, d'où l'absence
de vidéos : secrets de fabrication, etc.
Mais arrive un moment où, quand on passe la main, on peut avoir envie
de garder une trace, comme ici ceux à qui nous avions alors succédé
https://www.youtube.com/watch?v=Q65Jzfr7YpE

Oui ! J'avais déjà vu d'autres vidéos de Henle Verlag, comme celle-là :
https://www.youtube.com/watch?v=BvyoKdW-Big
(ce n'était pas la même exactement, mais il y a des passages repris
comme lorsque le graveur dit en riant qu'il ne fait pas d'erreur).
Il va sans dire qu'ils ne saisissent pas 100 notes à la minute... ;-)
[...]
Ce n'est pas spécifique : c'est l'ensemble des "métiers du livre" qui
a muté radicalement en une trentaine d'années, avec perte de deux
aspects essentiels : qualité et tradition. Cela sera-t-il un jour
regretté ?

J'ai toujours des sentiments partagés lorsque j'essaye de comparer
« ce qu'on faisait avant » et « ce qu'on fait maintenant », quel que
soit le domaine. Même en ce qui concerne la qualité, il y a des pertes
d'un côté mais presque toujours contrebalancées par des gains d'un
autre. Quant à la tradition... eh bien on fabrique aujourd'hui la
tradition de demain !
--
Olivier Miakinen
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Gerald
Le 4 mars 2020 à 14:10, Olivier Miakinen a écrit :
Cela dit, il *pourrait* exister une autre explication au fait que
les professionnels ne l'utilisent pas, et c'est ce dont je parlais
dans un précédent article : vu que personne n'est payé pour faire
vivre LilyPond, il n'y a aucun budget pour en faire la publicité,
et du coup les professionnels ne savent peut-être même pas qu'il
existe.

Non, le marché "professionnel" de la gravure est tellement limité
que, pendant longtemps, ça a justifié pleinement des coûts très
élevés pour les vraiment bons logiciels (très peu d'acheteurs)
(Finale valait alors plus de 10 000 F notre trésorerie s'en souvient
! et Berlioz valait un bras ET la peau des khouilles !). S'il avait
existé une solution performante et gratuite, on se serait évidemment
jeté dessus et on aurait su gérer les inconvénients, crois-moi ! On
faisait des trucs avec QuicKeys que tu n'imagines même pas !
On s'était lançés là-dedans à partir de contacts à l'Ircam (1986 ?),
qui sont des gens TRÈS au courant de ce qui se fait, et en
particulier dans le domaine du logiciel libre et de Linux. Je ne sais
pas quand a démarré le projet LilyPond, mais dans mes contacts
là-bas, jusqu'en 1992, je n'en ai pas entendu parler (ce qui ne veut
pas dire que ça n'existait pas, juste qu'au moins dans l'unité de
*pédagogie* dirigée alors par Jean-Baptiste BARRIÈRE que je
fréquentais, ça n'était pas utilisé.
On utilisait alors le logiciel HB Engraver (sous MacOS 6 !) conseillé
par eux et acheté chez feu-Numéra, rue Primatice Paris 13 (dont le
fils du fondateur fût longtemps un pilier de ce forum !), on traitait
la sortie .eps sous Illustrator 1.0 (arf !), et on effectuait la mise
en page sous divers logiciels successif de mise en page : je me
souviens de Ready Set Go!, puis PageMaker, puis Quark Xpress... on
sortait alors le postscript et on l'envoyait à la flasheuse...
HB Engraver était une perle rare : un logiciel de gravure qui n'était
PAS un séquenceur, donc qui ne voyait pas d'inconvénient à placer 5
noires dans une mesure à 4 temps ! Un régal pour faire de la place et
insérer ensuite un autre signe musical ! Et une stabilité dans la
mise en page, les sauts de système, la tourne ! Ça "tassait"
imperturbablement (voire déformait les caractères) sans jamais se
mêler de déplacer une mesure ! souvenirs...
Concernant Henle Verlag, je sais qu'aux débuts de leur passage au
numérique, ils utilisaient un logiciel (en interne) qui fonctionnait
en "ligne de commande" (ou en mode texte ?) et ça nous rendait très
perplexes, mais il était utilisé là-bas par des *salariés* dont la
rentabilité était de toutes façons déjà très supérieure à la gravure
au poinçon... ils n'avaient pas les mêmes contraintes que nous...
S'agissait-il de LilyPond ? Pas sûr, car pourquoi ne pas
s'enorgueillir alors d'une référence aussi prestigieuse que l'un des
meilleurs éditeurs au monde ?
--
Gerald
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Gerald
Le 4 mars 2020 à 14:23, Olivier Miakinen a écrit :
Oui ! J'avais déjà vu d'autres vidéos de Henle Verlag, comme celle-là :
https://www.youtube.com/watch?v=BvyoKdW-Big

Je ne la connaissais pas, merci !
J'ai toujours des sentiments partagés lorsque j'essaye de comparer
« ce qu'on faisait avant » et « ce qu'on fait maintenant », quel que
soit le domaine.

Je ne le dirais peut-être pas "en général" mais dans le contexte que
je décris, je suis radical :
Même en ce qui concerne la qualité, il y a des pertes
d'un côté mais presque toujours contrebalancées par des gains d'un
autre.

Si ce ne sont que des gains financiers, pardonne-moi...
Quant à la tradition... eh bien on fabrique aujourd'hui la
tradition de demain !

En fait non : la tradition c'est quand on s'inscrit dans une
histoire. On peut alors, effectivement choisir de la prolonger. Ou
s'y cramponner et on n'est qu'un passéiste.
"Fabriquer" (créer) la tradition de demain en se fichant de ce qui a
existé avant est effectivement très à la mode, mais ça ne marche pas.
Ce ne sont que des coups de menton et des postures avec la danse des
dollars en arrière-plan dans la tête.
La base de la tradition, c'est l'humilité. Bien loin d'une volonté de
fabriquer la tradition de demain (on dirait le slogan d'un marchand
d'huisseries en aluminium !) ;-)
--
Gerald
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Olivier Miakinen
Le 05/03/2020 19:38, Gerald m'a répondu :
Même en ce qui concerne la qualité, il y a des pertes
d'un côté mais presque toujours contrebalancées par des gains d'un
autre.

Si ce ne sont que des gains financiers, pardonne-moi...

Si tu crois vraiment que je pourrais appeler qualité des gains financiers,
c'est une insulte assez grave que tu me fais. :-(
Toi qui es un professionnel de la gravure, tu trouves vraiment que les
partitions auxquelles tu contribues en 2020 avec l'outil informatique
sont forcément de moins bonne qualité que celles qui étaient faites
avant ?
Quant à la tradition... eh bien on fabrique aujourd'hui la
tradition de demain !

En fait non : la tradition c'est quand on s'inscrit dans une
histoire.

... et le présent d'aujourd'hui est l'histoire de demain, tout comme
notre histoire a été le présent de ceux qui y participaient hier.
On peut alors, effectivement choisir de la prolonger. Ou
s'y cramponner et on n'est qu'un passéiste.
"Fabriquer" (créer) la tradition de demain en se fichant de ce qui a
existé avant est effectivement très à la mode, mais ça ne marche pas.
Ce ne sont que des coups de menton et des postures avec la danse des
dollars en arrière-plan dans la tête.
La base de la tradition, c'est l'humilité. Bien loin d'une volonté de
fabriquer la tradition de demain (on dirait le slogan d'un marchand
d'huisseries en aluminium !) ;-)

En réalité nous sommes d'accord, même si notre façon de le dire n'est
pas tout à fait la même.
--
Olivier Miakinen
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Olivier Miakinen
Le 05/03/2020 19:38, Gerald a écrit :
Le 4 mars 2020 à 14:10, Olivier Miakinen a écrit :
Cela dit, il *pourrait* exister une autre explication au fait que
les professionnels ne l'utilisent pas, et c'est ce dont je parlais
dans un précédent article : vu que personne n'est payé pour faire
vivre LilyPond, il n'y a aucun budget pour en faire la publicité,
et du coup les professionnels ne savent peut-être même pas qu'il
existe.

Non, le marché "professionnel" de la gravure est tellement limité
que, pendant longtemps, ça a justifié pleinement des coûts très
élevés pour les vraiment bons logiciels (très peu d'acheteurs)
(Finale valait alors plus de 10 000 F notre trésorerie s'en souvient
! et Berlioz valait un bras ET la peau des khouilles !). S'il avait
existé une solution performante et gratuite, on se serait évidemment
jeté dessus et on aurait su gérer les inconvénients, crois-moi ! On
faisait des trucs avec QuicKeys que tu n'imagines même pas !

À l'époque des francs, LilyPond n'existait probablement pas. Ou alors
dans une version qui devait être *très* loin de la qualité typographique
d'aujourd'hui. Rien d'étonnant à ce qu'il n'ait même pas été une option
envisageable à l'époque.
[...]
Concernant Henle Verlag, je sais qu'aux débuts de leur passage au
numérique, ils utilisaient un logiciel (en interne) qui fonctionnait
en "ligne de commande" [...] S'agissait-il de LilyPond ?

On en voit un peu vers la 50e seconde de la vidéo dont tu as donné le
lien : <https://www.youtube.com/watch?v=Q65Jzfr7YpE&tPs>.
La notation ressemble un peu à du LilyPond en plus fruste. À moins qu'il
ne s'agisse d'une très vieille version et que LilyPond ait énormément
évolué depuis, je pense que ce n'est pas la même chose.
--
Olivier Miakinen
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Gerald
Le 6 mars 2020 à 00:00, Olivier Miakinen a écrit :
Toi qui es un professionnel de la gravure, tu trouves vraiment que les
partitions auxquelles tu contribues en 2020 avec l'outil informatique
sont forcément de moins bonne qualité que celles qui étaient faites
avant ?

En gros oui, et c'est obligé : le prix de la page "achetée" a été
divisé par dix ! On en donne aux éditeurs pour l'argent qu'ils
donnent (et le nombre d'heures que cela représente, à un tarif
d'artisan banal de garagiste... même pas de plombier !). Et les
éditeurs eux-même en donnent au public pour ce qu'il est prêt à
débourser, et pour la qualité qu'il est prêt à accepter.
Dans un contexte où, au moins pour la musique de variétés et pour le
musicien amateur lambda, la simple idée de lire des notes sur une
portée est en train de devenir d'un exotisme torride : berk le
"solfège"(*) (heureusement, il reste un peu de tradition maintenue
dans les conservatoires et écoles de musique, et ça représente
beaucoup de monde, c'est plein partout !). (*) mot inapproprié
puisque "solfier" n'est que la partie "exercices de lecture" qui SERT
à l'apprentissage de la THÉORIE DE LA MUSIQUE. D'après Wikipédia,
dans les conservatoires, on parlerait depuis 1977 de "Formation
musicale (FM)).
Une première info additionnelle : la médiocrité a été amplifiée par
la concurrence internationale où des corréens à 1 €/heure (mais aussi
des pays de l'est) ont débarqué, ignorant tout de ce qui faisait la
spécificité de la typographie française en matière musicale
(tradition) pendant exact de la typographie française en matière de
langue écrite (une espace insécable avant les signes de ponctuation
doubles, par exemple, au contraire des anglo-saxons). En musique :
une liaison ne se pose pas à la hussarde et approximativement
au-dessus des notes mais doit pointer vers le CENTRE de la boule de
la note de départ et de la note d'arrivée, et doit décrire une
trajectoire harmonieuse en courbe de Bézier, sans entrer en conflit,
évidemment ou avec gestion du conflit par un masque blanc. Ah, ça
prend du temps (et il faut le savoir) !
Une deuxième info additionnelle : pour les éditeurs, ressortir les
films (qu'ils conservent précieusement) et réimprimer l'existant qui
"marche" coûte évidemment peanuts ! DONC ils privilégient cette
solution autant qu'ils le peuvent et ne sortent de nouveautés qu'au
compte-gouttes. Raison pour laquelle la perte de qualité dont je
parle n'est pas manifeste dans les "bacs" des magasins : on ne la
constatera que dans la durée.
La concurrence des partitions pdf en ligne libres de droits et
utilisées de plus en plus par les musiciens professionnels pour le
"classique" et tout ce qui a plus de 70 ans, réduit encore plus le
marché et n'incite ni à la nouveauté ni à la qualité (mais je suis
POUR ! On y trouve des fac-simile de manuscrits fabuleux pour
l'analyse, et l'IMSLP est un trésor ! Ici un exemple concret sur les
suites françaises BWV 812-817 de J.S. BACH, dont une copie complète
du manuscrit d'Altnikol (gendre de Bach)
https://imslp.org/wiki/6_French_Suites,_BWV_812-817_(Bach,_Johann_Sebastian)
Tiens, savais-tu que le format "standard" des partitions du commerce
(23x30,5cm, devenu en général 23x31cm) est en partie destiné à rendre
plus difficiles les duplications sur photocopieur A4 ? Arf !
--
Gerald
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Olivier Miakinen
Le 06/03/2020 09:31, Gerald a écrit :
Toi qui es un professionnel de la gravure, tu trouves vraiment que les
partitions auxquelles tu contribues en 2020 avec l'outil informatique
sont forcément de moins bonne qualité que celles qui étaient faites
avant ?

En gros oui, et c'est obligé :

Eh bien non, je ne suis pas d'accord, et j'ai un exemple qui rejoint
exactement ce dont tu parles plus loin.
le prix de la page "achetée" a été divisé par dix !

Et le temps pour composer une page, il a été divisé par combien depuis
que tu utilises un logiciel et un clavier MIDI au lieu de poinçons et
marteaux ? Ne serait-ce pas par beaucoup plus que dix ?
[...]>
spécificité de la typographie française en matière musicale
(tradition) pendant exact de la typographie française en matière de
langue écrite (une espace insécable avant les signes de ponctuation
doubles, par exemple, au contraire des anglo-saxons).

Oui. et les règles typographiques, bien qu'inconnues de la plupart des
lecteurs, ralentissent la lecture de ces *mêmes* lecteurs quand elles ne
sont pas respectées. Par exemple le fait d'écrire « 20h30 » au lieu de
« 20 h 30 ».
En musique :
une liaison ne se pose pas à la hussarde et approximativement
au-dessus des notes mais doit pointer vers le CENTRE de la boule de
la note de départ et de la note d'arrivée,

Oui, mais uniquement pour les liaisons de prolongation, au contraire
des liaisons d'expression.
et doit décrire une
trajectoire harmonieuse en courbe de Bézier, sans entrer en conflit,
évidemment ou avec gestion du conflit par un masque blanc. Ah, ça
prend du temps (et il faut le savoir) !

Et donc ça prend du temps et il faut le savoir quand on grave à la
main et sans aide informatique, mais un bon logiciel de gravure est
censé connaître toutes ces règles de typographie élémentaires.
J'ai justement eu un excellent exemple cette année, mais malheureusement
je n'arrive pas encore à retrouver sur quelle partition c'était. Il
s'agissait d'une édition que je crois de la moitié du XXe siècle, donc
sans ordinateur, où une liaison d'expression à une tourne de page
faisait croire à une liaison de prolongation, justement parce qu'elle
pointait vers le centre de la boule de la note de départ.
J'avais refait la partition avec LilyPond, et le départ de la courbe
de Bézier s'est retrouvé un quart de millimètre plus haut. Eh bien cela
a suffi pour que la nature de la liaison devienne évidente, y compris
à notre chef, professionnel de la musique, qui s'était trompé lors d'une
répétition sur l'ancienne partition.
C'est justement ce genre de choses qui me fait dire que la qualité *peut*
être améliorée par rapport à ce qui se faisait avant, simplement parce
que les outils ont évolué. Et encore une fois je ne parle pas d'argent
mais vraiment de _qualité_. Je t'ai trouvé blessant quand tu as parlé de
gains financiers.
[...]
Tiens, savais-tu que le format "standard" des partitions du commerce
(23x30,5cm, devenu en général 23x31cm) est en partie destiné à rendre
plus difficiles les duplications sur photocopieur A4 ? Arf !

Je m'en doutais. Et c'est embêtant, maintenant que la SEAM propose un
abonnement permettant aux associations de photocopier pour leurs membres
les partitions dont elles achètent un unique exemplaire. On s'en sort
avec des imprimantes faisant du A3, en réduisant un peu vers A4.
--
Olivier Miakinen
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