*Chesney BAKER Junior* naît par un beau jour de décembre (2 jours avant
la naissance d'un prétendu prophète, Je _croix_ !) 1929, à Yale en
Oklahoma. Son père, Chesnay Senior exerce des petits boulots à droite
et à gauche, tout en caressant l'espoir de pouvoir un jour gagner sa
vie comme...guitariste !...
Au moment de la naissance de son rejeton, il est de retour au foyer
après plusieurs semaines d'absence pour cause de tournées...La crise
économique (non...Pas celle de la Grèce !) qui explose va le
contraindre à renoncer à sa carrière de musicos, et ce malgré un
engagement dans un orchestre radiophonique. Vera BAKER considère la
naissance de son fils comme le plus beau cadeau de Noël auquel elle
puisse rêver !...
Pour l'heure, la frustration du père contraste avec le bonheur de la
mère qui idôlatrera son fils et lui prodiguera tout l'amour du monde
(ce qui hélas n'a jamais été Mon cas !...Pas étonnant donc que Je sois
devenu psychotique, n'est-ce pas...). Le gamin est également choyé par
Agnès, la soeur de Chesnay, et son mari Jim, qui ne peuvent pas avoir
d'enfant et qui reportent donc leur amour filial sur Chet, provoquant
du coup la jalousie du père...
Le jeune garçon est chétif, d'une beauté fine, presque féminine, ce qui
renforce évidemment la fierté maternelle, mais lui vait des moqueries
de ses copains...Le jeune enfant prndra l'habitude de répondre à ces
railleries par des défis de tout ordre, y compris sportifs, afin de
prouver que, s'il n'est pas le plus solidement bâti, il peut être le
plus téméraire, voire le plus fort.
Il évite les bagarres mais est capable de prendre des risques physiques
que les enfants de son âge refusent de courir !...
Tout jeune, Chet écoutait la radio quand son père y faisait partie d'un
orchestre. Il chante souvent (voix prenante et tellement fragile, même
dans ses vieux jours !) pour son plaisir et celui de sa mère, et
commence à jouer du piano. En 01942, Vera l'entraîne au /Clifton's/, un
resto qui organise des spectacles de jeunes talents, où sa voix qui n'a
pas encore mué, et son physique lui attirent des quolibets !...
Chesnay Senior va alors tenter de "viriliser" son jeune ado de fils en
lui offrant un trombone trop grand pour lui, qu'ils changeront
rapidement pour une trompette, plus en adéquation avac la taille du
garçon. Chet se cassera même une dent suite au jet d'une pierre lors
d'un chahut de gosses, _ce qui lui donnera pour toujours ce son si
particulier_ !...
Cependant, il travaille son instrument avec ténacité et s'inscrit au
cours de musique pour débutants de son collège. Il joue aussi dans
l'orchestre de danse de l'école, et reproduit tout ce qu'il entend à la
radio, étudiant les solos de son trompettiste préféré de cette époque,
*Harry JAMES*...
[La suite que J'aurai le temps, ô amis mélomanes]...
À la fin de la guerre, Chesnay Senior perd son emploi et la famille est
secourue par des amis d'Oklaoma qui les hébergent à Hermosa Beach
(Californie). Le jeune Chet trouve un boulot dans un bowling après
l'école et passe son temps libre à la plage et aux automobiles qu'il
aime conduire vite ! Il lui arrive (et c'est le débuts des larcins qui
émailleront toute sa vie !) de voler de l'essence en siphonant les
réservoirs. Les vapeurs de carburant sont sans doute à l'origine de ses
premières défonces !...Le jeune homme ne tient littéralement pas en
place, et flirte sans cesse avec la délinquance. Conscient des risques
qu'il court, il décide de s'engager dans l'armée en novembre 1946, pour
une période de 18 mois. Il est affecté à Berlin, où il réussit à se
faire une place dans la formation du 298ème Orchestre militaire, où sa
_prodigieuse oreille_ lui permettra de cacher qu'il ne sait pas...lire
la musique ! En même temps, il auditionne auprès du saxophoniste alto
*Howard GLITT* qui l'engage dans son orchestre de dance. C'est à cette
époque qu'il découvre *Stan KENTON* à la radio, et surtout ses deux
trompettistes préférés, *Shorty RODGERS* et *Al PORCINO*...Ainsi que
*Dizzie GILLESPIE*...Forcément !...Il est démobilisé en 1948 et rentre
chez lui. À la fin de l'année, il est admis au /Camino College/, une
université qui accueille les vétérans de l'armée où il est sensé
apprendre l'harmonie et la lecture de la musique tout en faisant partie
d'une équipe de football. Malgré cette éducation musicale, il restera
toutefois _toute sa vie un autodidacte_, préférant reproduire les sons
et le figures harmoniques qu'il entend à la radio.
En 1949, Chet rend visite à *Ian BERNARD*, un ami pianiste de bop dont
la famille possède un graveur de disques grâce auquel il enregistre
/All the Things you Are/ et / Get happy/. Poussé par le besoin
d'apprendre de nouvelles chansons, il ne lâche plus *Jimmy ROWLES*, le
pianiste de *Billie HOLIDAY*, et *Peggy LEE*, entre autres, qui
l'entraîne avec lui à des jam-sessions où Chet commence à se faire
connaître...Il découvre alors les enregistrements de *Miles DAVIS*,
dont il apprécie particulièrement la sonorité et l'élégance. Il
découvre aussi la marie-jeanne, qu'il ne tarde pas à consommer tout de
suite avec excès.
Il quitte l'université à la fin de l'année et est engagé dans
l'orchestre latino d'un hôtel du centre ville où il joue avec le
contrebassiste *Bob WHITLOCK*, avec qui il se lie d'amitié. Puis il
fréquente assidûment les jam-sessions du /Showtime/ où il croise
*Maynard FERGUSON*, *Shorty RODGERS*, Pete et Conte CANTOLI*, *Herb
GELLER* et autres *Dave PELL*, *Art PEPPER*, *Bob GORDON*, *André
PREVIN* (oui !...Le "fameux" chef d'orchestre !), *Rus FREEMAN*, *Lou
LEVY*, *Paul SMITH*, *Red MITCHELL*, **Joe MONDRAGON*, *Harry BABASIN*,
*Alvin STOLLER* et...*Shelly MANNE*...Excusez du peu !!...
Il commence à jouer deux soirs par semaine au /Jack's Basket Room/. À
cette époque, les musiciens noirs et blancs ne se mélangent pas, et
Chet ne fréquente que les clubs pour blancs. Après une arrestation
suite à la découverte d'une arme à feu appartenant à *Jack SHELDON*
dans sa bagnole, il décide de rempiler et signe un nouvel engagement
dans l'armée.
Bon...Je pars signer Mon compromis de vente, là...Me voilà _enfin_
proprio...à 65 balais...Putain de vie...
En garnison à San Francisco, il fréquente les clubs locaux, en
particulier le fameux /Blackhawk/, où il fait la connaissance de *Paul
DESMOND*, altiste de la formation de *Dave BRUBECK* (c'est d'ailleurs
LUI, comme Je l'ai déjà assertionné, qui fit de cette formation toute
sa grandeur et son originalité, plus que le pianiste lui-même !), et
fréquente le trompettiste *Kenny DORHAM*.
Au cours d'une permission, il épouse Charlaine SOUDER à Las Vegas. Au
bout d'un an, Chet, fatigué de cette existence monotone, tente de
quitter cette putain d'armée ; il est alors affecté près de la
frontière mexicaine, dans un unité disciplinaire !...Où il joue dans le
77ème Orchestre, se rend régulièrement au Mexique et, bien entendu, se
came de plus en plus...Il finira par être démobilisé et regagnera L.A.
au début de l'année 1952. Il jouera alors (sans enthousiasme) dans
l'orchestre de style "dixieland" d'un clarinettiste original et
burlesque, le *Schickle Fritzers* de *Freddie FISHER*, puis avec le
saxo ténor *Vido MUSSO*. En mars, il apparaît au /Trade Winds Club/
dans l'octette du violoncelliste *Harry BABASIN* aux côtés de *Sonny
CRISS*, *Wardell GRAY* et *Dave PELL*, *Jerry MANDEL*, *Bob WHITLOCK*
et *Lawrence MARABLE*. Enfin, en avril 952, il auditionne pour faire
partie du groupe que *Charlie PARKER*, fraîchement débarqué à L.A.
[confer Mes brillants opus sur le BOP et la WEST COAST], est en train
de former. Il jouera quelque temps avec *Bird*, lequel voit en lui un
concurrent sérieux pour GILLESPIE et Miles !...Le groupe se produit à
la fin du mois de mai au /Tiffany/, mais Chet est malgré tout encore
assez maladroit, timoré, et a de la peine à suivre les extraordinaires
méandres de la musique bop de PARKER. Néanmoins, cette collaboration
contribuera à la fois à le faire connaître, et à développer son jeu au
contact de BIRD qu'il ne quitte pas d'une semelle, y compris en-dehors
des concerts et des répétitions. Un concert au /Trade Winds Club/ avec
la formation de BABASIN, un sextet où apparaissent les pianistes *Al
HAIG et *Russ FREEMAN* sera d'ailleurs enregistré.
À cette période, le jazz calofornien (COOL, léger, d'inspiration
blanche) s'oppose à celui dela côte Est, plus violent, plus lourd,
restant l'apanage des "blacks"...Le succès du COOL californien, Nous
l'avons précisé dans Notre dernier Opus, est facilité par le fait qu'il
est l'apanage des blancs à une époque où la ségrégation raciale est
encore très vivace. Ce style décontracté contraste avec la violence qui
couve dans le jazz afro-américain et c'est pour cette raison qu'il
devient un produit commercial facile à promouvoir. Chet BAKER ne va pas
tarder à incarner ce style fait de sophistication, de finesse et
d'élégance, sans violence ostensible et débarrasssé des connotations
raciales du jazz traditionnel...
Sur ce, Je M'en va contempler les balles jaunes de Roland Garros...
Et parie pour une finale Söderling vs Nadal, ça va de soi...
Bien...Comme Je l'avais prévu, la finale de RG dimanche sera donc bien
Nadal vs Doderling...
Ce qui n'empêche pas que la réputation de Chet s'établit entre
critiques et éloges. *Gerry MULLIGAN* l'auditionne, grâce à la
recommandation de *Bob WHITLOCK*. Mais leur première rencontre donne
lieu à une engueulade que c'est pas possible, et Chet claque la lourde
!...Jusqu'à ce que MULLIGAN l'engage enfin, mais presque à
contre-coeur, dans la formation qu'il anime et qui doit se produire au
/Haig/. Cette formation a comme caractéristique principale l'_absence
de piano_ (Cf. Mon étourdissant Opus sur la WEST COAST). C'est alors
que Dick BOCK, qui travaille pour le label /Discovery/, décide
d'organiser une séance d'enregistrement pour laquelle les deux musicos
sont accompagnés de *Jimmy ROWLES* et *Joe MONDRAGON*. Au mois d'août
suivant, MULLIGAN enregistre avec *Chet*, *Whitlock* et *Chico
HAMILTON*. La relation entre MULLIGAN et BAKER s'est mise au beau fixe,
et, début septembre, les deux compères partent pour San Francisco pour
y engager le contrebassiste *Carson SMITH*, que CHET avait recommandé à
MULLIGAN*, et dont il était un fan. Très vite, ils enregistrent pour le
label de Dave BRUBECK en s'adjoignant les services de Chico HAMILTON.
La _mythique_ version de *My Funny Valentine* fut spécialement
"arrangée" pour MULLIGAN et SMITH, afin de mettre en valeur le souffle
intimiste de la trompette de CHET, et sa manière de chuchoter les notes
jusqu'à en extirper la charge douloureuse (Je vous diasais il y a
quelques jours que Je M'étais écouté _cette_ version en boucle pendant
30 bonnes minutes !...Un _chef-d'oeuve_, vous dis-Je !).
Cette chanson accompagnera d'ailleurs le trompettiste pendant de
nombreuses années et symbolisera, plus qu'aucune autre, son inimitable
et inouïe façon de jouer de la trompette, de manière sphistiquée et
minimaliste. Pour l'heure, ces enregistrements qui mettent le
trompettiste en valeur vont lui apporter un début de gloire !...Le
tandem BACKER/MULLIGAN qui se produit au /Haig/ à la fin de cette même
année incarnera le STYLE *COOL*, fait de détachement, de décontracion
et de forte sensualité, et dont on trouve des équivalents dans le
cinéma hollywoodien de l'époque, avec des acteurs comme Marlon BRANDO,
"Monty" CLIFT ou James DEAN...Ou dans la littérature de Jack KEROUAC.
Cet "existentialisme" à l'américaine fait de détachement et
décontraction apparaît comme une forme subtile parceque non violente de
révolte, quis 'exprime désormais par /l'approbation de la Vie jusque
dans la Mort/ (définition de l'Érotisme selon George
BATAILLE)...reprise par cette génération montante dans son refus des
conventions, l'exaltation de l'errance, la rupture d'avec la société et
le rejet des racines au nom d'un individualisme du refus.
Les deux musiciens ogtiennent alors un énorme succès au /Haig/, et tout
Hollywood s'y déplace pour les applaudir...Comme Jane RUSSEL...Robert
MITCHUM...Marilyn MONROE...Ou Anne BAXTER, qui les engagera à sa fête
d'anniversaire. CHET improvise de mieux en mieux et surtout ne se
répète jamais. Bien que restant relativement distant et effacé, il ne
manque pas une occasion de finir la nuit avec l'une ou l'autre des ses
admiratrices (comme Moi, il y a bien longtemps), profitant de Notre
magnétisme sexuel...En particulier avec Joyce qTUCKER, la fille du
patron du /Tiffany/.
En janvier 1953, le quartette retourne au studio, l'expérience acquise
tout au long des concerts étant sensible, et le groupe donnant une
impression de très forte cohésion (n'avez qu'à écouter leus disques,
hein...Ils sont nombreux !)...
À partir de 1953, la popularité de CHET en vient à dépasser celle de
MULLIAGAN, et ce dernier commence alors de montrer des signes
d'agacement, reprochant au trompettiste son excès de décontraction et,
surtout, son mode de vie. Car, quand il ne joue pas, CHET passe son
temps à la plage, fait du sport ou conduit des bolides...Sans oublier
bien entendu l'usage immodéré de la dope...
Le quartet s'adjoint les services du génial *Lee KONITZ* pour un
concert au /Haig/ le 23 janvier. Le 29, MULLIGAN réunit un tentette
pour une séance au cours de laquelle seront gravés 4 titres. Le 1er
février, une nouvelle séance réunira le quartet de *MULLIGAN* et
*KONITZ*...
Les deux musiciens sont étroitement surveillés par la brigade des
stupéfiants et MULLIGAN, toxico discret, en attribue la responsabilité
à BAKER...Un événément va précipiter leur séparation : le 13 avril
1953, ils sont tout deux arrêtés pour usage de droguas, mais seul
MULLIGAN sera traduit en justice (!) et condamné à six mois de prison.
Entre son arrestation et son procès, MULLIGAN, qui est en liberté sous
caution, enregistre pour la dernière fois avec ce quartet. Incarcéré,
il se retrouve seul, abandonné par ce salop de BAKER qui ne lui enverra
même pas la moindre lettre...Souffrant du manque, il rumine son
amertume et sa colère jusqu'à sa libération.
Bon...Je M'en vas écouter le Requiem de Mozart (par Hermann SHERCHEN
deuxième version, en stétéo, évidemment)...
Chet BAKER va se lier d'amitié avec *Russ FREEMAN*, un pianiste bop,
qui essaye d'abandonner les drogues dures, et qui tombe sous le charme
du trompettiste. Les deux amis partagent une maison...Chet se laisse
vivre et ne semble guère pressé de bosser !. Cependant Dick BOCK se
démène afin de profiter de l'éloignement de MULLIGAN pour faire
enregistrer CHET en tant que leader. En juin, un concert au /Haig/
associe CHET, *Stan GETZ*, *Carson SMITH* et *Larry BUNKER*. Enfin en
juillet, CHET forme son premier quartet avec *Russ FREEMAN*, *Red
MITCHELL* (puis Carson SMITH) et *Bobby WHITE* (puis Larry BUNKER).
Pour ces séances, CHET laisse à FREEMAN le soin d'en choisir les titres
et d'en écrire les arrangements.
Entre l'irascibilité de BAKER, ses hésitations et son manque
d'expérience, il fallut avoir recours à d'adroits montages et collages
pour donner un résultat exploitable !...Malgré tout, la trompette de
Notre génie y apparaît incisive, élégante, décontractée, et ses
interventions témoignent d'un sens aigu de l'équilibre. Contrairement
aux boppers, CHET insiste sur la mélodie et se contente de jouer dans
un registre medium sans acrobaties excessives (Miles ne s'est guère
comporté autrement !). Ces enregistrements vont connaître un tel succès
que la quartet va être engagé au /Carlton Theatre/ de LA à partir du 12
août, BAKER devant jouer avant GETZ. L'entente entre les deux n'est
cependant pas au beau fixe. GETZ se défonce beaucoup trop au goût de
CHET et sa popularité lui fait de l'ombre. Ils jouèrent pourtant
régulièrement ensemble jusqu'en octobre où, à l'occasion d'un
engagement pour deux mois au /Blackhawk/ de S.F., la jalousie entre les
deux hommes qui entretient un lourd climat de haine, ainsi sans doute
que le fait que BAKER s'adonnait aux drogues dures (comme il le fit
hélas pendant quasiment toute sa vie), va précipiter leur rupture, GETZ
regagnat L.A. au bout de deux semaines. BAKER tentera de jouer seul,
mais sera viré quelques jours plus tard....
De retour à L.A., CHET retrouve le chemin des studios en octobre, avec
des groupes fluctuants où apparaissent *FREEMAN*...*Carson
SMITH*...*Larry BUNKER*...*Joe MONDRAGON*...*Shelly MANNE*.
Pui CHET se joint au quartet de *Dave BRUBECK* qui accompagne *Charlie
PARKER* pour une tournée All Stars dans les universités...Tandis que
Dick BOCK continue de lui organiser des séances d'enregistrement qui
montrent la progression du trompettiste. Son jeu, affranchi des
contraintes des arrangements écrits par d'autres, y gagne en douce
mélancolie. Les lignes mélodiques y présentent un curieux mélange de
sobriété et de poésie où pointe pourtant une certaine noirceur que
viennent renforcer des silences tendus. Le son de CHET est fluide et
cristallin, mystérieux, brillant, douloureux et frissonnant...
Le *Chet BAKER Ensemble* qui enregistre en décembre se compose d'*Herb
GELLER*, *Jack MONTROSE*, *Bob GORDON*, *Russ FREEMAN*, *Joe MONDRAGON*
et *Shelly MANNE*. CHET semble évoluer à l'aise dans cette
configuration orchestrale où le travail préparatoire de FREEMAN lui
permet d'évoluer sans effort. Mais il a d'autres envies et se lance
alors dans un projet qui lui tient à coeur et qui consiste à
enregistrer avec des cordess (ce qui fut d'ailleurs le cas pour d'autre
"grands" du Jazz !). Les arrangaments nécessaires aux violons ne
laissent évidemment qu'un espace limité à l'improvisation et CHET, en
fin de compte, n'y apparaît pas trop à l'aise...Pourtant, il y
développe un jeu dans le registre grave qui le rapproche
émotionellement de celui d'un saxophone ténor comme celui d'un *Lester
YOUNG*. Il semble difficile pour un autodidacte comme lui et un
improvisateur instinctif d'évoluer dans un ensamble où la nécessité de
la mise en place orchestrale rend difficile la spontanéité qui prévaut
dans le travail s'un quartet. Pourtant, l'album /Chet BAKER xith
Strings/, dont la pochette, réalisée par le photographe William CLAXTON
montre CHET au sommet de sa trouble beauté accroît sa popularité auprès
des californiennes !...La critique comme MELMOTH accueillent cet album
avec enthousiasme et CHET estd ésormais persuadé qu'il peut voler de
ses propres ailes plutôt que de se fondre discrètement dans l'orchestre
d'un autre.
La rupture d'avec MULLIAGAN va avoir lieu dès que ce dernier sort de
taule. CHET réclame un cachet impossible pour réintégrer sa formation
et MULLIGAN, qui reproche à CHET de l'avoir laissé tomber pendant son
incarcération est trop heureux de le lui refuser. Le quartet _magique_
qui représentait le style COOL CALIFORNIEN a définitivement cessé
d'exister.
Chet BAKER se produit dans des clubs de L.A. durant toute l'année 1953,
profitant de son succès auprès des meufs...On a dit qu'il émanait de
lui une sorte de magnétisme sexuel, une sensualité à la fois brutale et
fragile, mais surtout ambiguë. Car si l'image d'un BRANDO dans /Un
Tramway nommé Désir/ est virile dans son animalité-même, celle de CHET
est est le signe d'une fragile féminité...Celle qui attirait les
quolibets de ses camarades [sic] d'école, mais qui fascinait à l'époque
les femelles.
William CLAXTON, par ses fotos adroitement élaborées, va largement
contribuer à répandre l'image érotique du musicien. Cependant, il faut
reconnaître que l'image "foto" témoigne de la personnalité de son
sujet, comme un révélateur, en quelque sorte...En effet, CHET possède
une personnaloté fragile et mystérieuse qui se ressent dans sa manière
*UNIQUE* (dans la grande histoire tes trompettistes de jazz) de jouer.
Derrière son souffle, dans ses silences, couve le feu d'un enfer auquel
il tente désespérément d'échapper à travers une fuite en avant qui lui
fait aimer la vitesse, consommer des drogues comme des femmes...Ou des
femmes comme une drogue !...Douloureux secret qui le hantera toute sa
vie et le conduira à la fois au sommet de son *ART* et aux gouffres de
l'enfer, comme si l'un n'allait pas sans l'autre. Sa musique recèle
tous ses états d'âme, et c'est précisément ce qui en fait le charme
envoûtant. Le souffle de *Chet BAKER* _apparaît comme le souffle du
DÉSESPOIR_...
Il signe avec Joe GLASER, un agent qui s'occupe aussi de *Louis
ARMSTRONG*, *Billie HOLIDAY*, *Lionel HAMPTON* et *Duke ELLINGTON*, et
qui organise sa première tournée américaine au début de 1954. Juste
avant son départ, en février, il enregistre un album dans lequel _il
chante_ pour la première fois. Comme pour son jeu de trompette quelques
années plus tôt, sa voix est hésitante et mal assurée mais possède la
même grâce fragile et la même émotivité et sensualité. La célèbre foto
de la pochette qui le montr en débardeur va, là encore, assurer le
succès d'un disque au demeurant relativement maladroit, y compris dans
la communauté gay (Précisons qu'à Notre connaissance, CHET n'a jamais
eu de relations homosexuelles...Il aimait trop les femmes !). La
tournée américaine va durer 9 mois pendant lesquels le succès rencontré
par ces jeunes californiens COOL ne se démentira jamais...CHET est reçu
partout avec les honneurs car il représente le jeune blanc moderne à la
fois patriote et indépendant, d'une sensualité forte teintée d'un
insondable mystère !...
En mai 1954, il reste pendant un mois entier au /Birdland/ où il se
produit dans le même programme que *Dizzie*, puis *Miles*. Le succès
remporté par ces deux formations est inversement proportionnel à leurs
qualités respectives. *Chet BAKER* recueille les bravos des meufs
venues l'apercevoir, alors que *Miles DAVIS*, qui joue d'une manière
nettement plus dynamique (mais sans plus de virtuosité), ne reçoit que
de timides applaudissements ! Déjà à l'époque, l'IMAGE avait plus
d'impact que le SON !!...(On sait ce que c'est devenu dans les
décennies qui ont suivi, jusqu'à nos jours !). Toujours est-il que le
succès que CHET rencontre auprès d'un public plus large que celui
habituel du jazz va renforcer la méfiance des jazzmen noirs à son
encontre. En inscrivant au même programme CHET et MILES, ou CHET et
DIZZIE, on rend manifeste l'opposition qui couve entre le jazz BLANC
COOL californien et le jazz DES NOIRS DE LA CÔTE OUEST. Ces derniers
auront tendance à considérer CHET comme un usurpateur (!) et à rejeter
la manière d'être de ce "petit blanc" dont l'existence même est une
énigme !
Bien que les qualités musicales de BAKER ne soient pas en cause (Oh que
non, nom de dieu/MELMOTH !), il semble cependant que son excès de
décontraction affecte la cohésion de son groupe. À NYC, CHET va
également retrouver BIRD, lequel lui apportera sa caution musicale en
le comparant tout simplement (comme Moi, d'ailleurs) avec MILES et
DIZZIE. Mais il y a là une sorte de malice, mais aussi une réelle
reconnaissance de la part du génie du BOP.
En août et septembre 1954, CHET enregistre en quintette, puis en
sextette, avec *Bud SHANK* au saxo et *Bob BROOKMEYER* au trombonne, un
album (et quel album !) qui annonce la désintégration de son groupe qui
prendra (Hélas...Hélas...Hélas) effet en octobre quad CHET quittera
seul NYC, interrompant ainsi son engagement au /Birdland/.
Mais terminons en avec le sujet qui Nous préoccupe...
Au début de l'année 1955, CHET est de retour à L.A. mais peine toujours
à assurer le leadership d'un orchestre (ça ne sera en fait _jamais
vraiment_ son truc). Il enregistre en février l'album /Chet BAKER sings
and plays with Bud SHANK, Russ FREEMAN and Strings/, qui agace
fortement la communauté du jazz mais qui plaît à la faune
hollywoodienne. Il y chante avec détachement et, entre deux séances,
participe au tournage de /Hell's Horizon/, un petit film sans intérêt
et dont le tournage l'emmerde prodigieusement.
Il part ensuite en tournée avec *Dave BRUBECK* et la chanteuse *Carmen
McRAE*. À cette occasion, il retrouve *Gerry MULLIGAN*, mais c'est lui
qui reste la vedette. La tournée débute par un concert à /Carnegie
Hall/, puis en juillet, le groupe se produit au célèbre /Newport Jazz
Festival/ mais rencontre alors la désapprobation des critiques.
CHET s'installe alors à /Sausalito/, près de San Francisco, où il vit
sur une péniche d'une manière communautaire (ce qui n'est pourtant pas
dans son caractère plutôt individualiste !). Il se produit à cette
époque dans différents clubs de la Baie jusqu'à ce qu'il décide de
retourner ) NYC où, lors d'une soirée au /Birdland/, son jeu rageur va
faire (enfin !) taire ses détracteurs, et lui attirer les éloges de
*Thelonius MONK* (Mon Dieu !) et d'*Art BLAKEY*, entre autres...
Ceci fera (peut-être...Mais vu le peu d'intérêt porté à Mon si brillant
exposé, Je doute que Je vous en parlerain bandes de nazes)...
En tout cas, si vous voulez vous acheter quelques disques de celui qui
fut pour Moi un des 4 ou 5 plus grands tropettistes de l'histoire de la
MUSIQUE, tous genres confondus :
http://tinyurl.com/39uklgy
Mais hélas, LE coffret qu'il convient de se procurer avant tout n'y
figure pas :
Chant du Monde/Harmonia Mundi - 6 CDs - 574 1681/6
Cette collection de jazz d'Harmonia Mundi est d'ailleurs superbissime
et somptueuse...Prises de son à la remastérisation exemplaire...Et
_TOUS_ les "grands" du jazz y sont représentés, soit en gros coffrets
de 5 à 7 disques, soit en digipacks de 2 CDs chacun...
--
Car avec beaucoup de science, il y a beaucoup de chagrin ; et celui qui
accroît sa science accroît sa douleur.
[Ecclésiaste, 1-18]
MELMOTH - souffrant
Faut pas lui en vouloir, il est souffrant ! souffrant de quoi au fait, Melmoth ?
T'es bête. Réfléchis.
-- Jac. qui ne croit pas du tout que le Mêle-Mottes ait les moyens d'être souffrant.
rorodesbois
"Jac" a écrit :
T'es bête. Réfléchis.
Arf ! s'il fallait croire tout ce qui est écrit dans l'Ecclésiaste !! mais effectivement, à forcer de penser et d'écrire longuement, ça donne mal à la tête !
"Jac" <jac@jacfr.fr.invalid> a écrit :
T'es bête. Réfléchis.
Arf ! s'il fallait croire tout ce qui est écrit dans l'Ecclésiaste !! mais
effectivement, à forcer de penser et d'écrire longuement, ça donne mal à la
tête !
Arf ! s'il fallait croire tout ce qui est écrit dans l'Ecclésiaste !! mais effectivement, à forcer de penser et d'écrire longuement, ça donne mal à la tête !