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citation Rouillé (4)

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Octave
"La campagne, la forêt, la mer ou les montagnes, ces composantes
aujourd'hui si familières de la nature, l’œil ne les a pendant longtemps
pas vues pour elles-mêmes, mais n'a perçu en elles que chaos, excessive
diversité, indéchiffrable profusion.


"La photographie" d'André Rouillé,
folio essais, page 138




Une seconde:


"... il faudrait, selon Raymond Depardon, inventer une "photographie du
temps faible dans laquelle rien ne se passerait. Il n'y aurait aucun
intérêt, pas de moment décisif, pas de couleurs ni de lumières
magnifiques, pas de petit rayon de soleil, pas de chimie bricolée.
L'appareil serait une espèce de caméra de télésurveillance."

page 190





Une troisième:



"La photographie reste nécessairement attachée aux choses, aux corps,
aux substances, dont elle recueille les empreintes physiques, tandis que
le monde, le réel et la vérité d'aujourd'hui s'orientent, eux, vers des
incorporels, des informations, des immatériaux. C'est parce que le réel
a changé, et qu'il échappe largement à l'efficace de la photographie,
que celle-ci ne peut plus adéquatement jouer son rôle de document, ni
délivrer de vérité pertinente, c'est-à-dire opératoire. C'est pourquoi
elle est marginalisée, voire évincée, des secteurs les plus
emblématiques de monde nouveau."


page 201


Une quatrième et dernière:


"Cette crise de la vérité vient en fait délivrer une vérité sur la
photographie, en particulier sur la photographie-document. Contrairement
à l'antienne, la photographie-document n'a pas eu pour fonction
principale de représenter le réel, ni même de faire croire en lui, mais
de le désigner et surtout de mettre en ordre le visuel (et non pas le
visible). L'ordre, au delà du vrai et du faux. La photographie-document
a en effet achevé le programme métaphysique et politique d'organisation
du visuel commencé par la peinture du Quattrocento, elle l'a achevé au
double sens où elle l'a accompli, et où elle lui a mis fin. Accomplir ce
programme a consisté à le doter de l'efficacité exceptionnelle de la
technologie pour ordonner l'univers du visuel, c'est-à-dire pour le
soumettre aux lois de la géométrie optique, pour endosser l'utopie de
devoir de l'exhaustivité (tout montrer), pour tenter de rendre le monde
transparent, clair et distinct. Quant à la fin de ce programme, elle
coïncide avec la crise de la photographie-document, avec l'effondrement
de l'ancien monde: celui dans lequel le pouvoir politique (monarchie ou
république), l'organisation sociale, la disposition des espaces publics,
la production et la peinture perspectiviste étaient organisés chacun à
partir d'un centre. Le passage d'un monde centré à un monde en réseaux
inaugure un nouvel ordre visuel que la photographie ne peut plus guère
soutenir."




--
www.octav.fr

2 réponses

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filh
René wrote:

"jdd" a écrit dans le message de groupe de discussion :
4ed3bf7d$0$2273$

> Octave wrote:

>> Une quatrième et dernière:

> Merci. C'est une très bonne initiative que tu as eu là de nous faire
> partager tes lectures, même si, en l'occurence, ca m'a surtout convaincu
> de
> ne pas lire le bouquin (tes citations m'ont suffit :-)

J'ai le nez dans "Sur la photographie" de Susan Sontag. Franchement le
pragmatisme américain me plait davantage.



Et c'est tant mieux :)


René




--
Le fondement du constat bourgeois, c'est le bon sens, c'est-à-dire
une vérité qui s'arrête sur l'ordre arbitraire de celui qui la parle.
Roland Barthes.
http://www.filh.org
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YouDontNeedToKnowButItsNoëlle
Le 29/11/11 10:11, KMS a écrit :

P...tain, ça me rappelle mes devoirs de philo en Terminale, quand je ne
savais plus quoi dire et que j'essayais de meubler...



En philo en terminale on ne te demande pas de dire quoi que ce soit,
mais de savoir redire au bon endroit, en les plaçant dans le contexte de
la question, ce que d'autres ont dit avant toi.
Vouloir y ajouter une idée personnelle est de toutes façons une erreur
stratégique ; c'est une sottise quand en plus, tu n'en as justement
aucune...

Manifetement Rouillé cite ici des auteurs significatifs du passé, de
façon peut-être indigeste. Mais il situe dans ce contexte sa propre
pensée. Et là, ça devient significatif et intéressant, on n'est pas
obligé d'être d'accord pour autant. Je ne crois pas que je vais acheter
le bouquin. Mais avec les petits bouts -sur le changement de type de
réalité entre autre- j'ai de quoi mâcher quelques jours.
À la limie, je le lirais volontiers, si quelqu'un me l'échange contre
Pour une philosophie de la photographie de Vilém Flusser.
Nettement moins copieux ; j'aime dedans très peu de choses, surtout le
lexique en fait.
Appareil : jouet simulant la pensée.

On n'est pas obligé d’adhérer à une réflexion pour qu'elle soit
stimulante, on construit parfois et même souvent la sienne par rejet et
par opposition, même sans volonté.

Noëlle Adam
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