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Clearstream : « Manipulations », le docu qui gêne à France Télé

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Tihoti
Episodes 1 et 2, dimanche 13 novembre sur France 5, à 20H35.



Commandée fin 2009 par l'ancienne direction du groupe, la série
documentaire de France 5 sur Clearstream et les « affaires » a failli
être reportée à après la présidentielle.

Depuis le départ du tandem Patrick de Carolis-Patrice Duhamel de la
direction de France Télévisions, fin août 2010, la rumeur circule dans
le microcosme : ils auraient laissé une sacrée « patate chaude » à Rémy
Pflimlin, PDG du groupe public directement nommé par Nicolas Sarkozy, en
commandant un documentaire sur Clearstream et d'autres affaires
politico-financières.

« Off the record », un proche de l'ancienne direction dément : le projet
était intéressant, c'est tout. Reste que cette série de six fois 52
minutes intitulée « Manipulations, une histoire française » est gênante
pour le pouvoir, dans la mesure où elle réussit avec maestria ce que la
télévision peine généralement à faire : rendre limpides les « affaires »
obscures de la République.

A la fin, le téléspectateur a tout compris
Le choix d'écriture et de narration explique cette clarté. Le
producteur, Christophe Nick, et le réalisateur Jean-Robert Viallet
(lauréat du prix Albert-Londres 2010 pour une autre série documentaire
coup de poing, « La Mise à mort du travail »), ont décidé de mettre en
scène deux journalistes dans leur enquête. Vanessa Ratignier et Pierre
Péan interrogent les protagonistes (surtout Jean-Louis Gergorin et Imad
Lahoud), potassent des documents, se questionnent l'un l'autre...

Pendant presque six heures, le téléspectateur les suit donc dans leur
quête. A la fin, il a tout compris de Clearstream I et Clearstream II,
mais aussi de l'affaire des frégates de Taïwan, de celle de Karachi, un
peu de l'Angolagate, et même d'affaires « potentielles », comme Sawari 2.

Deux liens existent entre tous ces scandales :

•les noms de leurs principaux protagonistes ont été ajoutés dans les
faux listings de Clearstream par l'informaticien Imad Lahoud (condamné
pour cela, il nie et s'est pourvu en Cassation) ; c'est ce qui autorise
Viallet à évoquer toutes ces affaires en partant de Clearstream ;
•il s'agit de scandales puisque des policitiens français sont soupçonnés
d'avoir touché des financements indus en marge de contrats industriels
(d'armement) et de s'être parfois violemment affrontés (comme l'a
illustré l'affaire Clearstream II).
Très mauvais pour l'image du pouvoir
Bref, un tel programme à la télévision, c'est très mauvais pour l'image
du pouvoir. Et quand la télévision est publique, ses responsables
marchent sur des œufs. Surtout depuis que le président de la République
nomme directement leur patron.

Pendant l'été 2008, Christophe Nick dévore le livre « Une affaire
personnelle », écrit par un de ses vieux amis, Denis Robert, le
journaliste qui a révélé l'affaire Clearstream I. Dans cet essai,
l'initiateur de l'appel de Genève raconte comment il a enquêté pendant
des années dans les eaux troubles du financement politique.

Nick a l'idée d'en tirer une fiction. Au printemps 2009, il en parle à
Rodolphe Belmer, le directeur général de Canal+. Qui aurait refusé en
ces termes, par l'intermédiaire du directeur de la fiction de la chaîne,
Fabrice de La Patellière :

« C'est trop chaud pour nous. »

Questionné sur ce point, un proche de Belmer dément : « Belmer ne se
souvient pas de cette réponse, il pense plutôt avoir dit “C'est trop à
chaud pour nous.” Une fiction aurait été trop décalée par rapport au
procès. » A chaud, car les audiences de l'affaire Cleastream II
commençaient fin 2009.

Canal+ refuse, France Télé accepte
Le proche de Rodolphe Belmer ajoute, pour preuve de bonne foi, que
Canal+ est la chaîne qui a diffusé, en 2001, le bouillant documentaire
de Denis Robert « Les Dissimulateurs », sur l'affaire Clearstream I.
Mais entre-temps, la chambre de compensation Clearstream s'est livrée à
une très onéreuse guérilla judiciaire (définitivement remportée en 2011
par le journaliste) contre Robert, son éditeur, Canal+....

Après avoir refusé la proposition de Christophe Nick, Canal+ commandera
sur le procès Clearstream un documentaire très critiquable au
producteur-journaliste Daniel Leconte – avec, notamment, l'avocat de
Clearstream comme conseiller juridique du film.

A l'automne 2009, Nick parle de son projet à Patricia Boutinard-Rouelle,
alors directrice des documentaires de France Télévisions. Elle le
convainc de faire un docu plutôt qu'une fiction. Le tandem
Carolis-Duhamel signe.

Deux ans plus tard, l'équipe suivante est beaucoup moins enthousiaste.
Selon nos informations, des dirigeants de France 5, qui diffuse la série
« Manipulations », ont pesé de tous leur poids pour qu'elle soit
finalement programmée après la présidentielle de 2012.

Mais le directeur général délégué de France Télévisions en charge du
numérique et de France 5, Bruno Patino, qui suit le projet depuis début
2011, a tenu bon. Parallèlement à la diffusion télévisée sera mis en
ligne le Web documentaire coréalisé par Upian avec le journaliste David
Dufresne.

Rémy Pflimlin tenu à l'écart jusqu'au dernier moment ?
Toujours selon nos sources, la présidence du groupe public a été tenue à
l'écart jusqu'au dernier moment. « C'est faux, Rémy Pflimlin a été mis
au courant dans les temps », affirme, « off the record », un proche de
Patino : « Ni trop tôt, ni trop tard. »

La chaîne s'est en tout cas contentée du service minimum en termes de
communication : date de diffusion annoncée le plus tard possible, très
peu de copies du film en circulation, pas de projection en amont.

Pierre Péan, l'un des deux enquêteurs du documentaire, a reçu des
pressions plus ou moins amicales pour ce projet et celui de son livre «
La République des mallettes », qu'il a mené en parallèle. Ces
avertissements sont venus de l'entourage d'Alexandre Djouhri. Principal
protagoniste du livre, cet intermédiaire de marchés internationaux (à la
fois proche de Villepin et des sarkozystes) est l'un des héros de
l'ombre du film, avec son rival Ziad Takieddine (parmi d'autres).

A France 5, on assure ne pas redouter de référé visant à annuler la
diffusion du film, dimanche soir.

Episodes 1 et 2, dimanche 13 novembre sur France 5, à 20H35.



--
EM m'a tuer... frtp

1 réponse

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rosvo
On Fri, 11 Nov 2011 17:39:58 +0100, Tihoti wrote:

A France 5, on assure ne pas redouter de référé visant à annuler la
diffusion du film, dimanche soir.

Episodes 1 et 2, dimanche 13 novembre sur France 5, à 20H35.



Je ne vous félicite pas de monter les Français contre nos dirigeants qui
sont des exemples de moralité pour nos enfants.
Plus grave encore, ces soi-disants reportages montrent l'industrie
financière sous un très mauvais jour, industrie qui chaque jour veille à
ce qu'il y ait du pain dans votre assiette.
Il ne faut pas cracher dans la soupe,fût-elle populaire.