Degas et la photographie
Le
albert

Bonjour,
J'ai passé ma journée à Bâle (Suisse) où j'ai vu une très belle exposition
sur Degas à la fondation Beyeler. Dessinée par Renzo Piano, cette fondation
d'un fond extrêmement riche (on est en Suisse), accueille des expositions
temporaires toujours de grande qualité. Il y la collection permanente dans
les premières salles, avec en général Calder, Giacometti, Monet (un des plus
grands et des plus beaux "Nymphéas" que j'ai jamais vu), Picasso etc Et
ensuite l'exposition temporaire. Cet été avec Jeff Koons, le contraste fut
sévère. Jeff Koons, comme son collègue Damien Hirst, devenus les deux
ridicules Madoffs de l'art, ca n'allait vraiment pas.
Aujourd'hui, dans ces salles remplies des oeuvres, chefs d'oeuvres du "vieux
garçon" adepte des "orgies de couleurs", c'était extraordinaire. Je voudrais
vous en restituer quelques impressions que j'ai eues, surtout pour ici, en
relation avec la photographie.
Quand on regarde une huile de Degas (il y avait surtout beaucoup de grands
pastels à l'huile), on est parfois étonné par le modernisme, l'audace, et le
degré d'abstraction de cette peinture, qui parfois fait penser à du
Kandinsky. D'autant que j'en avais encore admiré de beaux exemples ce matin
même au Kunstmuseum de Bâle. De ces taches de lumière, de ces traits
incisifs au pastel, traités par hachures intensément colorées, mais comme de
la gravure au burin, émerge d'un coup la figure. On voit la main qui tient
une tasse, la servante qui la tend vers la femme de dos sortant de son bain,
dans une ombre violette ; On se dit : "C'est incroyable ! On est là dans la
chambre avec elle. Ces ombres, ces contre-jours lumineux et colorés on les
avait toujours su, mais seul Degas nous les montre.
Ce génie de l'ombre lumineuse m'a fait penser en relation avec la
photographie d'aujourd'hui, vous vous en doutez bien sûr, à la technique du
HDR. C'est devenu mon dada d'essayer de plomber par des comparaisons fatales
cette technique actuelle et emblématique de la mauvaise photographie.
Autant le procédé mécanique, impersonnel du HDR, appliqué de façon uniforme
sur toute l'image rend finalement terne l'excès de lumière, autant Degas
arrive à faire vibrer partout la lumière dans une diversité et une invention
incroyable de couleurs. Bien sûr on se dit qu'une photo est un instantané,
qu'on ne peut faire autrement, c'est à dire appliquer un filtre, comme on
retient le tanin du bon vin. Mais on peut se dire aussi qu'une photographie
est comme une peinture, et s'en donner les moyens. C'est un choix, c'est un
pari, et c'est devenu pour moi une certitude qu'on peut faire devenir à
partir d'instantanés, comme de véritables peintures.
La photographie est infiniment malléable. On en fait ce que l'on veut.
D'ailleurs, même si il faut obligatoirement passer par la technique,
celle-ci n'est pas un handicap, au contraire elle offre plein de
possibilités. Mais surtout, pas d'automatismes faciles ! La technique, il
faut la tenir par la bride, il ne faut pas la négliger sinon c'est elle qui
va nous oublier.
Dans cette exposition, là où j'ai été vraiment subjugué, et cela rejoint mes
idées, ce sont les quelques photographies par Degas. Il y a l'image célèbre
offerte à Paul Valéry, de Auguste Renoir et Stéphane Mallarmé. Valery dit
que Degas leur a infligé quinze minutes de pose, et qu'on voit son fantôme
dans le miroir au dessus de l'appareil qui prend la photo
Mais il y a surtout les deux photographies de danseuse. "Danseuse ajustant
sa bretelle" et "Danseuse le bras tendu" 1895. Les photos sur le Net ne
rendent pas compte de la vérité de ces deux images. Il faut vraiment être
confronté devant les vrais tirages. D'ailleurs, pour la première, toutes les
épreuves que j'ai trouvées sur le Net sont coupées. L'originale est plus
grande, en bas. Mais ce que je voulais dire, au début j'ai cru que c'était
des eaux fortes ou des monotypes, il y a le même type de lumière, les mêmes
giclures de lumière ; mais non, ce sont des tirages de Degas sur papier
albuminé. Cela veut dire qu'une photographie de Degas, c'est un Degas !
Une photographie est tout ce que l'on veut. Alors, à vos pinceaux (: !
Amitiés,
albert
-
Photographies imaginaires
http://photo.imaginaire.free.fr
-
J'ai passé ma journée à Bâle (Suisse) où j'ai vu une très belle exposition
sur Degas à la fondation Beyeler. Dessinée par Renzo Piano, cette fondation
d'un fond extrêmement riche (on est en Suisse), accueille des expositions
temporaires toujours de grande qualité. Il y la collection permanente dans
les premières salles, avec en général Calder, Giacometti, Monet (un des plus
grands et des plus beaux "Nymphéas" que j'ai jamais vu), Picasso etc Et
ensuite l'exposition temporaire. Cet été avec Jeff Koons, le contraste fut
sévère. Jeff Koons, comme son collègue Damien Hirst, devenus les deux
ridicules Madoffs de l'art, ca n'allait vraiment pas.
Aujourd'hui, dans ces salles remplies des oeuvres, chefs d'oeuvres du "vieux
garçon" adepte des "orgies de couleurs", c'était extraordinaire. Je voudrais
vous en restituer quelques impressions que j'ai eues, surtout pour ici, en
relation avec la photographie.
Quand on regarde une huile de Degas (il y avait surtout beaucoup de grands
pastels à l'huile), on est parfois étonné par le modernisme, l'audace, et le
degré d'abstraction de cette peinture, qui parfois fait penser à du
Kandinsky. D'autant que j'en avais encore admiré de beaux exemples ce matin
même au Kunstmuseum de Bâle. De ces taches de lumière, de ces traits
incisifs au pastel, traités par hachures intensément colorées, mais comme de
la gravure au burin, émerge d'un coup la figure. On voit la main qui tient
une tasse, la servante qui la tend vers la femme de dos sortant de son bain,
dans une ombre violette ; On se dit : "C'est incroyable ! On est là dans la
chambre avec elle. Ces ombres, ces contre-jours lumineux et colorés on les
avait toujours su, mais seul Degas nous les montre.
Ce génie de l'ombre lumineuse m'a fait penser en relation avec la
photographie d'aujourd'hui, vous vous en doutez bien sûr, à la technique du
HDR. C'est devenu mon dada d'essayer de plomber par des comparaisons fatales
cette technique actuelle et emblématique de la mauvaise photographie.
Autant le procédé mécanique, impersonnel du HDR, appliqué de façon uniforme
sur toute l'image rend finalement terne l'excès de lumière, autant Degas
arrive à faire vibrer partout la lumière dans une diversité et une invention
incroyable de couleurs. Bien sûr on se dit qu'une photo est un instantané,
qu'on ne peut faire autrement, c'est à dire appliquer un filtre, comme on
retient le tanin du bon vin. Mais on peut se dire aussi qu'une photographie
est comme une peinture, et s'en donner les moyens. C'est un choix, c'est un
pari, et c'est devenu pour moi une certitude qu'on peut faire devenir à
partir d'instantanés, comme de véritables peintures.
La photographie est infiniment malléable. On en fait ce que l'on veut.
D'ailleurs, même si il faut obligatoirement passer par la technique,
celle-ci n'est pas un handicap, au contraire elle offre plein de
possibilités. Mais surtout, pas d'automatismes faciles ! La technique, il
faut la tenir par la bride, il ne faut pas la négliger sinon c'est elle qui
va nous oublier.
Dans cette exposition, là où j'ai été vraiment subjugué, et cela rejoint mes
idées, ce sont les quelques photographies par Degas. Il y a l'image célèbre
offerte à Paul Valéry, de Auguste Renoir et Stéphane Mallarmé. Valery dit
que Degas leur a infligé quinze minutes de pose, et qu'on voit son fantôme
dans le miroir au dessus de l'appareil qui prend la photo
Mais il y a surtout les deux photographies de danseuse. "Danseuse ajustant
sa bretelle" et "Danseuse le bras tendu" 1895. Les photos sur le Net ne
rendent pas compte de la vérité de ces deux images. Il faut vraiment être
confronté devant les vrais tirages. D'ailleurs, pour la première, toutes les
épreuves que j'ai trouvées sur le Net sont coupées. L'originale est plus
grande, en bas. Mais ce que je voulais dire, au début j'ai cru que c'était
des eaux fortes ou des monotypes, il y a le même type de lumière, les mêmes
giclures de lumière ; mais non, ce sont des tirages de Degas sur papier
albuminé. Cela veut dire qu'une photographie de Degas, c'est un Degas !
Une photographie est tout ce que l'on veut. Alors, à vos pinceaux (: !
Amitiés,
albert
-
Photographies imaginaires
http://photo.imaginaire.free.fr
-
heureusement que tu n'es pas tombé dans le trou
la présidente du fn qui ne connaît rien en peinture non plus vient
d'acheter une toile de lui uniquement car elle aime à entendre parler
des degas de la marine
Des fois j'adore. Connaissant ton humour saignant, je te sais intensément
rigolo. Mais aujourd'hui tu me fais de la peine, t'as pas eu ma chance,
n'ayant rien vu, n'ayant rien su, comme un pauvre Martabaff, c'est toi
qu'est tombé dans le trou ! Tu veux que je te tende la main ?
Amitiés,
albert
( 50e603c7$0$1202$ )
+1
On va se gêner, tiens.
Et une boîte de chocolats spécial fêtes, une !
http://cjoint.com/13jv/CAeaptPzZf1_chocolats_6.jpg
Joli cadre !
(Les marteaux, sont-ils pour casser le chocolat ?)
LG
Il faut le reconnaître, le degré de création et de sophistication dans la
relation entre le liseré de la boite et l'image elle-même, a atteint la
perfection. Mais ce domaine, au demeurant si vaste, traité dans les limites
de la photographie, n'est-il pas devenu pour toi un peu étroit ?
On a toujours tendance à ramener à soi-même les préoccupations des autres,
ce qui est tout à fait naturel, mais c'est comme circuler dans un cercle (ou
un rectangle). Il faudrait peut-être qu'un jour on en sorte...
Amitiés,
albert
non
faudrait virer les cartons
jdd