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« Filmez le travail ! »

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Voice of Helmutica
Aux portes des usines
Roubaix (Nord),

envoy=E9e sp=E9ciale.

Une disparition et une interdiction ont largement occup=E9 les d=E9bats
des rencontres organis=E9es par la CGT sur le th=E8me injonctif =AB Filmez
le travail ! =BB, mardi au Centre des archives du monde du travail =E0
Roubaix, entre une centaine de syndicalistes, r=E9alisateurs, chercheurs
en histoire et sociologie du travail. La disparition, c'est celle du
monde du travail en g=E9n=E9ral, et du monde ouvrier en particulier, des
=E9crans de t=E9l=E9 et de cin=E9ma, en gros depuis les ann=E9es 1980, avec
un l=E9ger renouveau depuis 1995. L'interdiction, c'est celle
oppos=E9e par les patrons aux cin=E9astes de p=E9n=E9trer dans la bo=EEte
noire de leurs entreprises. Les deux soulignant combien est politique
la ma=EEtrise des images, donc de l'image.

DES SECRETS

BIEN PROT=C9G=C9S

=AB Les employeurs invoquent les secrets de fabrication pour refuser les
autorisations de filmer, mais le plus grand secret qu'ils ont =E0
cacher, c'est l'exploitation =BB, a r=E9sum=E9 un syndicaliste, tandis
que la plupart des r=E9alisateurs t=E9moignaient de ce mur auquel ils se
sont heurt=E9s ou qu'ils ont mis des mois =E0 franchir. =AB La raison
essentielle, c'est que les conditions de travail sont telles que les
patrons n'ont pas envie qu'on les voie =BB, a confirm=E9 Maurice
Faillevic, qui dans les ann=E9es 1970 avait essuy=E9 un refus de Renault
pour tourner De la belle ouvrage, une fiction sur l'histoire d'un
ouvrier P3, et avait d=FB tourner dans une petite entreprise. =AB Le roi
est nu quand on d=E9voile la souffrance ouvri=E8re =BB, a appuy=E9 le
r=E9alisateur, Marcel Trillat, qui a appel=E9 =E0 =AB s'organiser =BB pour
franchir cet interdit. Son exp=E9rience du tournage des Prolos montre
que certains employeurs finissent par ouvrir la porte. =AB Au bout de
trois mois d'insistance et de n=E9gociation, Renault Trucks (Volvo)
nous a autoris=E9s =E0 filmer, avec des restrictions. Nous =E9tions sous
la surveillance permanente d'un attach=E9 de presse, nous n'avions
pas acc=E8s =E0 la fonderie mais seulement =E0 un atelier
d'emboutissage... comme par hasard le plus moderne de la bo=EEte !
Tout =E9tait pr=E9vu pour que la s=E9quence donne une image parfaite de
l'entreprise, mais un =E9v=E9nement a tout fait basculer. Au moment de
notre arriv=E9e, les salari=E9s ont appris que la direction avait fait
sauter leur prime d'int=E9ressement. Du coup, une r=E9union en notre
pr=E9sence a mal tourn=E9, les salari=E9s ont mis sur la table la question
des profits de l'entreprise. =BB

Aux Chantiers de l'Atlantique, Trillat a d=FB trouver des complices
pour filmer en cam=E9ra cach=E9e le travail dans les soutes des
paquebots. Le r=E9alisateur souligne la difficult=E9 de t=E9moigner de la
duret=E9 des conditions de travail sans mettre en danger les salari=E9s
eux-m=EAmes : =AB La peur r=E8gne, cela ne facilite pas la t=E2che. =BB =AB
Il faut qu'il y ait le plus de films possible, car filmer les
entreprises est un acte politique =BB, a appuy=E9 Jean Bigot, producteur.
En =E9cho, les d=E9l=E9gu=E9s CGT d'entreprises qui ont fait l'objet de
films ont soulign=E9 l'impact tr=E8s fort de ces tournages sur les
salari=E9s, et sur leur lutte, en l'occurrence dans le cas de Trois
Cents Jours de col=E8re de Trillat, sur les Mossley. =AB Les ouvriers
disaient que c'=E9tait la premi=E8re fois qu'ils pouvaient
s'exprimer eux-m=EAmes =BB, s'est souvenu Fabien Gache, de Renault-Le
Mans o=F9 Agn=E8s

Poirier a tourn=E9 l'Usine d=E9senchant=E9e. =AB C'=E9tait la premi=E8re
fois qu'on s'int=E9ressait =E0 nous en tant qu'ouvriers =BB, a
rench=E9ri un salari=E9 de Peaudouce, dans le Nord, =E0 qui Trillat a
consacr=E9 une s=E9quence des Prolos : =AB Des gens qui ne se
connaissaient pas ont commenc=E9 =E0 se parler. =BB

Mais filmer le travail, ou ne pas pouvoir le filmer, n'=E9puise pas la
question de la repr=E9sentation du travail, comme l'a soulign=E9 Luc
Leclerc du Sablon, r=E9alisateur, en rappelant les mille et une fa=E7ons,
po=E9tiques, m=E9taphoriques..., de rendre compte du monde. Arnaud
Souli=E9, coauteur, avec Sabina Malek, d'Un monde moderne (2004), sur
la sous-traitance et la pr=E9carit=E9 aux Chantiers de l'Atlantique,
n'a pas obtenu d'autorisation de filmer, mais a pris son parti de
rester aux portes de l'usine. =AB C'est un film sur le travail, dont
le travail est absent, a-t-il expliqu=E9. Nous sommes rest=E9s autour,
devant les grilles des Chantiers, dans le quartier Penho=EBt, o=F9 les
bars ont =E9t=E9 en majorit=E9 remplac=E9s par les bo=EEtes d'int=E9rim.
Notre sujet =E9tait moins la p=E9nibilit=E9 du travail que l'=E9volution
du statut des salari=E9s. =BB A contrario, Pierre Schoeller, qui a
tourn=E9 dans une usine Volkswagen une fiction diffus=E9e sur Arte (Z=E9ro
d=E9faut), a pu filmer le travail, les gestes, mais estime apr=E8s coup
que =AB si on veut en saisir plus, il faut filmer le pouvoir, la
hi=E9rarchie. C'est un autre monde invisible, celui du rapport des
forces =BB.

RECOURS AUX Ruses

Pour FILMER La V=C9rit=C9

Les extraits de films diffus=E9s ont soulign=E9 la diversit=E9 des
approches possibles pour =AB filmer le travail =BB. Les cin=E9astes et
ouvriers militants des groupes Medvedkine =E0 Peugeot-Sochaux, au d=E9but
des ann=E9es 1970, ont eu recours =E0 un subterfuge pour voler des images
au patron, mais ont aussi utilis=E9 la parole d'un ouvrier (Avec le
sang des autres, 1974), ou le mime et l'humour grin=E7ant (Week-end =E0
Sochaux, 1971), pour d=E9noncer le travail =E0 la cha=EEne, tandis que
Louis Malle choisissait l'image brute, sans commentaires, pour
souligner la r=E9p=E9titivit=E9 du geste et la soumission du corps au
rythme de la machine (Humain trop humain, 1972).

Mais c'est l'extrait des Carnets personnels du travail, de
S=E9verine Matthieu, qui a le plus frapp=E9 l'assistance. La
r=E9alisatrice, qui pr=E9pare une s=E9rie de portraits, a voulu filmer =AB
le point de vue d'un travailleur =BB, en pla=E7ant une cam=E9ra dans les
lunettes de Ga=EBlle, caissi=E8re au BHV, puis en projetant ces images =E0
cette salari=E9e et =E0 son mari. Le mari r=E9agit en soulignant la
r=E9p=E9titivit=E9 du travail, et le fait que sa femme ne semble pas
exister pour les clients. =AB Quelle place occupe le travail de Ga=EBlle
dans votre vie ? =BB, interroge la r=E9alisatrice. C'est l'homme qui
prend la parole, Ga=EBlle ne pourra pas en placer une et se contentera
de tirer sur sa cigarette. Son jeune mari affirme beno=EEtement que son
travail =E0 elle n'occupe qu'une toute petite place dans leur vie,
juste la place qu'il faut. Selon lui, ils se sont install=E9s dans un
confort qui leur convient, elle travaille seulement trois jours par
semaine et c'est tr=E8s bien comme =E7a, car =E7a d=E9gage du temps pour
d'autres activit=E9s. Autrement =E7a n'irait pas pour leur fille,
etc. On ne saura pas ce qu'elle pense.

Fanny Doumayrou
http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-12-01/2004-12-01-451086

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HuxuuN
"Voice of Helmutica" a écrit dans le message de
news:
"Aux portes des usines
"Roubaix (Nord),
...


L'ouvrier a une arme mais il n'ose pas s'en servir.
Faut dire que c'est pas a l'école ou au lycée qu'on lui
explique le ba ba de la lutte pour ses droits.


Et puis , vu le manque de solidarité entre ouvriers
c'est sur que ......

HuxuuN
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Voice of Helmutica
Le jour où "la prolo academy" triomphera dans les chaumières, les
sarkobroz demanderont l'asile politique à Clearwater.
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AlainD
"HuxuuN" a écrit dans le message de news:
41ade44c$0$8109$

Et puis , vu le manque de solidarité entre ouvriers
c'est sur que ......



.....c'est sur que ....... c'est entrain de changer, lentement mais surement
les syndicats reprennent du poids, et c'est très bien comme ça.