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[i>Tele] i> a pas que le CAC, Bernard Maris, Warren Buffet et la compatibilite du liberalisme avec la solidarite

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Yoki
Connaissez-vous l'émission "i> a pas que le CAC", diffusée sur la chaîne de
télévision i>Télé !? Le principe : deux professeurs d'économie, Philippe
Chalmin et Bernard Maris "débattent" de l'"l'actualité économique en France
et à l'étranger".

http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2004/12/08/286-y-a-pas-que-le-cac-helas-c-est-la-qu-est-l-os
http://www.itele.fr/pid99-cid3164.htm&tpl=132

"i> a pas que le CAC" est un titre énigmatique. Y a-t-il, pardon, i> a-t-il
une seule personne pour penser qu'il n'y a que le CAC ? Sans doute les
audacieux créateurs de l'émission tenaient-ils à promouvoir un point de vue
sur l'économie qui prenne le contre-pied d'idées que personne ne défend.
Courageux et rebelles. Tout comme est courageusement rebelle le fait de
confronter un professeur social-démocrate à un professeur altermondialiste
(ce qui assure, quelle que soit l'issue du débat, le triomphe des idées
d'un fonctionnaire). Mais bref, ils font ce qu'ils veulent.

Venons-en au sujet principal de l'émission de la semaine dernière : la
discussion portait sur le fameux don du milliardaire Warren Buffet
(http://en.wikipedia.org/wiki/Warren_Buffett) d'une partie de sa fortune,
environ 37 milliards de dollars, à des oeuvres caritatives (l'essentiel de
son don ira à la Fondation Bill et Melinda Gates, qui finance e.a. la
recherche médicale pour lutter contre des maladies infectieuses touchant
les pays en développement).

http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2006/06/27/wrich27.xml&sSheet=/news/2006/06/27/ixnews.html
http://www.lalibre.be/article.phtml?id=3&subid=85&art_id=294070
http://www.gatesfoundation.org/nr/public/media/localized/AboutUs/AboutUsFrench.htm

Comme l'indique le Telegraph, tel geste philanthropique n'a rien
d'exceptionnel aux Etats-Unis, où la solidarité privée, le mécénat
culturel,... et les fondations - confessionnelles ou non - assurent depuis
longtemps d'importantes missions sociales, éducatives, médicales,... Leur
rôle est d'utilité publique, et les donateurs bénéficient d'un avantage
fiscal. Or, si la générosité des Américains venait à faire défaut, le
risque est grand que le gouvernement, poussé par le suffrage universel, ne
cherche à remplir un jour lui-même ces différentes fonctions, afin de
répondre à une demande sociale bien légitime. L'Etat évoluant alors peu à
peu vers cet "instrument de pillage réciproque" décrit jadis par Frédéric
Bastiat (http://bastiat.org/fr/l_Etat.html), où chaque groupe de
pression/courtisans/clientèle électorale cherche à devenir le créancier de
la collectivité (les pages "culture" de la presse subventionnée regorgent
de ces "appels à l'aide" : par exemple
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-783981@51-777975,0.html).
"L'Etat, disait Bastiat, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le
monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde." Le concept de
droits-créances et la solidarité mécanique/technocratique n'étant guère
compatible avec la tradition politique anglo-saxonne (les principes
d'autonomie de la société civile, de neutralité de l'Etat, la conception de
celui-ci comme instrument devant garantir la coexistence des
droits-libertés,...), les Américains continuent à investir argent et temps
pour aider leurs communautés (car ils sont aussi les champions du monde du
bénévolat). Et pourtant...

Pourtant, Bernard Maris, affectant un air serein et détendu, nous explique
d'emblée que le don de Warren Buffet s'inscrit à rebours du libéralisme,
que l'estime que l'on peut porter à l'auteur du don ne doit pas être portée
au crédit du libéralisme.

Car Bernard Maris est du genre "vigie militante".

Il a un message politique à asséner. Il ne vient pas à la télévision pour
discuter et trouver la vérité, il y vient pour conscientiser les masses. En
l'occurrence, le téléspectateur moyen pourrait s'imaginer qu'un
milliardaire américain ayant fait fortune dans la finance n'est pas
exactement un socialiste, que ledit milliardaire est peut-être même un tout
petit peu libéral sur les bords. Or M. Bernard Maris ne veut pas que l'on
pense cela, ça jure avec son petit catéchisme dualiste et altermondialiste
(gentil = socialiste, méchant = libéral). Et donc il prend les devants
(Buffet très généreux => Buffet très gentil => Buffet très socialiste).

On est "solidaire" ou on est "libéral", quoi ! Il faut choisir, camarades !

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3232,50-783884,0.html
(http://www.peres-fondateurs.com/taranne/?p=126)

Son vis-à-vis, manifestement consterné, ose alors avancer qu'il ne voit pas
trop ce qu'il y a de libéral ou de non libéral à effectuer un don.

Ce en quoi M. Philippe Chalmin a parfaitement raison : rien, dans le
libéralisme, ne s'oppose au don, à la générosité et à la solidarité.

Les libéraux ne s'opposent en effet qu'à la fausse solidarité, à la fausse
philanthropie. Celle qui s'appuie sur la coercition et la spoliation, et
qui n'est qu'un transfert de fonds autoritaire au bénéfice d'une clientèle
(la perversion du langage, dans la logique "Jean-Louis Andreani-esque", est
telle que l'on peut même être "solidaire" sans avoir jamais donné un euro
de toute sa vie à personne).

"La Spoliation légale a deux racines: l'une est dans l'Egoïsme humain ;
l'autre est dans la fausse Philanthropie. [...] Quand la loi et la Force
retiennent un homme dans la Justice, elles ne lui imposent rien qu'une pure
négation. Elles ne lui imposent que l'abstention de nuire. Elles
n'attentent ni à sa Personnalité, ni à sa Liberté, ni à sa Propriété.
Seulement elles sauvegardent la Personnalité, la Liberté et la Propriété
d'autrui. Elles se tiennent sur la défensive; elles défendent le Droit égal
de tous. Elles remplissent une mission dont l'innocuité est évidente,
l'utilité palpable, et la légitimité incontestée. [...] Mais quand la
Loi, - par l'intermédiaire de son agent nécessaire, la Force, - impose un
mode de travail, une méthode ou une matière d'enseignement, une foi ou un
culte, ce n'est plus négativement, c'est positivement qu'elle agit sur les
hommes. Elle substitue la volonté du législateur à leur propre volonté,
l'initiative du législateur à leur propre initiative. Ils n'ont plus à se
consulter, à comparer, à prévoir; la Loi fait tout cela pour eux.
L'intelligence leur devient un meuble inutile ; ils cessent d'être hommes ;
ils perdent leur Personnalité, leur Liberté, leur Propriété. [...]

"Au bout de ses systèmes et de ses efforts, il semble que le Socialisme ne
puisse s'empêcher d'apercevoir le monstre de la Spoliation légale. Mais que
fait-il? Il le déguise habilement à tous les yeux, même aux siens, sous les
noms séducteurs de Fraternité, Solidarité, Organisation, Association. Et
parce que nous ne demandons pas tant à la Loi, parce que nous n'exigeons
d'elle que Justice, il suppose que nous repoussons la fraternité, la
solidarité, l'organisation, l'association, et nous jette à la face
l'épithète d'*individualistes*. Qu'il sache donc que ce que nous
repoussons, ce n'est pas l'organisation naturelle, mais l'organisation
forcée. Ce n'est pas l'association libre, mais les formes d'association
qu'il prétend nous imposer. Ce n'est pas la fraternité spontanée, mais la
fraternité légale. Ce n'est pas la solidarité providentielle, mais la
solidarité artificielle, qui n'est qu'un déplacement injuste de
Responsabilité.

"Le Socialisme, comme la vieille politique d'où il émane, confond le
Gouvernement et la Société. C'est pourquoi, chaque fois que nous ne voulons
pas qu'une chose soit faite par le Gouvernement, il en conclut que nous ne
voulons pas que cette chose soit faite du tout. Nous repoussons
l'instruction par l'Etat; donc nous ne voulons pas d'instruction. Nous
repoussons une religion d'Etat; donc nous ne voulons pas de religion. Nous
repoussons l'égalisation par l'Etat; donc nous ne voulons pas d'égalité,
etc. C'est comme s'il nous accusait de ne vouloir pas que les hommes
mangent, parce que nous repoussons la culture du blé par l'Etat."
(http://bastiat.org/fr/la_loi.html)

Contre-attaque immédiate de Bernard Maris, qui avait tout prévu : il
rapporte que Warren Buffet estime normal de donner une grande partie de sa
fortune puisque, le dit-il lui-même, s'il est si riche, c'est... aussi
grâce aux autres.

Et toc !

In your face ! A genou le libéralisme !

Affaire bouclée ! Mission accomplie ! Tout va bien, on a eu chaud mais on
est sauvé ! Merci Oncle Bernard !

Sans doute est-il utile de préciser ici les diplômes de M. Bernard Maris :
agrégation et doctorat en économie
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Maris).

Autrement dit, Bernard Maris sait pertinemment que le libéralisme
n'interdit absolument pas le don (et que le socialisme interdit forcément
de donner ce qu'il confisque). Mais aussi, M. Maris sait très bien ce
qu'est la valeur pour les libéraux. La valeur est créée au sein de
l'échange, il n'y a pas de création de valeur hors de l'échange et de la
coopération entre les hommes. C'est une évidence : créer des richesses si
l'on est seul au monde, si l'on ne noue aucun lien avec quiconque, n'a
aucun sens. Warren Buffet est effectivement très riche grâce aux hommes
avec qui il a échangé, et sans eux ses milliards de dollars n'existeraient
pas. En disant cela, notre milliardaire ne s'oppose aucunement à une vision
libérale de la valeur, bien au contraire. Qu'en outre, alors qu'il a 75 ans
et que les gens de l'Etat commencent à reluquer son or, il souhaite que son
immense fortune ne tombe pas entre n'importe quelles mains, et souhaite le
confier plutôt le confier à son ami Bill Gates, en quoi est-ce un
comportement anti-libéral ?

Attention ! Je ne cherche pas ici à utiliser Warren Buffet, ses idées et
ses actes, au service d'une cause (le libéralisme) qui n'est peut-être pas
la sienne. M. Buffet est peut-être au fond un constructiviste de la pire
espèce, peut-être même vote-t-il pour un parti "qui n'aime pas les riches"
(http://jaimepaslesriches.typepad.fr/francoishollande/2006/06/je_naime_pas_le.html).

Là n'est pas la question, cela m'est égal. Je dis seulement qu'un
professeur agrégé en économie, en outre docteur, qui affirme que donner
n'est pas compatible avec le libéralisme et que créer de la valeur grâce à
autrui n'est pas non plus compatible avec le libéralisme, est un menteur
patenté. C'est un homme sans scrupules qui utilise le lustre de ses
diplômes, de son statut professionnel et de son statut de vedette
médiatique pour tromper.

Je suis curieux de savoir comment M. Maris, dans son délire systématique,
peut expliquer le fait que Warren Buffet cède 80 % de sa fortune à des
fondations privées et non à des Etats ou à des organisations
internationales (genre agences onusiennes,...) Ça aussi, c'est à
contre-courant du libéralisme ? (Via http://citoyendurable.blogspot.com/)


--
Quelques lectures pour l'été :

* Philippe Simonnot, L'erreur économique : Comment économistes et
politiques se trompent et nous trompent
(http://www.amazon.fr/gp/product/2207253147/)
* Mathieu Laine, La grande nurserie : En finir avec l'infantilisation des
français (http://www.amazon.fr/gp/product/2709625059/)
* Patrick Simon, Le droit naturel : Ses amis et ses ennemis
(http://www.amazon.fr/gp/product/2755400587/)
* Alain Renaut, Qu'est-ce qu'un peuple libre ? : Libéralisme ou
républicanisme (http://www.amazon.fr/gp/product/2246674611/)

6 réponses

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Avatar
Barbebleu
gdm wrote:
Barbebleu wrote:
gdm wrote:



non. vous n'avez visiblement pas compris comment se créent les
richesses. Si un tel milliardaire fait fortune, c'est qu'il possède
la richesse qu'il a lui-même créée. Non seulement il n'a appauvrit
personne, mais encore pour faire fortune il faut enrichir ses
clients et ses fournisseurs.





Allons allons ce n'est pas si simple. Comment justifier



mais si, c'est tres simple.

le taux de prélèvement du patron qui ne fait



patron? parlez-vous du directeur général? ou parlez-vous de
l'actionnaire? le directeur général est payé avec l'argent que lui
donne l'actionnaire. si le Dg est moins payé, l'actionnaire recevra
davantage d'argent. je ne vois pas de raison de privilégier
l'actionnaire au détriment du directeur général? dire qu'il serait
moral que le directeur general recoive moins d'argent signifie qu'il
serait plus moral que l'actionnaire recoive plus d'argent. Vous
placez bien bizarement la morale des affaires.

que prendre le plus possible pour lui en donnant
le moins possible à ceux qui de fait sont les vrais
créateurs de richessess.



qui sont les "vrais" créateurs de richesses selon vous?

Bill Gates n'est qu'un exploiteur



oui, chacun veut etre exploiter par l'autre. chacu est une mine d'or
inépuisable. chacun sait qu'en étant ainsi exploité, il s'enrichit.
mais ce noble mot "exploiter" a malheureusement finit par prendre
une connotation péjorative et meme délictuelle.

n'ayant d'autre talent que celui de grugé les autres.



non. "grugé" signifie qu'il a existé un vol, une escroquerie.
pourriez-vous me citer une seule escroquerie de bill gates? il n'en a
commise aucune.



Revoyez l'histoire de ce méprisable individu,
au lieu de vivre dans vos utopies livresques.
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Barbebleu
Etienne wrote:
"gdm" a écrit dans le message
de news: 44b34fdb$0$7769$
"Dans un échange volontaire, entre deux individus, il n'y a que des
gagnants. En effet, si l'une des parties était perdante, elle
refuserait d'échanger." Stiglitz, prix Nobel d'économie 2001,
Principes d'économie moderne.



C'est comme à propos des religions, tout est basé, au départ, sur la
foi. L'imam gdm est habité par cette croyance dans "l'échange
win-win" et "le saint contrat" et aucune argumentation basée sur le
réel ne saurait l'écarter de "la vrai foi".
S'il est une chose qui me fait parfois envier les fidèles d'une
religion, c'est que la foi est porteuse d'espoir et de confiance en
l'avenir. Moi qui suis un indécrottable athée, j'ai parfois le spleen
du "à quoi bon ?" et du "rien ne sert à rien"...



Le pb de gdm est de meme nature que celui d'un marxiste :
tous leurs raisonnements présupposent la perfection humaine
ou au moins une identification à l'homo economicus perfectus.
Avatar
gdm
Etienne wrote:
"gdm" a écrit dans le message
de news: 44b34c20$0$7764$



non, si un client ne trouve pas un avantage a acheter, il n'achete
pas. ce client s'enrichit donc de cet avantage qu'il obtient par son
achat. Ce client prefere l'objet acheté plutot que l'argent qu'il a
dépensé pour l'achat. Pour ce client, l'objet acheté a donc plus de
valeur que l'argent versé.

vie, nul ne fait jamais fortune sans parsemer son chemin de dégats
collatéraux (délicat euphémisme).



non. faire fortune dans le commerce enrichit tout le monde. comment
pouvez-vous sérieusement en douter?



Il suffit d'ouvrir les yeux sur le monde et non de s'enfermer dans ses
utopies, monsieur gdm.



tentez de trouver un argument pour étayer votre contestation d'un
enrichissement mutuel par l'échange volontaire.

--
gdm
"Dans un échange volontaire, entre deux individus, il n'y a que des
gagnants. En effet, si l'une des parties était perdante, elle refuserait
d'échanger." Stiglitz, prix Nobel d'économie 2001, Principes d'économie
moderne.
Avatar
Pascal Wijsbroek
Barbebleu avait énoncé :
non. "grugé" signifie qu'il a existé un vol, une escroquerie.
pourriez-vous me citer une seule escroquerie de bill gates? il n'en a
commise aucune.



Revoyez l'histoire de ce méprisable individu,
au lieu de vivre dans vos utopies livresques.



Il aurait même arraché les ailes des mouches à 5 ans !
Avatar
Benjamin
Pascal Wijsbroek wrote:
Barbebleu avait énoncé :
non. "grugé" signifie qu'il a existé un vol, une escroquerie.
pourriez-vous me citer une seule escroquerie de bill gates? il n'en
a commise aucune.



Revoyez l'histoire de ce méprisable individu,
au lieu de vivre dans vos utopies livresques.



Il aurait même arraché les ailes des mouches à 5 ans !



La dérision se retrouve très souvent chez les gens
de mauvaise foi se rendant compte qu'ils ont tort.
Ce ne sont pas encore tout à fait des salauds sartriens.
Mais sont en bonne voie. Leur intéret passe en premier.
Avatar
Pascal Wijsbroek
Benjamin a couché sur son écran :
La dérision se retrouve très souvent chez les gens
de mauvaise foi se rendant compte qu'ils ont tort.



C'est celui qui dit qui y est.

Ce ne sont pas encore tout à fait des salauds sartriens.
Mais sont en bonne voie. Leur intéret passe en premier.



Toujours.
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