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Jacques Stern, briseur de codes

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JL
Allez, histoire de publier un article en charte, pour changer, voici un
portrait du Monde dans l'édition d'hier. Je colle tout, parce qu'après
quelques jours les articles ne sont plus accessibles librement sur leur
site:

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http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-820777@51-820879,0.html
Portrait
Jacques Stern, briseur de codes
LE MONDE | 06.10.06 | 15h05 . Mis à jour le 06.10.06 | 15h05


Avec sa voix douce et son air affable, Jacques Stern cache bien son jeu. Le
récipiendaire de la médaille d'or du CNRS 2006, professeur à l'Ecole normale
supérieure - dont il dirige le laboratoire d'informatique -, est un
démolisseur. Un redoutable briseur de codes. Ce mathématicien de formation,
passé tardivement à l'informatique, a fait des ravages dans une discipline
longtemps régie par l'empirisme : la cryptologie. Cette "science du secret",
dont il a décrit l'histoire et les principes dans un ouvrage limpide, est
depuis l'Antiquité un art de la guerre. La cuirasse, c'est la cryptographie,
c'est-à-dire le codage et l'écriture secrète. L'épée, c'est la cryptanalyse,
qui vise à briser le code pour accéder au message caché.

Jacques Stern excelle dans les deux armes, avec peut-être une prédilection
pour la seconde. "Comme un détective, il observe des phénomènes
mathématiques isolés et est ensuite capable de les unifier dans une
théorie", explique David Naccache, un de ses anciens étudiants passé par
Gemplus, le géant de la carte à puce, aujourd'hui revenu à la recherche
universitaire. L'élève se souvient avoir vu le maître trouver la brèche d'un
système en quelques minutes. Ce qui l'a frappé chez Jacques Stern, c'est sa
disponibilité vis-à-vis des jeunes qu'il lance dans la bataille. "Dans les
autres disciplines, on se bat contre la nature. Ici, c'est contre un être
humain, qui peut être retors. Il n'y a pas de règle codifiée, note encore
David Naccache. Son tableau de chasse est impressionnant."

Fatalement, certains de ses confrères et amis en font les frais. "C'est de
bonne guerre", convient Jean-Jacques Quisquater (université de Louvain),
dont un protocole fut cassé en 1998 par Jacques Stern et un de ses élèves.
Le chercheur belge ne lui en porte pas rancune. Il a accueilli dans son
laboratoire l'un des fils de Jacques Stern, Julien, qui a fait une thèse en
cryptologie avant de fonder avec son frère Alexandre une entreprise de
conseil et sécurisation des échanges électroniques, Cryptolog. "J'ai
peut-être eu le tort d'offrir un ordinateur à Julien pour ses 8 ans", sourit
Jacques Stern.

Lui-même n'est pas né dans une famille de scientifiques. Ses grands-parents,
juifs d'Europe centrale et de Salonique, ont émigré en France à la fin du
XIXe siècle. Installés à Paris, ses parents tenaient un commerce de
vêtements. Son père fut prisonnier de guerre, sa mère déportée en Allemagne.
"Ils ont souffert, commente le fils, mais n'ont pas perdu confiance dans le
pays que leurs parents avaient choisi, ni dans l'avenir."

L'avenir, c'était lui, enfant unique né dans l'après-guerre, abonné aux prix
d'excellence, qu'un prof de maths oriente vers Louis-le-Grand et sa prépa
scientifique. Il y gagne le goût pour ce qu'il pressent de la recherche. Mai
68 ? "J'ai beaucoup discuté, mais je n'étais pas dans la rue." Admis à
Polytechnique, il préfère rejoindre Normale-Sup (ENS).

Après sa thèse sur la théorie mathématique de l'indécidabilité et un an à
Berkeley (San Francisco), marié à une juriste spécialiste de droit
international, il est bombardé à la chaire de mathématiques de l'université
de Caen. Le jeune prof s'épanouit au contact d'étudiants peu nombreux et
motivés - un peu le contraire de ce qu'il perçoit de l'université de masse
d'aujourd'hui. Mais la vie de mathématicien l'use. "On produit dans la
douleur, on ne peut penser à rien d'autre", lâche cet amateur d'opéra
disert, qu'on imagine mal aujourd'hui en génie torturé. A l'époque, une
obsession s'impose : créer utile. Après mûre réflexion, ce sera
l'informatique, "cette mécanisation de l'abstraction", et en particulier la
cryptologie. En maths, sa spécialité - prouver que quelque chose est
impossible - n'a "aucun intérêt pratique". Mais en cryptologie, "si on peut
garantir que l'adversaire est dans l'impossibilité d'accéder à des données,
la preuve devient utile", résume-t-il.

Avec la logique, sa spécialité d'origine, il contribue à l'émergence d'une
discipline sortie de la clandestinité dans les années 1970, sous l'impulsion
de chercheurs, essentiellement anglo-saxons, soucieux de sécuriser les
échanges de données. Naissent alors de nouveaux protocoles permettant de
signer les messages, de chiffrer les données et de s'assurer de leur
intégrité, autant de briques nécessaires à l'édification du commerce
électronique.

En France, le monde académique ignore la discipline. Tout ou presque est à
construire. D'abord "squatteur" à l'ENS à la fin des années 1980, Jacques
Stern ne tarde pas à attirer des thésards, "brillants". "Il a fait école,
c'est le père de la cryptologie française moderne", assure David Naccache.
Jacques Stern est donc aussi un bâtisseur. Il a lui-même produit des
algorithmes de cryptage, qui sont utilisés dans certaines applications en
ligne. L'un d'eux, dit à connaissance nulle, permet de reconnaître un secret
sans le connaître. Il est aussi l'auteur, seul ou en réunion, de plusieurs
schémas de chiffrement à clé publique, sur la petite dizaine existant dans
le monde.

Le chercheur a aussi contribué à la démocratisation des moyens de
cryptologie. "On les trouve partout, dans tous les ordinateurs", note-t-il.
En 1999, une loi en a libéré l'usage par les particuliers, après une longue
résistance de la défense et de la police, qui voulaient conserver le
monopole de cette technologie classée "arme de guerre de deuxième
catégorie". L'année précédente, le gouvernement lui avait demandé un
rapport, encore secret aujourd'hui, sur le sujet. "Il avait prôné une
libéralisation raisonnable et a été suivi au-delà de ses espérances", révèle
le général Jean-Louis Desvignes, qui était alors responsable du Service
central pour la sûreté des systèmes d'information, successeur du Service du
chiffre.

"Mon chef de laboratoire de cryptologie sortait de ses pattes", lâche encore
le général. Dans l'industrie, la défense, l'université, la descendance de
Jacques Stern est assurée. Sa renommée internationale est établie. L'homme,
à l'allure encore juvénile malgré ses 57 ans, sans un cheveu blanc, n'a
pourtant reçu que sur le tard, en 2005, la médaille d'argent du CNRS. Que
l'organisme public lui décerne dans la foulée sa médaille d'or le rassure
rétrospectivement sur son choix de carrière. Certains de ses camarades de
prépa, qui avaient opté pour l'X, ne sont-ils pas devenus capitaines
d'industrie, pour certains "chargés de fusions imminentes" ? "Je pensais que
la recherche serait la voie la plus passionnante et difficile, mais ces
défis-là ne le sont-ils pas tout autant ?", s'interroge-t-il. Drame mineur
des surdoués, à qui l'excellence peut ouvrir plusieurs portes



Hervé Morin

6 réponses

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JL
"jpm" a écrit dans le message de news:
5rmWg.8$
alors H.Morin fait dansParis Match,
mais rien ne vous empenchait de reprendre le cliché en mettant,
"briseur", nous sommes sur Crypto.


Ah non, surtout pas, je mets un point tout particulier à respecter le droit
de l'auteur à l'intégrité de ses propos. On ne transige pas avec la
Propriété Intellectuelle.

JL.

Avatar
jpm
"JL" a écrit dans le message de news:
452bfa9c$0$26734$
"jpm" a écrit dans le message de news:
5rmWg.8$
alors H.Morin fait dansParis Match,
mais rien ne vous empenchait de reprendre le cliché en mettant,
"briseur", nous sommes sur Crypto.


Ah non, surtout pas, je mets un point tout particulier à respecter le
droit de l'auteur à l'intégrité de ses propos. On ne transige pas avec la
Propriété Intellectuelle.

JL.


Ok, alors le titre de l'auteur, puis "le briseur", vous n'êtes pas porteur
de sloggan publicitaire , non? sinon j'aurai un job pour vous, dans ce
rôle.


Avatar
jpm
"jpm" a écrit dans le message de news:
HoTWg.242$

"JL" a écrit dans le message de news:
452bfa9c$0$26734$
"jpm" a écrit dans le message de news:
5rmWg.8$
alors H.Morin fait dansParis Match,
mais rien ne vous empenchait de reprendre le cliché en mettant,
"briseur", nous sommes sur Crypto.


Ah non, surtout pas, je mets un point tout particulier à respecter le
droit de l'auteur à l'intégrité de ses propos. On ne transige pas avec la
Propriété Intellectuelle.

JL.


Ok, alors le titre de l'auteur, puis "le briseur", vous n'êtes pas porteur
de slogan publicitaire , non? sinon j'aurai un job pour vous, dans ce
rôle.





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Emile
JL wrote:
Jacques Stern, briseur de codes
LE MONDE | 06.10.06 | 15h05 . Mis à jour le 06.10.06 | 15h05
Fatalement, certains de ses confrères et amis en font les frais. "C'est de
bonne guerre", convient Jean-Jacques Quisquater (université de Louvain),
dont un protocole fut cassé en 1998 par Jacques Stern et un de ses él èves.
Le chercheur belge ne lui en porte pas rancune. Il a accueilli dans son
laboratoire l'un des fils de Jacques Stern, Julien, qui a fait une thès e en
cryptologie avant de fonder avec son frère Alexandre une entreprise de
conseil et sécurisation des échanges électroniques, Cryptolog. "J'ai
peut-être eu le tort d'offrir un ordinateur à Julien pour ses 8 ans", sourit
Jacques Stern.

Lui-même n'est pas né dans une famille de scientifiques. Ses grands-p arents,
juifs d'Europe centrale et de Salonique, ont émigré en France à la fin du
XIXe siècle. Installés à Paris, ses parents tenaient un commerce de
vêtements. Son père fut prisonnier de guerre, sa mère déportée en Allemagne.
"Ils ont souffert, commente le fils, mais n'ont pas perdu confiance dans le
pays que leurs parents avaient choisi, ni dans l'avenir."

Hervé Morin
J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le papier d'Hervé Morin concernant

Jacques Stern, le briseur de codes, dans le journal Le Monde, et je ne
comprends pas l'animosité soulevée par certains correspondants du
forum. Captivant de lire la projection de vie d'une personne telle que
Jacques Stern et de savoir que son fils a été accueilli à
Louvain-la-Neuve chez Jean-Jacques Quisquater pour faire une thèse en
cryptologie.
Je profite de l'occasion pour signaler que si quelqu'un cherche des
codes à casser, pourquoi ne pas s'attaquer à l'algorithme de
chiffrement SED? Mieczyslaw Kula (Université de Katovice) a publié
une théorie fort approfondie "A cryptosystem based on double discrete
logarithm" (www.ulb.ac.be/di/scsi/classicsys/sedfrob.pdf). Cette étude
ne serait crédible que si l'on peut vérifier par un exemple concret
qu'elle est exacte. J'ai essayé vainement de la vérifier à l'aide de
petits nombres. Le corps finis 2^7 de caractéristique 2 comprend deux
trinômes caractéristiques primitifs et permet de faire le test.
Dommage que Mieczyslaw ait rompu le dialogue. Le procédé de Kula pour
casser le SED n'est pas triste. Si ce procédé est correct, mais j'en
doute, il serait possible de retrouver la clef avec une probabilité de
1/2^(127/2) en introduisant des nombres choisis par le casseur et donc,
c'est l'option la plus contraignante. Même s'il est possible
d'effectuer 2 chiffrements en 100 microsecondes avec un circuit
intégré, il faudrait des milliers de siècles pour pouvoir introduire
les bons nombres à chiffrer. Le traitement des résultats de
chiffrement, à raison de 10 chiffrements par millisecondes,
nécessiteraient des dizaines de milliers d'ordinateurs travaillant en
parallèle pour effectuer les calculs accessoires. Par acquit de
conscience, j'ai introduit une multiplication modulaire entre les deux
exponentielles, mais je pense après coup que c'est tout à fait
inutile. L'étude de Mieczislaw donne encore des chiffres erronés
concernant la vitesse de chiffrement. En fait, il est possible de
calculer en une impulsion horloge d'un circuit intégré qui comprend
des portes logiques AND et EXOR, le vecteur de 127 bits dont le
logarithme discret est égal à la somme des logarithmes discrets de
deux autres vecteurs. De là, un chiffrement peut être effectué en 50
microsecondes si la vitesse horloge du circuit intégré est de 100
nanosecondes par impulsion.
Je propose le challenge suivant. C'est avec plaisir que j'offre une
pièce d'or de 100 dollars de ma collection (émission unique du
Gouvernenment Canadien à l'occasion du 30ième anniversaire du
couronnement de la Reine d'Angleterre) à la première personne qui
pourrait briser l'algorithme SED dans des conditions de faisabilité
normale, avec ou sans l'étude de Mieczislaw Kula. Ce dernier n'a pas
répondu à cette offre. Pour clore ce long message, je dirai que
l'algorithme SED est vraiment la solution du bon sens en matière de
chiffrement. L'essayer, le comprendre, c'est l'adopter. Tous les
logiciels relatifs à l'algorithme SED sont libres. Voir
éventuellement mon message précédent du 1er août, l'application
Classicsys de l'algorithme SED.

Emile

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fabrice.pas-de-spam.bacchella
Jacques Stern, médaille d'or du CNRS
http://tf1.lci.fr/infos/sciences/recherche/0,,3338946,00-pour-codes-secrets-.html
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fabrice.pas-de-spam.bacchella
On Tue, 17 Oct 2006 20:05:48 +0100,
wrote:

Jacques Stern, médaille d'or du CNRS
http://tf1.lci.fr/infos/sciences/recherche/0,,3338946,00-pour-codes-secrets-.html


Puis aussi, pour ceux qui regarde pas la télé:
http://tf1.lci.fr/infos/sciences/0,,3342326,00-medaille-cnrs-decernee-informaticien-.html

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