Musiciens israéliens et arabes sous la baguette de Barenboim à Ramallah

BERLIN (AFP) - Dimanche, les jeunes musiciens isra=E9liens et arabes
plac=E9s sous la direction de Daniel Barenboim joueront pour la
premi=E8re fois au Proche-Orient, =E0 Ramallah en Cisjordanie, lisant
comme toujours c=F4te =E0 c=F4te les m=EAmes partitions.

L'Orchestre du Divan, co-fond=E9 en 1999 pour faire avancer la paix par
le chef d'orchestre n=E9 il y a 63 ans =E0 Buenos Aires de parents juifs
d'origine russe, devait d=E9j=E0 s'y produire l'an pass=E9. Mais les
autorit=E9s isra=E9liennes avaient alors annonc=E9 ne pas pouvoir assurer
totalement la s=E9curit=E9 des musiciens.

Cette ann=E9e, pour =E9viter les tracasseries aux passages entre Isra=EBl
et les Territoires, ils voyageront avec des passeports diplomatiques
mis =E0 disposition par Madrid, comme l'explique le documentaire
intitul=E9 "Nous ne pouvons qu'att=E9nuer la haine", diffus=E9 samedi 20
ao=FBt =E0 22H30 par Arte.

Comme quelques m=E9dias isra=E9liens et palestiniens, la cha=EEne
culturelle franco-allemande retransmettra, en direct le lendemain
dimanche =E0 19H00, le concert, o=F9 seront jou=E9es des oeuvres de Mozart
et Beethoven.

Le "West-Easter Divan Orchestra" est bas=E9 en Espagne, pr=E9cis=E9ment en
Andalousie, r=E9gion o=F9 v=E9curent un temps en bonne intelligence Arabes
et juifs =E0 la fin du Moyen Age.

Dans le documentaire r=E9alis=E9 sur plusieurs mois, Mohamed, un
Egyptien, dit =EAtre devenu comme "fr=E8re et soeur" avec une
Isra=E9lienne de l'orchestre, alors que leurs p=E8res se sont battus l'un
contre l'autre pendant la Guerre de Six jours (1967). "Nous pouvons
faire plus que nos gouvernements", ajoute-t-il.

Karim, un pianiste virtuose qui joue en tongs, dit avoir "chang=E9 ses
vues" depuis qu'il fait partie de l'orchestre : il ne consid=E8re plus
les Isra=E9liens comme "inhumains". C=F4toyer et jouer avec des Arabes
"nous permet d'entendre le point de vue de gens et non celui des
m=E9dias", rench=E9rit l'Isra=E9lien Sha=EF.

Mais, parfois, la divergence des points de vue persiste entre juifs et
Arabes, note-t-il.

"La musique parle =E0 la t=EAte, au coeur et au ventre. Si les jeunes
ressentent cela, ils seront peut-=EAtre =E0 m=EAme de s'ouvrir les uns aux
autres", a expliqu=E9 Daniel Barenboim pour la pr=E9sentation du
documentaire =E0 Berlin, o=F9 il dirige l'orchestre du prestigieux
Staatsoper.

"Quand ils se mettent =E0 leur violon ou =E0 leur violoncelle trois ou
quatre fois par semaine, ils ne d=E9veloppent pas de pens=E9es
radicales", affirme le pianiste. Et puis sa troupe permet de lutter
contre certaines id=E9es re=E7ues, dit-il, car, par exemple, "en Isra=EBl,
personne n'imaginerait un Egyptien jouer le premier hautbois dans une
symphonie de Beethoven".

Sa troupe, compos=E9e =E0 part =E9gales d'Isra=E9liens et d'Arabes
(Egyptiens, Libanais, Palestiniens, Jordaniens et Syriens) et
d'Espagnols, soit quatre-vingts personnes environ, s'est d=E9j=E0
produite au Maroc, mais jamais encore au Proche-Orient.

Daniel Barenbo=EFm esp=E8re que ce premier concert dans la r=E9gion sera
suivi par bien d'autres, y compris en Isra=EBl. Son grand regret est que
son ami Edward Sa=EFd, avec lequel il a fond=E9 l'orchestre, n'en soit
jamais t=E9moin : l'intellectuel am=E9ricain d'origine palestinienne est
d=E9c=E9d=E9 d'une leuc=E9mie en 2003.

Semblable =E0 un p=E8lerin humble et opini=E2tre, Daniel Barenboim s'est
d=E9j=E0 rendu =E0 Ramallah, o=F9 il a =E9t=E9 accueilli en ces termes par
une fillette : "tu es la premi=E8re chose d'Isra=EBl que je vois qui ne
soit pas un soldat ou un char".

Dans cette ville, il a fond=E9 un autre orchestre symphonique compos=E9
de jeunes Palestiniens. Ce dernier "n'est en aucun cas un bon
orchestre, ils sont les premiers =E0 le savoir", estime le chef. "Mais
il repr=E9sente la meilleure arme contre l'humiliation stupide dont (ces
jeunes) font l'objet chaque jour".

http://www.lefigaro.fr/perm/afp_depeches/clt/050820091735.2lkl8tls.html