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quadriphonie en plug-ins

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ventolin
Existe-t-il un plug-in qui permette d'envoyer le son en quadriphonie par
séquence ? Du genre, on dirait "balance toutes les 200 ms le son à
l'enceinte 1 et toutes les 500 ms sur l'enceinte 3 & 4" ?

Sinon, est-ce qu'il y en a ici qui se sont déjà essayés au
développement de plug-ins, en mettant les doigts dans le cambouis++ ?

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jacti
Jean-Yves Bernier a écrit:
Jacti wrote:


Il me semble que la diffusion spatiale sur n canaux (n pouvant être très
grand, supérieur à 64, par exemple)




On utilise beaucoup de canaux en holophonie, où on tente de reconstituer
un front d'onde acoustique, comme en holographie optique. Malheureu-
sement, plus on s'écarte de la chambre sourde, moins ça marche.


Par contre, j'y croit beaucoup pour la musique dite électroacoustique
(je n'utilise plus musique électronique depuis que son utilisation a été
détournée...)




«Musique électronique» désigne en générale la synthèse (Cologne,
Stockhausen, les allemands). «Musique électroacoustique» ou
«acousmatique» le traitement de sons naturels (école concrète,
Henry/Schaeffer, Paris).

Le dispositif utilisé par Bernard Parmegiani est l'Acousmonium de
l'INA/GRM. C'est le concept d'orchestre de haut-parleurs ou chaque
hp a son timbre, sa "voix". Ça va de la grosse JBL 4315 aux "arbres à
boules", des petits diffuseurs sphériques montés sur des porte-manteaux
et placés dans la salle.

L'idée est que le haut-parleur est un musicien qui joue sa partition.
La spatialisation est faite en concert, par le compositeur, à la console
de diffusion. La bande est souvent 4 pistes. Les puissances utilisées
sont considérables. L'ensemble occupe un camion, et un gros :)

Ce qui explique aussi que le disque ne pourra jamais rendre cette
musique. Lappellation de «concrète» saute immédiatement à la figure
(aux oreilles) la première fois qu'on entend ce dispositif. Le son n'est
plus désincarné. Il a du corps, de la densité, une présence physique.



Oui, c'est ce qui m'avait impressionné.
Capture éphémère de Bernard Parmegiani est ce que j'ai entendu de mieux
en concert dans ce domaine. Et dire que c'était en 1967...




"La matière : la rugosité, le grain, ou la fluidité, la densité, la masse
des matières sera renforcée par la proximité, l'éloignement, le nombre de
haut-parleurs.




Voila.

Mais c'est très éloigné du multicanaux. Peu de haut-parleurs jouent en
même temps, ou ils ne jouent pas la même chose. Il n'y a pas tentative
de reconstruction d'un espace sonore. L'espace sonore est créé au moment
de l'audition.



Il me semble que c'est la seule solution, même pour le particulier :
pouvoir créer l'espace sonore à l'audition.

Avec l'augmentation rapide des capacités des supports, on devrait, dans
un futur assez proche , pouvoir délivrer un support qui comprendrait :
1) l'oeuvre en 5.1, figée spatialement, avec des conseils de disposition
des sources sonores (car le 5.1 tend à devenir un "standard").
2) l'oeuvre en 7.1, voire en 9.1 si nécessaire
3) les pistes "brutes" de l'oeuvre que chacun pourrait mixer comme bon
lui semble lors de l'audition ou mixer par logiciel pour se faire sa
propre spatialisation (ceci est peut-être utopique...).

Quelle merveilleuse discussion que, hélas, je vais devoir quitter
temporairement car je pars en vacances pour 15 jours...

Jacti
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ventolin
Gerald wrote:

ventolin wrote:





Je vous remercie tous pour les réponses et les questions qui suivirent
mon humble message.

Existe-t-il un plug-in qui permette d'envoyer le son en quadriphonie par
séquence ? Du genre, on dirait "balance toutes les 200 ms le son à
l'enceinte 1 et toutes les 500 ms sur l'enceinte 3 & 4" ?

Sinon, est-ce qu'il y en a ici qui se sont déjà essayés au
développement de plug-ins, en mettant les doigts dans le cambouis++ ?




1/ malheureusement comme tu parles de plug-in, je suppose qu'il s'agit
d'environnement PC et je n'ai hélas pas de réponse directe.



Oui, pour l'instant, c'est uniquement PC-Wintel; hélas :o) (cf. les fils
entiers sur Linux :o)



2/ toutefois, et comme la multidiffusion me branche depuis des lustres,
je peux te donner quelques pistes :

- une partie du problème n'est pas soft mais hardware : comment est géré
ton système de diffusion (interface) et quelles sources lui adresses-tu
? Ce n'est qu'ensuite que se pose le problème de la partie logicielle,
pour laquelle je crains fort qu'une fois de plus Max/MSP soit à nouveau
la solution la plus globale et la plus polyvalente. Noter que dans un
des "bouquets" du forum Ircam se trouvent des librairies Max/MSP gérant
directement les problèmes de spatialisation.



Etant développeur "de métier", bizarrement, je ne me suis pas senti à
mon aise dans l'environnement Max -- sur PC, il s'agit de Cycle'74.
Probablement parce qu'il n'est pas conçu en tant qu'outil de
"développement sonore" mais plutôt comme outil de "construction sonore".

Peut-être ne m'y suis-je pas assez penché dessus, mais dans un premier
aspect, cela me rebute un peu; il me faut mon mimimum de concept de
classes et d'objets et trouzemille lignes de code à taper :o)

Mais je suis d'accord vis-à-vis de l'aspect hardware non négligeable;
bien plus qu'une question de soft, il ne faut pas oublier que la
quadriphonie passe par un jeu de quatre enceintes, alors
qu'habituellement -- "commercialemment" (je tiens à ce mot puisqu'il ait
l'une de tes réponses à ma question, via le surround 5.1) --, alors
qu'habituellement, donc, le son n'est diffusé qu'en stéréo.

Mais ceci est une pure question de technique, et tu abordes un sujet
intéressant par la suite :o)


De toutes façons, on est dans des conditions d'écoute qui ne sont pas
standard. L'essor du 5.1 via le home-cinema pourrait fournir un
"terrain" d'expérimentation un peu plus standardisé et moins
confidentiel, mais le public qui achète ces installations sera-t-il
vraiment réceptif à de la création musicale un peu subtile ?




Oui, voilà.
Pour dire vrai, la question que j'ai posée n'était pas la mienne, mais
celle d'un ami. Mais je rebondis à tes réponses, en aposant ici mes
remarques à mon ami :o)

Il ne s'agit pas de dire que les personnes qui ont des home-cinema chez
eux ne seront pas réceptifs à ce genre de création musicale. Il faut
probablement revenir à l'idée de kistch; tout comme le couteau qui sert
de perceuse est plaisant, le fait que dans tel film, les fusées lancées
par le héros arrivent de derrière pour arriver devant, en survolant le
canapé de la droite vers la gauche est plaisant; mais tout comme le
couteau multi-fonction, c'est foutrement inutile. Ce n'est qu'une
surenchère aposée sur l'objet original -- ici, le couteau, et là, la
bande-son du film de guerre --, qui n'offre, au final, qu'une surface
clinquante au but de l'oeuvre -- me fais-je comprendre ?

Réaliser une oeuvre en quadriphonie ouvre vite vers cet aspect
spectaculaire, mais à dire vrai, pas vraiment "utile" pour l'oeuvre
elle-même.

[Je tiens à signaler aux lectrices/lecteurs qu'il s'agit ici de
questions qui me sont cruciales -- parce que même si je n'ai jamais
réellement concrétisé quelconques oeuvres à ce jour, je pense avoir
suffisamment mis les mains dans le cambouis pour me poser ce genre de
questions -- soit par l'écriture ou la musique; et donc, je me retrouve
très souvent en désaccord avec les e-crivains, artistes virtuels, et
autres artistes conceptuels, sur ce point; beaucoup d'effets mais qui ne
me touchent guère; pourquoi Shakespeare, 500 ans après sa mort continue
à me toucher, à me faire rire "plein de bruit et de fureur", à me faire
dire "ouais, voilà, s'il y a un type à surpasser, c'est lui, et pas un
autre"; et non Duchamp par exemple, et non, nombre de musiciens dit
"electronica", et non pléthores d'installateurs, qui n'exploitent que le
côté clinquant et me lassent finalement dès les premières secondes.
Pourquoi les auteurs contemporains ne me convainquent-ils pas ?
Peut-être faut-il ici se poser les bonnes questions, c'est-à-dire de
l'aspect technique dans un art et de l'évolution de l'aspect technique
-- et donc revenir donc à la tempérance du piano via Bach, revenir à
l'établissement de l'espagnol moderne via Cervantes, revenir à la
grammaire cinématographique établi par le cinéma de l'âge d'or
hollywoodien. Pourquoi en sommes-nous arrivés à accepter le fait que
cela sonne "juste", pourquoi comprenons-nous que tel mouvement de caméra
signifie telle chose, pourquoi telle structure de phrases évoque-t-elle
telle émotion -- et ceci depuis Homère ? -- Pourquoi ne
s'improviste-t-on pas musicien tout comme l'on ne s'improvise-t-on pas
écrivain -- parce que si dans l'un, la technique s'avère vite
obligatoire, il ne faut pas omettre que dans l'autre, elle l'est tout
autant.]


Une oeuvre "bonne" ne peut-elle pas s'écouter simplement sur un
radio-réveil monophonique ? Tout comme une pièce de Shakespeare sur des
pages photocopiées, ou interprétée par la bande à Basil ?

Il faudrait peut-être se poser la question de savoir pourquoi le commun
des mortels a beaucoup apprécié les caroussels et l'ambiance "boabab &
tropicana" dont tu as parlé, et pas les autres oeuvres. Pourquoi les
gens qui errent à l'Ircam n'attirent pas la foule ? Pourquoi est-ce
aussi hermétique ? Pourquoi la 3ème symphonie de Gorecki a eu autant de
succès ? Pourquoi un amoureux qui grimpe au balcon de sa dame évoque
Shakespeare, peut-être sans même savoir que cela est la pure invention
d'un dramaturge, pourquoi poum-poum-poum-poum est de Beethoven même si
maintenant peu apprécie la richesse du développement de l'oeuvre.

Nous sommes loin de la quadriphonie -- et par là, je réponds à mon ami;
pourquoi la quadriphonie ?; est-ce une surenchère pour faire apprécier
une oeuvre, tout comme imprimer les tableaux de Barnett Newmann sur des
calendriers PTT pour faire connaître le peintre; est-ce une surenchère
une nouvelle fois kitsch pour faire rentrer l'oeuvre dans tous les
foyers, ou est-elle exploitée comme une nouvelle couleur sur la palette
de l'artiste ? Et non comme un vernis supplémentaire ?

Beaucoup de questions que je me pose, et dont beaucoup d'errants à
l'Ircam doivent se poser :o)

Je n'ai rien contre la quadriphonie; je n'ai rien contre les
installations, rien contre l'art contemporain; je continue à aller dans
des expositions, je fréquente des poètes contemporains, je leur fais
part de mes remarques, ils n'apprécient guère -- mais peu importe --, je
vais là et ici, dans l'attente qu'il y ait une oeuvre qui m'émeuve.

Voilà. Je me pose en candide provincial sans culture mais "à qui on ne
l'a lui fait pas" :o)

Et merci encore pour tes réponses ici & là.
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la lurkeuse
ventolin a écrit :

Réaliser une oeuvre en quadriphonie ouvre vite vers cet aspect
spectaculaire, mais à dire vrai, pas vraiment "utile" pour l'oeuvre
elle-même.

[Je tiens à signaler aux lectrices/lecteurs qu'il s'agit ici de
questions qui me sont cruciales -- parce que même si je n'ai jamais
réellement concrétisé quelconques oeuvres à ce jour, je pense avoir
suffisamment mis les mains dans le cambouis pour me poser ce genre de
questions -- soit par l'écriture ou la musique; et donc, je me retrouve
très souvent en désaccord avec les e-crivains, artistes virtuels, et
autres artistes conceptuels, sur ce point; beaucoup d'effets mais qui ne
me touchent guère; pourquoi Shakespeare, 500 ans après sa mort continue
à me toucher, à me faire rire "plein de bruit et de fureur", à me faire
dire "ouais, voilà, s'il y a un type à surpasser, c'est lui, et pas un
autre"; et non Duchamp par exemple, et non, nombre de musiciens dit
"electronica", et non pléthores d'installateurs, qui n'exploitent que le
côté clinquant et me lassent finalement dès les premières secondes.
Pourquoi les auteurs contemporains ne me convainquent-ils pas ?



tes questionements sont interessants, mais n'est-ce pas un peu radical
du point de vue de l'histoire des arts et techniques d'opposer aussi
banalement les vocables Shakespeare et Duchamp (tu ne parles sans doute
pas de Duchamp après t'y être interessé, mais en ayant buté sur son
geste phare, et en le resumant à ce geste, jetant par là-même bébé avec
l'eau de son bain, c'est maaaall !).
Oui bien sûr, c'est bien connu, c'est dans les vieux pots qu'on fait
les meilleures soupes et so on...
Dans un souci de recherche et d'ouverture d'esprit, je te propose de te
pencher plus avant sur la vie et l'oeuvre de Duchamp, de l'évaluer à
nouveau dans son contexte historique, de faire de même pour le Pop Art
par exemple qui donne aussi bc de clés pour ouvrir les pistes de
reflexion qui t'interesse. Et cela n'enlèvera rien à Shakespeare,
Cervantes, Homère et Bach, au contraire !
Il ne faut pas prendre tout pour argent comptant sous pretexe que c'est
estampillé comme contemporain je suis d'accord avec toi... Mais
Duchamp... fais moi la grâce de t'y interesser un petit peu sans a
priori, pour voir...
Avatar
François Polloli
Le 3/08/04 2:47, dans 410ee0b3$0$32540$, « ventolin »
a écrit :

Je n'ai rien contre la quadriphonie; je n'ai rien contre les
installations, rien contre l'art contemporain; je continue à aller dans
des expositions, je fréquente des poètes contemporains, je leur fais
part de mes remarques, ils n'apprécient guère -- mais peu importe --, je
vais là et ici, dans l'attente qu'il y ait une oeuvre qui m'émeuve.




ben voilà qui fait plaisir à lire... quelqu'un qui se pose des questions,
c'est pas tous les jours...

bon... je ne vais pas essayer de te convaincre que l'art comptant pour rien
vaut quelque chose... c'est pas mon genre le prosélytisme. La vraie raison
est que pendant très longtemps, j'ai eu horreur de ça... j'avais même tout
un argumentaire "contre". Bon...

Le déclic (parce qu'il en faut un...) fut pour moi un concert... à la Salle
Pleyel, j'ai écouté Rebonds de Xenakis : le mec qui jouait ça dansait
presque au milieu de son bric à brac de percus, le son cognait de partout,
et... j'ai eu *les poils* !... ensuite, et seulement ensuite, j'ai appris à
décortiquer tout ça, j'ai compris pourquoi c'était beau, etc. La musique
contempo, c'est "come back" : il y a une part d'émotion et une part
d'intellect. Pour moi, ce sont deux conditions nécessaires de l'oeuvre
artistique...

je vais me coucher après une journée de dur labeur.

--

François
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