REQUIN

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Son premier coup d'adrénaline avec les requins, Patrice Héraud l'a eu en
1987, en Polynésie française, en plongeant dans la bien nommée Fosse aux 100
requins. Adossé à une paroi rocheuse, à 40 mètres de profondeur, le
photographe sous-marin se retrouva nez à nez avec plus de 200 requins gris
attendant, gueule ouverte, dans le reflux du courant, un festin de poissons.
« Ce spectacle fut saisissant. Le palpitant n'arrêta pas de cogner », se
souvient-il.

Trois ans plus tard, il touche au rêve ultime en allant à la rencontre du
mythique grand requin blanc, le célèbre mangeur d'homme, au large de
Gansbaai, en Afrique du Sud. L'expédition est organisée à la hâte. Le
tête-à-tête tant attendu intervient au quatrième jour de mission. Bricolée
de bric et de broc, la cage de protection ballottée par les flots s'avère
d'une résistance dérisoire face à l'animal. « Il s'est avancé vers moi,
calmement. D'une simple pression de sa gueule, il a écarté les barreaux de
la cage. À cet instant, j'ai pris la pleine mesure de sa puissance. »

à haut risque

Bouleversé, le photographe spécialiste de la prise de vue à haut risque
décide d'enchaîner mission sur mission. Le 6 janvier, Patrice Héraud partira
une nouvelle fois en Australie afin de participer à l'expédition
internationale de protection du grand requin blanc. Il y restera jusqu'au 23
janvier. Seul photographe européen, il rejoindra l'équipe dirigée par Rodney
Fox et poursuivra le programme de marquage de cette espèce protégée. Les
Îles Neptune serviront de point de chute.

Patrice Héraud n'ira pas aux Antipodes les mains vides, mais avec trois
émetteurs satellites conçus spécialement pour l'environnement marin. Posé
sur le dos du requin, au niveau de la nageoire dorsale, ce type d'appareil
permet d'enregistrer des données favorisant une meilleure connaissance de la
vie de ce grand prédateur des mers. Président de l'association SOS Grand
Blanc, Patrice Héraud relaie, à l'échelle nationale, le combat de la
fondation créée par Rodney Fox.

Mais cette campagne revêtira cette année un caractère particulier puisqu'une
école de Martignas, où ses enfants Evan et Marine sont scolarisés, sera
associée à l'aventure du photographe.

En effet, enfants et parents de l'établissement Flora-Tristan ont été
invités à se mobiliser pour offrir un émetteur supplémentaire. Les élèves
deviendront ainsi officiellement les parrains de l'animal qui en sera doté.

Une grande consultation s'est tenue au sein de l'école pour trouver un
patronyme au requin élu. Verdict des urnes : il sera baptisé Biscotto si
c'est un mâle, Paillette s'il s'agit d'une femelle. Loin d'être purement
symbolique, la démarche s'inscrira dans la durée puisque le nom du poisson
sera couché dans la base de données des autorités australiennes.

Expédition en direct

Le 18 décembre, la directrice de l'école a remis à Patrice Héraud les fonds
récoltés pour l'achat de l'émetteur. La collaboration avec l'école girondine
ira plus loin. « Les élèves pourront vivre l'expédition en direct. On va
essayer d'établir des contacts par téléphone ou par Internet. Plusieurs
concours (dessins, poésie et textes) sur les grands requins blancs vont être
lancés », détaille l'intéressé. L'opération sera soutenue par l'acteur Yves
Rénier, ami de Patrice Héraud, qui sera du voyage.

En juin, à la fin de l'année scolaire, l'artiste viendra à son tour à
l'école Flora-Tristan pour échanger avec les gamins.

Plein d'idées, Patrice Héraud entend combattre les a priori autour de
l'animal en lui dédiant, à terme, un musée éducatif. « Il serait triste
qu'un jour, les enfants ne connaissent plus ce prédateur qu'à travers les
livres parce qu'il aurait disparu des profondeurs marines. »

Auteur : Olivier delhoumeau
o.delhoumeau@sudouest.com