[SA4] Mathieu a bien caché son jeu

AVEC 46 % des votes de téléspectateurs en sa faveur lors de sa dernière
nomination, Mathieu est théoriquement le mieux placé pour échapper aux
éliminations de ce soir, loin devant Sandy et Sofiane, sur la sellette à ses
côtés. « J'ai été moi-même le premier étonné de ce score », affirme le géant
de la « Star Ac » (1,93 m). Qui aurait imaginé, en effet, au début de
l'émission, que ce garçon de 24 ans à l'allure d'intello du quartier Latin,
avec sa mèche à la Benjamin Biolay, fan de Kent, des Têtes Raides, de Mano
Solo et Jacques Higelin, allait réussir à séduire le public de cette
émission de téléréalité ? Tiburce, en tout cas, l'avait vu venir et avait
même prévenu Sofiane.
« Au début, tu entres au château en voulant donner l'image du latin lover,
mais au bout de trois ou quatre semaines, on s'aperçoit que le grand
séducteur, c'est Mathieu ! »
« Pas l'impression d'avoir vendu mon âme au diable » Pourtant, le gamin de
Saint-Lo (Manche) est loin d'être le meilleur chanteur de cette quatrième
promotion. Oscar Sisto, en guise de compliment, a comparé sa voix à celle de
Patrick Bruel, qui a pourtant d'autres atouts à faire valoir... Quant à la
danse, Kamel Ouali, après avoir tenté de tirer quelque chose de ce grand
corps à la Gaston Lagaffe, s'est finalement résigné. Seulement voilà,
Mathieu est un gars sympa, plein d'humour. Et surtout loin d'être idiot. «
Tout le monde me prend pour un petit bourge qui a fait des études
universitaires, souligne cependant Mathieu. C'est faux. J'ai arrêté l'école
en troisième. Je n'ai pas le bac. Et je ne suis monté à Paris que sur le
tard. J'ai beaucoup galéré. Mais toujours dans la musique ! » Il commence à
travailler vers 16 ans, comme vendeur de disques. Puis prend l'initiative
d'organiser des séances de dédicaces avec des artistes alors inconnus. «
C'est comme ça que j'ai rencontré Miossec, pour une séance avec quatre
personnes, à Saint-Lo », se souvient le jeune homme. Sa motivation plaît, il
se fait repérer et, de fil en aiguille, se retrouve attaché de presse
d'artistes comme Nicolas Peyrac et Marie Myriam. Mathieu est, en fait, un
vrai pro, qui a déjà un début de carrière dans la musique. « J'ai même
enregistré un album de ma composition, la Désirade chez Warner,
précise-t-il. Mais il n'est jamais sorti et mon contrat a été rompu. » Cela
ne l'empêche pas d'avoir déjà un cercle d'admiratrices. « J'ai découvert
Mathieu en 2000, sur RTL, dans une émission pour les nouveaux talents,
raconte l'une d'elles, Nathalie Waszac. Son style m'a tout de suite plu. A
partir de ce moment, je n'ai cessé de le suivre. » Ce qu'elle pense de sa
participation à la « Star Ac » ? « Je n'aime pas ce genre d'émission, mais
si ça lui permet de se faire connaître, tant mieux », admet cette fan de la
première heure. D'ailleurs, Mathieu ne s'en cache pas. « Pour moi, c'était
l'émission de la dernière chance. Je n'ai pas pour autant l'impression
d'avoir vendu mon âme au diable. Pour l'instant, j'ai toujours fait ce que
je voulais faire. » En tout cas, la Une, en sollicitant Mathieu pour le
casting, a eu le nez creux. La « Star Ac » surfe sur la vague de la nouvelle
chanson française en faisant de lui son Vincent Delerm. « Je pense qu'il
aimerait être encore plus populaire que Delerm, confie, en plaisantant, l'un
de ses amis chanteur, François Lemonnier. C'est d'ailleurs ce qui fait la
complexité du personnage. D'un côté, il admire des auteurs peu connus du
grand public, comme Stéphane Cadé ou Alain Leprest, de l'autre il rêve
d'être célèbre. Je lui souhaite d'y arriver et je l'en crois bien capable
! »

Alexandra Echkenazi
Le Parisien , vendredi 26 novembre 2004