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[Train de 16h19] Superbe

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Penseur martien
Téléfilm superbe de réalisme.

Tranquile dans son canapé, on se dit: "le con il n'a rien fait", et pourtant
quand on essaie de se mettre à sa place, cette certitude s'estompe.
La culpabilité progressive a été très bien representée, le remord qui le
ronge, pour finalement aboutir à l'avoeu.

Si ce téléfilm permet de nous faire agir quand nous devons agir si cela nous
arrive.

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Stéphane
Le Wed, 22 Oct 2003 22:46:42 +0200, "Penseur martien" <penseur.martien-at-ifrance..com>
dans <3f96ec35$0$10428$ disait:
Téléfilm superbe de réalisme.



Mouais bof, les personnages autour du Dr sont quand même peu crédibles. La femme qui ne
dit plus rien et se fait baiser sous la douche juste derrière... (un classique la douche).

Tranquile dans son canapé, on se dit: "le con il n'a rien fait", et pourtant
quand on essaie de se mettre à sa place, cette certitude s'estompe.



Ah ben c'est bien alors si ça déculpabilise tous ceux qui ne feraient rien dans la même
situation...

La culpabilité progressive a été très bien representée, le remord qui le
ronge, pour finalement aboutir à l'avoeu.



Mouais bof, si ça n'avait pas été son étudiante il n'aurait rien fait ? En gros le message
est tant que c'est une inconnue on s'en fout quand ça vous touche on a des remords. Le
fameux adage journalistique qui veut qu'un mort chez le voisin est pire que 1.000 à Delhi.

Si ce téléfilm permet de nous faire agir quand nous devons agir si cela nous
arrive.



Agir ? Tu veux dire témoigner ? parce qu'apparemment c'est le point de vue de l'auteur.
Tiens si j'étais gonflé je vous enverrais une nouvelle que j'ai écrite là-dessus il y a 7
ans...

Oh et zut tiens je suis gonflé ! Puisque le sujet semble t-intéresser. (les autres vous
n'êtes pas obligé de lire).


Vol de Vie

Julie avait pourtant de nombreux amis. Ils l’aimaient bien. Elle était gentille et
douce. Les quelques garçons chanceux qui avaient fait un bout de chemin avec elle, le
savaient bien, même si certains auraient souhaité aller plus loin, ne se suffisant pas
d’une amourette. Julie avait toujours été claire, celui qu’elle aimera, qui la rassurera
tendrement quand elle ira mal, qu’elle soutiendra quand il faiblira, à qui elle s’offrira,
n’est pas encore là. Ainsi en avait-elle décidé. Julie avait dix-sept ans, jeune fille
souriante aux yeux curieux. Mais elle portait en elle une grande plaie profonde. Sa mère
était morte d’une longue maladie, comme il faut dire. Cette épreuve qu’avait subie Julie,
révoltée, impuissante mais courageuse, qui avait modifié sa vision de la vie. Son père
était là comme elle était là pour lui, espoir en une vie meilleure.

C’était un soir de juillet 1988. Julie était allée au musée puis au cinéma avec
ses amis. La soirée devait se terminer par un pot pour fêter leur bac. Julie se sentit mal
sans trop savoir pourquoi. Était-ce le musée où certains tableaux tourmentés l’avaient
choquée ? était-ce le film où elle avait trouvé trop de tristesse et de déchirures ? elle
ne savait pas. Une envie forte de retrouver le cocon familial la saisissait et, en
s’excusant, elle abandonna ses amis et sombra dans le métro.

Sous terre, les trains grondaient, grinçaient, résonnaient, répandant des sons
mystérieux dans toute la station, l’enveloppant d’inquiétude. Julie passa le portillon à
21h30. A la grosse pendule du hall, l’aiguille des secondes tombait par saccades. Elle
pénétra, non sans une appréhension étrange, dans le trou noir de l’escalier. Il
l’engloutit. Les couloirs lui semblaient interminables. Elle n’était vraiment pas bien.
Les fantômes usés de l’indifférence, qui lui deman-daient une petite pièce, lui faisaient
peur, elle baissait la tête. Elle n’avait jamais remarqué comme le sol était gris et sale,
souillé par une journée de vie. Son coeur s’accélérait elle avait chaud, elle suffoquait
presque ; partout ça puait : les murs empestaient la vieille urine, le sol suant le
goudron puait les pieds, le couloir s’empuantissait de vomi et d’excréments venus des
égouts voisins dans un souffle infect, chaud et humide, qui lui collait à la peau et
l’engluait de puanteur.

Enfin, elle arriva sur le quai au plafond plus haut où l’air circule mieux. Elle
put reprendre sa respiration. Julie osait à peine regarder autour d’elle. Elle entendait,
encore lointains, les sifflements du train qui allait la ramener chez elle,
tranquillement. Du bord du quai, elle scrutait la pénombre sur sa gauche. Le grondement
s’amplifia. Deux points jaunes apparurent au détour d’une courbe dans un sifflement plus
strident qui lui brûla les oreilles. Les points tremblaient. Les sifflements alternaient
avec les grincements des articulations des wagons. Le masque facial du métro s’approchait
nettement, lent et puissant. Il poussait devant lui un souffle chaud. Ça puait de nouveau.
Julie se sentait prise dans ce vent fétide. Les wagons tremblaient de plus en plus. Le
train grossissait, enflait, Les bruits frappaient les murs et revenaient de tous côtés.
Julie sentait la sueur dégouliner ; son coeur s’emballer ; elle était pétrifiée ; elle
vacillait ; elle allait s’effondrer sur les rails. Le monstre jaillit du tunnel dans un
cri atroce précédé d’un ouragan de poussières immondes. Julie tombait. Elle reçut une
gifle qui l’arracha à son cauchemar infernal. Elle recula violemment de trois pas, frappée
par l’air glacé créé par le train. Elle reprit ses esprits réalisant, soudain, ce qui
aurait pu arriver. Elle venait, peut-être, d’échapper à la mort. Du coup, elle allait un
peu mieux. Les portes s’ouvrirent.

Ses yeux cherchaient de nouveau, elle osait regarder autour d’elle. Dans son wagon
se trouvait un couple qui s’embrassait langoureusement au fond, au milieu, une vieille
dame avec un chapeau noir et une canne sur laquelle ses mains reposaient, de l’autre côté,
une femme assez jeune tricotait un pull de petite taille, Julie pensait qu’elle aussi un
jour tricoterait un petit pull pour son bébé et que, peut-être, elle devrait essayer
d’apprendre, juste les bases, de quoi faire un petit pull, un peu plus près, un homme
d’environ quarante ans, assis, lisait son journal, «Le Figaro» lui semblait-il, et
derrière elle, sur un strapontin, un garçon avec un casque sur les oreilles qui vomissait
une musique métallique aiguë. Elle choisit de rester debout sa main accrochée à la colonne
centrale pour garder l’équilibre. Soudain, les portes se fermèrent dans un claquement
sourd et profond. Le train s’ébranla dans un froissement pneumatique. Le dandinement
précéda le sautillement, cette trépidation si caractéristique du métro. La vieille avait
la tête qui dodelinait comme un hochet, la femme venait de rater un point, l’homme se
rapprochait de son journal, le garçon en rythme claquait des doigts, les jeunes
s’embrassaient toujours. Par une vitre cassée, un souffle glacial vint lui lécher la
nuque. Encore trois stations, songea-t-elle rattrapée par son malaise et la puanteur.

En freinant, le train la poussa un peu en avant, la déséquilibrant, elle se
redressa. Les portes s’ouvrirent. Julie voulut sortir mais elle se ravisa, ce n’était pas
sa station, encore deux. Le garçon, lui, sortit. Deux jeunes entrèrent, le malaise de
Julie augmenta. L’un roux, l’autre brun le nez perforé d’un brillant. Ils étaient là,
debout dans l’ouverture, inspectant le wagon. Julie baissa immédiatement les yeux, sans
raison, retrouvant le sol, gris et gras, suant le caoutchouc moisi et les semelles sales.
Son coeur s’emballa, ses mains devinrent moites, un souffle brûlant et haché sortait de
son nez, elle étouffait de nouveau, elle allait sortir, elle voulait sortir, les portes
claquèrent fatalement.
- Alors mignonne, on s’est égaré ?
Julie ne voulait pas entendre.
- Ben t’as perdu ta langue ?! Fais voir! ajouta le roux en posant des doigts aux
ongles noirs sur les lèvres de Julie qui recula la tête brusquement.
- Ne sois pas farouche! On n’est pas méchant, c’est quoi ton nom, poupée ? reprit
le brun.
Elle ne répondait toujours pas mais elle avait relevé la tête, appelant au secours
de ses yeux humides, personne ne la voyait comme si rien n’existait d’autre que cet espace
restreint où ils se trouvaient tous les trois. Cette peur était stupide, ce n’était que
des jeunes comme elle, pourquoi ne pas leur parler, c’est ça, elle allait leur parler,
calmement... Une douleur vive la surprit. Le rouquin venait de lui arracher son médaillon,
la chaîne lui avait lacéré le cou.
- Rendez-moi ça, non déconnez-pas, c’est un cadeau de ma mère!
- Julie! c’est dessus! Comme prénom : Julie c’est joli! moi ça me plaît! pas toi ?
- Ouais, c’est sympa mais elle est pas là ta mère ? parce que je pourrais la
sauter pendant que mon pote te fait découvrir les joies de l’amour!
Les yeux de Julie s’agrandirent d’effroi, ils plaisantaient... sûrement! c’était une
blague! Elle ne sentit même pas le train s’arrêter, elle ne vit pas non plus le jeune
couple descendre, elle entendit juste les portes claquer inexorablement. Encore une
station, il faut qu’elle tienne, qu’elle trouve une idée, qu’elle récupère son médaillon,
qu’elle crie. Aucun son ne sort de sa bouche. La vieille regarde par la fenêtre, la femme
change de pelote, l’homme tourne sa page.
- Allez, tiens je vais te faire un cadeau, parce que tu es mignonne : je te donne
ce médaillon.
Julie reprit son médaillon et le glissa rapidement dans sa poche.
- Bon, maintenant il faut me remercier, on remercie quand on est poli.
Julie osa un «merci» étouffé. Un silence se fit.
- Quoi c’est tout ? Tu rigoles toi, il faut que tu me remercies mieux que ça.
En disant cela, le roux étend sa main vers les seins de Julie qui recule et se cogne
contre les portes côté voie, la poignée lui meurtrit le dos. Le roux lui attrape le nez et
le secoue : «Allez, sois polie!» Il lui glisse un doigt dans l’oreille gauche et l’enfonce
profondément en lui promettant de lui tirer les oreilles si elle n’est pas sage. Il passe
ses mains dans les cheveux de Julie et tire violemment en arrière puis lui baise le cou,
il la regarde dans les yeux revient au cou et le lèche, remontant sur son visage,
l’engluant de bave, jusqu’à ses lèvres qu’il écrase longuement. Julie étouffe, elle veut
vomir mais rien ne vient, ses yeux affolés roulent de droite à gauche, personne ne bouge,
elle est toujours seule. Le brun éclate de rire, passe derrière Julie et lui attrape les
fesses, le roux déboutonne son jean. Elle se débat.
- Sauvage ? ça m’excite! éructe le rouquin.
Alors lui vient une idée, elle tente quelques mots :
- Eh ben, allez-y, allez! elle ne bouge plus.
- Si tu crois que ça va m’arrêter! J’adore ça! Hier soir... Père Lachaise... tapé
deux mortes... toutes fraîches... enterrées la veille... encore tièdes!... marrant!...
Elle n’entend plus, il la couche par terre, lui arrache sa jupe, déchire sa
culotte. Alors dans un dernier espoir, quand les portes s’ouvrent, quand la femme change
de wagon, quand la vieille sort en boitant, quand l’homme ouvre plus grand son journal,
elle jette ses griffes sur ce visage livide qui la domine, elle crache sur cette masse
difforme qui l’écartèle. Une gifle la rejette à terre, elle sent un filet de sang chaud
couler entre ses lèvres.
- Tiens-la bordel !
Elle a mal, tout son corps a mal. Le brun fait descendre son pantalon aux chevilles puis
s’agenouille, jambes écartées, sur les bras trop frêles de Julie et pose son cul sur la
bouche ensanglantée ; elle voudrait mordre, arracher à grands coups de dents les tristes
poches qui pendent sur son menton mais les fesses la serrent comme un étau et l’odeur, et
la sueur l’empêchent d’ouvrir la bouche, elle ne respire plus. Terrorisée. Elle ne sent
pas son chemisier remonter. Elle ne sent pas le brun lui griffer les seins d’une main en
se masturbant de l’autre au-dessus de son cou. Elle ne sent plus rien, rien sauf le
craquement terrible qui déchire ses viscères, qui trace un sillon sanglant, qui lui
laboure l’intérieur du ventre tandis qu’au-dessus un liquide chaud et gluant se répand par
saccades, dans ses entrailles aussi, le poignard a lâché son excrément pourri, rien, plus
rien.

Ils sont partis en rigolant, tranquillement, à peine refroqués. Fiers de l’avoir
possédée, d’avoir été des hommes, d’avoir été tendres peut-être même. On ne retrouvera
jamais leur trace, on ne la cherchera même pas.

Recroquevillée sous la banquette, sur ce sol qui puait tant, Julie tremblait
encore quand un autre homme entra. Alors la terreur revint. Les pas se rapprochèrent pour
s’arrêter à quelques centimètres d’elle. Elle voulait reculer mais où et à quoi bon ?
L’homme se baissa. De ses yeux embrumés, elle fixait ce visage dodu, aux cheveux gris, aux
rides profondes, aux yeux bas, qui l’auscultait tristement. Elle reconnut le vieux
monsieur du troisième, celui qui travaille dans le métro depuis si longtemps, qui en a
tant vu, qui l’avait tant prévenue. Une boule empêchait Julie de parler. Elle accepta de
quitter son asile. Elle accepta de se laisser raccompagner chez elle. Elle accepta le
silence lourd.

Julie ouvre la porte. Son père n’est pas encore revenu. Elle entre tête baissée,
elle a honte, c’est comme ça. Elle se précipite dans la salle de bains, sous la douche.
Presqu’en même temps, le père arrive. Dans l’escalier il croise le vieux monsieur qui
explique en bafouillant. Le père, sous le choc, un instant appréhende puis s’affole. Il
grimpe les escaliers, ouvre la porte en hurlant «Julie, Julie». Pas de réponse. Il entend
l’eau tomber. Il court vers la salle de bains avec un serrement de coeur, écarte la porte
et se rue sur le rideau de douche.
Pleurs. Sanglots. Sa fille est dans ses bras.
- Papa.
Ils pleurent, la vapeur brouille la fenêtre puis se condense et glisse en gouttelettes le
long du mur, l’eau martèle leurs têtes puis les enveloppe et disparaît en tourbillon dans
les égouts, avec la crasse.
- J’ai eu si peur, excuse-moi.

Les yeux baissés, il va s’asseoir sur le canapé. Il a honte. Honte de ne pas avoir
été là, honte de ne pas savoir quoi lui dire, honte d’être un homme. Il voudrait crier
mais rien ne sort. Il voudrait que sa femme soit encore vivante. Il voudrait être une
femme pour comprendre, pour avoir vécu comme les autres avec cette menace depuis son
enfance sans y croire, en se disant que ça n’arrive qu’aux autres, pour l’avoir subi même,
pour comprendre. Mais comprendre quoi ? la solitude devant l’incompréhension des autres,
les moqueries, les railleries même, parce que ce n’est qu’un viol, parce qu’ils pensent,
au fond d’eux-mêmes, la femme coupable. Coupable d’être une femme, coupable d’être un
support des fantasmes masculins, coupable d’être séduisante ou séductrice, coupable d’être
devenue libre, coupable d’être. Il a envie de vomir. Julie sort de la salle de bains. Son
père se relève doucement.
- Julie, il..., tu..., ma fille, je t’aime.
Ils se serrent fort. La vie allait reprendre. Il ferait beau à nouveau. La joie
reviendrait. On allait tout oublier, on allait tout recommencer.


Julie n’a jamais connu celui qu’elle voulait aimer, rassurer, soutenir, à qui elle
voulait s’offrir. Julie est morte trois ans après que ses agresseurs lui ont transmis la
pourriture qui germait en eux.

SL, 1996.
Si vous vous sentez encore en forme j'avais écris cet épilogue un an plus tard.


Vil Envol

Non, Julie n’est pas morte.

Non ce viol ne fut pas meurtrier.
Elle aurait aimé, elle en rêvait jour et nuit, mais elle n’est pas morte.
Un peu bien sûr, si peu pourtant.
Apparemment.
Sa mémoire s’était vidée, peu de souvenirs, quoique.

Le garder. Oui le garder contre vents et nausées. La tête haute et le ventre rond, et se
battre pour ce petit homme, pour ce petit homme-là. Déjà, elle le sentait bouger, elle le
sentait réclamer sa part d’existence, revendiquer son Moi, protester contre cet
enfermement.


Non, Julie n’est pas morte. Du moins pas dans son ventre.

La tête, bien sûr, mais la tête est-ce bien l’essentiel ? Était-ce bien l’essentiel pour
elle dont le centre de gravité s’était fortement ancré au milieu de ses entrailles ? En
son sein. Va savoir.
Mange tes pâtes. Bois un peu. Tu dépéris à vue d’oeil. Tu es maigre. Tu vas tomber malade.
Bon Dieu, mange tes pâtes.
Pas morte. Elle l’avait cru. Mais ces pâtes, mais son père, la rappellent à la vie. Et
l’enfant intérieur, encore, proteste violemment.


Non, Julie n’est pas morte. Elle n’est qu’endormie.

Elle s’était décidée pour le test, tellement certaine du résultat qu’elle n’espérait rien.
Un rendez-vous manqué. Et une autre attente, plus longue et plus réelle, plus forte et
plus en elle. Et la vie continuait. Et les jours défilaient. Six mois déjà. Comment ça je
maigris ? Tu rigoles, j’ai encore pris trois kilos. C’est pas toi, c’est Lui. Mais toi, tu
maigris. Faut que tu prennes des forces. Tu sais ce qui peut arriver sinon ? Oh papa, je
ne suis pas maman. Faut que tu arrêtes avec ça. Elle était déjà malade. Elle ne pouvait
pas survivre à l’accouchement de toute façon. Je ne suis pas responsable.

Je vais me coucher. Pas responsable. Maintenant je le sais, je le sens. Ça fait dix-huit
ans que tu nous pourris la vie avec ça. Cet enfant n’est pas, ne sera pas, le tien. Cet
enfant n’a pas de père. Une mère peut-être, un père jamais, plus jamais. Je vais me
coucher.


Non Julie, t’es pas morte.

C’est ce que disaient les voisins, à se demander s’ils n’auraient pas préféré le
contraire ; ne serait-ce que pour agrémenter leur quotidien, ne serait-ce que pour avoir
des histoires à raconter, ne serait-ce que pour frémir, ne serait-ce que pour vivre un peu
aussi, au travers de toi. Eux aussi ils avaient cru. Avec toutes ces saloperies qui
traînent de nos jours, sûrement qu’elle l’avait attrapé la petite. Ça faisait pas un pli.
On allait vite voir. Elle pourrait pas le cacher. Non, tu ne peux pas le cacher ce ventre
rond, ce dos lourd, ce coeur double, tu ne pouvais pas le cacher.

Aspirine. Encore un soir d’aiguilles. Elles te traversent la tête au rythme de ton coeur,
de son coeur. Ça t’a rappelé ta grand-mère, ça t’a rappelé les layettes, ça t’a presque
rappelé ta mère. Alors non. Les aiguilles sont restées dans ta tête à te meurtrir. Sur les
tempes, c’est le pire. Aspirine.


Non, Julie t’es pas morte. Du moins pas en corps.

Et ta main glisse sur ton cou, glisse sur tes seins, glisse sur ton ventre... Qu’est-ce
que je vais faire de toi ? C’est une belle journée de printemps. Le classicisme est au
rendez-vous, les arbres bourgeonnent, les oiseaux chantent. La vie est belle. Encore dix
jours.
C’était pour bientôt maintenant. Elle était presque au bout, la petite. Fille ou garçon,
on allait bientôt savoir. Elle était courageuse, après tout ce qu’elle avait vécu. Ça
devait être pénible pour son père tout ça. Elle était bien gentille, la petite, mais la
vie en a décidé autrement. Encore cinq jours.


Non, Julie t’es pas morte. Oublie les aiguilles.

Le coeur qui battait en elle s’était arrêté. Finalement il avait renoncé. Renoncé à
rencontrer ces gens, renoncé à les satisfaire, renoncé à partir d’un bon pied, fût-ce le
gauche, dans la merde. Il avait déjà compris la lourdeur de la vie. Il avait entendu la
rumeur de l’envie. Être un phénomène de foire ne l’intéressait pas. Et son père, son père,
lui manquait déjà. Encore trois jours.

Maintenant elle savait. Elle n’avait jamais eu de chance, la petite, c’est pas étonnant
qu’elle ait fini comme ça. Ça a dû être pénible pour son père de la retrouver dans cet
état. -du bout des lèvres- Il paraît qu’il y avait des aiguilles à tricoter, et du sang
partout. -une boucherie-

SL, 1997.
Avatar
Skinner
"Stéphane" a écrit
Agir ? Tu veux dire témoigner ? parce qu'apparemment c'est le point de vue


de l'auteur.
Tiens si j'étais gonflé je vous enverrais une nouvelle que j'ai écrite


là-dessus il y a 7
ans...

Oh et zut tiens je suis gonflé ! Puisque le sujet semble t-intéresser.


(les autres vous
n'êtes pas obligé de lire).



....
Simplement : Magnifique.
Avatar
Raphaël
Stéphane wrote:
Vol de Vie




Ca va. Il reste encore des gens bien.
Stéphane, ne lis surtout pas le thread d'au-dessus conscré à CSD !!!
Avatar
Nanou
Du clavier de Stéphane se sont envolés les mots suivants :

Oh et zut tiens je suis gonflé ! Puisque le sujet semble
t-intéresser. (les autres vous n'êtes pas obligé de lire).


Vol de Vie



Euh, nan mais ca va pas de me faire pleurer à 7h du matin... ;-)

Merci, c'était magnifique...

Nanou
--
~ One Ring to rule them all, One Ring to find them, One Ring to bring
them all and in the darkness bind them ~
Avatar
Stephane Legras-Decussy
"Stéphane" a écrit dans le message news:

Tiens si j'étais gonflé je vous enverrais une nouvelle que j'ai écrite


là-dessus il y a 7
ans...



on t'a reconnu Frederic Bezies... ;-)

(pornographe officiel de frtp)
Avatar
dafeen
peut etre si tu t'étais fait violer tu penserais pas qu'il a rien fait le
pauvre con.
Avatar
Moho
Bonjour,
Oh et zut tiens je suis gonflé ! Puisque le sujet semble t-intéresser.


(les autres vous
n'êtes pas obligé de lire).


...
Vol de Vie


...

Superbe...
Chaque personne a qui j ai fais suivre... et qui ont eux mêmes fais suivre
;)
On trouvait que c'était magnifique :)
Une autre... une autre... une autre!!!! ;)