On savait que la RIAA et la MPAA veillaient jalousement sur leurs ouailles, mais on ignorait jusqu’où pouvaient aller leurs méthodes.

Dans la longue liste des procédures intentées par la RIAA (Recording Industry Association of America), en voici une qui devraient retenir notre attention, car elle illustre le caractère parfois extrêmiste des méthodes de l’association à but très lucratif qui entend protéger la propriété intellectuelle des contenus musicaux aux Etats-Unis.

En décembre dernier, un couple du Michigan, Mr et Mme Nelson, a porté plainte contre la RIAA pour ‘’procédure abusive et diffamatoire’’ et ‘’subornation de témoins dans le but d’obtenir un faux témoignage’’.

Peu de temps auparavant, la RIAA s’en était prise aux époux Nelson, les accusant d’avoir, comme à l’accoutumée, téléchargé illégalement des contenus musicaux protégés sur Internet. Dans le cadre de cette procédure, "Motown contre Nelson", la RIAA et ses avocats ont visiblement fait pression sur une jeune fille de 15 ans proche des Nelson, dans le but de la faire témoigner à charge contre ces derniers.

Un second interrogatoire, mené cette fois à l’initiative des Nelson, a donné lieu à l'échange suivant :


Question : De quelle autre manière pensez-vous que Maître Krichbaum (un des avocats de la RIAA dans l’affaire Motown contre Nelson; NdlA) a tenté de vous influencer '

Réponse : Je ne m’en souviens pas exactement. Il a juste essayé de me faire dire que soit Angie et Jim (NdA : les époux Nelson), soit moi-même, avions téléchargé de la musique illégalement.

[…]

Q : Ce qui était faux. Et vous avez le sentiment que Me Krichbaum essayait de vous faire dire quelque chose qui n’était pas vrai '

R : Oui.

Q : Est-il parvenu à vous faire dire quelque chose qui n’était pas vrai '

R : Selon le compte-rendu que j’ai lu, oui.


Mlle Granado poursuit son témoignage en indiquant que Me Krichbaum a fait fortement pression sur elle pour qu’elle livre des affirmations fausses ou incomplètes sur l’implication des Nelson dans cette affaire. Puis :


Q : Vous a-t-il (Me Krichbaum; NdlA) dit pourquoi il avait besoin que vous en teniez à votre témoignage initial '

R : Il m’a dit que sans mon témoignage, son dossier était vide.

Q : Donc, il vous a dit que son dossier était vide, sauf si vous mainteniez vos premières, et fausses, déclarations '

R : Oui.


En clair, nous avons affaire ici à une jeune fille de 15 ans, probablement impressionnée de se retrouver ainsi sous le feu des projecteurs, et à qui ‘’on’’ a demandé, pour ne pas dire ordonné, de commettre un parjure devant une cour de justice (le parjure est sévèrement puni aux Etats-Unis) afin que la RIAA gagne son procès contre les époux Nelson.

Qui plus est, il semble évident, au vu du dialogue qui précède, que le dossier de la RIAA était pour ainsi dire inexistant, mais qu’au lieu d’abandonner sa plainte, l’association des éditeurs de musique américaine a préféré avoir recours à des pratiques, disons… peu éthiques.

En réponse, les Nelson réclament non seulement l’abandon des poursuites à leur encontre, mais également le remboursement de tous leurs frais de justice, à hauteur de 4.000 dollars US dans un premier temps.

L’affaire est actuellement entre les mains d’un juge.

Une fois n’est pas coutume, je m’abstiendrai de tout mot d’esprit pour conclure cet article…



Source : Slashdot