Tout en faisant le dos rond et en tentant de répondre aux demandes du gouvernement indien pour assurer une surveillance des flux de communication émanant de ses smartphones BlackBerry, le fabricant canadien Research in Motion maintient globalement ses positions.

Il a déjà fourni une méthode pour le contrôle du service de messagerie instantanée BlackBerry Messenger mais il reste ferme concernant son service de messagerie professionnelle, ce qui n'est pas du goût du gouvernement indien qui souhaite pouvoir surveiller l'ensemble des communications.

Robert Crow, responsable des relations avec l'industrie et les gouvernements, a indiqué que le ministère de l'intérieur indien exige de pouvoir exercer un contrôle en temps réel de tous les services, même les mieux sécurisés.

Or ces demandes seraient à la limite de la légalité puisqu'ils permettraient par exemple des communications d'ambassadeurs étrangers ou des informations confidentielles relatives aux sociétés et que pourraient exploiter les entreprises indiennes. De l'espionnage industriel institutionnalisé, en somme.


Métadonnées oui, contenu des emails non
Le socle des exigences indiennes est celui des risques posés par des communications chiffrées pour la sécurité nationale, alors que le pays n'est pas à l'abri d'une menace terroriste, comme à Mumbai en 2008.

Mais en appuyant cette demande, ce sont de tout autres aspects, moins avouables, qui pourraient être exploités, d'où le refus de Research in Motion de répondre aux demandes du gouvernement. Le fabricant a indiqué à plusieurs reprises ne pas être en mesure de fournir les clés de chiffrement pour sa messagerie professionnelle et ne pas vouloir modifier l'architecture derrière les services.

Robert Crow, tout en s'attendant à ce que les autorités indiennes continuent de faire pression, a mis en balance le fait que cette obstination pouvait avoir des conséquences sur son image au plan international et sur sa capacité à attirer les entreprises étrangères, faute d'une législation claire sur la protection des données.

RIM peut déjà proposer des métadonnées, comme les heures d'envois des messages et les serveurs par lesquels ils sont passés, ce qui peut déjà constituer de précieuses informations lorsqu'il s'agit de surveiller un utilisateur et peut contribuer à mener d'autres investigations en cas de suspicion, mais il n'est toujours pas question d'accéder au contenu en clair des messages.