À en croire un sondage Ifop réalisé pour LeJdd.fr du 6 au 8 avril 2009 auprès d'un échantillon de 1004 internautes français âgés de plus de 18 ans, 24 % d'entre eux admettent télécharger illégalement dont 4 % très souvent et 20 % de temps en temps. Une petite minorité somme toute mais ils sont une grande majorité qui ne devrait théoriquement pas se sentir visée, soit 60 %, à marquer leur opposition vis-à-vis de la riposte graduée telle que voulue dans le projet de loi Création et Internet. Sans doute la prise de conscience des dérives susceptibles d'être engendrées (erreur dans l'identification de l'adresse IP, nécessité d'assurer la protection de sa connexion, risque pour la vie privée, loi onéreuse...).

Envois d'e-mails d'avertissement, lettre recommandée puis éventuellement suspension de l'accès à Internet pour les récidivistes, 42 % se sont dits pas du tout favorables et 18 % plutôt pas favorables. Une opposition qui dépasse les clivages politiques puisque sympathisants de droite comme de gauche sont tous majoritairement pas favorables à la riposte graduée, et notamment 51 % pour les sympathisants de l'UMP.

Si un clivage existe, il est plus à rechercher du côté de l'âge avec les 65 ans et plus qui à 51 % émettent un avis favorable. Notons qu'un autre clivage pourrait être le fait que ce sondage ne concerne que des internautes, mais c'est tout de même près de 33 millions de Français (chiffre Médiamétrie de février 2009).

Quant à savoir si la riposte graduée sera efficace, c'est le consensus transgénérationnel et 69 % pensent qu'elle ne le sera pas. Un taux qui montent à 80 % auprès de ceux particulièrement concernés, ceux qui pratiquent le téléchargement illégal régulièrement. On peut penser qu'ils ont soit la certitude que la loi sera tout bonnement inapplicable, ou alors qu'ils ont déjà en tête de mettre en œuvre des méthodes de téléchargement plus discrètes pour éviter tout problème.