SFR logo pro En rendant son avis sur la pratique du cross selling ( ou croisement des fichiers de clients entre lignes fixes et mobiles ) chez les opérateurs de télécommunications, l' Autorité de la Concurrence a donné un coup de pouce à Free Mobile, nouvel entrant sur le marché français, en suggérant qu'il serait bon que ce dernier puisse louer des capacités réseaux 3G aux opérateurs mobiles historiques ( Orange, SFR et Bouygues Telecom ).

Pour rappel, Free Mobile a acquis une licence 3G, avec la possibilité de négocier l'utilisation des réseaux 2G avec les opérateurs, mais rien n'oblige ces derniers à  lui louer des capacités 3G en attendant qu'il ait déployé son propre réseau, dont la construction est liée à un calendrier d'obligation de couverture fixé par le régulateur national, l' Arcep.

Or, aucun des opérateurs mobiles français ne souhaite laisser Free Mobile accéder à son réseau 3G le temps qu'il dispose du sien, et ce d'autant moins qu"ils n'ont pas d'obligations juridiques. La position de l'Autorité de la Concurrence a donc plutôt agacé les opérateurs et notamment Frank Esser, président de SFR, qui s'est exprimé à l'occasion d'un forum organisé par le journal Les Echos.

" Free a eu le choix entre être un opérateur commercial, c'est à dire un MVNO, ou un opérateur de réseau. Il a choisi de devenir un opérateur de réseau. Cela implique une obligation de déploiement d'infrastructures. C'est un métier "
, a-t-il indiqué.


Des conditions d'entrée un peu trop favorables à Free ?
Le coût de l'attribution de la quatrième licence 3G par Free Mobile, de 240 millions d'euros alors que les opérateurs ont payé 619 millions d'euros ( mais Free n'a obtenu qu'un tiers des fréquences ) reste un sujet de mécontentement, même si le gouvernement a pris soin de le faire valider par une commission.

Par ailleurs, SFR vient de dépenser 300 millions d'euros pour obtenir le plus gros bloc de fréquences résiduel de la quatrième licence, lui apportant des capacités supplémentaires, qu'il n'entend pas partager avec Free.

" Cinq mois après l'attribution de la licence à Free, je ne vois rien. Il n'y a aucune infrastructure de Free Mobile aujourd'hui "
, poursuit-il. Pas question de laisser le nouvel entrant assurer un réseau minimal et se reposer sur les réseaux 3G établis des opérateurs.

Et la position est d'autant plus martelée que le succès du data mobile impose de pouvoir adapter le réseau 3G à des contraintes plus fortes. " J'ai besoin de capacités 3G pour mes clients, avec l'explosion des smartphones et des clefs 3G...il n'est pas question d'entrer en négociations ", a donc précisé Frank Esser.

Le ton est donné mais l' Arcep avait prévenue qu'elle serait attentive à l'évolution du marché et aux possibilités laissées à Free de se développer sur un marché solidement verrouillé par les trois opérateurs historiques. Elle pourrait donc potentiellement forcer les opérateurs à négocier sur la 3G si cela apparaissait comme bénéfique pour les consommateurs.

Source : Les Echos