Cela fait plusieurs trimestres que la Commission européenne rassemble des éléments sur de possibles pratiques de dumping des équipementiers chinois qui profiteraient d'aides déguisées du gouvernement chinois pour casser les prix et gagner rapidement des parts de marché en Europe mais le déclenchement d'une procédure au-delà de l'enquête préliminaire reste une manoeuvre extrêmement délicate.

Difficile de provoquer des tensions avec la Chine alors que l'Europe est déjà fragilisée par la crise des dettes souveraines, créant des moyens de pression faciles sans compter la menace des intérêts des équipementiers européens dans l'Empire du Milieu, en plein développement de son réseau mobile 3G et se préparant dès l'an prochain à basculer vers la 4G.

L'ouverture d'une procédure est également compliqué par le fait qu'aucune entreprise n'a déposé de requête formelle pour se plaindre des agissements des équipements chinois Huawei et ZTE. Si la Commission doit agir, ce sera donc de sa propre initiative. Elle en a le pouvoir mais cela peut être compris comme un signe aux conséquences politiques et économiques fortes.

Europe logo pro  Malgré tout, les éléments recueillis semblent assez solides pour mener une action tandis que les craintes concernant la sécurité des équipements telecoms et la peur des écoutes et des analyses de flux qui conduit les gouvernements européens à faire preuve de prudence et les opérateurs télécoms européens à limiter leurs commandes à des équipements non sensibles créent un contexte favorable.

Reuters rapporte que Karel de Gucht, commissaire européen au Commerce, va mettre le sujet sur la table lors de la prochaine réunion des ministres européens du Commerce cette semaine à Dublin pour décider d'une orientation : soit abandonner le sujet soit préparer le lancement d'une procédure contre les équipementiers chinois.

Dans les deux cas, le choix sera lourd de conséquences, alors que les équipementiers européens subissent déjà une lourde pression de leurs concurrents chinois en Europe et dans d'autres zones géographiques (Afrique et Amérique du Sud, notamment) et doivent avancer avec prudence en Chine.

Par ailleurs, ces mêmes acteurs chinois sont aussi de gros pourvoyeurs d'emplois et de richesses en déployant des partenariats de recherche et des contrats avec les entreprises européennes. Autant d'éléments dont l'Europe peut difficilement se passer.

Source : Reuters