Une CR10 tout-en-une pour l'impression bicolore

Creality 3D est une marque qui s'est taillé une renommée internationale sur le secteur de l'impression 3D en seulement quelques mois avec la très populaire CR-10 que nous avons testée. Et depuis, le fabricant multiplie les références, avec toujours autant de succès.

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Après la CR10 et ses déclinaisons, S et XXL, la Ender 3 et la CR-20, Creality entame une réorientation de ses produits avec une montée en gamme. La CR20 avait déjà initié ce changement avec l'intégration du boitier de commandes et de l'ensemble de l'électronique dans une plateforme servant de support à l'imprimante, c'est à nouveau le cas avec la CRX qui reprend les bases de la CR10S avec l'originalité de proposer de la double extrusion. Le tout est proposé à un tarif officiel de 850 €, mais on la trouve généralement vers 650 € par exemple chez Gearbest ou nous avons commandé notre exemplaire de test (elle est d'ailleurs actuellement en promotion à 602 € en utilisant le code de réduction GBCRX).

Fiche technique

La CR-X est une imprimante 3D cartésienne de type FDM, c'est-à-dire qu'elle dispose d'un plateau mobile sur lequel une buse vient déposer des couches successives de filament fondu. À mesure de l'empilement des couches naît une pièce en trois dimensions.

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La CRX est en essence un mélange entre une CR10S et une CR20. Pour résumer, il s'agit d'une CR10S améliorée dont le châssis a été repensé pour accueillir l'ensemble de l'électronique. Elle embarque en plus un système de double extrusion ainsi qu'un écran tactile couleur.

  

En conséquence, on retrouve une partie de la fiche technique de la CR10S à savoir :

  • Volume d'impression de 300x300x400 mm (dimensions de la machine 550x400x650 mm)
  • Lecteur de carte SD et port micro USB
  • Prise en charge de filament de diamètre 1,75mm (ABS, PLA, TPU, PETG ...)
  • Température de buse jusqu'à 270°C, lit chauffant jusqu'à 120 °C
  • Résolution d'impression annoncée de 0.1 à 0.4mm
  • Livrée avec une buse 0.4 mm laiton
  • Vitesse d'impression jusqu'à 150 mm/s
  • Intégration de Marlin modifié par Creality
  • Livrée assemblée à 90%
  • Double moteur pour l'axe Z
  • Reprise d'impression après coupure de courant

À cela, il faut ajouter ces améliorations notables :

  • Un double extrudeur MK8 aluminium à réglage de tension
  • Tête d'impression type "Cyclop" : double entrée, sortie unique
  • Écran tactile couleur de 4.3 pouces
  • Intégration d'un nouveau plateau d'impression "Carboloy silicon" pour une meilleure accroche et un décollage facile à froid
  • Fonctionnement en 24volts
  • Form factor plus compact "all-in-one"

Assemblage et présentation

Si la CR10 était simple à monter avec ses 4 vis et ses 2 équerres, la CR-X l'est encore plus : il suffit de positionner la potence sur la base et de venir la fixer par 4 vis situées au-dessous. Il n'y a plus qu'à vérifier le bon serrage de l'ensemble des vis, des excentriques, la tension des courroies et la fluidité des axes, et le tour est joué : on peut lancer notre première impression en seulement 10 minutes chrono.

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Structure

Comme pour la CR10, le châssis de la CR-X est fait de profilés aluminium (2020 et 2040). Le système de déplacement des axes par V-slots et courroies est un bon choix pour offrir une stabilité suffisante. Par ailleurs, le maintien et le réglage de la friction des différents chariots sont assurés par un ensemble d'écrous excentriques, ce qui permet d'offrir une précision agréable dans les déplacements de la machine.

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Double motorisation de l'axe Z

La potence dispose d'un système de double axe Z, soit deux moteurs et deux tiges trapézoïdales qui permettent ainsi de mieux répartir le poids de l'ensemble et de limiter la bascule avec le temps et le déplacement du chariot de la tête d'impression. Contrairement à ce que proposait la CR10S, nous n'avons noté aucune désynchronisation entre les deux côtés, et ce, même après plusieurs impressions.

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Pour aborder rapidement la question de ce double axe Z, lors de son lancement, Creality évoquait un système de simple moteur et d'entrainement de la seconde tige trapézoïdale par un système de courroies et de poulies (un système déjà développé par un particulier et mis à disposition sur la plateforme Thingiverse pour la CR10). Il apparaît que la solution n'a finalement pas été retenue et que Creality a fait le choix d'un double moteur.

Base et électronique

La base à elle seule est particulièrement lourde, ce qui limite les vibrations de l'ensemble et offre une excellente stabilité à l'imprimante. Elle regroupe l'alimentation, la carte mère et le mosfet qui alimente le lit chauffant ainsi que l'écran tactile couleur de 4,3 pouces. Concernant l'électronique, pas de gros changements. On note que la carte mère est toujours une Melzi V2.1 qui était déjà déployée dans les précédentes CR10S sauf que sur cette référence, si l'emplacement de la puce pour un second extrudeur ainsi que le branchement étaient bien présents, le contrôleur répondait aux abonnés absents. Creality n'a eu qu'à faire souder ce contrôleur supplémentaire. Notons que certains bidouilleurs avertis et équipés avaient déjà réussi à identifier le contrôleur en question et à s'en procurer pour modifier leur machine sans avoir à changer de carte mère.
L'absence de changement de carte mère implique également que les drivers des moteurs sont soudés sur cette dernière, il n'est donc pas possible de les changer pour de plus performants ou de plus intelligents (on pense notamment aux TMC 2208, TMC 2100 ou LV8729.

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Tête d'impression

La tête d'impression est plus imposante notamment du fait qu'elle embarque un système emprunté à la technologie E3D Cyclop (2 entrées de filament pour un seul corps de chauffe et une seule buse), mais aussi parce que Creality a procédé à une amélioration très appréciable : une double ventilation de la pièce par deux ventilateurs radiaux de 40mm qui permet un refroidissement plus uniforme et assure une meilleure qualité d'impression dans les porte à faux et les pontages. On retrouve ici un double système bowden (le filament est poussé à distance par un moteur dans un tube en teflon PTFE jusqu'au corps de chauffe).

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Extrudeurs

Les deux extrudeurs profitent également d'améliorations notables : ils sont désormais en aluminium et proposent un système de réglage de la tension de l'entrainement du filament par un système de vis. Par ailleurs, ils sont équipés d'un bout de tube PTFE en entrée qui permet de limiter les frictions, grincements et éventuels blocages du filament, un bon point d'autant que les bobines sont situées sur des dérouleurs sur le haut de la machine, l'angle n'est donc pas idéal, mais bien compensé par ces tubes souples.

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Plateau chauffant

Grosse nouveauté également sur cette CR-X, Creality 3D met désormais en avant un nouveau revêtement. Après avoir proposé un plateau en verre avec sa CR10 puis des revêtements type Buildtack sur les Ender, la CR-X est livrée avec un nouveau plateau dit "Carboloy Silicon". Il s'agit d'un verre traité sur lequel est posé un revêtement spécifique troué qui offre en théorie une meilleure adhérence. Le double avantage de ce type de plateau étant qu'une fois refroidit, la pièce se détache toute seule, il n'y a donc pas possibilité d'endommager la surface du revêtement comme sur un tapis par exemple. Dans les faits, Creality va jusqu'à reprendre l'appellation "ultrabase" pourtant détenue par Anycubic qui propose ce type de plateau avec un revêtement céramique. Nous verrons que les deux plateaux n'ont de commun que l'apparence.

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Le plateau chauffant en lui même est doté d'une isolation thermique et présente également des clips (2 fixes à l'arrière, 2 tournants à l'avant) pour pincer la plaque fournie. On note que les dimensions de la plaque diffèrent de la CR10 : de 310x310 mm on passe à 310x320 mm, cela n'a pas de grande incidence sur la surface d'impression, mais pose quelques questions lors du remplacement de la plaque d'origine.

Du 24 volts pour un meilleur rendement

Autre changement important, Creality a fait le choix de basculer sur une plateforme opérant en 24V (12v sur la CR10). Cela permet en théorie de disposer d'un temps de chauffe plus court pour la buse comme pour le plateau chauffant. Et cela se constatera plus tard dans les faits.

Au rayon des petits plus que l'on avait déjà vu arriver au fil des différentes améliorations des packs de CR10S, on note les grandes roues de réglages du plateau chauffant, un guide câble pour protéger l'alimentation du lit chauffant.

Globalement, cette CR-X affiche une impression de solidité et de sérieux, on sent clairement la montée en gamme. Aucun câble ne dépasse et les différents câbles de la tête d'impression (ventilation, thermistance, cartouche de chauffe) ont été regroupés sur une nappe IDE pour moins d'encombrement.

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Le pack est par ailleurs toujours aussi bien fourni : outre l'imprimante, on trouve 2 bobines d'un kg chacune de PLA (jaune et rouge) de marque CCTREE, un cordon USB, une spatule, une carte micro SD de 8 Go et son lecteur USB, deux tubes PTFE de remplacement, un set de clés Allen, deux supports de bobine, une pince coupante, des pièces de rechange et notamment des buses et des raccords pneufit.

Les tests

Comme toujours avec les imprimantes 3D il convient de prendre en considération quelques notions avant de se lancer dans un test.

La qualité d'une impression 3D est le fruit de plusieurs facteurs : d'une part la machine et ses capacités intrinsèques, de l'autre la qualité de la préparation de la pièce via un logiciel baptisé slicer.

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La meilleure imprimante du monde ne donnera jamais rien de bon avec un mauvais slicer et de mauvais réglages. Tout l'enjeu pour les utilisateurs de ces imprimantes est ainsi de tirer le meilleur potentiel de leur machine au fil d'ajustements minutieux qui varient en fonction de chaque machine, de chaque pièce à imprimer, de chaque filament utilisé...

Un écran tactile plus ergonomique, mais...

Un petit tour sur l'écran tactile nous permet de constater que l'on retrouve les réglages de la CR10S sous une nouvelle forme avec des pictogrammes clairs. L'écran tactile est de type résistif, sa réactivité est bonne. On note qu'à l'allumage, il y a un certain temps de chargement avec un logo Creality et un jingle audio. On peut effectuer un réglage uniquement sur le niveau du son, pas sur la luminosité.
Il est ainsi possible de lancer une impression depuis la carte SD, de régler les températures de chauffe (avec des paramètres automatiques pour le PLA et l'ABS, et une fonction de refroidissement), les températures se renseignent à l'aide d'un clavier numérique bien pratique.

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On peut également effectuer quelques réglages comme déplacer les axes, préparer un changement de filament, couper les moteurs ou lancer l'assistant de mise à niveau du lit (permet de positionner la tête dans les 4 coins et au milieu pour ajuster la hauteur du lit d'impression). Enfin, dans les infos de l'imprimante, on découvre que c'est Marlin dans sa version 1.1.6 qui est installé.
Si l'écran tactile est une bonne idée et se révèle plus ergonomique, il manque toutefois énormément de réglages que l'on pourrait trouver sur un écran standard avec un firmware un peu plus abouti : pas de gestion des accélérations, des vitesses de déplacements, du jerk...

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l'accroche : un problème primordial

Premier élément à prendre en compte : l'accroche du lit d'impression. Ici, nous avons un lit chauffant en 24V qui peut potentiellement monter jusqu'à 110 degrés. La chauffe est rapide : 1min10 pour atteindre 50 °C sur le lit chauffant et 5min40 pour atteindre 100°C, c'est là que l'on constate l'avantage de l'alimentation en 24 volts.
Pour qu'une pièce accroche correctement, il faut non seulement que le lit soit à la bonne température, que le support soit propre et dégraissé, et que la buse se situe à une bonne distance : ni trop près sinon le filament ne peut pas s'écouler et la buse se bouche, ni trop loin ou le filament ne tiendra pas et la pièce se décollera.

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Pour nous aider, l'imprimante dispose d'un assistant de nivellement du lit : on y accède par l'écran tactile et l'on peut ainsi choisir directement vers quels points la tête va se diriger (coins et centre). Pour chaque coin, on ajuste la hauteur du plateau en tournant les molettes jusqu'à faire frotter une feuille de papier sur la buse, on répète la procédure plusieurs fois jusqu'à obtenir une friction uniforme sur l'ensemble des points.

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Et là, c'est notre premier revers : le réglage me pose problème et il m'est impossible de conserver un réglage uniforme. La buse vient systématiquement frotter le tapis (jusqu'à le rayer très rapidement) sur la partie droite... J'effectue donc un réglage que je corrigerais en cours d'impression sur la jupe qui entoure la pièce.

La double extrusion

Creality précise dans sa notice qu'il convient de positionner le filament de sorte que chaque bout se situe un peu en retrait au-dessus du raccord pneufit de la tête d'impression. Un coup de marqueur sur le PTFE semi-transparent nous permet de bien nous positionner. Cela permettra à l'imprimante de bien charger le filament et d'enchainer les couleurs par la suite en procédant au retrait du filament en cours pour laisser ensuite passer le second filament, le système Cyclop n'étant finalement qu'un système en Y permettant à deux filaments de s'alterner vers le bloc de chauffe.

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Nous lançons donc un modèle en deux couleurs présent sur la carte SD. L'avantage de ces modèles est qu'ils sont déjà "slicés", soit découpés par tranches avec tout un jeu d'instructions interprétables pour l'imprimante, notamment concernant les paramètres de température, de vitesse de déplacement, de quantité de filament, de changement de couleur, etc.
Le modèle disponible est un cube rouge présentant une croix jaune en son centre. On sélectionne le modèle sur la carte SD, puis on lance l'impression.

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L'imprimante chauffe et lance ainsi l'impression. Je découvre ainsi que mon réglage du lit chauffant n'est pas optimal... Je procède à quelques ajustements, je stoppe l'impression puis la relance. Cette fois c'est bon, l'impression est partie... Mais finalement, elle échouera puisque la tour de purge finira par se détacher au bout de quelques millimètres de hauteur, elle aura subi un phénomène baptisé "warping" : sous l'effet des différences de température, le PLA se rétracte et se décolle. Problème : sans tour de purge, l'imprimante continue en envoyer du filament dans le vide et de toute façon notre pièce se décolle déjà également...

Malgré cet échec, les résultats sont particulièrement bluffants. Je n'ai effectué qu'une simple vérification des serrages et de la tension des courroies et la pièce imprimée est de bonne qualité. Je ne note aucune bavure sur la pièce entre les couleurs, la démarcation est franche. Plus étonnant encore, il n'y a aucun décalage entre les couleurs, la pièce est solide comme si elle avait été imprimée d'une traite.

Cette première impression permet toutefois de mettre en lumière une des limites de ce choix de la double extrusion sur une simple buse : la purge obligatoire.

Le système est donc le suivant : l'imprimante commence avec une couleur sur la couche 1, puis elle retire le filament pour le positionner sur le trait en amont du pneufit, elle pousse ensuite le second filament et va purger le filament présent dans la buse sur une tour primaire (ou tour de purge) dont la taille est paramétrable. Une fois une couche complète de la tour de purge faite, l'imprimante va imprimer la couleur 2 sur la couche 1, puis elle enchaine la couleur 2 sur la couche 2 avant de recharger la couleur 1, d'aller faire une purge, puis de passer la couleur 1 sur la couche 2 et ainsi de suite. Notez qu'à chaque couche de la pièce, une couche est ajoutée à la tour de purge, qu'il y ait changement de filament ou non, c'est normal : elle doit suivre la hauteur de la pièce.

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La tour de purge doit obligatoirement suivre la hauteur de la pièce en cours. Et selon le filament utilisé, il convient d'en adapter la taille, certains filaments ont tendance à plus baver que d'autres. Idem, si l'on imprime en noir et blanc, il faudra une tour de purge plus grosse pour s'assurer de limiter les bavures, gare également à bien penser les modèles pour éviter d'avoir une coque en blanc trop transparente avec un remplissage en noir par exemple...

On commence ainsi à comprendre que l'impression en 2 couleurs avec ce type de matériel va nous faire gâcher pas mal de filament puisque ces blocs de purge sont pleins à 100%. À moins d'être en capacité de recycler son filament, il faut considérer cela comme de la perte au même titre que des supports d'impression ou d'un radeau par exemple.

Je passerais quelques impressions à tester la qualité d'accroche de l'"Ultrabase" Creality, jusqu'à imprimer mon premier modèle slicé moi-même sous Simplify 3D : une grenouille type "dendrobate" en jaune et rouge. Il s'agit d'un véritable stress test pour l'imprimante puisque le changement de couleur s'effectue sur chaque couche, que le modèle offre des zones assez petites, nécessite énormément de rétractation et de variations de vitesse. La pièce propose également pas mal de porte à faux... J'opte pour le plus simple : le profil S3D diffusé par Creality sur sa page Facebook, j'adapte quelques réglages et je lance le tout avec un radeau notamment parce que dès la première couche, nous avons de très petites zones de différentes couleurs qui risquent de se détacher .

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L'impression est annoncée pour 7h, elle durera finalement 12 heures avec un problème à 11h : la tour de purge se décolle à nouveau... La faute est double : le plateau en verre est visiblement peu enclin à maintenir la pièce malgré le radeau, et le réglage de l'impression sur la tour de purge est réglé à 140 %, soit dans mon cas 120 mm/s, c'est particulièrement agressif, trop... J'arrive malgré tout à recoller le tout au scotch et à repositionner tant bien que mal l'ensemble pour finir l'impression.

Le résultat est satisfaisant : aucun débordement de couleur, on note quelques retombées de filament sur les porte à faux, et un peu de stringing (la rétractation était trop faible, seulement 4,5 mm quand je suis à 6,5 sur mes autres machines). Globalement, pour une impression à 60 mm/s en double couleur, sans affiner véritablement le profil d'impression, c'est tout à fait encourageant.

Les choses se corsent avec un modèle différent, ou plutôt avec des couleurs différentes. Pour bien repérer les mélanges de couleurs, nous choisissons un test extrême : mélanger du blanc et du noir sur une même pièce en imprimant une figurine de Venom (14h) : malgré une tour plus importante que les réglages de base fournis par Creality (20mm de largeur au lieu de 18), nous n'avons pu éviter des traces grises dans une bonne partie de nos éléments blancs, avec même une couche entièrement noire au passage. On repère également quelques "blobs" blancs au retour de la buse de la tour de purge vers la pièce dans le coin arrière gauche et toujours un peu de stringing... Mais rien de très grave en soi, il faudra simplement penser à ajuster quelques paramètres.
Ce qui est réellement décevant par contre, c'est l'incapacité de la vitre à conserver les pièces en place.

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Cette pièce reste intéressante et permet de se faire une idée de la quantité de filament perdue : la figurine pèse 43 grammes tandis que la tour de purge pèse 49 grammes.

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Autre impression : un « marvin » qui sert de test avec un résultat encore plus étonnant de 2 grammes pour la figurine contre 9 grammes pour la purge. Le "Benchy Boat", modèle de bateau qui sert de stress test pour les impressions pèse pour sa part 12 grammes pour 25 grammes de tour de purge.

Modèle perso et problème de plateau

Je décide ensuite de me lancer dans mon propre modèle en deux couleurs. Pour imprimer en deux couleurs, il faut disposer d'un fichier coupé en deux parties que le slicer pourra réassembler en lui attribuant un profil et donc un extrudeur pour chaque pièce. Je me lance sur un dessous de verre reprenant le logo des visiteurs dans la série V des années 1980 suite à une demande.
Je récupère le logo, le transforme en fichier vectoriel SVG, l'ouvre dans Fusion 360 et procède à l'extrusion 3D. Je sépare mes 2 couleurs et enregistre le tout.
Dans le slicer (Simplify 3D dans mon cas), un assistant me permet de sélectionner quel extrudeur associer à quelle pièce, le tout est donc particulièrement simple et des deux pièces séparées au départ j'obtiens bien ma pièce assemblée, parée à l'impression.

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Je lance donc plusieurs impressions qui me confirment que mes réglages de tour de purge sont bons, que le script de changement d'outil fonctionne bien, mais je n'arrive pas à obtenir de première couche satisfaisante... Et c'est d'autant plus embêtant que je compte imprimer la pièce à l'envers pour pouvoir la retourner et obtenir une surface bien lisse...
Tantôt le warping est au rendez-vous, tantôt j'obtiens des accrocs, bulles et déformations à différents endroits de ma pièce ce qui déforme sa surface côté plateau.

Après plusieurs résultats insatisfaisants, je fais le choix de simplement changer la plaque en verre de Creality, que j'avais par ailleurs abimé sur une partie en nettoyant le tout à l'alcool à 95°. Disposant d'un plateau Ultrabase d'Anycubic, je l'installe et mes problèmes s'envolent immédiatement : l'accroche est excellente, pas de décollement dans le temps.

Note : J'ai contacté Creality au sujet de la plaque qui présente des défauts d'irrégularité et s'est détériorée avec de l'alcool à 95°. Après une longue discussion, il semble que mon problème soit isolé. Je n'ai effectivement pas noté de sujets affairant à ce problème de surface qui se sépare de la plaque sur les différents groupes Facebook que je parcours, même si certains utilisateurs notent tout de même de grandes difficultés à imprimer avec ce type de plaque... Pour être totalement impartial, si je n'ai aucun problème avec mes plaques Anycubic, d'autres utilisateurs rencontrent des problèmes d'accroche avec et annoncent avoir trouvé leur bonheur avec la plaque de Creality...
Je devrais en recevoir une nouvelle pour continuer mes tests, malheureusement, elle me parviendra après la publication de ce dossier.

Les modèles bicolores :

La conception de modèles en plusieurs couleurs reste assez délicate pour les néophytes. Il existe heureusement une base de données grandissante de modèles sur les plateformes comme Thingiverse ou Yeggi (qui est un moteur de recherche piochant dans divers sites de STL gratuits et payants.)
Plutôt que de partir de zéro, on pourra également réaliser des découpes de modèles existants comme Meshmixer, avec des manipulations qui nécessitent toutefois de la précision et donc du temps.

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Pour les formes les plus simples, un logiciel de création 3D suffira, mais pour reprendre des modèles déjà existants aux formes plus organiques, il faudra s'armer de patience.

Bilan

Des aprioris avant réception

J'étais personnellement parti avec quelques aprioris en recevant cette Creality CR-X, et ce pour plusieurs raisons :

  • D'une part j'ai pu modifier une Tevo Tornado à 250 € pour lui ajouter un système de double extrusion moyennant un investissement supplémentaire d'environ 60 euros. La CR-X pour sa part est vendue entre 600 et 700 euros.

  • La double extrusion sur une seule tête sur ce type de machine "accessible" implique de la perte de matière, un temps d'impression plus grand et ne se veut pas forcément rentable.

  • D'un avis personnel, la double extrusion mise en avant est plutôt un coup marketing : sans connaissances en modélisation et retouche 3D il reste complexe d'exploiter pleinement les deux couleurs. Par ailleurs, deux couleurs c'est bien, mais finalement très peu.


Mais une bonne surprise

Malgré tout, la découverte de cette CR-X m'a fait changer d'avis sur plusieurs points.

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Premièrement, je n'ai eu qu'à brancher 3 câbles, une nappe et serrer 4 vis pour lancer une impression bicolore qui s'est déroulée à merveille (en dehors du problème d'accroche) et avec une qualité exemplaire. Pas de réglage complexe dans les scripts de changement d'outil, tout est bien pensé et le système fluide : aucun blocage de filament à noter. Sur ma Tornado, j'ai passé des semaines à configurer l'ensemble parfois à deux doigts de jeter l'éponge... Aujourd'hui j'ai toujours quelques soucis de bourrage avec certains filaments.

La question de la tour de purge reste un point négatif, elle est obligatoire, mais on aurait aimé que, comme avec d'autres accessoires du style Palette + de Mosaic, la purge soit réservée au remplissage de la pièce elle même. La perte aurait été limitée.

Après quelques essais, la découpe des fichiers pour séparer les couleurs reste assez laborieuse, mais pas impossible. En prenant son temps, il est possible d'obtenir de bons résultats.

L'option double matériaux pour aller plus loin

Autre point que je n'ai pas abordé jusqu'ici : la possibilité avec ce genre de machine d'imprimer des pièces très complexes qui nécessitent des supports qui eux-mêmes peuvent être imprimés en PVA, un filament qui a l'originalité de se dissoudre totalement dans l'eau chaude en quelques minutes. Ce système ne laisse ainsi aucune trace de support sur les pièces. Ce type de filament est toutefois assez cher, mais selon les logiciels de slice disponibles, il est possible d'imprimer les supports avec du filament standard et de ne faire que les supports denses, ceux qui sont en contact direct avec la pièce en PVA, ce qui limite le recours à ce filament onéreux pour des résultats identiques. Je devrais prochainement recevoir un échantillon de ce type de filament et procéderais à des tests avant de mettre à jour cette présentation pour vous en partager mes impressions.

PVA exemple

Exemples d'impression avec supports en PVA : complèts à gauche, uniquement sur les points de contact à droite.

Enfin, la CR-X est également une très belle machine, particulièrement robuste et qui propose, double extrusion ou non, une qualité d'impression qui reste bluffante pour ce type de positionnement tarifaire.

Bon pour les débutants ?

Convient-elle aux débutants ? Au même titre qu'une CR10 assurément : si la double extrusion se montre délicate en apparence, il n'est pas obligatoire d'imprimer avec deux filaments, la CR-X peut fonctionner de façon tout à fait standard. Et quand bien même, les scripts proposés par Creality se montrent efficaces et tant que l'on maîtrise les outils de découpe des modèles, tout est automatisé et fait pour que l'impression se déroule sans accroc.

Creality 3D CR-X GNT_55 La CR-X à coté d'une Ender 3

Creality 3D CR-X GNT_58 La CR-X à coté d'une CR-10

Creality 3D CR-X GNT_57 De gauche à droite : Ender-3, CR-X, CR-10, Tornado

Creality nous renvoie vers le slicer Cura avec un profil fourni sur la carte SD, mais des profils pour Simplify 3D et Repieter sont également disponibles sur le NET et le suivi assez bon sur la page Facebook de l'imprimante.

Une qualité d'impression toujours au top

La qualité de l'impression reste au rendez-vous comme sur toutes les imprimantes Creality que nous avons pu tester (CR10, Ender3, CR20), la structure et la qualité des pièces y est pour beaucoup et la carte mère, même si elle laisse peu de place pour l'évolution, se montre efficace dans toutes les situations.

Creality 3D CR-X GNT_07 Pièce permettant de régler le focus sur une webcam Logitech C270

L'écran tactile est également une bonne évolution : sa réactivité est sans faille, ce qui n'était pas le cas de la molette des précédentes imprimantes de la marque. La présence de ce type d'écran n'est pas, pour moi, un élément décisif dans l'achat puisque je pilote l'ensemble de mes imprimantes depuis des serveurs Octoprint sur Raspberry, l'utilisation des boitiers de commande se retrouve donc directement intégrée à une interface sur navigateur.

Le choix de passer sur un lit chauffant en 24V est également à féliciter, notre CR10 avait peine à atteindre les 100°C ce qui pouvait poser problème pour l'impression d'ABS. Ici, non seulement la chauffe est rapide, mais le plateau est également isolé pour maintenir la chaleur.

La communauté de makers déjà sur le coup

C'est un point que l'on avait abordé avec le test de la CR-10 : la communauté d'utilisateurs sur CR-X reste encore limitée pour l'instant. Malgré tout, la CR-X diffère peu de la CR-10 et de la Tevo Tornado, ce qui permet aux utilisateurs d'aller puiser dans les bases de connaissances des communautés annexes. Par ailleurs, on voit de plus en plus d'utilisateurs effectuer des modifications de leurs machines vers la double extrusion, ce qui permet de partager les retours d'expérience plus facilement. Ce support organisé par les makers est un point non négligeable à prendre en compte dans l'achat de l'imprimante : la principale communauté francophone de CR10 sur Facebook compte presque 5000 utilisateurs et se veut particulièrement active.

  

Le mot de la fin

Globalement cette CR-X est donc une réussite : la qualité des impressions est sans faille, la double extrusion est efficace et les manipulations et les réparations faciles et peu coûteuses.

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Reste désormais à savoir si cette imprimante mérite son prix situé entre 600 et 700 € en fonction des promotions du moment (850 € tarif officiel). Creality n'est pas la première marque bon marché à proposer ce système. On retrouve cette option chez Athorbot, Anet et même Tronxy pour des prix qui varient de 200 à 400 €. Ces marques sont toutefois moins réputées que Creality et moins connues à ce jour, sans les avoir testées il est difficile de dire si les résultats sont comparables et si l'expérience est aussi simple qu'avec la CR-X. Et c'est là que nous nous arrêterons : si la CR-X peut paraître chère, il s'agit du prix de la tranquillité et de la simplicité, pas besoin de modifier l'imprimante ni d'effectuer de longs réglages pour obtenir une double extrusion de qualité, tout est livré clé en main.

La Creality CR-X est proposée à 646 € chez Gearbest d'ou provient notre modèle de test. A noter actuellement en promotion réduisant son prix à seulement 602 € en utilisant le code de réduction GBCRX.

+ Les plus

  • La double extrusion
  • La qualité de l'ensemble
  • La qualité des impressions
  • Les 2 bobines fournies
  • Les accessoires
  • La communauté très active
  • Plus compacte que la CR10

- Les moins

  • Les difficultés d'accroche avec le plateau chauffant.
  • Un peu bruyante d'origine (penser à installer des dampers et changer les ventilateurs)