Quand John McLane se la joue règlementaire

Tout droit sorti des studios espagnols d’Ubisoft, Emergency Heroes permet de s’intégrer à une organisation justicière destinée à faire baisser le crime galopant dont fait face la ville de San Alto. Le chef de l’escouade, le capitaine Walkers (ne cherchez pas le rapport avec Chuck Norris) demande à sa collaboratrice, Kelly, de recruter un agent qui n’a pas froid aux yeux. Notre jeune Zach Harper semble la personne idéale pour se la jouer Action Man dans les situations plus périlleuses les unes que les autres.

C’est alors que vous commencez le mode scénario, légèrement briefé par votre capitaine afin de vous familiariser avec les commandes relativement simplistes à appréhender, malgré des animations incohérentes, voire totalement déstabilisantes. En effet, vous êtes plus ou moins livré à vous-même dans une ville futuriste de tous les dangers, dans laquelle le trafic va bon train. Très répétitives dans l’ensemble, les artères paraissent atrocement fades et ne donne pas envie d’y flâner comme un GTA, bien qu’il soit possible de prendre son temps entre deux missions. On retrouvera également une certaine mécanique basée sur le fameux Burnout, davantage de loin que de près cela dit. En effet, vous déambulerez fièrement avec votre véhicule de patrouille tout droit sorti des concepts cars Match Box, accumulant ce qu’on appelle des Points du Héros qui font office de barre de boost.


En terme de prise en main, sachez que le titre se joue uniquement à l’aide de la Wiimote que l’on agrippe à l’horizontale, à la manière d’un eXcite Truck. On appréciera la possibilité d’utiliser le Wii Wheel de Mario Kart Wii, étant donné que les boutons 1 et 2 servent respectivement à accélérer et freiner, la gâchette B étant destinée à donner des coups de frein à main atrocement bruts donc difficiles à mettre en application sans faire un 90, voire un 180° au plein milieu de l’autoroute. Vous l’aurez donc compris, la conduite démontre des réactions étonnamment brusques dès qu’il s’agit de tourner, sans parler de l’ignoble marche arrière qu’il faut parfois se résoudre à effectuer.

Bref, ces comportements ennuient la prise en main, ce qui handicape quelque peu le plaisir de jeu, bien que la difficulté soit résolument tirée vers le bas afin d’offrir une certaine accessibilité aux plus jeunes joueurs, friands du concept GTA façon justicier-sauveteur. Ubisoft a pioché en tout sens dans les blockbusters vidéoludiques sans y apporter une véritable précision et surtout un contenu suffisamment pertinent pour qu’on s’y attarde de longues heures.

Plutôt Hot Wheels ou Match Box ?

Dès les premières minutes de jeu, vous constaterez qu’il sera avant tout question de missions destinées à jouer les super-flics prêts à se mettre en danger pour sauver le moindre inconnu. Tirant presque sur le ridicule, notre parfait justicier enchaînera sans arrêt des missions de sauvetage au travers des immeubles en démolition, des extinctions de feux, diverses arrestations liées aux d’excès de vitesse, voire des déblayages de voies… Bref, le jeu parfait pour donner une bonne image des forces de l’ordre.

Comme indiqué précédemment, Emergency Heroes cible bien évidemment les plus jeunes joueurs et en particulier les garçons, de part l’utilisation de véhicules de plus en plus gros au fil du jeu, tirant plus sur le jouet Hot Wheels qu’autre chose. A la fin de chaque mission, un score vous est donné, prenant en compte la vitesse à laquelle vous avez mené votre objectif. C’est pour cela qu’il est nécessaire d’user sans sommation de la jauge du Héros, d’autant plus que les trajets sont prédéfinis (par de grosses flèches vertes) et très souvent en ligne droite. Difficile donc de se crasher, surtout que les dégâts ne sont en aucun cas pris en compte. Les médailles récoltées à la fin de chaque mission vous offrent divers  bonus tels que des images accessibles depuis le menu (si vous êtes sage), ainsi que de nouveaux véhicules de secours toujours plus gros et/ou rapides.


Après quelques missions, vous vous apercevrez de l’extrême répétitivité dont souffre le jeu. En effet, on se retrouve à effectuer stricto sensu les mêmes objectifs aléatoirement, dans des cadres plus ou moins similaires. Au bout d’une petite poignée d’heures, on s’ennuie ferme, enchaînant les objectifs sans y prêter attention vu que les scènes d’accroche comprennent toujours les mêmes dialogues, les mêmes prises de vues, les mêmes évènements. En bref, c’est du vite bâclé et cela se ressent énormément.

Si toutefois vous désirez vous balader dans la ville de San Alto, n’espérez pas vous y amuser, bien que certains évènements peuvent se déclencher, tels que des automobilistes fous (indiqués par une icône verte) qu’il est possible d’arrêter, des petits barrages de voitures à dégager, ou des feux à éteindre… encore. Le trafic présent dans le jeu peut s’apparenter à celui d’un Midtown Madness, et encore je suis hautement optimiste. En effet, les véhicules atrocement modélisés roulent bêtement sur les différentes artères, sans se soucier de ce qui se passe autour d’eux. Au passage de notre véhicule à la sirène hurlante, aucune voiture ne bronchera. Pire encore, certains vous feront des remarques si vous les heurtez. Je ne vous parle même pas de l’épouvantable vibration qui nous secoue les mains à chaque accident. Un carnage pour la Wiimote.

Retour vers le futur

Après avoir nettoyé la première zone de la ville, vous accéderez aux deux autres portions tout aussi vides de vie, d’ingéniosité, de liberté d’action. Un grand pas en arrière a été fait avec cette production en terme de contenu, mais également au niveau de l’aspect graphique. Malgré un certain souci de proposer un moteur plus ou moins cartoonesque, le titre arbore des textures abominablement fades voire floues, ainsi que des modélisations honteuses par rapport à ce que la Wii peut faire en temps normal. Déjà que le level design ne casse pas des briques, force est de constater que les détails n’ont pas été pris en compte au niveau des décors (palmiers pixélisés, espaces verts unis, etc). Les effets pyrotechniques ne s’en sortent pas mieux puisque les explosions démontrent une pixélisation évidente digne d’une console 32 bits. Les développeurs auraient pu limiter l’excès de défauts en proposant par exemple un enrobage façon Comics accompagné de dialogues sous forme de bulles et autres effets kitsch, mais il n’en est rien et le préjudice est d’autant plus percutant.


On soulignera également l’excellent doublage français digne des plus grands nanars de l’histoire. Entre un capitaine qui sur-joue à mort, une collègue aux paroles poussives et un héros parfois inaudible, nous sommes bien servis pour une tranche de fou rire, d’autant plus que le script est extrêmement niais. Ne crachons pas dans la soupe non plus puisque le soft s’adresse avant tout aux très jeunes joueurs, plus regardants sur les sensations de jeu que la trame scénaristique.

En dépit d’un côté multijoueur en local comportant une poignée de modes disponibles à deux (incendie, poursuite, sauvetage, course du héros, passage de la bombe, et j'en passe), Emergency Heroes se veut un jeu résolument lassant sur le long terme et ce, même si vous êtes un jeune joueur. Le titre d’Ubisoft se veut au final pauvre en terme de contenu, de graphismes, mais présente une prise en main intuitive bien que peu confortable si l'on se penche du côté des réactions que présentent les véhicules. Sans susciter un véritable intérêt d’achat, le soft brille cependant par son côté défoulant de part sa légère similitude avec le célèbre Burnout.

Emergency Heroes est disponible à l'achat à partir de 29,90€.

+ Les plus

  • Prise en main immédiate
  • Accessibilité pour les plus jeunes joueurs

- Les moins

  • Réalisation obsolète
  • Répétitivité évidente
  • Manque de confort de jeu
  • Contenu limité
  • Scénario niais, doublage nanar