En quête de souvenirs

La licence Final Fantasy est devenue tellement populaire que Square Enix s'est rapidement engouffré dans une multitude de rééditions, remakes et autres spin-off de qualité variable. Les plus grands fans de la saga ont sans doute déjà pu s'essayer aux Chocobo's Dungeon parus sur PSone. Pour profiter de cette sous-série mettant en scène l'emblématique Chocobo, il aura fallu attendre Final Fantasy Fables : Chocobo Tales (accéder au test), sorti sur Nintendo DS en 2007.

Vous l'aurez compris, Final Fantasy Fables : Chocobo's Dungeon reste dans la même veine que l'opus sus-nommé, conservant l'aura bon enfant qui entoure notre ami plumé Chocobo, afin d'offrir un univers à la fois naïf, mignon et indéniablement attachant. Néanmoins, la différence de taille avec Chocobo Tales se situe très clairement au niveau de son principe de jeu. En effet, le système de cartes à jouer n'est plus qu'un simple bonus de l'opus Wii, ce dernier se tournant clairement vers le rogue-like, à la même enseigne qu'un Shiren The Wanderer (accéder au test) nettement moins exigeant. En effet, le jeu se veut volontairement initiatique afin de satisfaire les jeunes joueurs et les novices en matière de Dungeon-RPG.


Avant de s'attarder plus en profondeur sur le concept de ce Chocobo's Dungeon, précisons tout d'abord ses fondements scénaristiques, étant donné qu'ils insufflent une grande partie de son intérêt, de son atmosphère. Après une cinématique présentant Chocobo et son ami Cid, chasseur de trésors de son état, vous rencontrerez Irma et Volg, bien connu des joueurs de Chocobo Tales. Ces derniers ayant mis la main sur une relique dimensionnelle, vous vous retrouverez happés dans une faille menant tout droit dans la ville de Temperdu, au cœur du monde de Memoria. Cette ville semble néanmoins assez lugubre, trônée par un clocher aux sombres pouvoirs. En effet, ce dernier a le don d'effacer la mémoire des habitants à chaque tintement de cloche. Face à ce malaise, certains résistants se tiennent à l'écart de cette malédiction dans une ferme abondante de verdure. Vous serez alors épaulé par Shirma afin d'aider votre ami Cid à recouvrer ses facultés mémorielles disparues à son arrivée en ville.

Ce n'est qu'après quelques brèves mésaventures que vous ferez la connaissance de Rafaello, un bébé aux mystérieux pouvoirs. C'est grâce à lui que vous pourrez résoudre l'énigme de la ville de Temperdu, vous proposant d'aider les habitants à recouvrer leurs souvenirs happés par un tourbillon magique maléfique. Disposant de la faculté de vous plonger dans le subconscient de chaque villageois façon Alundra, Chocobo recherchera les mémoires perdues. L'ami plumé, armé de ses serres affûtées, sa loyale selle protectrice et de son éventuel collier aux natures bénéfiques, se prépare à une longue quête pour rétablir l'ordre et la paix. La bonne action du jour, si vous préférez.

Le sauveur plumé

Contrairement à ce que les joueurs pourraient supposer, Final Fantasy Fables : Chocobo's Tales n'est en aucun cas affilié à l'épisode DS, que se soit d'ordre scénaristique ou en terme de gameplay. En effet, le système des duels de cartes qui formait l'essence de Chocobo Tales n'est implémenté qu'au travers d'un mini jeu accessible depuis une borne d'arcade au sein de la ville de Temperdu (et jouable via le Nintendo Wi-Fi Connection). Ici, les affrontements s'effectueront à la manière d'un Dungeon-RPG, soit au tour par tour dans un espace d'exploration ouvert. Les donjons que vous parcourrez étant générés aléatoirement à chaque visite, vos repères se montreront chamboulés, vous obligeant à avancer sans cesse dans des environnements potentiellement hostiles.

Ces méandres labyrinthiques regorgent d'ennemis apparaissant eux aussi de façon totalement soudaine. Ainsi, chaque étage arpenté nécessite un maintient total de l'attention puisque les ennemis peuvent survenir dans des zones à première vue sécurisées. Si les déplacements s'effectuent a priori de façon totalement autonome, à l'image d'un Action-RPG, sachez que chaque pas est synonyme d'un tour. De ce fait, les ennemis se déplaceront parallèlement à vos avancées sur un environnement formé par des cases. Vous constaterez d'ailleurs bien vite que vos déplacements en donjon sont plus rigides que lors de vos flâneries en ville. En dépit de son impression étonnamment simple, le jeu découle rapidement sur des donjons bien plus corsés qui ne manqueront pas de titiller votre patience, aussi imperturbable soit-elle.


En effet, les donjons n'offrent guère que des bons côtés, l'aspect purement sadique inhérent au Dungeon-RPG n'ayant pas été totalement rayé du cahier des charges de Square Enix. Ainsi, il ne sera pas rare de tomber sur des pièges dissimulés de façon totalement machiavélique. Qui plus est, votre temps de visite est compté puisqu'il faudra veiller sur l'appétit de Chocobo en sus de sa barre de vie. Concrètement, plus vous marchez, plus le volatile a faim. Si le pourcentage atteint zéro, vous vous en doutez, notre héros finira en pot-au-feu. Pour éviter cette sombre finalité, les plus sages emporteront des légumes Gyshal, au cas où les labyrinthes fréquentés ne proposent pas de dalles de régénération. Votre inventaire comportant une limite de taille, il ne faudra emporter que le strict nécessaire lors de vos pérégrinations, laissant le reste de votre attirail aux gros chocobos de la banque.

L'autre handicap colporté par le D-RPG et bien évidemment présent dans le jeu : la perte sèche lorsque vos PV atteignent zéro. En effet, si vous venez à être exterminé dans un donjon (et cela risque de vous arriver plus souvent que vous ne le pensez), vous serez éjecté en ville, dépouillé de vos Gils et de l'étendue de votre inventaire (exception faite des objets équipés). Néanmoins, l'expérience accumulée restera intacte, annihilant pour le coup l'affreuse fatalité du retour au level 1 vu dans de nombreux rogue-like. Square Enix a tenu à ne pas bafouer les traditions du genre, tout en gommant les quelques fonctions à tendance frustratoire. L'astuce pour ne pas finir au bouillon est résolument simple puisqu'elle fait appel à une extrême prudence. La plupart des donjons du jeu étant accompagnés d'handicaps (Empoisonnement ou lenteur permanent, objets non transportables, PV bridés à 1), il ne sera pas rare de recommencer les niveaux un nombre incalculable de fois, espérant que la chance vous sourira pour le prochain essai.

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Employé multi-services

Se présentant comme un point important du gameplay de Final Fantasy Fables : Chocobo's Dungeon, le système de jobs permet d'adapter ses capacités face à des donjons bien précis. Parmi les dix classes disponibles au fil du jeu, vous retrouverez les sempiternels chevalier, mage blanc, mage noir, mais aussi érudit, ninja voleur, danseur ou encore chevalier dragon, chacun disposant des caractéristiques et des capacités qui leurs sont propres. Si certains labyrinthes s'engorgent de monstres physiquement puissant, opter pour le chevalier / chevalier dragon est un bon parti, tandis que certains niveaux élémentaires (avec à la clé une des chimères / invocations du jeu) requièrent davantage le savoir-faire du mage noir et de ses sorts. La barre de magie et de vie augmentant progressivement au fil des déplacements (ou rehaussés par des potions et autres éthers), la difficulté n'est aucunement insurmontable. L'expérience accumulée à chaque ennemi tué agira par contre indépendamment de celle récoltée sous forme de cubes après chaque victoire. Ces derniers permettent de faire évoluer votre niveau de job afin d'acquérir, dans le futur, de nouvelles techniques parfois intéressantes en terme de dégâts et de portée.

Outre les nombreux passages obligatoires à la banque de Temperdu, vous passerez sans nul doute une grande partie de votre temps à la forge de Freya. Cette dernière vous offrira ses services d'affûtage d'équipements (dans l'optique de gagner en puissance d'attaque et de défense), de fusion, mais également de raffinage. Peu intéressant au premier coup d'œil, ce dernier point s'avère être l'élément salvateur de vos créations et récoltes. Chaque équipement étant équipé d'atouts / de maléfices sous forme de sceau, il sera souvent nécessaire de passer par la raffinerie pour retirer un effet indésirable. Dommage cependant que le concept n'ait pas été plus approfondi : on aurait apprécié la possibilité de graver les sceaux de son choix sur tel ou tel équipement qui vous est cher. Ces fonctionnalités, assez simples à appréhender, s'avèrent particulièrement indispensables à la bonne continuité du jeu.


Pour ce qui est de la prise en main, sachez que le titre utilise uniquement la Wiimote, axée de façon verticale ou horizontale, selon son aise. Cependant, il est utile de préciser que les déplacements la croix directionnelle se montrent particulièrement inconfortables. C'est pour cela que le jeu offre la possibilité d'y jouer avec le pad Classique Wii qui, lui, propose une utilisation optimale des contrôles à l'aide de ses sticks. Si celui de droite servira essentiellement à se déplacer dans l'espace, le second vous sera d'une grande aide pour les combats, en particulier sur l'inclinaison de Chocobo vers un ennemi afin de lui asséner une attaque.

Pour ce qui est de la réalisation générale, Chocobo's Dungeon s'en tire plutôt bien. Affichant des couleurs chatoyantes pour découler sur un univers clairement enchanteur, le jeu gagne une certaine aura particulièrement agréable à l'œil. Néanmoins, le jeu contient un nombre de temps de chargement incessamment longs et résolument évitables, notamment en ce qui concerne le retour systématique en ville lorsqu'on meurt dans un donjon ou quand on termine une partie de fléchette / de shoot de chauve-souris chez Mog. Au niveau de sa bande son, les inconditionnels de Final Fantasy remarqueront que la quasi-totalité des thèmes de Nobuo Uematsu sont des remix des morceaux des opus principaux. On retrouve par exemple le thème de Vincent de FF VII, celui de Freyja de FF IX, ou encore le thème des combats de FF VIII. En dépit d'un manque de diversité, les plus nostalgiques apprécieront ces intégrations avec un certain panache.


Plutôt bon pour un spin-off à la célèbre série de Square Enix, Final Fantasy Fables : Chocobo Dungeon se présente comme le représentant le plus accessible du Dungeon-RPG. Accessibles mais rapidement ardues, les nouvelles aventures du poulet doré offrent une trame suffisamment étoffée pour éviter de redondantes pérégrinations labyrinthiques. Équipé d'un gameplay simple et bien construit, le spin-off ne s'entâche finalement que de quelques temps de chargements aussi longs qu'inutiles car amplement évitables, si toutefois la mécanique du jeu avait été construite autour de cet élément. Sans atteindre la qualité scénaristique d'un ténor du RPG, l'histoire de cette fable sans prise de tête assure un caractère adorable, mais malheureusement oubliable, faute d'un léger manque de charisme d'une partie des protagonistes. Néanmoins, les fans de RPG y trouveront amplement leur compte.

Final Fantasy Fables : Chocobo's Dungeon est disponible à l'achat à partir de 38,90 €.

+ Les plus

  • Un gameplay accessible et bien construit
  • Ambiance graphique attrayante
  • Prise en main simple et confortable
  • Bonne durée de vie
  • Présence du Pop-Up Duel de Chocobo's Tales

- Les moins

  • Nombreux temps de chargement
  • Certains donjons particulièrement corsés pour les novices
  • Quelques voix insupportables