Une rédemption attendue

Après l'encourageant PES 2009 qui, malgré ses bonnes promesses, avait cependant vu pas mal des adeptes des volets précédents filer vers un FIFA 09 bien plus abouti, c'est avec une relative fébrilité que l'on attendait le nouveau cru. Les joueurs, ceux qui étaient désireux que la série évolue, et si possible plus vite que ça, ont fait savoir à Konami qu'il leur fallait se ressaisir. Pro Evolution Soccer 2010 était donc un peu le PES de la dernière chance, car du côté d'Electronic Arts, on allait forcément bonifier l'excellence obtenue la saison dernière.

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La version de démonstration livrée en téléchargement sur le Xbox Live et PlayStation Network n'avait qu'une seule véritable ambition, celle de nous rassurer. De nous préparer. A mieux. Car même si effectivement, l'anxiété et la tension amenées par les déceptions des PES passés n'avaient alors plus vraiment lieu d'être, le PES 2010 définitif que tout un chacun peut désormais acheter dans sa boutique favorite ou non ne se joue pas de la même manière que cette démo. Mais le résultat final est heureusement bien meilleur. On a eu chaud.

Peu de temps après avoir enfourné la galette dans la console, on découvre une intro classieuse aux accents lyriques mettant sous la lumière des projecteurs les égéries de cet épisode, à savoir Lionel Messi et Fernando Torres, avec des images affichées des véritables joueurs se mêlant à celles de leurs homologues virtuels. Le jeu n'est évidemment pas reflété dans cette mise en bouche visuelle, mais cette dernière a le mérite de faire monter la tension d'un cran. Ah oui finalement, elle ne s'était pas envolée.

"C'est flu-ide !"

Passons sur les modes de jeu pour le moment, guère importants pour déterminer si oui ou non ce PES 2010 vaut le coup de faire crachoter son portefeuille. La réalité du terrain doit parler, et pour ce faire, rien de tel qu'un match amical. Premier arrêt de jeu. Quand bien même on avait pris l'habitude de ne pas glorifier les graphismes de la saga de Seabass, c'est pourtant bien l'argument numéro un qui sortira des bouches des adorateurs de PES 2010, afin de vous convaincre que ce dernier écrase ses rivaux (son principal rival ?) au moins sur ce point : il arbore une plastique très avantageuse.

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La plupart des joueurs sont aisément reconnaissables, on peut même affirmer que le photoréalisme est là par instants. Les teintes, parfois éclatantes de beauté, des différentes périodes de la journée confèrent aux matches un cachet à chaque fois particulier, et offrent à l'immersion un degré supplémentaire bienvenu. Les pelouses varient bien évidemment selon les stades, et ce n'est à vrai dire pas sur le plan "figé" que les reproches seront à formuler. Alors oui, les nouvelles animations font plaisir à voir. Mais celles que l'on connaît depuis PES 5, n'ont-elles pas fait leur temps ? Les courses peuvent faire tiquer, de même que certaines cut-scenes, presque horripilantes quand deux joueurs se pincent le nez en fin de période dans une désagréable synchronisation. Heureusement, les cinématiques sont plutôt rares en cours de jeu, bien pratique pour ne pas alourdir le rythme des parties.

C'est un petit peu le bonheur de voir le possesseur du ballon lever la tête pour vérifier la position du futur réceptionneur. Et que les attitudes de certains joueurs sont fidèles à celles qui les définissent dans la réalité. Par exemple, les sprints de Peguy Luyindula (je vous vois venir, "quelle référence" me direz-vous) m'ont paru ressembler à ceux du même joueur pendant les week-ends de championnat. Bien sûr, attendez-vous à ce que les plus grandes stars internationales du soft aient droit à un traitement encore plus soigné.

Ou quand Konami retrouve ses marques

Et c'est grâce en partie à ce visuel très convaincant dans son ensemble que les rencontres se montrent si proches de la réalité, mais pas seulement. Nos manieurs de balle en short souffrent encore moins d'inertie que dans la démo, rendant de ce fait l'adaptation au gameplay de cet opus plus facile. Il n'en est pas aisé pour autant, attention. Il faudra se faire aux nouveaux jeux de corps, dribbles, et surtout, à l'idée qu'on peut désormais pratiquer un football encore plus réaliste. Utiliser l'espace et connaître l'emplacement de vos coéquipiers sera indispensable pour parvenir à crucifier le gardien maintes et maintes fois. Pas facile au départ, le jeu se révèle nerveux et ne laissera pas tellement la place à de tranquilles échanges  Plus question ici de passer quatre, cinq joueurs aussi facilement que l'on éternue. Cela vous obligera à contourner les défenses, voire à repartir de la vôtre afin de mener au mieux vos offensives. Et si cela ne suffisait pas, le combo L1+L2+R1 dans la surface de réparation adverse vous octroiera un penalty. Ou une biscotte dorée voire à la confiture de fraises, car les simulations ne sont pas faciles à placer efficacement. J'avoue par ailleurs avoir remarqué que les CSC sont plus nombreux qu'à l'accoutumée, je ne sais si mon bas niveau joue là-dessus.

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S'il est un point sur lequel l'éditeur tokyoîte a toujours su donner des leçons, c'est bien sur celui concernant le physique de balle. Ses trajectoires ne sont en rien stéréotypées, et chaque frappe sera différente de l'autre grâce au travail toujours énorme apporté sur les mouvements d'un ballon souvent noir et blanc. L'IA du CPU n'est plus aussi incompréhensible quant aux choix que feront vos proches collègues lors de vos prises de balle, même s'il leur arrive de ne pas savoir bien se démarquer. Et enfin, il semblerait que les coups francs rapides aient été revus. Il faut dire que jusqu'à présent, leur intégration était juste inutile. Ici, on ne vous demande plus si vous désirez jouer vite le coup franc ou non, le joueur pose le ballon à terre (pas toujours), et c'est à vous de voir si vous désirez profiter de votre supériorité numérique ou bien patienter pour un coup de pied arrêté plus traditionnel.

Depuis PES 2009, on a pris soin chez Konami de régler une nouvelle fois la vitesse du jeu. Certes, FIFA 10 permet sans doute de jouer de manière plus posée, mais cela ne rend pas les confrontations sur PES 2010 plus fantaisistes pour autant. En définitive, ce n'est pas encore la totale éclate, mais les progrès ne sont jamais à dénigrer. Regret, le tutorial découpé en plusieurs épreuves que les premiers opus PS2 proposaient n'est toujours pas revenu, et c'est un réel manque à un titre qui demandera du temps et de la pratique avant d'être un peu mieux maîtrisé.

Etonnante évolution

Au niveau des paramètres concernant la personnalisation du style de jeu dont on pensait qu'ils allaient nous changer la vie, ils se révèlent en fin de compte sympathiques sans pour autant nous faire crier au génie. Si vous êtes un adepte du jeu haut et d'une défense qui apprécie jouer le hors-jeu, il vous suffira de le régler dans le menu prévu à cet effet. En étant plus porté sur les passes courtes, augmentez le pourcentage de soutien des coéquipiers pour que ce choix soit répercuté dans le jeu de votre équipe. A ne pas tenter lors de vos premières parties, histoire de ne pas vous embrouiller. Quant aux fameuses cartes définissant les caractéristiques de chaque joueur ; et étant plus ou moins nombreuses, elles permettent de faire de vos personnages des athlètes complets. Ca c'est pour la théorie, car on peine à trouver une utilité légitime à cette nouveauté. Pour les fans de bidouillages sur gazon ?

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Comme cela a été dit, au niveau de l'affichage, tout n'est pas parfait, on dénote encore des bugs de collision (lors des célébrations, ça se voit mieux) qui donnent envie de froncer les sourcils. En revanche, les frissons ne sont pas loin quand certains éléments s'assemblent pour le meilleur. Lors par exemple, d'une rencontre d'Europa League (ex-Coupe de l'UEFA), avec son habillage rouge qui sied on ne peut mieux avec les lueurs mêlées des fumigènes et du ciel nocturne. Les supporters en profitent pour donner de la voix, et ça s'entend. Lors de surprenantes frappes, ils n'hésitent pas à faire connaître leur étonnement. Bref, ces gens qui ne sont pas toujours nos amis mettent de l'ambiance, un aspect de PES qui tend à s'améliorer, et avec un certain brio cette fois-ci.

Tant que nous sommes sur le sujet du son dans ce PES 2010, impossible de faire l'impasse sur la performance de notre nouveau duo de commentateurs, composé de Grégoire Margotton et Christophe Dugarry. Notre paire d'acolytes officiant sur Canal + nous surprennent par leur ton, étonnamment très proche de celui employé lors de leurs prestations sur la chaîne cryptée. On peut entendre par moments des répétitions, volontaires pour amener un brin de naturel aux commentaires. On n'échappera pas à quelques perles du style "il est tombé du côté obscur", mais la plupart du temps, les opinions de nos compères tomberont... juste.

Il apparaîtrait, à notre grande surprise, que les commentateurs ne prononcent les noms des joueurs que si vous possédez un téléviseur HD ainsi qu'un cable HDMI (sauf lors de frappes dangereuses). Pas glop.

De quoi jouer les prolongations ?

Revenons sur ce que le menu principal nous offre de beau. Comme l'année précédente, à l'exception qu'ici, elle donne l'impression de ne pas avoir été implémentée "à l'arrache", la compétition de la Ligue des Champions est présente (de même que l'Europa League donc). Dans PES 2010, elle n'apparaît pas seulement dans la Ligue Master, mais également dans la Ligue tout court. Il est même possible de se lancer directement dans le grand bain avec à disposition les équipes qualifiées pour le tournoi de la saison 2009/2010. Immersion garantie.

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En parlant de la Ligue Master, elle s'étoffe un peu plus, vous permettant désormais de gérer un staff (médecins, recruteurs) et votre groupe de jeunes jusqu'à leur intégration en équipe première. Disposer de soigneurs de haut niveau réduira significativement le temps de récupération de vos joueurs quand ceux-ci seront blessés. De même que le personnel chargé du recrutement sera plus efficace lors de négociations s'il est très bien qualifié. Notez que les transactions s'effectueront désormais (et enfin) en euros. Cette partie ne manque malheureusement pas d'être ponctuée de fautes d'orthographe (certains mots sont même restés en japonais !).

Le mode "Vers une légende", quant à lui, vous permet toujours de créer votre propre joueur, de décider de son poste de prédilection, et de lui faire enchaîner les matches (amateurs, d'entrainement et professionnels) afin de l'amener vers le succès. La représentation verticale et aérienne est très jouable, le champ de vision s'élargissant quand le possesseur du ballon autre que vous se trouve à l'autre bout du terrain. Qu'en est-il, pour finir, des joutes en réseau, généralement appréciées par les joueurs pour ce type de jeu ? Le constat est satisfaisant, les matches se déroulant dans des conditions à peu près correctes si tant est que votre adversaire et vous disposiez d'une bonne connexion. Diverses options seront là pour personnifier un peu plus l'expérience. Il est évident que l'adrénaline se fait bien ressentir pendant ces parties où votre "ennemi" ne se trouve pas devant vous. Enfin même si ça serait le cas, vous l'ignoreriez.

Conclusion

pes-2010-jaquette Si l'on devait faire une analogie à propos de PES 2010, on pourrait parler de la petite amie que vous avez rencontrée pendant vos années collège, qui est devenue la femme de votre vie et avec qui vous êtes toujours, malgré des moments plus durs à vivre que d'autres. Et là, depuis quelques temps, une demoiselle plutôt attirante vous fait de l'œil, ce qui vous amène à vous poser des questions quant à votre couple actuel, qui connaît des hauts et des bas. Ne négligeons pas ces dizaines de mois passés ensemble, qui ont renforcé la complicité des deux protagonistes, quitte à accepter les défauts de l'un comme de l'autre, et la volonté de ces derniers d'évoluer dans le bon sens.

En d'autres termes, gardons à l'esprit les bons moments passés sur PES ainsi que son histoire, et réjouissons-nous du regain de forme de la licence. Gardons également à l'esprit que contrairement à EA Sports, Konami a toujours livré des titres jouables et plus ou moins réussis. FIFA tutoie l'excellence depuis peu seulement, et conscients de leurs bonnes bases, les développeurs de Pro Evolution Soccer n'opèrent des changements que progressivement, jusqu'à, espérons-le, faire de nouveau de leur série la référence incontestable de la simulation footballistisque sur console.

+ Les plus

  • Un PES de nouveau capable de tenir tête à FIFA
  • Des matches prenants
  • L'aspect graphique de haute volée
  • Des commentaires enfin supportables

- Les moins

  • Pas encore au point niveau animations
  • Le laxisme de l'arbitre
  • Absence regrettable de tutorial complet
  • Orientation de la bande-son critiquable
  • Localisation imparfaite