Mafia II ou le retour risqué

Il aura fallu attendre huit longues années avant de voir débarquer la suite de l’incontournable Mafia : The City of Lost Heaven, huit années qui auront permis à la concurrence d’aiguiser longuement ses armes. On pense notamment à Rockstar Games qui, pendant ce laps de temps, a eu l’occasion de se signaler à trois reprises à l’aide de Grand Theft Auto IV, de ses deux DLC et pour finir de Red Dead Redemption.

Revenir sur la plus haute marche du podium est une mission très difficile pour 2K Czech qui porte sur ses épaules une énorme pression. Qu’on se le dise tout de suite, Mafia II ne joue certainement pas dans la même cour que les jeux précités, il cherche avant tout à fournir au public une divertissante aventure inspirée de la mafia new-yorkaise des années 40.

C’est l’histoire de Vito Scaletta, un immigré sicilien parti au Nouveau Monde pour tenter de quitter définitivement la pauvreté de son Italie natale. Son rêve sera rapidement brisé par les dettes contractées par son père qu’il cherchera logiquement à éponger. Vétéran de la Seconde Guerre mondiale, le héros cherchera à trouver un équilibre dans sa vie professionnelle.

Mais pour éponger l’énorme dette familiale, ce dernier n’aura d’autre choix que de faire appel à Joe, son ami de toujours, possédant des liens avec la pègre locale. De fil en aiguille, Vito va finir par gravir les échelons de la mafia au prix néanmoins de lourds sacrifices et de belles surprises scénaristiques. Mafia II est un jeu malheureusement linéaire qui ne possède donc quasiment aucune mission secondaire.

Le titre est divisé en treize chapitres, autrement dit en treize grandes missions scénarisées. Le tout s’enchaine relativement vite et repose sans surprise sur quatre piliers : les fusillades, les combats à mains nues, l’infiltration et pour finir les phases à véhicule. Du grand classique en somme. Ces quatre sections sont toutefois peaufinées et bien équilibrées.

L’ensemble se déroule entièrement à la troisième personne, il comporte des mécanismes de couverture utiles ainsi qu’une énergie régénérative. Mafia II est placé sous le signe du réalisme mécanique, les balles tirées peuvent donc affecter le décor et le détruire par moment, cette destructibilité est toutefois limitée. Vito possède des talents de pugiliste basiques mais efficaces.

Trois touches sont nécessaires pour mettre à terre l’ensemble de nos opposants : le coup léger, le coup puissant et la garde. Le reste n’est qu’une question de timing et de patience. Ces affrontements très scriptés permettent au joueur de se changer les idées. La conduite fait appel à des véhicules contrôlables, réactifs et variés.

La police fait heureusement preuve d’un plus grand laxisme vis-à-vis des excès de vitesse ou encore des passages aux feux rouges. Il faut désormais se faire violemment remarquer pour avoir sur le dos les forces de l’ordre et donc tuer des personnes ou bien commettre des braquages. Pour semer les forces de l’ordre, il existe deux moyens, changer de vêtements et changer l’apparence du véhicule usité (plaque minéralogique et peinture).

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Mission partiellement accomplie

Entre deux missions, le joueur aura la possibilité de visiter des magasins de vêtements, des armureries ou encore des garages rendant possible les améliorations mécaniques. Ces enseignes servent uniquement à améliorer la situation matérielle du héros, rien d’autre. Le choix des véhicules change par ailleurs en fonction de l’époque, 1945 et 1951.

Cette dualité temporelle entraine aussi des changements visuels et musicaux. Mais la ville d’Empire Bay reste excellemment bien modélisée et riche en détails. Cette cité inspirée de New York est malheureusement sous-exploitée par les développeurs. En dépit de sa taille et de son ouverture, cette dernière montre rapidement ses limites, la faute à un faible nombre de missions.

En dehors de ces missions, le joueur n’aura quasiment aucune raison de visiter la ville si ce n’est pour collecter les couvertures des magasines Playboy. Au final, le concept ressemble énormément au Parrain 2, il est doté d’une ville pas assez vivante et trop attentiste. Heureusement, la trame scénaristique et les missions proposées sont de qualité et excessivement bien mises en scène.

Les engageantes cinématiques et authentiques dialogues contribuent à la crédibilité du titre qui pèche néanmoins sur plusieurs points. Les épaisses missions sont entrecoupées de passages inutiles et ingrats comme le répétitif retour à la mission qui confèrent au titre une sensation de cloisonnement.

Bien qu’haletantes, ces treize missions peuvent être accomplies en une bonne dizaine d’heures, une durée de vie bien faible. La grande déception provient de la conclusion du jeu qui se veut incomplète à souhait. Elle ne répond qu’à d'infimes questions scénaristiques et laisse les joueurs sur leur faim. Une terrible punition pour les fans qui auront attendu huit ans.

En revanche, doublages, bruitages et bande sonore sont excellents en tout point. 2K Czech a su trouver le bon équilibre entre musiques d’époque et musiques orchestrales contemporaines. Le titre brille aussi par son univers artistique et ses belles prouesses visuelles. Mafia II est loin d’atteindre le niveau d’un Crysis 2, et ce n’est d’ailleurs pas son ambition. Mais son excellente identité visuelle fait de lui un titre plaisant à voir.

Mafia II est un très bon titre qui manque malheureusement de relief et d’innovations. 2K Czech a pleinement joué la carte de la prudence et du conservationnisme, une décision à double tranchant. Le titre remplit relativement bien ses objectifs mais rate néanmoins l’occasion de satisfaire pleinement les fans et de prétendre à un quelconque titre.

 

Configuration de test :

  • Asus Rampage II Extreme
  • INTEL Core i7 920 (2.66Ghz)
  • 4Go DDR3-1600
  • nVidia GeForce 280GTX
  • Samsung SyncMaster T240MD

+ Les plus

  • L'ambiance
  • L'univers sonore
  • Les cinématiques
  • Le moteur graphique

- Les moins

  • Faible durée de vie
  • La ville d'Empire Bay mal exploitée
  • Un système de couverture perfectible
  • Combats à mains nues lassant à force