Annihilation d’une dictature
Initialement, de Blob est né d’un projet mené par neufs étudiants néerlandais en Game Design, proposant un concept simple : colorer une ville à l’aide d’une boule de peinture. La licence a su marquer l’éditeur THQ, qui a offert à la société Blue Tongue Entertainement de se racheter de ses précédentes productions peu convaincantes. Reformée techniquement et enrichie au niveau de son contexte et de son scénario, cette version estampillée Wii ose se lancer au beau milieu des nombreux blockbusters qui pullulent sur le marché vidéoludique actuel.Vous l’aurez compris, les bases du soft ne sont en aucun cas imaginées par le studio australien, ce dernier s’étant contenté de l’agrémenter pour justifier son achat. Le scénario, enfantin et drôle à souhait, colle parfaitement à l’esprit du jeu. Vous incarnez Blob, une boule de peinture idolâtrée comme le sauveur de la ville de Chroma City. En effet, cette dernière se veut sujette à une véritable dictature imposée par l’entreprise ENKR, cloîtrant chaque habitant dans des combinaisons grises et en les matraquant à grands coups de propagande. Cette situation très hitlérienne se veut amusante puisque le chef de cette sombre unité fait irrémédiablement penser à une parodie du führer, accompagné de ses drapeaux et autres chars blindés. Avec ce filtre grisâtre, les cinématiques prêtent d'ailleurs souvent à rire puisque les forces de l’ordre sont souvent pris au dépourvu par notre ami Blob, toujours partant pour tourner la situation au ridicule.
Toujours est-il que nous devons sauver le monde de Radia qui a perdu la totalité de ses couleurs. Les troupes de l’ENKR ayant aspiré chaque recoin à l’aide des aspirateurs Chromabots, vous aurez fort à faire pour ramener gaieté et joie de vivre dans cet environnement sclérosé. Le concept très farfelu fera sans doute penser à certains spots publicitaires, notamment celle d’un soda bien connu. Soutenu par votre équipe de défenseurs, vous serez amené à effectuer vos premières traces en tant que boule de peinture, cherchant à réinstaurer les teintes chatoyantes qui faisaient initialement la force de Chroma City. Le côté jouissif du jeu provient de cette mécanique qui rappellera sans nul doute l’esprit purificateur d’Okami, accompagné d’une certaine folie des couleurs de Jet Set Radio.
Sans se cantonner à un concept basique de coloration de la ville, le jeu réserve son lot de contenu et autres richesses de gameplay. En dépit d’un faible nombre de niveaux (10 en tout et pour tout), les challengers et autres maniaques sauront y trouver un intérêt supplémentaire via les récompenses à collecter et les médailles à remporter. À vous de mener la révolution et de réduire à néant ce régime totalitaire inspirant mort et désolation. Et ne croyez pas que cela sera une affaire de deux ou trois coups de cuillère à pot puisque vos réflexes et votre réactivité seront les éléments à mettre en application pour restaurer les couleurs d’antan.
Viva la revolución !
Dans ce monde en perdition, vous incarnez le dernier espoir des opprimés. Vous débutez sous les ordres d'une poche de quatre résistants, chacun d’entre eux ayant sa propre spécification. Tandis que le premier se veut spécialiste en monuments, l'autre présentera les raccourcis à emprunter, un gros bras vous incitera à vous frotter aux membres de l’ENKR et enfin la petite dernière se chargera des arrangements décoratifs de la ville. Avant chaque niveau, un petit briefing présenté sous forme de bandes dessinées permettra de passer le temps pendant le chargement. Vous démarrerez depuis un bassin d’évacuation sous une forme translucide. Dès lors, vous apprendrez au travers de brefs didacticiels fort bien expliqués qu’il vous faudra un important stock de peinture pour colorer le quartier.C’est alors que vous comprendrez que les Chromabots qui errent ça et là ont une utilité plus que primordiale. Pour récupérer la peinture de chacun d’entre-eux, il vous suffira de sauter en secouant la Wiimote verticalement, puis de presser le bouton Z pour locker le robot ménager. Blob revêtira alors la couleur en question, tout en chiffrant le stock de peinture actuel jusqu’à 100 au maximum. A partir de là, vous pourrez vous adonner à la coloration des environnements, redonnant une certaine clarté à l’ensemble. À chaque parcelle de bâtiments colorée, les habitants se voient libérés et sortent immédiatement sur la rue. Dès lors, il vous suffira de les toucher pour les libérer de leurs combinaisons grisâtres. A l’issue de cette manœuvre, vous remporterez un réveil qui ajoutera du temps au compte à rebours du niveau. L’une des subtilités du concept se situe au niveau de la chromatique possible en mélangeant les diverses couleurs des Chromabots. Il est ainsi possible de teinter Blob en six déclinaisons différentes, cherchant ainsi à nous faire réfléchir sur les mariages possibles entre le rouge, le bleu et le jaune pour découler sur du vert, du violet et du marron.
Blob aura fort à faire pour se débarrasser des membres de l’ENKR, ces derniers tentant le tout pour le tout pour lui faire la peau. Sous son apparente invincibilité, notre boule colorée a son point faible, tout comme les super-héros. En effet, l’encre noire pourra l'empoisonner jusqu’à ce qu’il succombe dans un dernier soupir. Cela arrivera si vous vous faites toucher par un soldat, ou si vous chutez dans une eau impure. Dès lors, votre jauge de vie diminuera progressivement, vous incitant à vous diriger au plus vite vers un rinçage dans une eau plus claire. Bien évidemment, le jeu ne se résumera aucunement à un simple concept bac à sable puisque vos compagnons de révolution vous offriront des missions destinées à faciliter sensiblement votre avancée, dans l’ordre que vous désirez. C’est donc en temps limité que vous devrez mener à bien leurs objectifs, ces derniers bien mis en évidence en surbrillance. Par ailleurs, certaines missions destinées à convertir les larges monuments de l’ENKR vous inviteront à secouer frénétiquement le Nunchuk afin de faire gicler la peinture à foison. À chaque défi honoré, un réveil vous sera offert tout en augmentant les points, permettant ainsi de débloquer les portes de sécurité des quartiers et autres sphères de transformation destinées à restaurer d’un coup une parcelle de terrain.
De base, Blob ne peut que bondir sur de petites distances et ce, malgré un élan et un appui sur des surfaces verticales. Le jeu propose de faire des sauts gigantesques via des repères prévus à cet effet. Tout comme l’extermination des Chromabots et autres membres de l’ENKR, il vous suffira le locker via la gâchette Z pour bondir aisément d’une cible à l’autre. Il sera nécessaire de bien prendre en main cette fonction puisqu’elle deviendra indispensable dès le cinquième niveau, puisqu’il proposera de se déplacer via des plates-formes flottantes et autres rames de métro. Pour les plus maniaques d’entre vous, les détails de la progression (via le menu pause) recensent les objets qui ont été colorés, amassés, les missions effectuées, les monuments convertis, ou encore les habitants délivrés. Si le temps vous le permet, vous pourrez visiter à votre aise le niveau, cherchant le dernier lampadaire ou l’ultime arbre nécessaire pour finir la zone à 100%. Sachez tout de même qu’à la base, les portes se débloquent assez rapidement, laissant l’issue ouverte si toutefois le chronomètre s’approche dangereusement de son ultimatum.
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Parkour en musique
Si toutefois le concept du soft vous parait dénué d’intérêt voire mal finalisé, sachez que plusieurs détails d’ambiance ont été peaufinés. En effet, votre avancée se veut calquée sur la musique de fond. Avant même le lancement du niveau, vous devrez choisir un thème sonore en rapport avec l’humeur de Blob. Chacune se focalisant sur des genres musicaux bien précis, les musiques tantôt jazzy tantôt funky ajouteront un certain confort propice à l’aventure. Sans se limiter à cet aspect bien peu original, chaque coloration d’environnement apportera un son inhérent à la musique, l’instrument changeant selon la couleur adoptée. De ce fait, les rythmes battent crescendo, offrant une réelle implication pour le joueur dans sa partie. Ainsi, aucun bruitage ne jure, l’ambiance reste dans une idéale harmonie.Sur le plan technique, de Blob n’est pas à proprement parler une prouesse puisque le level design se montre particulièrement désuet. C’est l’esthétique globale qui ne manque pas d’originalité, offrant de beaux effets de coloration et autres animations d’excellente facture. Se glorifiant d’une prise en main somme toute correcte et pour une fois confortablement adaptée à l’alliance Wiimote / Nunchuk sans faire passer ses fonctionnalités pour de vulgaires gadgets, de Blob pêche néanmoins en partie sur le dynamisme de notre héros. En effet, ce dernier se traîne quelque peu lors de sauts et se montre parfois mal calibré lors de certaines phases de plates-formes plus techniques. On accusera également une caméra particulièrement rigide qui nous force à recentrer trop fréquemment la vue via la touche C, voire à l’ajuster à l’aide de la croix directionnelle.
De Blob offre un concept à la fois innovant, original et diablement tendance. Seulement, derrière cet avant-goût savoureux de dissimule une durée de vie on ne peut plus faiblarde. En effet, chaque niveau se clôture en une heure maximum, ce qui résulte d’une durée de vie potentielle de 8-10 heures pour ceux qui ne sont pas adeptes des détails. Bien que les niveaux se montrent de plus en plus complexes, le level design se montre tellement impersonnel que la lassitude reprend vite le dessus. Certes, deux challenges supplémentaires sont à compter à la fin de chaque niveau, mais ces derniers ne diffèrent pas réellement des objectifs demandés dans toute la progression du jeu. Pour relancer un tant soit peu d’intérêt, il faudra se recentrer sur le côté multijoueur et ses trois modes praticables.
Pari osé pour THQ qui a fini par commercialiser de Blob, un concept clairement pas gagné d’avance pour une distribution en tant que jeu complet. S’engageant à améliorer le rendu du projet étudiant de base, Blue Tongue Entertainement a réussi à proposer une ambiance esthétique et sonore de qualité, ainsi qu’un gameplay bien pensé pour la Wii et ce, en dépit de quelques lourdeurs. Cependant, le contenu tourne vite en rond et on se retrouve ancré dans une irrémédiable lassitude après avoir aligné les quelques faibles heures de jeu nécessaire à la découvrir l’issue finale. Très simple d’accès, de Blob se révèle tout de même une production de qualité, classieux et très reposant. Les amateurs d’originalité sauront l’apprécier à la juste valeur.
+ Les plus
- Concept novateur
- Prise en main intuitive
- Esthétique et bande son en totale harmonie
- Multijoueur amusant
- Les moins
- Caméra bien trop rigide
- Quelques lourdeurs de déplacement
- Contenu répétitif et lassant
- Durée de vie faiblarde