Pandora, terre de fortune et d'humour trash
Ayant créé la surprise lors de sa sortie en 2009, Borderlands a su intéresser les joueurs en raison de son gameplay atypique à base de FPS, mais mêlé d'éléments RPG, voire de hack'n slash. En y ajoutant la possibilité d'effectuer l'ensemble de la campagne du jeu en coopération jusqu'à quatre joueurs, il n'en fallait pas plus pour se convaincre de la durée de vie particulièrement importante du jeu de Gearbox. C'est d'ailleurs l'un des principaux arguments de son succès. Logiquement, le studio de développement s'est lancé dans la conception de Borderlands 2, une suite qui était initialement annoncée comme une surenchère en matière de contenus, tout en apportant quelques correctifs pour assurer une prise en main immédiate et intuitive.
Dans ce nouvel épisode, il sera toujours question de voyager sur la planète Pandore et ce, quelques années après la fin de la première aventure. Les quatre chasseurs de l'Arche de l'époque sont toujours présents, et Roland – l'un d'entre eux – a mis en place une résistance face à l'entreprise Hyperion et sa tête pensante qui se fait appeler Le Beau Jack, dans une optique de liberté. Car en effet, la population de Pandore a été asservie par ce nouvel ennemi, bien destiné à assouvir sa soif de puissance et de richesses. Et pour cela, il a bien l'intention de réveiller un pouvoir avec une certaine clé de l'Arche...
Dès le début de l'aventure, une brève introduction des nouveaux chasseurs de l'Arche sera de mise dans le cadre d'une cinématique qui se clôture par un assaut des forces d'Hyperion, vous laissant pour mort dans les contrées glacées de Pandore. Vous devrez sélectionner votre personnage entre Axton, Maya, Salvador et Zer0. Les trois premiers personnages ne sont guère inédits pour les fans de la série, puisqu'ils reprennent majoritairement les capacités de Roland – le commando – Lilith – la sirène – et Brick, le tank de service. Toutefois, Salvador se verra attribué le statut de Défourailleur, puisqu'il aura la faculté de sortir deux armes en même temps pendant son Hyperphase. Zer0, quant à lui, dispose plus ou moins des mêmes facilités en tant que sniper que Mordecai du premier volet, à l'exception qu'il dispose d'une Hyperphase baptisée Leurr3 qui lui permet de se rendre invisible l'espace de 5 secondes, dans l'optique de fuir ou d'effectuer un coup critique à ses ennemis.
Dans l'absolu, les nouveaux personnages n'apportent pas une totale originalité par rapport à ceux du volet précédent, mais ils disposent d'arbres de compétence – toujours axés sur trois types de capacités – bien différents et surtout plus riches en possibilités. C'est en cela que tout s'articule, puisque les gains de niveaux d'expérience permettent de placer un point de compétence dans une fonction souhaitée. Il faudra d'ailleurs bien réfléchir à l'orientation que l'on souhaite de son personnage, puisque le niveau maximal – 50 – ne permet pas de terminer l'ensemble de l'arbre. En cas d'erreur dans le paramétrage en cours de partie, vous pourrez toujours remettre les compteurs à zéro et redéfinir vos compétences. Une autre nouveauté est également de mise : le niveau de Brutasse. Ce dernier se calcule selon les défis remportés ( par exemple tuer X ennemis avec une arme incendiaire ), et permet de d'utiliser des points spéciaux qui améliorent vos caractéristiques de dégâts, la capacité de votre bouclier, voire la précision de vos flingues.
Si le scénario de ce second volet n'est pas des plus transcendants, il est important de souligner qu'il se veut plus développé, notamment par la présence de phases en dialogue en lieu et place des simples bulles d'acceptation de missions du premier opus. L'histoire est ainsi plus captivante, et réserve quelques petites surprises. Bien évidemment, on ne joue pas à Borderlands pour l'histoire, mais la saveur est ici accentuée par un humour décapant qui ne lésine pas sur les propos crus, voire trash. C'est ce second degré largement assumé et plus présent que dans le volet précédent qui laisse place à une certaine légèreté et quelques ricanement en coopération avec des amis.
Du fun en barre
Les amateurs du premier Borderlands le savent bien : le jeu propose une certaine lassitude en solo, mais développe un réel potentiel en multijoueur. Aussi, Bordelands 2 propose toujours la possibilité de jouer en coopération en ligne ou en écran partagé et ce, jusqu'à quatre. Le système a d'ailleurs été mieux implanté dans l'interface, puisqu'il est désormais possible de voir ses amis connectés au jeu depuis le menu de pause, avec la possibilité de les rejoindre à tout moment sans passer par un processus d'invitation. Bien évidemment, il est toujours possible de rejoindre d'autres parties en ligne, avec des joueurs triés au hasard, afin de s'entraider dans le jeu.
Au-delà du potentiel fun procuré par le fait de jouer en coop, c'est surtout l'intérêt de plus de gain qui forme l'une des principales motivations. En effet, jouer à plusieurs permet de glaner de meilleurs butins ( loots ) sur les ennemis et dans les coffres, mais aussi de récupérer davantage d'expérience, en raison des ennemis qui gagnent en niveau selon le nombre d'alliés dans la partie. De ce fait, on se surprend rapidement à faire la chasse aux loots, surtout que les armes, boucliers, grenades, reliques et les mods de classe – permettant d'améliorer les conditions de votre personnage – sont générés aléatoirement, ce qui résulte sur des équipements parfois uniques. Alors qu'il était nécessaire de jeter ses objets pour les passer d'un joueur à un autre, un système d'échanges est désormais de mise, avec une interface dédiée bien plus claire, dans l'optique d'une meilleure lisibilité.
Dans sa globalité et lors d'une première partie, le jeu ne propose pas une très grande difficulté, que se soit dans les missions principales ou secondaires. C'est en effet dans un second parcours ( une sorte de New Game + ) que le challenge sera de mise, puisque tous les ennemis seront nettement plus puissants, lâchant de ce fait de meilleurs butins. Cela permet notamment aux joueurs d'upgrader leurs personnages jusqu'au niveau maximal actuel, à savoir le level 50. Les plus fous recommenceront le jeu une troisième fois, avec l'ensemble des ennemis calés entre le niveau 50 et 53. Les véritables fans de la série iront même jusqu'à booster les quatre personnages ( voire les cinq, avec la Mécromancienne disponible en DLC ) jusqu'au niveau 50, ce qui nécessite de très nombreuses heures. Bien évidemment, il existe des astuces pour les plus fainéants afin de gagner de l'expérience en temps record en coopération, mais l'intérêt n'est pas là.
La prise en main du jeu ne diffère qu'assez peu avec le premier Borderlands : les contrôles sont stricto sensu les mêmes, les fameux sauts lunaires aussi... La conduite des véhicules, déjà assez hasardeuse et perfectible dans le premier épisode, n'a pas bougé d'un iota dans cette suite, ce qui se révèle particulièrement dommage. Il faut également faire attention à ne pas trop se hasarder dans les environnements de Pandore, quitte à rester bloquer dans les décors, aux abords de certains murs invisibles. Toutefois, Gearbox a dû bien étudier la fâcheuse tendance des joueurs à tenter d'escalader certains décors, puisque des coffres à trésors sont parfois bien cachés et il nécessite de jouer aux équilibristes pour les obtenir. On appréciera toutefois la meilleure gestion des déplacements instantanés, avec une meilleure lisibilité sur les lieux à fréquenter selon les missions disponibles. Cela permet d'éviter de se tromper de zones et d'effectuer des chargements – toujours assez longs sur consoles – particulièrement agaçants.
Une suite dopée à outrance
Vous l'aurez compris, avec Borderlands 2 le studio de développement Gearbox n'a pas chercher à innover, mais à sublimer la recette du premier volet. Il ne faut pas s'attendre à de véritables révolutions dans cet épisode, tant et si bien qu'il pourrait presque se confondre avec son prédécesseur. Au niveau de la réalisation graphique – sur la version console en tout cas – le moteur n'offre que peu d'effets additionnels, à l'exception d'effets d'eau plus percutants. Les textures et le rendu en général offrent toujours un rendu en Cel-Shading qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui dispose d'un cachet qui le distingue très clairement des autres productions. On regrette toutefois que la version console soit toujours sujette à des baisses de framerate selon les calculs de nombreux ennemis et d'effets à l'écran, ainsi que le temps d'affichage parfois très important des textures au chargement d'une nouvelle zone. Toujours est-il que ces petites lacunes ne touchent en rien le plaisir de jeu, surtout que les environnements sont cette fois-ci plus variés et riches en détails.
Au niveau de la réalisation sonore, le jeu reprend plus ou moins les mêmes bruitages que son aîné, à l'exception de quelques enrichissements ça et là, au niveau des armes surtout. Les musiques d'ambiance se calquent sur celles du volet antérieur, avec toujours une petite touche « Far West » fort appréciable, compte tenu de votre statut de chasseur de trésors dans des contrées parfois désertiques. Le doublage français se veut très largement exagéré, ce qui tombe plutôt bien puisqu'il permet d'accentuer le second degré du jeu en lui même. On ricanera souvent face aux railleries des ennemis – notamment les nabots – ainsi que sur certains dialogues qui n'ont ni queue ni tête. Bref, encore faut-il apprécier l'humour trash.
En bref, Borderlands 2 n'est pas vraiment un pari osé pour Gearbox, qui s'est largement appuyé sur la recette à succès du premier épisode. Toutefois, cette suite arbore de menus arrangements au niveau du scénario et de quelques richesses de gameplay afin de proposer une copie plus léchée de leur production. Il ne s'agit donc pas d'une réelle révolution dans la série, mais d'un jeu vraiment plus dense, plus intéressant et disposant une fois de plus d'une durée de vie absolument phénoménale, surtout si vous êtes adepte de la quête de loots toujours plus puissants et de partie en coopération endiablées. Si vous comptez uniquement y jouer en solo, attendez-vous toutefois à une certaine redondance.
+ Les plus
- Interface plus riche (arbres de compétences, points de Brutasse)
- Scénario mieux travaillé
- Humour décapant
- Durée de vie très importante
- Davantage de combinaisons d'armes
- Les moins
- Manque de variété des personnages par rapport au premier volet
- Bugs graphiques (textures, baisses de framerate)
- Quelques imperfections de gameplay : conduite, sauts