Un pas dans l'univers du Metal
On ne s'intéresse pas innocemment à Brütal Legend. Depuis son annonce, son éditeur ne cache pas son style résolument tourné vers le Heavy Metal, faisant même de ce point la grande particularité du jeu. Les joueurs, prévenus depuis des mois de ce qui les attend, ont fait le choix, soit de passer à côté, soit au contraire de s'y frotter de plus près. Brütal Legend fait dans le radical : si vous n'aimez pas le métal ou que voir un chevelu agiter sa tignasse vous agace, alors vous n'avez aucun intérêt à vous intéresser au titre.
Brütal Legend est réalisé par des fans du genre et pour les fans de ce même genre. Entrer dans la partie, c'est comme entrer dans un cercle fermé où seuls les habitués pourront relever la moindre des subtilités, la moindre des références et apprécier complètement ce qu'on leur propose.
Très vite, le jeu vous place dans l'ambiance. C'est Jack Black qui vous accueille en personne et fait jouer son talent d'acteur pour vous plonger dans la vie de Eddie Riggs, un roadie d'un groupe aux antipodes du métal. Les temps ne sont donc plus comme avant, où l'on glorifiait le métal et où les guitares se cassaient sur scène en fin de concert. L'époque est à la musique aseptisée et les "vieux" qui ont traîné leurs guêtres n'ont plus que leurs souvenirs pour plaisir. Si les soupirs habitent Eddie, il n'en reste pas moins un vrai roadie et prend son statut au sérieux... Ce qui le fait chavirer dans le monde du metal, un monde désormais habités par des démons et différents ennemis qui mettent à mal le métal. Eddie y fait la rencontre des quelques derniers résistants, qui très vite, le prennent pour l'Elu. Il revient donc à Eddie la lourde tâche de former une armée et de déjouer les plans de Doviculus.
Prise en main
Avant de vous lancer véritablement dans le vif du sujet, le titre va vous poser deux questions essentielles : souhaitez-vous entendre tout le vocabulaire employé dans ce jeu ou souhaitez-vous au contraire que certains mots soient remplacés par des "bip" ? ; souhaitez-vous voir des giclées de sang ou préférez-vous la censure ? Il va sans dire que, si vous jouez à Brütal Legend, vous n'êtes pas un enfant de coeur, vous pourrez donc assumer le contenu du jeu sans que cela ne vous perturbe. Mais sait-on jamais, mieux valait poser ces questions au cas où certains joueurs n'aient pas encore compris où ils mettaient les pieds.
Vos premiers pas dans le jeu vous apprendront les bases du gamplay. Beat'em all oblige, Eddie a besoin d'armes pour se défendre, même si on ne doute pas de la puissance de ses poings. Il disposera donc de Separator, une hache, et de Clémentine, une guitare électrique qui enverra des décharges à vos ennemis. Eddie pourra également réaliser des combos selon des enchaînements de touche. Voilà pour les bases. Par la suite, Eddie devra débloquer des solos de guitare auprès des Totem, dispersés ici et là sur la carte. Ces partitions, qui l'espace d'un instant vous donneront l'impression d'être tombé dans un Guitar Hero version six notes, vous permettront de réaliser d'autres coups, des spéciaux cette fois, un peu comme des bottes secrètes. C'est assez efficace et cela a le mérite de diversifier vos traditionnels combos dont vous ne manquerez pas d'user jusqu'à la corde.
La carte du jeu se voulant ouverte et grande, vous serez heureux d'apprendre qu'Eddie est motorisé. Il aura à portée (de partition) une voiture construite de ses propres mains, la Deuce. Celle-ci sera sa meilleure alliée dans les trajets et disposera même d'un turbo en la présence d'un "boost". Très appréciable, Eddie la boudera parfois au profit de deux roues tout aussi musclés et dans le design totalement typique des véhicules d'époque façon biker. La Deuce pourra subir quelques améliorations, comme Eddie d'ailleurs, en se rendant au Garage Metal, tenu par, devinez qui, Ozzie Osborne en personne. Vous vous rendrez rapidement compte que le passage au garage n'a absolument rien d'obligatoire, les améliorations ne pesant pas vraiment dans la balance au cours de vos différents affrontements.
Voilà donc pour ce qui est du gameplay de base. Rien de plus ne viendra s'ajouter au titre, Eddie ne gagnera pas plus en puissance que cela. Certains pourront se montrer frustrer de ce manque d'évolution, qui du coup, ne laisse pas beaucoup de place à la diversification, quand d'autres jugeront l'ensemble bien suffisant pour pouvoir apprécier le reste du jeu, notamment en terme d'ambiance.
Entre beat'em all et STR
Une partie du jeu consiste à relever des missions, les unes après les autres, des missions qui vous mèneront vers le dénouement final. Ces missions vous proposent un déroulement de partie assez linéaire. Si au début, le plaisir de la découverte est là, très vite vous trouverez l'ensemble assez redondant. Néanmoins, ces missions vous feront rencontrer des personnages atypiques, charismatiques et surtout, des têtes connues issues du milieu. Nous avons déjà parlé de Ozzy Osborne, mais vous rencontrerez également Rob Halford des Judas Priest, Lemmy Kilmister de Motorhead pour ne citer qu'eux. La plus mémorable rencontre restera sans doute celle des headbangers, les fameux "chevelus". Vos missions vous placeront à la tête d'une armée de headbangers que vous aurez pris le temps d'apprivoiser et de "dresser", et il vous faudra bien sûr "beat'em all" oblige, massacrer tout ce qui se présente sous votre hache ou guitare.
Si la succession des missions peut vous laisser penser que ce Brütal Legend est au final assez limité, c'est parce que vous ne savez pas encore qu'il intègre également une autre forme de gameplay, la stratégie. Brütal Legend joue également la carte du STR à certains moments du jeu. Un rapide didacticiel vous fera comprendre la marche à suivre car, s'il s'agit de stratégie, c'est concocté à la sauce "Brütal Legend". Chaque camp dispose de sa scène, la cible à abattre. Avant de lancer vos troupes, il vous faut d'abord disposer de fans, de beaucoup de fans, dont l'énergie servira à alimenter vos troupes. Brütal Legend propose des geysers de fans, des geysers qui, une fois en marche, envoient des dizaines de fans dans les airs. A vous de conquérir ces geysers, d'y apposer un stand de goodies, d'aller récupérer ceux de vos ennemis, défendre les vôtres, etc... Qui dit STR dit aussi unités. Pour en avoir plusieurs, il vous faudra avancer dans la partie et faire de nouvelles rencontres.
Là encore, on s'enthousiasme au cours des premières batailles, mais la redondance prend vite le pas. Et puis, le jeu n'étant pas spécialisé dans le STR, il manque quelques éléments propres à ce style de jeu, comme, très banalement, une mini-map pour connaître l'emplacement et les avancées de chacun. Le mélange des genres part d'une belle intention, mais n'aurions-nous pas préféré un seul genre plus approfondi ?
Galerie d'images
Conclusion
Brütal Legend séduit incontestablement par son ambiance. Les développeurs ayant véritablement tout misé sur cet aspect, au moins peuvent-ils se vanter de leur réussite. Le Heavy Metal est ici mis à l'honneur et les nombreux clins d'oeil présents feront plaisir à tout fan du genre. L'humour est omniprésent, Eddie est terriblement attachant, on apprécie donc d'évoluer sur ce titre, et de partir à la recherches de toutes les références dont recèle le titre.
Mais que cette ambiance ne viennent pas non plus nous aveugler totalement. En terme de gameplay, le jeu manque ici de profondeur. Les missions sont redondantes, les surprises n'existent plus passées quelques heures de jeu. Le mélange beat'em all et STR surprend, et risque de déplaire à ceux qui ne s'attendaient pas à faire preuve de stratégie. Le STR étant un style de jeu particulier, il n'est pas dit que tous les joueurs apprécient sa présence.
Brütal Legend est donc à apprécier en toute connaissance de cause. Ses défauts ne le feront pas rentrer dans le rang des grands jeux, mais son ambiance et son style l'empêcheront de tomber dans l'oubli. Le titre est à prendre avant tout comme un bon divertissement sans aucune autre exigence.
+ Les plus
- Ambiance
- Nombreuses références et clins d'œil
- Modélisation des personnages
- Prise en main rapide
- Les moins
- Durée de vie
- Mélange STR et beat'em all
- Redondance des missions
- Manque d'évolution