Introduction
Il n'est nul besoin de présenter H.P. Lovecraft, auteur d'une œuvre dérangeante et intimidante. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le monde du jeu vidéo s'empare de quelques unes de ses composantes pour en faire un soft torturé et flippant. D'ailleurs, Darkness Within : à la poursuite de Loath Nolder n'est pas le premier à s'y essayer. Micro Application et Zoetrope interactive ont donc choisi de nous proposer un click and point basé sur ces fondements "lovecraftiens" pour nous conduire dans un univers aussi particulier que border line.Une fois de plus, c'est vers le mythe de Cthulhu que notre attention va se détourner et sur cette créature horrible à tête de pieuvre à mi chemin entre le démon et le monstre. Il s'agit toutefois d'un lourd héritage à porter et le risque de dérapage n'est pas mince lorsque l'on connait la précision dont font souvent preuve les acharnés du culte de Lovecraft. Si en plus on le double du péril technique que chaque développeur prend en faisant un jeu lambda, l'exercice ne s'annonçait pas facile.
Démons intérieurs
Darkness Within: à la poursuite de Loath Nolder est donc censé nous plonger dans les tréfonds intérieurs comme son nom l'indique. Et nous mener sur la piste de l'infâme Loath Nolder si on suit le même raisonnement ? En fait pas vraiment, du moins pour le coté infâme. Car ici, un petit retour sur la chronologie des événements s'impose. Nous somme en 2011 et le héros Howard E. Loreid, inspecteur de police vient d'être affecté à une enquête portant sur un fugitif suspecté de meurtre : Loath Nolder. Mais ce Loath n'est autre qu'un détective que vous admiriez avant qu’il ne devienne le suspect du meurtre sur lequel il enquêtait lui même.Car suite au meurtre de Clark Field, homme fortuné dont le goût prononcé pour les sciences occultes lui avait possiblement joué des mauvais tours, Loath Nolder part sur les traces du meurtrier et entame un périple de 5 ans qui le conduit à parcourir le monde. A son retour, l'homme a changé et s'il reprend l'enquête, il disparait très vite. Retrouvé inconscient, puis hospitalisé il s'évapore alors aussi étrangement qu'il avait changé d'attitude. C'est donc ici que vous prenez possession du corps de H.E. Loreid.
A vous l'enquête minutieuse des faits, les heures passées à observer le moindre recoin de chaque pièce, chaque papier, chaque indice susceptible de vous fournir la réponse à cette question : que s'est-il réellement passé. Mais au fur et à mesure que vous avancez, vous vous trouvez confronté à de plus en plus d'éléments, parfois troublants mais plus souvent terrifiants. Loreid plonge alors en apnée dans un monde qu'il découvre ne sachant plus s'il se trouve dans la réalité, l'imaginaire ou sa propre démence.
Mille fois vu... ou presque
Coté jouabilité, Darkness Within fait dans le consensuel pour pratiquement tout. Il s'agit d'un click and point donc on clique et on pointe. Bon, on bouge aussi sa souris pour faire tourner la tête du personnage que l'on incarne. De même on peut observer de plus près certains détails lorsque le curseur se transforme en loupe, ou bien encore prendre certains autres lorsqu'il passe en forme de main. A vrai dire, toutes les subtilités de ce genre sont totalement conformes aux prévisions que l'on pouvait formuler avant la découverte du soft.En outre, l'évolution d'un plan fixe vers un autre plan fixe rappelle immanquablement des tonnes d'autres softs passés entre nos mains et qu'il serait bien trop long d'énumérer. Vous devez donc vous dire que ce jeu est bien commun et qu'il ne réserve aucune originalité. Toutefois, c'est ici que nous vous détrompons clairement. Car Darkness Within: à la poursuite de Loath Nolder possède évidemment ses propres caractéristiques en terme de gameplay qui lui permettent de se démarquer légèrement.
Et sur ce point, la principale singularité tient dans la découverte d'indice à la lecture de papiers. Charge à vous, au sein d'un document, de découvrir quelles indications, à même de vous fournir une piste, il convient. On souligne alors le dit passage pour le repérer. Loreid valide ensuite votre choix ou pas. De plus, il est possible de regrouper plusieurs objets pour faire réfléchir notre ami ou encore pour les comparer ce qui permet quelque fois de déceler un détail qui cloche. Le reste des énigmes et autres explorations des pièces ne devrait pas quant à lui vous surprendre outre mesure.
Entre simplicité et simplisme
Reste l'emballage du soft qui nous concerne. De ce coté-ci de la planète Lovecraft, on doit bien avouer que l'on n’a pas complètement été... emballé. Certains points méritent nos louanges, d'autres nos sarcasmes. Pour commencer avec ce qui fâche, parlons des graphismes somme toute très sommaires et minimalistes. Les lieux, s'ils recèlent nombre d'objets à observer et sont fidèles à une certaine réalité, demeurent assez creux et sans personnalité. Par ailleurs, il faut évoquer les cinématiques. Enfin, de cinématiques elles ne portent que le nom.Car vous vous rendez très vite compte que leur résolution est affreuse. Alors ce n'est pas le point central du jeu et cela ne gâche pas plus le plaisir de jouer que cela, mais que nous vaut l'honneur de pouvoir admirer des plans mobiles en 600 X 400 (dans le meilleur des cas) truffés de pixels approximatifs ? Heureusement, un simple clic ou appui sur une touche permet de les passer. Enfin, il faut évoquer la bande son qui se départage en deux zones distinctes l'une de l'autre.
Pour commencer, dans le moyen, le doublage est, comment dire... ? ALTERNATIF. En fait, un coup la discussion avec le péquin qui répond est doublée avec une voix, pas mal faite, et un autre coup, non. Pourquoi ? Là est la question. Mais pour le bon, il faut absolument parler de l'ambiance sonore générale du soft composée par quelques musiques et une multitude de bruits qui, cette fois-ci, donnent régulièrement des frissons dans le dos. On peut réellement dire que ce jeu possède une âme propre qu'il n'est pas si drôle de côtoyer, surtout dans le noir, au fond d'une cabane... équipée d'un PC bien sûr !
Conclusion
Il est assez étrange de se dire que ce jeu nous en rappelle furieusement un autre alors qu'il ne joue pas dans la même catégorie, à savoir Penumbra: Overture. Comme lui, ce jeu est court, comme lui son ambiance est oppressante voire terrifiante à certains moments, comme lui la jouabilité est d'une facilité déconcertante ce qui ne veut pas dire aisé à terminer. Mais comme lui ce jeu est très moyennement réalisé graphiquement. Et ce que l'on peut accepter facilement d'un petit soft, embryon d'une trilogie réalisé avec des moyens sommaires, est moins tolérable pour un jeu comme Darkness Within: à la poursuite de Loath Nolder.Tout ceci pour dire que l'on a globalement été déçu par ce jeu sauf sur un point : l'emprise qu'il exerce sur tout joueur qui s'y colle et qui permet de passer quelques bonnes heures à tressaillir sur sa chaise en entendant le moindre souffle dans une pièce ou un cliquetis dans une serrure. Alors Darkness Within: à la poursuite de Loath Nolder est un petit jeu sympa, intéressant à plus d'un titre mais trop frustrant sur la partie technique pour un faire un indispensable des ludothèques, même les plus ésotériques.
Darkness within: à la poursuite de Loath Nolder est disponible sur PC à partir de 24,90 €
+ Les plus
- Ambiance étouffante
- Bruits en tous genres
- Les moins
- Doublage à géométrie variable
- Lecture parfois trop longue
- Cinématiques hideuses