Le best of ultime ?
Copains D'avant est un moyen plutôt efficace de retrouver la trace d'anciens camarades de classe, mais Dissidia : Duodecim Final Fantasy va quand même plus loin dans le concept. Considérez simplement que chaque Final Fantasy représente une classe d'un lycée, et Duodecim une sorte de voyage organisé vers un monde inconnu peuplé de gens au sang aussi chaud que celui d'Afida Turner. Dit comme cela, l'invitation peut faire peur, mais quand on est un élève répondant au nom de Lightning, Squall, Kain ou encore Kuja, le sentiment de crainte que tout un chacun éprouverait normalement en de pareilles circonstances se fait discret. Notre bande se voit en plus confier une mission dont la réussite déterminera si oui ou non ces héros retrouveront un jour leur foyer : mettre un terme au conflit opposant, depuis des lustres, la déesse Cosmos et le bien nommé Chaos. Ça change des visites du château de Versailles, indéniablement.
Lightning est l'une des nouvelles recrues de ce Dissidia : Duodecim Final Fantasy. L'occasion de la confronter à Cloud, l'autiste à la coiffure pétaradante.
Au départ, on pouvait penser que Dissidia : Final Fantasy ne serait qu'un joli melting pot jouant uniquement sur la popularité de ses personnages pour (se) vendre. Mais Square Enix a beau faire des choix quelque peu discutables sur consoles HD, sur portables (et en particulier sur PSP), il en est tout autrement, et le premier Dissidia a ainsi intéressé de nombreux joueurs grâce à sa qualité intrinsèque, bien réelle malgré les apparences. Un jeu de combat scénarisé en 3D, il fallait oser (surtout après Ehrgeiz), d'autant plus que Final Fantasy n'a jamais été une saga portée sur l'action immédiate. Le résultat s'est avéré étonnamment convainquant, même si le côté parfois trop brouillon des affrontements a rebuté les joueurs habitués aux combats "plan-plan" des épisodes blockbusters de Final Fantasy. Nous invitons ceux-ci à retenter le coup, car Duodecim introduit une nouvelle manière de jouer, le "RPG style".
En choisissant Tifa, un sentiment de nostalgie s'emparera logiquement des joueurs ayant dérobé sa petite culotte dans Final Fantasy VII.
Ce mode est censé rendre le jeu plus accessible aux débutants, car il ne fera intervenir que quatre boutons. Triangle servira à se déplacer vers l'adversaire, Croix à bloquer les coups, Rond à voler de la bravoure à l'ennemi et enfin Carré à réduire à néant ses HP. En pratique, il apparaît comme une frustration de ne pouvoir bouger son personnage dans la direction voulue, et vous aurez peut-être envie de revenir à une jouabilité plus "traditionnelle" devant des combats à l'issue incertaine. Le principe des duels n'a pas changé : pour remporter une bataille, vous devrez d'abord faire baisser le niveau de bravoure de votre adversaire (en lui volant des unités) pour le mettre en situation de "Break". A ce moment-là, sa barre de vie se réduira plus facilement si vous lui administrez quelques attaques Finisher. Facile non ? Dissidia : Duodecim Final Fantasy est toutefois tellement généreux que vous aurez bien d'autres paramètres à gérer.
Des cadeaux plein les mains
Je parlais plus tôt de duels, mais ce n'est pas vraiment vrai, ou véritablement la vérité. Sous votre barre de vie, vous en trouverez une autre découpée en deux segments. En remplissant un segment (grâce à des attaques répétées avec Rond), vous pourrez appeler un second personnage en renfort pour une attaque Bravoure. Deux segments seront cependant nécessaires pour que ce compagnon et vous lanciez une attaque HP. Les combats réuniront donc, au maximum, quatre belligérants. Sachez également que vos déplacements sur l'aire de combat feront progressivement grimper une jauge EX (plus exactement en ramassant des orbes EX Core et EX Force). Une fois complète, elle vous permettra de passer en "EX Mode" et d'être ainsi plus puissant provisoirement. Votre apparence se modifiera en conséquence (Tina se transformera en Esper, Cloud frappera avec l'épée Ultima, Kuja deviendra Transe Kuja...) et une pression sur Carré vous fera lancer des EX Burst. Reprenant les furies de ces mêmes personnages dans leurs Final Fantasy respectifs, ces passages seront un ravissement pour les yeux de tous les fans.
Nous nous trouvons bien sur PSP, qui se donne à fond ici.
Les invocations telles qu'Ifrit seront bien entendu également de la partie, augmentant significativement votre bravoure lorsque vous déciderez de faire appel à elles. Une excuse de plus pour justifier le feu d'artifice visuel des combats qui n'étonne même plus compte tenu de l'identité du développeur. Un peu à la manière de Metal Gear Solid : Peace Walker sur la même plate-forme, Duodecim nous rappelle constamment à quel point il est bardé de contenu et d'attention envers le joueur. Avant même d'arriver à son écran-titre, on vous demandera par exemple le jour de la semaine où vous jouez le plus souvent; la réponse aura une incidence sur le courrier que la Mog-poste vous enverra quotidiennement (les Moogles ne sont d'ailleurs pas très mignons dans Duodecim, leur design ayant été directement importé de Kingdom Hearts). Sans compter ces multiples fenêtres d'aide où des personnages secondaires de Final Fantasy I à XIII vous livreront des trucs et astuces sur le jeu tout en discutant entre eux. Un petit rêve éveillé pour le joueur qui ne s'attendait pas à ce que sa PSP se transforme en un loft squaresoftien aussi bien animé.
Une carte du monde en 3D, la première dans un Final Fantasy depuis FFIX (déjà plus de dix ans !). Vous avez le droit de pleurer.
Il serait impossible de vous révéler en quelques pages tout ce que Dissidia : Duodecim Final Fantasy renferme, et de toutes les façons, bien maladroits nous serions si nous en venions à énumérer ce que nous préférerions que vous découvriez. Mais nous avons un peu de temps pour le disséquer encore un peu. Même si cet aspect du jeu fonctionne de manière relativement automatique, l'acquisition de pièces d'équipement et de compétences mérite néanmoins que l'on y consacre quelques lignes. Les armes et armures s'achèteront dans un magasin que vous trouverez dans le menu Customisation, de même que les accessoires, mais ceux-ci pourront s'acquérir autrement. Le Battlegen vous offrira une vue sur les objets qu'il sera possible de créer en réunissant les conditions pour cela. La plupart du temps, il faudra exécuter tel type d'attaque sur tel ennemi, mais la chance devra aussi s'en mêler pour que vos efforts servent à quelque chose. Les pourcentages de réussite affichés ne sont en moyenne pas très élevés, c'est pourquoi vous devrez porter en priorité les accessoires donnant un bonus en "Luck" si vous désirez repartir avec un objet en particulier.
Fini la syncope, je "break" désormais !
Le mode Histoire vous conviera à suivre les péripéties de plusieurs stars de Final Fantasy dans leur quête désespérée de retrouver leur monde. Si vous n'imaginiez pas que Laguna (FFVIII) puisse se faire mettre à l'amende par Lightning (FFXIII), ou si encore le fait de voir Vaan (FFXII) sauver Terra des griffes de Kefka (FFVI) attise votre curiosité, vous vous régalerez de toutes ces associations improbables de personnages s'accordant plutôt bien malgré leurs différences. Les créations de Yoshitaka Amano (character designer de la saga FF du premier au sixième volet) ne semblent d'ailleurs pas souffrir de côtoyer les victimes de la mode nées du crayon de Tetsuya Nomura. Même retravaillé par ce dernier, Kefka Palazzo demeure toujours aussi délicieusement fou, tandis que le visage de Terra, marqué par des années d'allégeance forcée à l'Empire de Gesthal, semble rassembler toute la misère du monde.
"On essaie, mais avec votre franglais, c'est loin d'être la panacée."
Ce mode Histoire, donc, peut être considéré comme un RPG, car on y trouve une aventure menée par un groupe à l'objectif commun, des combats réguliers, des stats évolutives... et une world map. Mais en 3D, et là ça change tout. C'est bien simple, en la parcourant, on ressent un frisson quasiment semblable à celui qui s'emparait de nous lorsque nous nous baladions sur la carte du monde de Héra (FFIX), sur une reprise instrumentale et onirique de Melodies of Life. Ici, on ne peut malheureusement pas aller où l'on veut et très peu de choses sont à y faire, finalement. En détruisant quatre cristaux disséminés sur la carte, vous gagnerez une compétence utilisable dans un niveau-portail. Ces portails sont de deux types : les premiers, bleus, sont faisables à l'envie (parfaits pour des séances de level-up), et les seconds, rouges, feront avancer le scénario. Dans chacun d'entre eux, vous trouverez des ennemis généralement pas très forts, hormis ceux de couleur dorée. Un combat remporté, et ce sont des KP que vous amasserez. En enchaînant les combats via les compétences adéquates, vos KP (Kupo Points) seront multipliés en conséquence. Vous aurez ensuite la possibilité, grâce à cette monnaie, d'acheter des objets à un Moogle présent sur la carte.
Le support n'empêche pas une qualité visuelle des cinématiques toujours aussi hallucinante.
Duodecim n'est pas beaucoup plus beau que la première version de Dissidia, elle qui exploitait déjà à un haut degré la puissance de la PSP. La présence d'une carte en 3D est non seulement bénéfique à l'immersion, mais elle est en plus, en termes de réalisation, l'exacte réplique de la map de Final Fantasy IX. Et c'est très loin d'être un mal. En ce qui concerne les musiques, le nirvana sonore ne sera pas loin d'être atteint si vous portez en très haute estime Nobuo Uematsu, Hitoshi Sakimoto et Masashi Hamauzu, les principaux compositeurs des treize opus de la série Final Fantasy. Pendant les déplacements sur la carte avec Laguna, vous entendrez une version instrumentale d'Eyes on Me, durant un combat entre Kuja et Zidane, vous profiterez du monstrueux thème "Dark Messenger"... Les exemples de ce genre sont nombreux et les arrangements de certains morceaux démontrent une excellente qualité. Nous n'en dirons pas autant de la traduction des textes, anglaise dans les menus et française dans les dialogues (Djidane redevient Zidane au passage). On notera même quelques étranges tournures pour couronner le tout. Pas très sérieux tout ça.
Conclusion
Avec en tête l'idée de faire plaisir au joueur en lui donnant l'occasion d'incarner ses héros de Final Fantasy favoris, Square Enix a fait du très bon travail sur ce titre, malheureusement gâché par une localisation partielle et parfois douteuse. Sachez toutefois que Duodecim vous proposera, en sus de tout ce qui a été dit, des succès (accomplishments) à débloquer, un mode Arcade où vous n'aurez pas à vous miner avec un quelconque scénario, la possibilité de créer vous-mêmes vos quêtes (limitées mais avec des dialogues à écrire et des effets à placer), la sauvegarde de vos replays de combat préférés...
Duodecim est simplement, tout compte fait, un prolongement bonifié de l'expérience du premier Dissidia. Et admettons-le, une fois rentré dans le trip, il sera difficile de résister au fan service imposé, vraiment jouissif si l'on a un puissant affect envers la légendaire saga de Hironobu Sakaguchi.
Dissidia : Duodecim Final Fantasy est disponible sur PSP à partir de 30,90€.
+ Les plus
- Un délire très bien orchestré
- Un jeu tellement riche qu'il pourrait apparaître dans FORBES
- Graphismes haut de gamme
- Très jouable
- Créer ses propres quêtes
- La carte du monde en 3D
- Judicieux choix de musiques
- Les moins
- Traduction hasardeuse
- Aides pas toujours très accessibles
- Des chargements dérangeants même après installation