Une Ender 3V3 en mieux
Nous avions déjà testé l'imprimante 3D Ender 3V3 lors de sa sortie en avril 2024, et avions déjà mis en avant ses atouts sur un marché qui a un peu trop tendance à stagner ou à miser sur des clones.
Creality a pris le parti, sur cette Ender 3V3 Plus, d'en finir avec la cinématique cartésienne et de proposer une configuration en Core XZ.
Cette configuration est notamment très peu exploitée par les constructeurs. A date, aucun autre constructeur d'imprimantes grand public ne mise sur le Core XZ, et plus généralement cette cinématique se retrouve majoritairement sur les projets open source comme la Voron Switchwire.
Concrètement, cette cinématique n'est donc pas nouvelle, mais elle se veut sous-exploitée par le marché, car plus complexe à mettre en oeuvre, mais surtout elle ne développe son plein potentiel qu'à condition de miser sur de hautes vitesses d'impression. La bascule à laquelle on assiste actuellement sur le marché avec un déclin de l'OS Marlin pour Klipper et la course à la vitesse d'impression permettent ainsi à Creality de tenter sa chance sur ce terrain.
Les avantages du Core XZ sont nombreux : le déplacement de la tête en X et en Z est laissé à des courroies et non plus à des tiges trapézoïdales qui pouvaient induire des blocages, problèmes de transfert de motifs et autres soucis d'entretient tout en favorisant le Z banding. Les déplacements sont bien plus rapides en Z, mais aussi plus fluides et précis puisque l'on profite automatiquement d'un double maintien du portique d'impression. Il faut que les deux moteurs travaillent de concert pour opérer des mouvements, ce qui multiplie le couple, et permet globalement d'obtenir un meilleur contrôle des déplacements et plus de rapidité.
Le principal inconvénient de cette technologie étant qu'elle demande malgré tout une bonne conception d'origine et que les réglages de tension des courroies doivent être réalisés avec précision.
La Ender 3V3 Plus reprend donc pour base la Ender 3V3 avec quelques modifications liées à sa taille, car au lieu d'un volume d'impression de 220 x 220 x 250 mm, on passe sur un volume de 300 x 300 x 330 mm, et cela a une incidence sur la machine.
Car la Ender 3V3 Plus reste une "bed slinger", c'est à dire une imprimante dont le plateau est mobile sur l'axe Y, ce qui induit de l'inertie lors des déplacements qui est proportionnelle au poids du plateau.
Installation et présentation
Comme d'habitude chez Creality, le colis est parfaitement protégé sur plusieurs couches et avec de la mousse assez dense. Tout est parfaitement identifié, on retrouve les outils nécessaires à l'assemblage, ainsi que quelques accessoires, du filament et une notice en couleur.
On note que contrairement aux premières générations d'Ender qui étaient quasiment à assembler intégralement, la Ender 3V3 Plus est livrée assemblée à plus de 90%.
L'installation se résume à fixer le portique sur la base via un jeu de vis, à fixer les tiges de renfort à l'arrière et à connecter les moteurs et capteurs de fin de course, puis de finir en venant raccorder et fixer l'écran tactile. Le tout ne nécessite pas plus de 20 minutes et laisse peu de place à l'improvisation.
Voici les détails de l'imprimante:
- Configuration Core XZ
- Volume d'impression de 300 x 300 x 330 mm
- Plateau chauffant
- Tête chauffante céramique 360 degrés
- Buse Tri métal Unicorn avec Heatbreak solidaire en cuivre
- Lit d'impression flexible PEI
- Rails linéaires sur X et Y
- Double motorisation du lit chauffant
- Vitesse jusqu'à 600 mm/s
- Extrudeur double entrainement Direct Drive
- Câblage réduit et peu apparent
- Klipper via CrealityOS
- Écran tactile
- Contrôle à distance via WiFi
- Intégration dans Creality Cloud possible
- Accéléromètre intégré
- Leveling entièrement automatique.
- Prix officiel : 559 € mais actuellement en promotion à 399 €
On note, comme avec la Ender 3V3, que Creality n'a pas lésiné sur les moyens : la structure complète de la machine est en aluminium moulé pour une rigidité à toute épreuve et une finition particulièrement soignée. Exit les profilés Alu Misumi, le tout offre un design très moderne et épuré.
La base, qui rassemble toute l'électronique, est également en aluminium peint et se veut assez fine, elle offre des renforts internes pour une rigidité à toute épreuve.
Si ce n'était pas assez, Creality a ajouté des renforts d'angle à l'arrière de la machine pour consolider la structure et limiter les vibrations lors des impressions à haute vitesse.
La tête d'impression a également été révisée pour intégrer un second ventilateur de refroidissement de pièce, localisé à l'arrière de la tête pour mieux équilibrer le poids de la tête et limiter l'inertie lors des déplacements rapides.
Le bloc Hotend mise sur la nouvelle tête équipée de buses de type "Unicorn", soit les buses intégrant directement le heatbreak sur la base d'une composition tri métal. Cela permet d'atteindre de plus hautes températures (configuration Full Metal) tout en profitant d'une meilleure rupture thermique limitant le heat creep et donc les bouchons ou problèmes de flow. Notons que Creality ne fournit aucune buse de rechange avec la machine, il faudra donc penser à consolider son propre stock avant une éventuelle panne.
La tête présente un logo Creality rétroéclairé et reprend l'apparence de celle de la Ender 3V3 et plus globalement de la gamme K1. Elle est d'ailleurs installée sur un axe X composé de deux tiges équipées de roulements linéaires cylindriques pour une bonne fluidité. C'est également dans la partie tête que l'on retrouve l'électronique partagée avec la K1 et notamment la présence d'un accéléromètre ADXL345 pour réaliser des mesures liées à la compensation de résonnance (input shaping).
Le lit d'impression pour sa part est constitué d'un chariot allégé sur lequel est installée une base magnétique surmontée d'une plaque d'impression en acier flexible recouvert de poudre de PEI. La surface principale est texturée, tandis que le revers, qui ne présente pas de marquage semble également recouvert de PEI avec une granulométrie bien plus fine, sans se vouloir lisse pour autant.
La bonne nouvelle vient du chariot qui bénéficie non seulement de son propre accéléromètre pour la compensation de résonance, mais qui est également monté sur 2 rails linéaires pour un total de 4 chariots, et deux moteurs. Ici, le montage est intéressant puisqu'il n'y a qu'une seule courroie en boucle fermée avec un moteur à l'avant et à l'arrière qui travaillent de concert pour mouvoir le lit. Par ailleurs, Creality a fait le choix d'équiper des poulies crantées de petit diamètre pour augmenter le couple. Le poids et le déplacement du lit d'impression sont ainsi compensés par la double motorisation et le double rail, une solution coûteuse, mais efficace.
La partie câblage est gérée à la perfection avec un seul câble alimentant la tête, protégé par une gaine et des autocollants à glisser dans des clips de maintien.
L'alimentation de la machine en filament se fait via un support à installer sur le côté droit, qui vient se clipser sur des vis. Il dispose d'un accessoire permettant d'appuyer sur le filament en permanence et éviter la formation de noeuds ou au filament de sauter hors de la bobine lors des déplacements de la tête.
Le passage de filament se fait via le côté droit derrière la machine, directement dans le module de détection de fin de filament qui mettra la machine en pause ou refusera de lancer une impression s'il ne détecte plus rien. Le positionnement n'est pas évident, le tout est peu accessible, et qui plus est, lorsque la tête arrive en butée haute, l'angle imposé au tube de PTFE qui guide le filament jusqu'à l'extrudeur peut poser quelques problèmes.
Ender 3V3 Plus à l'usage
À l'usage, les utilisateurs d'imprimantes Creality récentes ne seront pas dépaysés : l'interface de l'écran tactile introduite depuis la gamme K1 n'a que très peu évolué, et uniquement au niveau d'options propres à chaque modèle.
Il se veut clair, peu détaillé (pour le meilleur comme le pire, affaire de goût), mais va à l'essentiel, la machine étant taillée pour les débutants comme pour les confirmés.
À ce titre, les débutants pourront produire leurs Gcodes depuis leur ordinateur et les stocker sur une clé USB pour un usage hors ligne depuis l'emplacement situé sur le flanc droit de la Ender 3V3 Plus.
Les plus expérimentés pourront envoyer directement leurs impressions depuis leur slicer via WiFi, soit pour les stocker dans les 8 Go de la machine, soit pour lancer directement l'impression.
Ce sont également les plus expérimentés qui pourront profiter d'un accès root à la machine et accéder à l'interface Web, notamment celle de FLuidd préinstallée sur le port 4408, puisque rappelons que l'interface Web proposée par Creality n'est guère utilisable.
La machine propose toujours un ensemble de préréglages initiaux : test des moteurs, chauffe, ventilateur, plateau, déplacement des axes... Puis procédure de réglage de l'offset, du mesh leveling automatique, et de l'input shaping.
L'auto leveling est assuré par un capteur piezzo conjugué à un capteur de pression : la tête vient toucher le lit d'impression en plusieurs points pour réaliser une représentation virtuelle tridimensionnelle qui permet d'adapter ensuite la hauteur de la tête lors de l'impression pour coller aux variations de dénivelés du lit, assurant ainsi une impression parfaite. Ici, tout est automatisé, l'utilisateur n'a rien à faire, et le processus de calibrage est automatiquement configuré par défaut dans l'interface de la machine, afin qu'il se fasse de lui-même à chaque impression. La procédure pouvant durer quelques minutes, on pourra la désactiver au besoin.
L'expérience utilisateur est particulièrement agréable grâce à l'intégration du WiFi qui permet la prise de contrôle de la machine depuis l'interface Web et notamment depuis l'interface Fluidd, une interface de Klipper.
C'est dans cette interface que l'on pourra profiter des macros, lancer des lignes de commandes spécifiques, suivre l'avancée de l'impression, gérer ses fichiers, piloter tous les modules de l'imprimante, annuler certains modèles en cas d'impression multiples si l'on détecte un problème, évitant ainsi de perdre toute la production.
C'est également depuis l'interface Fluidd que l'on accédera aux fichiers de réglage de la machine pour affiner certains réglages, ajouter des macros et ouvrir la voie à de nouvelles fonctionnalités avancées comme par exemple une meilleure gestion de l'input Shaping ou l'intégration de KAMP (Klipper Adaptive Meshing and Purging) qui permet notamment de limiter la calibration uniquement à la zone qui sera imprimée, et ce de façon automatique.
Grâce à son plateau chauffant, la Ender 3 Plus est compatible avec une foule de filaments : PLA, Silk, PLA chargés, PETG, TPU, SPLA... La hotent à 360 degrés permet une montée en chauffe ultra rapide : moins d'une minute pour atteindre 240 degrés, tout comme le lit chauffant qui atteint 100 degrés en seulement 2 minutes.
Creality propose plusieurs fichiers tests directement intégrés dans la machine, et notamment le fameux test du Benchy Boat, réalisé en seulement 14 minutes.
Imprimé en Hyper PLA, le bateau ne présente aucun défaut majeur, il se présente même comme l'un des plus propres que nous avons pu sortir sous la barre des 15 minutes. Les détails sont particulièrement propres, on ne note aucun problème particulier de refroidissement. La fameuse ligne de coque n'est pas présente, les porte à faux sont parfaits tant au niveau de la proue que sur la cabine. Bravo !
Reste que ce type de test est aujourd'hui de plus en plus faussé puisque les fabricants ont bien compris l'enjeu de ce type de benchmark et optimisent leurs modèles pendant des mois en trichant parfois sur la densité du remplissage, la variation de hauteur de couches et autres éléments pour gratter quelques secondes dans le processus. De fait, ce qui doit initialement se présenter comme une référence de rapport vitesse / précision ne tient pas forcément la route lorsque l'on passe à d'autres modèles.
C'est ici que l'on reprend les précautions nécessaires à tout jugement en impression 3D en rappelant que le matériel n'est rien sans une bonne partie logicielle, mais surtout sans une bonne maitrise des outils de découpe de fichiers.
C'est à l'utilisateur de trouver les optimisations et réglages nécessaires à produire le meilleur résultat possible en fonction de sa machine, de son filament et du modèle qu'il souhaite, en marge du résultat qu'il recherche. Un même utilisateur n'aura ainsi pas les mêmes résultats qu'un autre sur la même machine, chacun ayant pour habitude ses propres réglages.
Pour se donner une idée des performances de cette Ender 3V3 Plus, nous avons donc pris parti d'en rester aux configurations développées par Creality et proposées dans le Slicer maison : Creality Print.
À ce sujet, Creality Print a récemment connu une évolution majeure en passant à la version 5.1 qui profite d'une refonte totale de l'interface qui se rapproche aujourd'hui davantage d'Orca Slicer ou de Bambulab Studio. Logique dans un sens puisqu'il fallait que Creality fasse évoluer son logiciel pour la prise en charge des impressions multicouleur qui arrivent avec le lancement le mois prochain de la K2 Plus et de son module 4 couleurs CFS.
Le torture Test lancé sur la machine nous offre ainsi un aperçu des capacités de cette Ender 3V3 Plus.
On repère que tout s'est ainsi parfaitement imprimé, jusqu'aux antennes les plus fines, pourtant imprimées relativement vite (avec toutefois une légère déviation sur les derniers mm).
Les tests de respect dimensionnel sont parfaits : même le cylindre avec un espace de 0,2 mm se détache sans grande difficulté, aucune fusion n'est à constater. L'empilement de disques affiche également une excellente précision sur les deux axes et des arrondis parfaits.
Le test de porte à faux se montre pertinent, y compris jusqu'à 85 degrés.
On note toutefois deux réserves légères : les pontages présentent un très léger effondrement de la première couche. Situation qui se retrouve également au niveau de la base supérieure qui accueille les antennes, le tout restant parfaitement acceptable compte tenu de la difficulté du torture test lancé à une vitesse de 250 mm/s de moyenne.
Pour aller plus loin, nous avons tenté de rater volontairement une impression 3D. Nous avons ainsi lancé l'impression d'un pot à crayons affichant des motifs, mais dans des conditions particulières.
Nous avons ainsi choisi un filament de la marque Eryone de couleur violet mat qui a volontairement été stocké à l'humidité pendant quelques jours. Qui plus est, nous avons poussé l'impression à une vitesse de 450 mm/s sur la majorité des valeurs, en dehors du périmètre externe limité à 150 mm/s. Et enfin nous avons également volontairement lancé l'impression avec une température de 260 degrés alors que nous imprimons habituellement ce filament aux alentours de 200 degrés. L'idée était de constater si la vitesse était au rendez-vous, mais aussi, et surtout si la Ender 3V3 Plus était capable de gérer le bon refroidissement de l'impression alors que la vitesse est élevée et que la température est inadaptée.
Le résultat est plutôt convaincant avec des porte à faux qui ne s'effondrent pas dans les petits motifs, très peu voire pas de résonnance et finalement peu de défauts au regard des conditions volontairement dégradées d'impression. On note la présence de cheveux d'ange à l'intérieur de l'impression, ce qui n'a rien d'étonnant puisque nous avons imprimé à une température supérieure de 60°C à ce qui est préconisé, donc rien de très alarmant.
Bilan
Globalement, on retrouve dans cette Ender 3V3 Plus tout ce qui nous avait séduit chez sa petite soeur.
La cinématique Core XZ fait toujours des merveilles et ses dimensions révisées à la hausse ont bien été prises en compte par Creality lors de la conception avec un chariot à double moteur et double rail linéaire ainsi que des renforts au niveau de la structure haute pour garantir une bonne géométrie ainsi qu'une réduction des vibrations.
Si l'on devait trouver un défaut à cette Ender 3V3 Plus, ce serait sa gestion du bruit : malgré l'intégration de drivers TMC 2209 sur la carte mère et l'activation de la fonction StealthChop, les moteurs se veulent relativement bruyants, chose particulièrement évidente quand une Ender 3V3 tourne à côté. Après une vérification au sein du fichier Printer.config, la fonctionnalité Stealthchop est bien activée, et l'option Threshold configurée comme sur les autres machines de la marque... Le bruit généré pourrait ainsi provenir d'une nouvelle référence de moteurs proposant davantage de couples que les autres modèles, tout en se voulant plus bruyants au passage.
Reste que la Ender 3V3 Plus est une machine polyvalente qui s'intégrera parfaitement dans une logique de production ou de simple hobby. Elle se veut robuste, mais également étonnamment compacte au regard du volume d'impression proposé.
À mon sens, elle se veut davantage légitime dans le catalogue de Creality que ne l'était la CR10SE, sorte de CR10 en modèle réduit vendue au prix fort.
Le prix d'ailleurs est l'un des autres arguments de cette Ender 3V3 Plus puisqu'elle est proposée au tarif de 559 € mais actuellement de seulement 399 €, ce qui la positionne plutôt bien sur le marché des imprimantes de ce volume en plateau de 300 x 300 mm, surtout au regard de l'intégration de Klipper, des vitesses atteintes ainsi que de la cinématique qu'elle adopte.
Vous trouverez sur le site officiel de la marque l'imprimante 3D Creality Ender 3V3 Plus à seulement 399 € au lieu de 559 €.
+ Les plus
- Structure robuste
- Performances
- Vitesse
- Qualité d'impression
- Equipement
- Surface de travail
- Root d'origine
- Les moins
- Moteurs quelque peu bruyants
- Interface basique toujours limitée