La Rage de glace
Quand les fans de l'œuvre d'Akira Toriyama accueillent quasiment tous les mois environ l'annonce d'un nouveau jeu estampillé Dragon Ball Z, ceux de Ken le Survivant rongent leur frein et ne peuvent que relancer le dépit aux lèvres des adaptations maintenant datées. Cela dit, Black Belt (Hokuto no Ken en V.O.) sorti sur Master System en 1986 n'était rétrospectivement pas un si mauvais jeu que ça, contrairement au désastreux Last Battle (Hokuto no Ken : Shin Seiki Matsu Kyûseishu Densetsu) débarqué sur la Megadrive trois ans après. Les joueurs admirateurs de la franchise ont ainsi dû se contenter de ces deux jeux censurés pour avoir la possibilité de contrôler le musculeux et déterminé Kenshirô.
Voilà une raison suffisante pour regarder d'un œil bienveillant l'arrivée de ce Fist of the North Star sur notre territoire en ce glacial mois de novembre, et on l'acceptera même sous toutes conditions tant les précédentes expériences subies sur Black Belt et Last Battle ont vraiment besoin d'être effacées, ou tout du moins d'être enfouies à tout jamais dans un recoin isolé de notre cerveau.
Kenshirô, l'homme aux sept cicatrices. C'est moins que les neuf balles que Fifty Cent a encaissées, mais au moins, elles ne l'auront pas inspiré à travailler dans la musique.
La cinématique d'intro donne le ton, avec en principale vedette de cette scène la bien-aimée de Ken, Julia, qui semble ici résignée à un sort tragique. Kidnappée par le blond chevelu Shin, elle représentera l'unique but de la quête de Kenshirô, héritier du Hokuto Shinken (art divin de l'Etoile du ch'Nord). Mais notre grand gaillard profitera de son périple pour sauver des vies et en briser d'autres, tout en faisant la connaissance d'alliés qui apprendront à connaître de mieux en mieux cet étrange compagnon qui règle ses problèmes en faisant gonfler ses biceps.
Fist of the North Star - Ken's Rage est un jeu à la Sengoku Basara (la plus récente des références disponibles grâce à la sortie en octobre dernier du troisième épisode de cette série dans nos contrées). Tecmo Koei ne pouvait songer à meilleur traitement pour une adaptation de Ken le Survivant, qui est quand même un manga où l'on distribue des mandales à tour de bras.
Des personnages bien connus de la saga que l'on prendra plaisir à voir évoluer.
On commence le jeu avec Kenshirô (mode Légende), mais d'autres personnages pourront être débloqués pour encore plus de plaisir. Pensez d'ailleurs, pour les moins sensibles d'entre vous, à modifier dès que cela vous sera demandé le degré de violence du jeu à "Extrême". Des gerbes de sang illustreront alors les morts des ennemis et viendront tâcher votre écran de l'intérieur. C'est beau, vraiment, surtout que l'agressivité à son paroxysme constitue une donnée symbolique de Ken le Survivant.
Le jeu consiste donc essentiellement à nettoyer les décors de leurs ennemis qui auront souvent la bonne idée de se regrouper afin de nous donner l'occasion de faire d'une pierre quinze coups. Les éjecter sur des éléments du décor rapportera plus de points soit dit en passant. Pour ne pas se perdre, la carte en haut à droite de l'écran indique entre autres le but à atteindre géographiquement. On peut bien sûr ne pas se préoccuper du reste et foncer tout droit vers l'objectif, mais à ce moment-là, on passerait à côté de quelques bonus de mission bien utiles. Certaines de ces missions n'apparaîtront en effet que si vous "déviez" de la route principale. Autrement dit, pour obtenir toutes les améliorations possibles dans un chapitre et ainsi renforcer au mieux votre personnage, il sera nécessaire d'écumer les niveaux dans tous les sens.
Un coup de barre, et ça repart
Bon, passons maintenant au gameplay de Fist of the North Star qui peut paraître un brin complexe si on ne s'attarde pas suffisamment longtemps dessus. Pour les joueurs PS3, Carré et Triangle vous serviront à asséner des coups dits "normaux"; des enchaînements comme Carré, Carré, Carré, Triangle seront par exemple à retenir car s'achevant (pour Ken en tout cas) par une attaque ciblant les adversaires alentours et pas seulement celui qui se trouve en face de vous. Les ennemis abattus laisseront s'échapper de leurs corps inertes des boules de karma. Nullement destinées à être fumées, elles viendront s'ajouter à votre cagnotte qui vous permettra, dans un menu dédié (le Damier des Méridiens), d'acheter des "Talents" (de nouvelles attaques à apprendre ou encore des bonus du style "Défense +20%"). Certains seront effectifs dès leur acquisition tandis que d'autres devront être équipés (trois maximum) pour faire montre de leur utilité.
Pas loin, vous aurez aussi la possibilité d'assigner une technique spéciale à l'une des directions du pad directionnel. Au début, vous n'en aurez qu'une (Poing des cent déchirures du Hokuto), mais par la suite, vous en obtiendrez de nouvelles qui n'auront pas le même impact selon les situations et boss rencontrés. Une technique spéciale s'enclenche à l'aide du bouton Rond une fois qu'une partie de votre Jauge d'Esprit est remplie. Elle vous rend également invincible durant son exécution. Mais à la place, vous pourrez tout aussi bien choisir de presser L2 pour vous voir offrir un gain de puissance améliorant l'efficacité de vos coups (appelé Aura Spirituelle).
Désolation, punks et gros muscles. Parfait résumé de ces clichés. Non ?
En sus des techniques spéciales, vous pourrez de même faire appel aux super techniques spéciales. Pour cela, même principe que celui énoncé plus haut, une portion au minimum de votre Jauge de focalisation doit être allumée (sans oublier de déployer votre Aura Spirituelle). Cette furie tuera instantanément les ennemis faibles et mettra en état de choc méridien ou spirituel les adversaires plus coriaces. Expliquons ce qu'est un choc méridien dont j'ignorais moi-même l'existence jusqu'à il y a peu : il est la conséquence de coups successifs reçus, et se traduit à l'image par de l'électricité courant le long du corps. Le personnage concerné affiche alors une sensibilité aux coups plus importante qu'en temps normal. Dans ces moments-là, il est évident que vous vous trouverez en position de force.
Et en particulier devant les gros boss du jeu, que vous affronterez généralement en un contre un, la caméra se focalisant exclusivement sur votre opposant. Etant donné leur statut, vous devrez d'abord briser leur garde avant de leur faire sérieusement bobo. Une fois que vous leur aurez retiré suffisamment de points de vie, il faudra les achever avec un coup de grâce (touche Rond). L'Etoile de la Mort brillera si vous avez utilisé la technique spéciale à laquelle votre adversaire est le plus vulnérable.
Oh ma Mamiya !
Ken le Survivant, c'est un mythe du manga, et avec cet important élément en tête, les développeurs ont pensé à inclure dans le jeu quelques attentions pour satisfaire les fans. Les dialogues sont par exemple automatiquement conservés et consultables dans le menu de pause. A la fin de chaque chapitre, vous obtiendrez des bonus de scénario si vous parvenez à respecter le déroulement de la série animée. Et afin d'autoriser à observer plusieurs points de vue, des personnages autres que Kenshirô pourront être incarnés à la fois dans le mode Légende et le mode Fiction (non disponible au début du jeu) : le perturbé Shion, la pulpeuse et hautement désirable Mamiya...
On établira de nouveau un parallèle avec la série des Sengoku Basara (ou Dynasty Warriors puisque Tecmo Koei) en parlant du Mode Fiction, car dans celui-ci, vous aurez avec vous une armée divisée en petites troupes qui pourront prendre possession de différents territoires si vous les y aidez. Battre un commandant remontera le moral de vos troupes, et a contrario, si l'ennemi arrive à encercler vos alliés et que vous ne parvenez pas à leur porter secours à temps, c'est le camp adverse qui gagnera un surplus d'optimisme.
Atatatatata !!! Et c'est tout.
Il est certain que Ken n'est pas aussi vif qu'un Dante, mais pourtant, impossible d'en vouloir au jeu, même lorsque des tas de voyous s'agglutinent autour de vous pour vous demander l'heure. Quand on voit en plus ceux-ci maltraiter les villageois des cités traversées, notre sang ne fait qu'un tour et on a tôt fait de les calmer (les bandits). Ils n'ont certes pas inventé le fil à couper l'eau chaude mais si on défait leur commandant, on les verra prendre peur. Pour une immersion encore plus forte, Ken verra ses vêtements se déchirer progressivement suivant son avancée, vraiment sympa. Il nous paraît aussi important de souligner le fait que les personnages jouables (Ken et sa bande donc) peuvent marcher. Ca a l'air tout bête dit comme ça, mais il existe encore des jeux ne proposant que la course comme unique moyen de déplacement. Et voir Ken avancer d'un pas lent vers les ignorants de leur future mort, quelle classe.
Leurs interventions vocales et celles de tous les autres personnages du jeu, à la différence de la version française du dessin animé, n'ont en revanche rien de cocasse, un point de satisfaction pour les puristes qui trouveront en Fist of the North Star un soft sombre et respectueux de l'œuvre originale. Pour rester dans le domaine sonore, saluons le travail des compositeurs (car ils seraient apparemment plusieurs), les musiques du jeu étant pour ainsi dire toujours de circonstance.
Poing final.
Les joueurs privés d'import et sensibles aux charmes de Ken le Survivant auraient tort de faire l'impasse sur cet épisode HD qu'est Fist of the North Star - Ken's Rage, en mettant inutilement en cause sa réalisation (satisfaisante) et son caractère répétitif (propre aux beat them all après tout). Ken n'affronte-t-il pas la majeure partie de son temps pléthore d'adversaires dans le manga ? L'esthétique de ce dernier n'est-elle pas triste et désespérante ? Outre le fait que le titre présent est, à n'en pas douter et par défaut, le meilleur jeu Hokuto no Ken sorti en Occident, faute d'une concurrence de taille, il ne décevra pas la majorité de ceux qui ne rataient pas un épisode (même quand charcuté) de la série lorsque celle-ci était encore diffusée sur nos ondes hertziennes.
Fist of the North Star - Ken's Rage est disponible sur PS3 (mais aussi Xbox 360) à partir de 49,24€.
+ Les plus
- Le meilleur jeu Ken le Survivant disponible en France
- Pas de censure
- L'esprit du manga est là
- Assez jouissif
- Les moins
- Relativement rigide
- L'esprit du dessin animé (en V.F.) absent
- Quelques fautes de traduction