Collectionnite aiguë

Très ancrée dans la marque PlayStation, la série Gran Turismo a connu un franc succès en raison de son moteur graphique époustouflant, ainsi que son gameplay très axé sur la simulation. Proposant de surcroît de nombreux modèles de véhicules officiels, le titre de Polyphony Digital s'est rapidement hissé au rang de la meilleure série automobile sur consoles. Deux bonnes années après la commercialisation de l'édition Prologue, nous profitons enfin de la version finale de Gran Turismo 5. Après de nombreux reports de date de sortie, la dernière production de Kazunori Yamauchi s'ouvre à nous, pour nous permettre de piloter de nombreux bolides en HD.



Dans l'état, GT5 reprend les bases de ses prédécesseurs, à savoir un mode carrière baptisé GT Life, afin de progresser dans diverses courses et autres championnats classés par difficulté. Les amateurs de la série ne seront vraiment pas dépaysés par la structure du contenu du soft, à l'exception de l'interface générale différemment agencée. Pour les néophytes, il sera bien utile de commencer les hostilités par le mode permis, passage très largement conseillé pour bien s'adapter aux commandes et à la rigueur nécessaire au pilotage. Toujours classés par ordre de difficulté, les permis nous apprennent à maîtriser notre véhicule en effectuant des accélérations + freinage, des suites de courbes serrées, des dépassements à calibrer, etc. Pour les fans de longue date, il s'agit purement et simplement d'une redite des précédents volets, surtout que la prise en main générale de ce GT5 n'a pas changé d'un iota. Toutefois, il s'agit toujours d'un excellent moyen de se faire les premières armes afin de prendre en compte l'impartialité du chronomètre et gagner en assurance en vue du mode carrière.

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Le mode A-Spec, gros morceau du jeu, permettra de participer à de nombreuses courses et autres championnats sur une brochette de circuits mondiaux. À l'instar des précédents volets, les événements nous obligent à sélectionner différents types de véhicules, dans l'objectif d'éviter de nous laisser l'embarras du choix et de se concentrer uniquement sur les bolides les plus rapides. Vous aurez bien évidemment l'opportunité de participer à des championnats libres, mais d'autres courses nécessiteront un véhicule américain, japonais, français, ou encore construit dans les années 60, 80, ou encore 90. Bref, cela nous permet d'essayer différents types de moteurs, tout en appréciant les différences de conduite selon les constructeurs et l'époque. Les véhicules américains, par exemple, sont clairement plus puissants mais également moins maniables que des bolides japonais. Quoi qu'il en soit, vous serez très rapidement amené à acquérir vos bijoux par le biais du concessionnaire ou des revendeurs d'occasion.



C'est d'ailleurs par ce biais que vous débuterez, avec les 20.000 premiers crédits qui vous sont attribués. En sus de la barrière du prix, il faudra prendre en compte que certains véhicules ne peuvent être achetés qu'après avoir amélioré votre expérience. Aussi, au fil de vos victoires, vous accéderez à de nouveaux niveaux, débloquant l'accès à des épreuves supplémentaires des différents modes de GT Life, ainsi qu'à la possibilité d'acquérir des voitures supplémentaires. De plus, presque chaque niveau ou événement remporté vous offrira un nouveau véhicule. Si ce dernier s'avère inintéressant, il est toujours possible de le revendre afin d'accumuler suffisamment d'argent dans l'optique d'acquérir un modèle plus efficace, ou en rapport avec les courses à venir. Le revendeur d'occasions ayant un stock de véhicules limité et sans cesse renouvelé (après chaque course), il faudra souvent patienter afin de dégotter la voiture recherchée. Cela peut s'avérer très agaçant, surtout lorsqu'on recherche des modèles précis (les pick-ups par exemple) qui sont introuvables dans les concessions. En effet, ces dernières se centralisent généralement sur les véhicules les plus récents ou les plus connus de chaque constructeurs, ce qui complique les choses, surtout dans l'amas de bolides incrustés dans le blu-ray.

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Gameplay peaufiné

Si la prise en main de Gran Turismo 5 n'a pas profité de gros chamboulements par rapport à ses prédécesseurs, force est de constater qu'il a gagné en efficacité. Toujours très précise, la conduite nécessite un certain doigté afin de négocier les courbes sans perdre la trajectoire, tout en conservant une vitesse élevée. Les impressions de conduite et de vitesse en générale sont d'excellente facture, à l'exception de la vue extérieure qui reproduit assez mal les sensations. Pour les débutants, il est possible d'activer des aides au pilotage afin de profiter du passage automatique des vitesses, ainsi qu'une assistance pour conserver une tenue de route. Un tracé d'accessibilité est également présent, dans l'optique d'apprendre à négocier les courbes et savoir jauger son freinage. Toutes ces fonctionnalités n'altèrent pas pour autant la jouabilité très axée sur la simulation, bien qu'on ne soit pas véritablement handicapé par les sorties de piste (sauf certains véhicules qui perdent énormément de vitesse, ainsi que le mode en ligne).



Pour les grands amateurs de sensations, le fait de passer manuellement les vitesses offre une nouvelle dimension au jeu, dans le sens ou l'on sent clairement chaque mouvement effectué. Si cela se ressent avec les sticks du pad de la PS3, le rendu est nettement plus grisant avec un volant compatible. Aussi, investir dans ce type de matériel n'aura jamais eu autant de sens qu'avec GT5, assurant clairement le représentant de la simulation automobile sur PS3. D'autres disciplines inédites telles que le Nascar seront un véritable régal à effectuer avec un volant, alors qu'elles s'avéreront bien plus difficiles à la manette en raison d'une toute autre sensibilité dans les trajectoires à emprunter. Dans un tout autre esprit, le rallye fait son retour dans cette édition, avec toujours une prise en main assez bancale, dirigée par des glissades en savonnette souvent ingérables. Et pourtant, les dérapages de GT5 ont été largement améliorés par rapport au volet précédent, justifiant ainsi un mode spécifique qui lui est consacré dans le mode arcade du jeu. Enfin, il faudra noter la présence des karts, utilisables assez rapidement dans la carrière. En dépit de l'originalité de cette inclusion dans le soft, le gameplay demeure assez décevant, en raison de sensations plutôt moyennes et d'un rythme plan-plan. Dommage.

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Outre la prise en main très confortable du titre de Polyphony Digital, on appréciera tout particulièrement les nécessités d'adaptation. Aussi, selon le type de véhicule choisi, il faudra modifier sa perception des circuits, la façon de négocier l'accélération, la vitesse de pointe, les distances de freinage et les virages. Cela dépend des caractéristiques de chaque véhicule  : la puissance du moteur mais aussi les équipements tels que les suspensions ou les pneus. Chaque véhicule acheté ou remporté dispose de pièces standards afin de participer rapidement aux courses. Cependant, il est possible de passer en révision de nombreuses partes des entrailles de votre bolide. Les amateurs de la série ne pourront cacher leur déception face au manque d'innovations des options proposées. Nous retrouvons ainsi la possibilité d'alléger la carrosserie, gonfler le moteur en trois étapes, améliorer l'échappement, ajouter différents types de turbo, calibrer la boite de vitesses, changer les disques, ou encore sélectionner les pneus adéquats. Une fois de plus, nous disposons stricto sensu des mêmes fonctions que les précédents volets de la série, sans proposer des réglages subsidiaires qui auraient été largement bienvenus. Chaque modification est évidemment coûteuse mais clairement utile dans le gain de puissance ou de réactivité de votre voiture. Cette étape deviendra un passage indispensable afin de remporter certaines courses de niveau avancé, mais aussi des événements nécessitant l'utilisation d'un seul modèle (la Mini par exemple).



Au rayon des déceptions, nous noterons bien évidemment l'intelligence artificielle des adversaires. Cette dernière demeure encore et toujours très laxiste face à votre présence. Aussi, les véhicules gérés par le CPU se contenteront de suivre des trajectoires identiques - il suffit de vous arrêter sur le fil de leur itinéraire pour qu'ils vous foncent tous dessus - à un rythme trop régulier, même si de légers fossés peuvent parfois se creuser. Quoi qu'il en soit, il faudra s'attendre à aucune réaction de leur part lorsque vous tentez de les dépasser, ils ne se contentent que de freiner lorsque vous effectuez une collision. L'IA se révèle toutefois légèrement plus finaude lorsqu'il s'agit de vous doubler, bien qu'il n'est pas difficile de leur barrer la route. Bref, cette lacune de longue date démontre à quel point les développeurs mettent l'accent sur le contre-la-montre, objectif et challenge final de la série.

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Galerie d'images

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On roule des mécaniques

En parallèle au mode A-Spec qui constitue l'essentiel de la carrière du jeu, nous profitons d'une partie B-Spec qui se révèle finalement relativement inintéressante. En effet, ce mode vous propose de donner des ordres à un pilote initialement sélectionné selon divers critères (calme, énervé, plus ou moins costaud, etc), afin de remporter les courses en progressant de façon totalement similaire au mode A-Spec. En bref, il suffit de donner l'ordre d'accélérer, maintenir ou réduire la vitesse au fil de la partie, tout en ayant un œil sur la jauge d'énervement, la force physique et le moral de votre poulain qui pourrait se répercuter sur des erreurs. Vu que l'on demeure inexorablement spectateur, ce mode devient vite très lassant mais parallèlement très utile pour amasser des crédits. Chaque victoire permet d'améliorer le niveau de votre pilote, augmentant ainsi ses capacités à gérer des courses plus complexes.



En dépit de la présence de plus de mille véhicules dans ce GT5, on déplorera toutefois que seuls quelques modèles ont profité d'un réel travail en haute définition. En effet, les bolides sont rangés dans deux catégories  : Premium pour les voitures complètement retravaillées, proposant une vue cockpit et la présence des dégâts, et standard pour les bolides directement adaptés de GT4. Question proportions, il faut compter sur 20 % de modèles premium et 80 % de voitures standard. Dans cette dernière catégorie, il faut toutefois noter que certain modèles ont profité d'un travail graphique plus ou moins avancé, découlant sur une réalisation générale aléatoire. Longtemps présentés comme l'une des principales nouveautés de ce Gran Turismo 5, les dégâts physiques s'avèrent finalement assez décevants puisqu'ils ne se révèlent aucunement proportionnels à la violence des accidents. Bizarrement, Polyphony Digital a limité cette fonctionnalité aux joueurs qui n'ont pas atteint le niveau maximal (40) en mode carrière. Il ne faudra pas non plus compter sur une réelle amélioration des collisions, ces dernières étant toujours aussi irréelles (on rebondit sur les décors, un étrange bruit sourd lorsqu'on tamponne une autre voiture).

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Graphiquement altéré par des véhicules standard parfois assez mal adaptés en HD, le soft affiche également des ombres vraiment ignobles en raison d'un crénelage qui saute aux yeux. Les circuits s'avèrent en revanche de bonne qualité, même si nous constatons que très peu de tracés inédits. On appréciera la présence de la météo dynamique, permettant de débuter une course de jour pour la terminer de nuit, ou de subir une intempérie. Ces derniers points s'avèrent largement bienvenus, bien qu'ils ne soient pas effectifs sur beaucoup de circuits et ne se répercutent pas réellement sur la conduite - pour la pluie notamment, surtout qu'il faudra compter sur des chutes de framerate dans ces conditions. Il est également possible de concevoir son propre circuit selon l'heure souhaitée. Il s'agit plutôt d'un générateur automatique de circuits, puisque vous ne pouvez paramétrer que le nombre d'étapes, modifiant ainsi aléatoirement la structure finale selon l'environnement choisi.



Autre nouveauté de cet épisode, le mode en ligne permet de participer à des courses avec d'autres joueurs, afin de comparer vos modèles. Véritablement mal configuré, ce mode se révèle trop permissif, puisqu'aucune limitation de puissance n'est appliquée. Aussi, il n'est pas rare de tomber sur des adversaire maniant des bolides très véloces alors que nous disposons que d'un véhicule de puissance moyenne. Cela contribue à un déséquilibre et un désintérêt général, sauf si on s'organise au préalable dans le cadre de parties entre amis. Nous soulignons également la mauvaise gestion des fins de courses, redirigeant automatiquement les joueurs vers le menu principal sans avoir le choix de changer rapidement de tracé. Vu que les temps de chargement demeurent assez longs (même après l'installation complète de 8 Go), cette configuration freine largement l'intérêt. Toutefois, l'équipe de développement entend bien améliorer régulièrement la partie online, surtout que l'aspect communautaire est profondément ancré dans l'interface du jeu (gestion des amis, messages privés, historiques, partages de clichés, de circuits, etc). À noter qu'il est également possible de s'affronter à deux en écran partagé.

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Probablement trop attendu par les joueurs, Gran Turismo 5 demeure une petite déception en raison d'un manque d'innovation par rapport au précédent opus. Toujours très efficace dans son gameplay et disposant d'excellentes sensations (surtout en vue cockpit), la simulation automobile satisfera sans nul doute les amateurs du genre qui ne profitent pas vraiment de digne représentant sur PS3. Les habitués de la série retrouveront une structure connue pour le mode carrière, ainsi qu'une gestion identique des équipements d'amélioration de son véhicule. Si le jeu se targue de disposer de plus de milles bolides, il faut toutefois noter que la plupart d'entre eux sont sauvagement adaptés du précédent volet sorti sur PS2, et seule une poignée a profité d'un travail en HD. En sus des dégâts assez décevants et des modifications climatiques trop peu mises en avant, l'épisode propose un mode multijoueur hautement perfectible. Le hit demeure malgré tout assez long et toujours très grisant, à la manette mais surtout accompagné d'un volant.

+ Les plus

  • Prise en main de qualité
  • Plus de mille véhicules
  • Les conditions météo dynamiques
  • La vue cockpit
  • La gestion des dégâts...

- Les moins

  • ...non proportionnelle aux chocs
  • De nombreuses voitures standard avares en détails graphiques
  • L'IA trop molle
  • Mode multijoueur perfectible
  • Collisions de piètre qualité
  • Peu de nouveaux circuits