Une légende à entretenir
King’s Bounty : The Legend désire à n’en pas douter mettre un terme au règne du célèbre Heroes of Might and Magic avec lequel il partage bon nombre de similitudes. Elles sont néanmoins justifiées, la réalisation de ces deux titres a été confiée à un seul et même homme, Jon Van Caneghem grand spécialiste des jeux de rôle.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, King’s Bounty a été créé bien avant Heroes of Might and Magic, cinq ans auparavant pour être précis, et se pose donc comme le précurseur du genre. Le jeu prend place dans un monde fantastique médiéval des plus colorés et enchanteurs qui soit. Au service du roi, le joueur devra tout bonnement explorer ces terres et anéantir les forces du mal.
Trois classes de héros sont disponibles afin de contenter bourrins et stratèges. Le guerrier ainsi que le mage sont respectivement des experts en combat et en magie. Le paladin lui tente de concilier ces deux arts afin de combattre équitablement et ne pas compter sur un unique trait militaire. Chaque héros possède des compétences et des statistiques propres qui seront à même d’évoluer.
Les statistiques sont composées de l’attaque, la défense, l’intelligence et le commandement. Elles augmentent avec l’expérience. Ainsi plus notre héros gagne en commandement, plus il sera à même de commander une vaste armée. Il en est de même pour les trois autres critères. Les compétences elles sont apprises via la collecte de runes spéciales achetées en ville et offertes à chaque passage de niveau.
Elles sont réparties en trois catégories que sont l’esprit, la magie et la puissance. Au total, il existe pas moins de trente-six compétences à apprendre le plus rapidement possible, leur apprentissage affectera en effet les combats. La gestion de l’inventaire sera au programme, tel un RPG il nous faudra collecter ou acheter les meilleurs objets du marché dans l’optique de renforcer son effectif.
Notre armée est elle aussi améliorable moyennant finances. C’est d’ailleurs le seul moyen existant pour « soigner » nos troupes dont l’état est signalé par un simple nombre. Plus ce nombre tend vers zéro, plus elles sont en mauvais état. Recruter de nouvelles unités nous permet d’éviter un drame. Il est possible de commander au maximum cinq différents types d’unités.
Adieu la ville, bonjour les combats
Le héros ne participe pas directement aux combats et se pose comme commandant en chef. Il a à sa disposition des sorts magiques et esprits enragés qu’ils peut employer si besoin est. Les sorts magiques sont repartis en trois écoles à la philosophie unique. La magie de l’ordre tend à privilégier la défense. La magie de l’altération compte elle sur la ruse pour tromper l’ennemi.
On termine avec la magie du chaos qui cherche tout bonnement la destruction et l’attaque. Bien à part, la magie de l’aventure possède des origines mystiques et ne peut être invoquée qu’à l’aide de parchemins. Les sorts plus traditionnels font eux appel à la mana. Grande nouveauté, les esprits enragés se résument ni plus ni moins en de puissantes invocations.
Pour faire appel à elles, il faut collecter des points de rage gagnés au cours des combats. Pas question pour autant de les appeler au moindre combat, les créatures invoquées sont très efficaces et doivent faire l’objet d’un soin tout particulier. C’est durant les difficiles combats notamment contre les massifs boss que l’on pourra exploiter pleinement ces monstres.
Le concept est globalement identique à HOMM et privilégie par conséquent l’exploration. Cette dernière se déroule en temps réel, seul les combats font appel à du tour par tour. Le vaste monde d’Endoria, composé de cinq continents, est riche en lieux visitables et en quêtes annexes. Mais celui-ci ne possède de réelle dynamique et reste foncièrement figé.
La grande différence entre Heroes of Might and Magic et King’s Bounty se situe au niveau de la gestion d’une ville. Ici, elle est totalement absente du concept qui préfère se concentrer davantage sur les combats extrêmement nombreux et diversifiés. Les villages sont néanmoins présents et se montrent dignes d’intérêt.
Ils servent à obtenir de nouvelles quêtes, à recruter des forces supplémentaires ou encore à améliorer son arsenal. Loin de se résumer à de simples combats, le jeu possède aussi son lot de dialogues et de quêtes toutes placées sous le signe de l’humour et de la dérision. Ce second degré est un véritable bol d’air pour le joueur qui ne se contente pas d’ingurgiter un traditionnel breuvage scénaristique.
Technique et traditionnel
Dans le fond, les choses sont foncièrement identiques, les développeurs poussent en effet le joueur à explorer cet univers à la recherche de nouveaux objets, quêtes et points d’expérience qui rendront notre héros plus fort encore. Ainsi, les combats occuperont une bonne, une très bonne partie de notre temps.
Ces combats se déroulent au tour par tour et opposent deux armées. L’ensemble des unités présentes possèdent des points d’action leur permettant de se déplacer, d’attaquer ou encore de lancer des sorts. Ces déplacements se font sur un quadrillage hexagonal relativement compact et propice à de nombreuses stratégies.
L’objectif est de réduire à néant l’opposition et pour se faire le joueur devra veiller à composer une équipe non seulement adaptée au terrain mais aussi aux adversaires. Pas moins de soixante types d’unités sont présents, un chiffre qui en dit long sur les combinaisons possibles. Veillez cependant à ne pas former des couples douteux.
Associer à titre d’exemple être vivants et morts vivants n’est en aucun cas une bonne idée. De la même façon, il faut éviter d’emmener des dragons noirs au beau milieu de la banquise. Cela a pour conséquence d’affecter la résistance et l’efficacité des unités concernées par ce désagrément climatique. Bref à éviter à tout prix.
En marge de ces mécanismes de jeu archi-conventionnels on notera la présence de facteurs hasardeux affectant la topologie du terrain. Il n’est pas rare de devoir combattre sur des surfaces irrégulières nous forçant parfois à faire des actions supplémentaires. Le décor est lui aussi source de danger et n’hésitera pas à amocher les unités à proximité.
Rassurez-vous, le terrain est aussi riche en coffres qui abritent de l’or et des objets. Tout type d’unité possède des forces et des faiblesses qu’il nous faut apprendre avec le temps. Cette étape est indispensable car le jeu se montre relativement exigeant. Une mauvaise gestion de nos troupes aura inévitablement des conséquences sur notre portefeuille.
Des combats à foison
Comme nous vous le disions plus haut, le héros ne reste pas les bras croisés et se doit d’affecter le cours des batailles. Même en grande difficulté, ce dernier pourra retourner la situation en sa faveur grâce à sa jauge de rage se remplissant à chaque coup reçu. Elle permet d’invoquer des créatures extrêmement efficaces.
Les combats n’ont pas uniquement lieu à l’extérieur ni sur la terre ferme. Combattre dans des sombres caves ou en pleine mer est possible. Foncièrement, leur déroulement ne change pas mais il est toujours intéressant de faire varier les lieux d’affrontement et le bestiaire ennemi, notamment dans le cas d’une pieuvre géante.
Les plus consentieux d’entre nous opterons pour le mariage et la procréation offrant tous deux d’importants bonus logistiques. A noter que certaines batailles peuvent être évitées, il suffit tout bonnement d’éviter le chemin des créatures hostiles. Une possibilité franchement utile et soulagante à la fois.
Car le nombre des combats est franchement élevé et leur résolution ne peut se faire que manuellement, il est en effet impossible d’écourter ces affrontements via des processus d’automatisations. D’autant plus que certaines rencontres peuvent se montrer extrêmement difficiles même pour le joueur expérimenté.
Cette richesse ne justifiera malheureusement pas l’absence d’un quelconque mode multi-joueurs ni même d’un éditeur de carte. Il vous faudra une bonne trentaine d’heures de jeu pour voir le bout du jeu, ce chiffre peut être aisément doublé dès lors qu’on prend en compte les quêtes annexes. Malgré les apparences, la présence de trois classes différentes ne poussera pas forcement le joueur à recommencer l’aventure.
Les différences entre des classes sont trop peu visibles pour augmenter substantiellement la durée de vie du titre qui somme toute est déjà bien importante. Au niveau graphique, King’s Bounty est loin de rivaliser avec un Crysis. Mais il possède un univers cohérent et un choix textural des plus efficaces. Les environnements et les effets spéciaux sont détaillés.
Pari réussi
Ils ne demandent d’ailleurs pas une machine de guerre pour fonctionner fluidement en dépit des jolis jeux de lumière. Mention spéciale aux menus qui sont de toute beauté. Minimaliste mais juste, l’aspect sonore a au moins le mérite de faire son travail. On ressent après quelques dizaines d’heures de jeu une certaine lassitude qui passe rapidement avec le temps.
Les doublages eux sont totalement absents du jeu, la narration tout comme les dialogues se font uniquement au travers du texte. Dommage… Très surprenant, le titre de Katauri Interactive brille par sa réalisation optimale et son second degré des plus efficaces. On regrette uniquement l’absence d’un mode multi-joueurs et la difficulté parfois abominable de certains duels.
Autrement, on ne pourra que saluer la grande qualité de King’s Bounty, qui malgré ses nombreuses similitudes avec un certain Heroes of Might and Magic, a su renouveler le genre et s’adapter aux nouvelles normes technologiques. Il s’agit en somme d’une excellente surprise que les fans de stratégie devront s’approprier les yeux fermés.
King's Bounty : The Legend est disponible à partir de 46€.
Configuration de test :
- INTEL Core i7 920 (2.66Ghz)
- Asus Rampage II Extreme
- Corsair XMS3 DDR3-1600 CL9 6Go (3x2Go)
- MSI GeForce N280GTX-T2D1G-OC
- Antec Twelve Hundred
- Antec 650W Signature
- Seagate 500Go 7200 RPM S-ATA II 32Mo
- Seagate 320Go 7200 RPM S-ATA II 16Mo
- Plextor PX-810SA
- Logitech G3
- Logitech G15
- QPad Crysis Collector
+ Les plus
- Complexité des combats
- Les graphismes
- La durée de vie
- Les moins
- Support incomplet du 1920x1080 et plus
- Absence de modes multi-joueurs
- ... et d'éditeur de carte
- Difficulté parfois abusive
- Mise en scène basique
- Doublages absents