Introduction
Le voila donc le fameux Nikopol: la foire aux immortels, basé sur le premier tome de la trilogie d’Enki Bilal. D'ailleurs, on remarquera qu'il constituait aussi la trame de la première adaptation cinématographique qui n'avait pas rencontré son public. On pouvait à juste titre se dire dans ce cas que l'adaptation dans le monde du jeu vidéo était tout aussi périlleuse. Mais ce monde si particulier possède l'avantage de pouvoir faire pénétrer le joueur plus profondément que le simple spectateur.C'est donc sous forme d'un point and click que nous est proposé de parcourir cette sortie. Encore un point and click nous direz-vous ? C'est sûr, ce pourrait être un de plus sur la longue liste de jeux du genre qui sont déjà passés dans nos mains depuis de nombreuses années. Mais son pédigrée et la curiosité qui vous pique lorsque vous réalisez qu'il s'agit d'une œuvre proche de la trilogie originelle, en faisaient un soft un peu plus intéressant que sa simple appartenance à une catégorie étoffée.
Un futur engageant...
Nous sommes en 2023. Paris n'est plus dirigée par un pantin politique incapable de récupérer les jeux olympiques ou par un nabab corrompu par les pots de vins des HLM. Le temps est venu à la libre dictature de Choublanc. A la veille de sa réélection inéluctable suite au vote des habitants contraints, la guerre fait rage contre toute forme de religion et de croyance. La ville n'est plus qu'une division en deux parties inégales, l'une abritant les classes les plus aisées et l'autre tout ce que le monde compte de pauvres désœuvrés.Cette seconde partie qui ceinture la première et accueille l'astroport, attire les extraterrestres de l'univers tout entier. Un étrange vaisseau pyramidal s'est positionné au dessus de l'astroport et il semble que ses occupants aient réclamé d'énormes quantités de carburant. Bref, la situation est tendue et confuse. C'est dans ce capharnaüm qu'Alcide Nikopol fils apprend que son père, qu'il n'a jamais connu et qui est un ancien résistant envoyé en hibernation depuis trente ans dans l'espace, est de retour sur terre.
Mais son padre subit la loi d'Horus, dieu qui le manipule afin de le mettre à la tête de la capitale. N'écoutant que son courage, le fils se met donc en tête de sauver le père, comme dans toute famille normale me direz-vous. S'ouvrent alors à votre sagacité cinq lieux à parcourir que sont votre appartement, le cimetière, le métro, la tour Montparnasse devenue un bunker et le palais de l'Elysée guère plus accueillant.
Traditionnel à quelques exceptions près
Une fois le scénario posé, on peut alors retrouver nos billes habituelles dans tous les point and click jalonnant notre route passée. On possède donc un pointeur fixe qui permet de tourner à 360 degrés autour de soi même. Ce pointeur se modifie en fonction des objets sur lesquels on peut passer et des actions que l'on peut éventuellement accomplir. Rien de bien compliqué pourrez-vous donc penser. Et vous avez particulièrement raison dans la partie manipulation. A titre d'exemple, ce gameplay n'est pas sans rappeler le dernier Dracula 3 dont nous reparlerons plus loin.En outre, coté simplicité de jouabilité, il faut remarquer aussi combien la possibilité d'accéder par le clic droit au menu ou aux objets en sa possession est d'une limpide facilité. Mais tout n'est pas rose dans ce gris univers et c'est un peu tant mieux également sans quoi on se serait ennuyé. Déjà, vous trouvez durant votre progression tout un tas de casses-têtes aussi ardus les uns que les autres. Il y a donc peu de lieux à visiter mais au moins les connaîtrez-vous par cœur.
En plus de la complexité de certains puzzle, quelques objets à dénicher sont particulièrement bien intégrés aux décors ce qui les rend encore moins facilement décelable. S'il s'agit d'une volonté des développeurs, c'est réussi. Si ça n'est pas le cas, il aurait mieux valu qu'on nous alloue la possibilité de découvrir tout ce qui est à voir dans la pièce comme dans d'autres jeux du genre. Last but not least, quelques passages nécessitent aussi une rapidité d'exécution et le respect d'un ordre pour vous en sortir. Et croyez nous, tout n'est pas toujours évident.
Un Primpéran s'il vous plait
Toutefois, hormis la partie scénario et la partie gameplay que l'on pouvait penser proche de celle constatée, c'est avant tout sur la retranscription du monde tel qu'avait réussi à nous le faire ressentir Bilal que l'on attendait ce jeu. Car il fallait qu'il puisse faire passer la noirceur et le désespoir tout autant que la violence des œuvres du dessinateur. Et plus que pour les deux autres points encore, c'est une petite surprise que ce soft y parvienne à ce point. Déjà, graphiquement c'est très soigné et proche de ce que l'on a pu observer dans Nikopol la BD.Mais ce qui procure une force encore plus intense ce sont les cut-scenes sous forme d'animations à l'intérieur d'encarts type planche à dessin illustrées. Vraiment on prend un grand plaisir à les contempler. Mais ce n'est pas non plus un univers parfait pour bien des raisons à commencer par la non possibilité de passer en full screen en 1680 par 1050. A vous de voir si vous préférez une résolution moindre type 1280 par 768 en full screen ou bien une résolution max mais avec deux bandes noires latérales sur un écran wide. Choix cornélien et anormal il faut le dire.
Par ailleurs, on a pu noter que la multiplication des allées et venues ainsi que les rotations finissaient par nous filer une certaine nausée inhabituelle pour ce type de jeu. Peut être est-ce le nombre de détails élevés ou le fait que l'on soit obligé d'appuyer le regard pour déceler les objets, toujours est-il que cela n'est pas super agréable. Enfin, on reprochera surtout le manque de lieux disponibles et le fait qu'on ne puisse retourner sur un lieu déjà visité qui limite grandement la durée de vie.
Galerie d'images
Conclusion
Projet ambitieux s'il en est, Nikopol: la foire aux immortels n'en est pas moins réussi. Souffrant de quelques carences dans la réalisation, simplifiant quelques passages de la version BD et s'en éloignant parfois, il demeure une œuvre à part entière. Car ce qui est sûr, c'est que l'on est rarement en présence d'un produit disposant d'un tel caractère dans le désormais très aseptisé et très orthonormé monde du jeu vidéo. On ne boude donc pas notre plaisir très longtemps en regardant pragmatiquement les éléments de jugement.Mais on ne prend pas non plus très longtemps à parcourir ce jeu qui nous laisse un peu comme deux ronds de flancs. S'agissant d'une adaptation du premier volet d'une trilogie, réussie de surcroit, on ne peut qu'espérer qu'elle recevra une suite tel le coup d'essai Penumbra qui avait su nous maintenir en haleine jusqu'au bout. Une suite oui, mais en corrigeant ça et la les défauts, ce serait parfait ma bonne dame.
Nikopol: La foire aux immortels est disponible sur PC à partir de 38,55 €
+ Les plus
- Ambiance particulière
- Esthétique magnifique
- Quelques casses-têtes casse-pieds
- Les moins
- Brièveté
- Limitation du nombre de lieux