Maturité évidente, humour décapant
Principale licence d'Insomniac Games aux côtés de Resistance, Ratchet & Clank a presque toujours résulté d'épisodes de qualité, exception faite de quelques disparités apparues dans les épisodes PSP. Vantant un esprit haut en couleur et un gameplay plate-forme tout en y ajoutant une prise en main très orientée sur l'action, la série a su s'imposer comme une référence solide sur PS2 et depuis peu sur PS3. Qui plus est, la trame scénaristique est toujours bien tissée, malaxée par un humour de tous les instants. En effet, si les héros de l'aventure demeurent plutôt sérieux, c'est surtout les autres personnages de l'univers qui apporteront une touche de ridicule par un aspect caricatural et parodique fort amusant, via des petites subtilités.
Suivant directement les évènements d'Opération Destruction, Ratchet & Clank : A Crack in Time mettra en avant la cassure de notre duo de choc. En effet, les compères ont été séparés à la fin de l'épisode précédent : Clank a été enlevé par des créatures appelées Zonis, sans que l'on sache l'endroit dans lequel il a été transporté. Ainsi, l'opus de 2007 demeurait frustrant dans sa finalité et une bonne partie des réponses seront signalées dans ce nouvel épisode. Ratchet, connu comme l'un des derniers représentants de la race des Lombax dans l'univers, remonte dans son vaisseau spatial – l'Aphelion – afin de retrouver son ami disparu. Cela va sans dire que les pérégrinations de notre héros poilu ne seront pas de tout repos, étant donné que le principal ennemi de la série, le Dr. Nefarious, sera toujours présent pour tenter de dominer le monde. Et pour le coup, notre robot machiavélique, hystérique et un poil buggué des circuits, a fondé tous ses espoirs dans la Grande Horloge, une imposante machine permettant de voyager dans le temps et créer des paradoxes dans l'optique de modifier l'histoire. Si la trame poursuit directement l'opus antérieur, un flashback introductif permettra aux non initiés de prendre aisément le train en marche.
Dès les premiers instants de jeu, vous apprendrez que Clank évoluera dans cette horloge car il est désigné comme le gardien de ces lieux, afin de préserver l'intégrité temporelle. Notre petit ami devra s'affairer à restaurer les dégâts d'ores et déjà opérés par le Dr. Nefarious, au travers d'objets et compétences qui lui seront transmis directement via son subconscient. Au fil du jeu, Clank en apprendra davantage sur ses origines et son destin, mais aussi sur son géniteur, répondant ainsi à de nombreux mystères qui étaient jusqu'alors non élucidés. Cela signifiera également une aventure plus personnelle, plus intérieure, plus sérieuse également. De son côté, Ratchet aura un champ d'action bien plus vaste puisqu'il devra circuler dans les moindres recoins de la galaxie afin de trouver son équipier disparu. Sur son chemin, il découvrira lui aussi de nouveaux éléments sur le passé de son peuple en la personne d'Azimut, un autre Lombax qui jouera un rôle important dans les motivations de Ratchet, ainsi que dans ses choix décisifs.
Vous l'aurez compris, le scénario de Ratchet & Clank : A Crack in Time souligne une maturité bien prononcée, pour le coup synonyme d'une richesse et d'un aboutissement rarement atteints dans la série. Insomniac Games a effectué un travail de qualité sur le background du jeu, mettant enfin nos héros à nu. Néanmoins, l'ingrédient principal, l'humour, n'a pas été oublié. En effet, la progression enchaîne naturellement les scènes sérieuses et les situations cocasses, sans que la crédibilité générale soit réduite. Cette parfaite jonglerie résulte sur une mise en haleine à la fois légère et prenante. Qui plus est, l'humour a souvent la forme de caricatures que l'équipe de développement souligne dans un secteur bonus du jeu, notamment les inspirations des ennemis et autres PNJ. On retrouvera le Capitaine Qwark, pseudo-héros en collant, chochotte et incompétent à souhait. Et pourtant, ce gros gaillard s'avère attachant par ses propos décalés, allant crescendo au fil du jeu pour atteindre le paroxysme du ridicule dans la dernière partie de l'aventure. Le Dr. Nefarious et son caractère d'enfant gâté prête également à rire, au même titre que certaines races alliées par leur allure et à leur façon de parler (certains ont des tocs, d'autres parlent comme des geek, etc).
Roi de la mécanique
Contrairement au précédent opus, A Crack in Time comportera deux gameplay fortement différents. D'un côté, le joueur contrôlera Ratchet pour une prise en main nettement orientée sur l'action pure. L'autre versant met en avant Clank dans des phases de jeu clairement axées sur les casse-têtes et la plate-forme. Au sein de la Grande Horloge, il devra régulièrement sauter d'un rouage à l'autre, en utilisant le rotor de sa tête. Il pourra ainsi s'élancer jusqu'à trois reprises afin d'atteindre des plates-formes surélevées. Certains passages nécessiteront également l'utilisation de petites bombes d'énergie qui permettront de ralentir le temps sur une zone sphérique. Pour la première fois, Clank disposera d'une arme pour combattre : le Chronoseptre. Ce bâton, reçu lors d'une scène dans son subconscient, lui permettra de combattre certains ennemis au contact, mais aussi de renvoyer les projectiles de monstres aériens. Mais la principale fonction du Chronoseptre est de réparer les dégâts de l'horloge, en remontant le temps sur les éléments détruits.
L'évolution de Clank dans ce nouvel univers mettra souvent en avant des phases d'énigmes qui brisent certes la dynamique de jeu, mais soulèvent une nouvelle originalité de gameplay liée à la ligne directrice de l'épisode : la gestion du temps. Certaines pièces mettent en avant jusqu'à quatre boutons d'enregistrement depuis lesquels Clank peut se dédoubler afin d'accéder à des interrupteurs destinés à ouvrir la porte suivante. Il faudra ainsi jouer avec le temps et l'ordre des passages afin d'enchaîner plusieurs enregistrements temporels, dans l'optique d'activer les interrupteurs. Et pour cela, il faudra souvent passer par un véritable parcours du combattant, via des boutons permettant de libérer des accès vitrés ou surélevés. Le système est globalement bien huilé et véritablement plus facile à comprendre une fois le pad en main.
De son côté, Ratchet sera amené à parcourir pas moins de quatre secteurs temporels (plus un bonus en fin de partie) accessibles à l'aide de son vaisseau spatial. Chaque zone comporte une à deux importantes planètes au sein desquelles se dérouleront les évènements majeurs de l'aventure. De plus, de nombreuses petites planètes supplémentaires pourront être parcourues, dans le but de récolter des boulons (la monnaie du jeu), voire des bonus plus rares tels que les Boulons d'Or, des plans holographiques ou encore des Zonis. Comparable à l'opus précédent, Ratchet obéit au doigt et à l'oeil, rendant l'aventure très confortable à parcourir. Concrètement, une touche sert à donner des coups de clé au corps-à-corps, une gâchette sert à tirer à l'aide d'une arme préalablement équipée, tandis que l'autre permet de viser plus pertinemment en plaçant la caméra à l'épaule. Seulement, lors des affrontements plus poussés, la configuration optimale nécessite le maintient de la touche de déplacement latéral tout en tirant. Ainsi, il est possible de combiner ces deux touches avec celle de saut pour esquiver efficacement des attaques ennemies. Si cette configuration peut paraître déroutante au premier abord, elle se révèle très efficace par la suite.
L'un des principaux attraits du jeu avec Ratchet se matérialise dans le choix des armes. Vous récolterez de nombreux équipements via les stations d'achat GruminNet (qui les met en avant via d'amusants spots publicitaires), allant du pistolet ou fusil à pompe à des outils plus exotiques. On appréciera notamment l'érupteur sonique et ses rots surpuissants, un lanceur de boules à facettes, ou encore M. Zurkon, un robot qui ne vit que pour casser du monstre. Ce tas de ferraille passe d'ailleurs son temps à sortir des phrases franchement poilantes. Un régal. À côté de cela, un arsenal assez fourni est votre disposition : mines, pointes énergétiques, pistolet-sniper, lance-disques, lance-roquettes, arme givrante, filets électriques, etc. Sachant que chaque arme améliore ses caractéristiques au travers de cinq niveaux (le dernier change considérablement l'efficacité) suivant sa fréquence d'utilisation, il est clair que les affrontements se veulent très variés. Qui plus est, des outils bonus permettront de modifier leur tirs. Accessibles depuis le menu d'inventaire, les armes pourront être changées via la touche de raccourci triangle. Dans ce volet, Ratchet pourra également se déplacer plus rapidement via des hoverbottes. Ces dernières seront souvent requises vu que la configuration des niveaux gravite autour de ce nouveau jouet, via des plans inclinés équipés d'accélérateurs et autre rails. Il suffira de maintenir la gâchette R2 pour pousser les réacteurs à fond. Cet équipement permet également de planer sur de courtes distances, afin d'accéder à des plates-formes éloignées par exemple. Cet ajout est appréciable, mais offre aussi quelques petites incohérences de collision, notamment lors de l'accès des plates-formes en mouvement.
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Liberté, gloire et beauté
A contrario d'Opération Destruction, Ratchet & Clank : A Crack in Time oriente une belle part du gameplay sur les déplacements et combats en vaisseau spatial. D'ailleurs, la prise en main a été améliorée. Le vaisseau réagit plus naturellement et comporte des fonctionnalités pertinentes : accélération, esquive, protection. Les attaques sont également plus confortables à mener et plus diversifiées. Le tir principal et les roquettes secondaires s'amélioreront au fil de la récolte des Zonis, offrant à terme un équipement hautement destructeur. Cette importance sur la navigation spatiale met en avant un élément important : la liberté d'action. Il est en effet possible de passer d'un secteur spatial à l'autre de façon très permissive, permettant ainsi de parcourir à sa guise les nombreuses planètes optionnelles. La prise en main sur certaines d'entre-elles (les plus réduites notamment) laisseront transparaître un petit côté Super Mario Galaxy fort agréable.
Enfin, cette non linéarité présente de nombreuses quêtes optionnelles qui améliorent la durée de vie et la rejouabilité générale (trouver tous les bonus notamment) qui oscille entre dix et quinze heures. De plus, le jeu offre la possibilité de s'adonner au mode Défi une fois la partie clôturée, ou de revenir dans le passé afin de visiter une nouvelle zone et un boss sacrément coriace en comparaison avec le reste du jeu. En effet, la trame principale demeure très aisée en mode normal et encore assez peu corsée en difficile. Cela s'explique par la présence de nombreux checkpoints, permettant de ne pas avoir à refaire tout le niveau suite à un échec. Ce côté très accessible permettra aux non initiés de ne pas sombrer dans la frustration.
Techniquement parlant, ceux qui ont pratiqué Opération Destruction ne constateront pas de différences majeures dans ce nouvel opus. Cependant, un travail supplémentaire a été apporté sur les ombres portées et les effets de brillance, affichant un avantage indéniable pour un moteur graphique fort réussi et surtout très bien optimisé. En effet, le jeu ne subit aucun ralentissement et ce, même lors des phases très riches en ennemis et effets pyrotechniques. De plus, les temps de chargements ne sont pas nombreux et toujours très courts. Petit détail, l'équipe de développement a même dissimulé l'installation du jeu derrière une cut-scene introductive. Efficace ! On sent qu'Insomniac Games maîtrise particulièrement bien la PlayStation 3, à l'instar de Naughty Dog. Concernant l'aspect purement sonore, le titre dispose d'un éventail de bruitages de qualité, agrémenté par un doublage français réussi. On regrettera cependant le remplacement des voix de Ratchet et de Clank – initialement assez amusantes – par des doubleurs plus sérieux. Néanmoins, le ton décalé des autres protagonistes assure une grande partie de l'humour. Petit coup de coeur concernant les quatre radios disponibles dans le vaisseau, ainsi que les publicités et émissions complètement déjantées.
Inutile de le nier, Ratchet & Clank : A Crack in Time est un excellent jeu, utilisant le patrimoine de la série déjà fort bien huilé, tout en incorporant quelques nouvelles fonctionnalités de gameplay, ainsi qu'une liberté de mouvement accrue. Ajoutez à cela une trame scénaristique de qualité et hautement riche en révélations sur la série, ainsi qu'un humour toujours très décapant et parfois très subtile. Bref, bien peu d'éléments négatifs sont à souligner, si ce n'est les quelques incohérences de collision sur certains décors, ou encore le temps d'adaptation des contrôles. L'aventure s'avère particulièrement longue et prenante, agrémentée par de nombreux bonus et une rejouabilité clairement intéressante. Pour peu que vous cherchiez un jeu de plate-forme orienté action, agréable à jouer sans pour autant vous prendre la tête sur une difficulté trop accrue, les nouvelles aventures de Ratchet & Clank devraient réellement vous satisfaire.
+ Les plus
- Gameplay complet et bien rôdé
- Confort de prise en main
- Liberté d'action décuplée
- Nombreuses missions secondaires et bonus
- Panel d'arme très étendu et parfois exotique
- Scénario révélateur
- L'humour omniprésent
- Les moins
- Quelques bugs de collision
- Première prise en main déroutante