Levez le masque
En attendant le troisième volet de Persona sur PSP qui nous arrivera forcément un jour, Atlus nous fait patienter en nous proposant de découvrir les origines de la série. C'est donc les yeux emplis d'innocence que nous faisons aujourd'hui connaissance avec Persona premier du nom, sorti originellement sur PlayStation et uniquement au Japon ainsi qu'aux États-Unis. Nous nous trouvions alors en 1996 et le monde ne vibrait pas encore sur les tubes de Justin Bieber. Cette série assez particulière de RPG allait poser les fondements de ce qui deviendra, quelques années plus tard, une sérieuse alternative aux Final Fantasy et autres Breath of Quest (marque à déposer).
L'Europe a connu (légalement) Persona avec l'opus numéro trois, excellent au demeurant. Il lui sera par conséquent peut-être difficile de se plonger dans un épisode précédent où quelques éléments manquaient encore à l'appel pour qu'on en arrive à crier au génie, voire au culte. Persona mérite cependant un examen approfondi, et ce ne sera pas de trop étant donné qu'une fois encore, nous devrons nous passer d'une traduction française des textes. Ce jeu ne resplendira donc que pour les fans ajoutés à quelques curieux, et demeurera sans doute éternellement dans l'ombre pour le grand public.
Un Persona est une entité qu'une poignée d'êtres humains renferment en eux, et qui apparaît quand ceux-ci relâchent leur peur de mourir. Effrayante sorcellerie pour les esprits faibles, et de simples balivernes en ce qui concerne un certain nombre d'élèves d'une classe de St-Hermelin High, dont fait partie Masao. Lui ne croit absolument pas à ces histoires de "fantômes", et tient même un pari avec ses camarades comme quoi les Personas ne seraient que pure affabulation. Pari qu'il perd car une créature d'apparence féminine surgit tout près de lui, faisant par la même occasion perdre connaissance à une partie de l'auditoire.
Quand vous reprenez connaissance, vous apprenez qu'une société, grâce à un appareil encore plus complexe qu'une PS3, a modifié la réalité de sorte que désormais, des monstres rôdent dans toute la ville, empêchant quiconque d'en sortir. Rétablir l'ordre et la paix en retrouvant les responsables de cette situation sera donc votre principal objectif, lequel sera moins ardu à atteindre que prévu car il se trouve que chaque membre de votre escouade, vous compris, peut faire appel à un Persona.
Une formule pas encore totalement bien maîtrisée
Votre Persona vous confèrera certaines compétences, qui pourront entre autres vous permettre de vous guérir, d'aveugler un adversaire, de faire tomber sur lui la foudre ou bien de l'enfermer dans les flammes. Il augmentera d'expérience, tout comme vous, à la différence que ses montées de rang (huit au total) seront déterminées par la fréquence à laquelle vous ferez appel à ses pouvoirs. Outre l'usage des Persona qui se montrera juste indispensable pendant les combats, d'autres moyens vous permettront de remporter ceux-ci, ou du moins d'y mettre fin : discuter avec l'ennemi. Comme dans la vraie vie, selon votre manière d'aborder le dialogue, on réagira différemment envers vous. Il arrivera qu'on s'énerve contre votre personne, qu'on en vienne à vous aimer très fort, ou bien, dans le meilleur de cas, qu'on vous cède une carte d'invocation.
Chaque ennemi dispose de plusieurs traits de caractère, et c'est sur eux que vous devrez vous appuyer pour amener ces créatures à vous donner ces fameuses cartes d'invocation. Ces dernières vous serviront dans la Velvet Room où Igor vous invitera à les fusionner entre elles pour donner naissance à un Persona, qui ne devra pas dépasser le niveau de son détenteur, bien entendu. Ne négligez pas cet aspect du jeu, car orchestrer quelques fusions dans les premières heures de jeu vous permettra de vous retrouver avec des Personas plus puissants que ceux que vous possédez au début de l'aventure.
Alors Persona, du tout bon ? Oh non, et n'allez pas penser que cette réponse a été motivée dans le seul but de créer une jolie rime Corinne. Le fait que Persona 3 et 4 soient déjà passés entre nos mains nous amène à considérer cet opus comme vraiment bon, mais sans plus. La faute peut-être à l'absence de voix pendant les dialogues importants, et à un character design moins éclatant que celui des épisodes susnommés. Et puis l'histoire avance vite, trop vite pour nous laisser le temps de digérer les évènements et de nous fondre dans l'atmosphère du jeu. Les combats ne sont dans l'ensemble pas dégoûtants du tout, et il faut bien avouer que l'on prendra rapidement l'habitude de convaincre les ennemis de nous remettre leur carte au début de chaque combat. La marche à suivre peut paraître floue, mais elle n'a finalement rien de compliqué. Ainsi, vous n'aurez pas besoin d'être un expert en psychologie pour parvenir à vos fins (et encore, ce ne sont pas des êtres humains qui sont concernés ici).
Persona fait montre d'une difficulté parfois rebutante, aidée en cela par des combats aléatoires très présents en ville (heureusement que les points de magie de nos personnages ne s'épuisent pas facilement). Une ville se divisant en sections et que l'on traversera à tâtons, car trop souvent, on se retrouvera livrés à nous-mêmes avec uniquement quelques indications bien floues pour se repérer. La touche carré permettra cependant de faire apparaître le nom des endroits accessibles de la zone occupée. Bizarrement, les ennemis seront moins dérangeants dans les donjons, se parcourant en vue subjective à la manière d'un Etrian Odyssey (en moins dangereux). Pour revenir un bref instant sur les batailles à proprement parler, précisons que les différentes phases de la lune auront une influence sur le comportement des ennemis (plus agressifs pendant les pleines lunes par exemple). Notons aussi que les changements de statut lors de ces affrontements sont assez peu explicites : ils sont en effet représentés par une petite bulle, parfois accompagnée d'une coloration spécifique du perso concerné ; des éléments bien insuffisants pour constater l'altération d'état subie, d'autant que la représentation en 3D isométrique ne rend pas service aux yeux.
Pour l'histoire
Shin Megami Tensei : Persona souffre malheureusement de l'inévitable (mais pas du tout prévisible à la base) comparaison avec ses successeurs PS2. Vraiment intéressant de par son univers, son ton et son look à la fois visuel et sonore, Persona ne nous met cependant pas de claque, et pour cause, les volets de cette série qui ont suivi ont réussi à faire bien mieux en modifiant la recette originale, perfectible.
Pour quasiment vingt-cinq euros, le titre d'Atlus reste toutefois un achat presque obligatoire pour qui veut connaître Persona depuis son point de départ. On devra se passer de la drague certes, et c'est forcément dommage quand on a goûté aux charmes d'une Mitsuru (pour ne citer qu'elle), mais les développeurs tâtonnaient encore pour trouver le bon interrupteur, et on ne leur en voudra pas de ne pas avoir éclairé la pièce du premier coup.
Shin Megami Tensei : Persona est disponible sur le PlayStation Store au prix de 24,99€.
[MAJ] Après avoir pu explorer plus en profondeur le jeu, nous en sommes venus à prendre la décision de revoir à la baisse la note de notre verdict. En effet, il s'avère que Persona est un RPG finalement très limité et n'étant essentiellement focalisé que sur les combats. Trop peu pour mériter un sept synonyme d'une excellence proche. Nous présentons évidemment nos excuses à nos lecteurs que nous avons bien malgré nous induits en erreur.
+ Les plus
- Le tout premier Persona enfin en Europe
- Prix très attractif
- Un système de jeu intéressant
- Ambiance prenante propre à la série
- Les moins
- Pas de voix pendant les dialogues
- On s'y perd un peu
- Trop de combats ?
- Pas très beau