Introduction
Shrek le troisième, comme son nom l'indique, est le troisième volet d'une série déjà bien éprouvée de films et donc d'adaptations videoludiques. Et, de façon identique lorsque l'on parle d'adaptations de films ou de dessins animés sur nos consoles ou autres PC, on se pose toujours mille questions. Le jeu sera-t-il une simple transposition du film ou prendra-t-il certaines libertés scénaristiques ? Retrouvera-t-on les passages principaux et marquants du long métrage ? Les voix des acteurs seront-elles conservées ? Le prix de la licence grèvera-t-il le budget global du développement et donc la qualité du soft ?Bref, cela en fait des interrogations. En général, ce qui veut dire que parfois il y a des exceptions, les attentes sont loin d'être comblées et le tout retombe comme un soufflet sitôt passé le cap de la découverte. En premier lieu, c'est régulièrement la qualité de réalisation dans son ensemble qui prend un bon coup de pied, que ce soit le gameplay ou les graphismes pas toujours au niveau. En outre, si le joueur aime à faire varier le scénario, un bouleversement complet de celui ci est de nature à rebuter les fans.
Chaque adaptation est donc une somme d'éléments à réunir et à emboîter parfaitement pour pouvoir réussir le pari. On mesure mieux pourquoi cet exercice périlleux est si régulièrement couronné d'insuccès, non que les chiffres des ventes soient négatifs mais que les avis, eux, oui. Alors, Shrek le Troisième dérogera t il aux habitudes ? La première réponse sur Wii n'étant pas convaincante, il n'y avait rien de moins sûr. Allez, on ne vous fera pas languir trop longtemps, et on vous avoue que ce jeu ne nous a pas satisfait. La suite, plus en détails, se trouve dans les pages de ce test.
Un Shrek-Ado
L'inénarrable n'est plus à présenter tant l'ombre de l'ogre vert a déjà envahi le monde des humains contemporains. C'est donc toujours sur le même thème que s'en vient vers nous sieur Shrek, Roi du pays de Fort Fort Lointain. Qui ne voudrait pas être Calife à la place du Calife ? Personne ? Et bien si, il y a Shrek qui ne pense pas de la même façon que nous. Encore que, un gentil ogre qui ne pense pas forcément comme un vil humain est une chose plutôt rassurante. Heureusement pour lui, il existe en la personne d'Arthur un échappatoire à sa condition régalienne.Futur papa, Shrek s'en va courir le monde à la recherche du futur successeur au trône. Voila pour l'histoire du jeu qui colle en tous points à celle du film éponyme. On retrouve alors tout ce qui fait les forces et les faiblesses du long métrage dans ce condensé d'aventure qui ne dure au passage guère plus. C'est, sur ce point, un copier coller ni plus ni moins. Et comme dans tout bon Shrek qui se respecte, l'humour et la dérision viennent englober tout ceci. On retrouve ainsi avec un certain bonheur le vert Shrek bien sûr, mais aussi la douce Fiona, l' « accenté » chat potté et le très désopilant âne.
Toutefois, certaines références semblent plus destiner ce soft à un public pré-pubère voire pubère tout court. Si le cœur de la cible était censé atteindre les plus jeunes, c'est assez loin du compte. Shrek le troisième ne fait pas preuve de la plus grande originalité qui soit et l'ensemble déçoit fortement. A cela, la principale raison tient probablement à la qualité intrinsèque du film qui, sans être critique cinéma, est franchement le moins bon des trois. A vouloir toujours utiliser les mêmes ressorts, on finit par les casser...les ressorts !
Plus Bud Spencer que Terrence Hill
Le gameplay de Shrek le troisième sur PSP est tout ce qu'il y a de plus simple. En effet, dans votre quête de la recherche de l'absolu monarque, quelques zozos viennent entraver votre chemin et méritent donc une bonne correction. Fallait pas chercher plus loin pour justifier des paires de baffes. A l'aide de quelques boutons, il vous est donné l'occasion de pourfendre la tronche des plus imbécile créatures de ce monde : un bouton pour le coup "de base", un autre pour le coup "puissant", un troisième pour le saut et un dernier pour la parade. Ouaip, pas si dur à retenir non?Non pas si dur à retenir, mais avec quasiment les mêmes boutons, lorsque l'on vient de se tripatouiller avec Ninja Gaiden Sigma sur PS3, on se dit vraiment que coté mouvements et jouabilité c'est du pipi de chat. A la limite, il n'y a qu'à marquer "Penser en jouant nuit gravement à la santé" ou encore "Jeu réservé aux abrutis" sur la boite du jeu, tant la répétitivité et le nombre infime des actions possibles sont rébarbatives. Ce n'est même pas du jeu d'action, c'est à peine du plateforme et ce n'est pas vraiment du Hack and Slash ou du RPG (même si on peut acquérir des "équipements") !
A vrai dire, Shrek le troisième sur PSP nous pond quasiment un nouveau jeu qui se rapprocherait du beat them all à la Double Dragon et qu'on pourrait nommer ainsi : le ch'fous-des-gnons-a-tour-de-bras sans autre objectif que... foutre des gnons, vous avez bien suivi. Il n'y a quasiment rien d'intéressant à chercher du coté de la jouabilité et si quelques animations viennent agrémenter les combats lors de coups spéciaux, ça ne change rien à l'affaire. Shrek, un jeu qui casse surtout les pieds !
Fidèles à l'esprit
Heureusement, il y a tout de même quelques points réellement positifs à relever dans ce marasme affligeant. En premier lieu, la présentation graphique de ce jeu est tout à fait honorable. Les menus, les items accessibles, les cinématiques qui apparaissent tantôt sous forme de films tantôt sous forme de théâtre façon guignol : pas grand chose à reprocher. De même, et sans que les voix soient "official" mais bien des imitations, l'ambiance caustique ajoutée par les dialogues est réelle. Enfin, la musique apporte aussi son écho et termine de mettre en valeur ce jeu.Mais bon, les bonnes choses ont une fin et les compliments s'arrêtent quasiment ici. Car si les graphismes sont assez fidèles et joliment réalisés, il existe de nombreux bugs visuels. Tout d'abord, si certaines caisses sont "explosables", toutes ne sont pas "surmontables". En clair, on tente de sauter sur des blocs de bois qui, pour une raison inexpliquée, sont protégées par un mur de verre très agaçant. Ensuite, les collisions sont assez imprécises. On file donc des mandales à foison, mais on vise assez peu. Le corollaire à ce point est la confusion, tare habituelle des jeux dits "d'action" avec plusieurs ennemis à l'écran.
Enfin, et puisque l'on parle de l'écran, la caméra est l'une des pires que l'on ait vu ces derniers siècles. Et se dire qu'une caméra est mal gérée pour l'adaptation d'un film, c'est un peu comme transposer un jeu de foot ou l'on ne verrait pas le ballon. Il est donc fréquent de tourner la tête en espérant que la caméra suive et que la vue change...en vain ! A la longue cela saoule un peu d'autant que comme d'habitude, il faut jouer dans une pièce plutôt sombre pour distinguer quelque chose, écran de PSP oblige. Pour ceux qui iront jusque là, le premier combat avec la sorcière est un exemple criant (rageant aurait-on pu écrire) de ce que peut être un affrontement avec une caméra moisie. Résultat: on se prend des projectiles dont on ne sait pas toujours d'où ils viennent...
Shrek Shrek Shrek , hourra ?
A la lecture de ce test, vous vous direz probablement "pouah, quelle daube". Il ne faut pas aller jusque là non plus. Ce jeu comporte ses qualités et si elles ne rattrapent pas totalement l'ensemble, elles permettent au moins de se dire que l’on n’a pas lâché des thunes pour rien. On rit parfois, on grogne souvent, et on tapote à foison. Shrek a tout de même un mérite à savoir ne pas faire durer la torture trop longtemps. Evidemment cette remarque second degré est ironique mais après tout on trouve le plaisir et la satisfaction où l'on peut.
Il est donc clair que la copie générale de l'ensemble ne mérite même pas la moyenne. Après tout, beaucoup d'entre nous et même les plus brillants, ont parfois commis des devoirs bien crades. Alors, on sera indulgent avec l'équipe d’Activision en leur rappelant simplement que transposition de film en jeu rime bien souvent avec déception coté joueur. Alors plutôt que d'éculer des gags et répliques déjà anciennes, faire preuve d'imagination et de créativité est probablement une bien meilleure idée à mettre en avant. A bas les pauvres adaptations, vive l'imagination !
+ Les plus
- Agréable à l'oeil
- Drôle par moments
- Les moins
- Jouabilité exécrable
- Caméra géniale pour un manchot non voyant
- Répétitivité confinant à l'absurde.