Who you gonna call ? Ghostbusters !

Ayant connu un fort succès au plein coeur des années 80, le long métrage SOS Fantômes (Ghostbusters dans sa version originale) se matérialise comme une comédie assez potache, mais diablement prenante. En effet, le film a rencontré un succès par son humour assez décalé, accentué par des « héros » visiblement pas très nets. Et pourtant, on ne tombait absolument pas dans la bêtise pure et dure puisque leur statut de scientifique leur conférait un vocabulaire riche et parfois même incompréhensible. C'est justement ce paradoxe qui rend l'humour convainquant, bien qu'entremêlé de grosses vannes qui feront pouffer de rire les grands enfants que nous sommes. Qui plus est, les trois compères disposent de comportements bien distincts. Tandis que Peter Venkman était davantage attiré par les femmes que son travail, Raymond Stantz en faisait une véritable obsession tel le nerd de l'époque, et Egon Spengler était plus ou moins le cerveau du groupe (et accessoirement le savant-fou inventeur des armes anti-fantômes).

SOS Fantômes met en avant cette équipe de choc, appelée par les citoyens de Manhattan afin de se débarrasser des apparitions qui hantent les rues. Seulement, ces dernières ne sont pas vraiment inoffensives puisqu'elles s'amuseront généralement à saccager leur environnement ou encore posséder les êtres vivants. Telle une équipe de pompiers, nos trois docteurs s'équipent de tout leur attirail, sautent dans l'écomobile et se rendent au plus vite sur les lieux du crime, dictés par Jeanine, leur secrétaire blasée. Étant donné que l'intégralité des dégâts occasionnés par les trois sauveurs sont intégralement pris en charge par la ville, ils ne se gêneront pas à saccager eux-mêmes les bâtiments afin de capturer tout ectoplasme et autres substances de slime verdâtres et répugnantes.

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Concrètement, le scénario de SOS Fantômes PSP est le même que celui des autres versions, à savoir différent de celui des deux films. Cependant, l'ensemble reste complémentaire puisque de nombreuses allusions y sont développées, à commencer par l'affrontement du dieu sumérien Gozer et du passage de la dame grise dans la bibliothèque municipale. Bien que l'histoire du jeu ait été écrite par les auteurs du film – à savoir Dan Aykroyd et Harold Ramis – les néophytes pourront tout de même s'y immerger sans grand soucis, bien qu'ils se demanderont d'où sort Bouffe-Tout ou encore Bibendum Chamallow, formant respectivement un ennemi à capturer et un boss à réduire en bouillie. Pour les connaisseurs, Gozer le Destructeur sera à nouveau au centre des attentions du quatuor (avec l'arrivée de Winston Zeddemore, nouvelle recrue), ainsi que la brèche entre le monde des humains et celui des fantômes. Qui plus est, un certains nombre d'environnements issus des films seront remis en avant, pour le plaisir des fans. C'est en tant que petit nouveau dans l'équipe que vous vous joindrez aux festivités. Évidemment, attendez-vous à être qualifié de tâcheron tout au long de l'aventure, nos quatre énergumènes ayant la vanne facile.

Bien que les versions HD de Ghostbusters permettent une bonne immersion au travers de graphismes de qualité honorable, tout en permettant de retrouver les héros, décors et armes du film, force est de constater que cette édition PSP a changé de développeur et donc de ligne artistique. Le rendu se veut bien différent et nettement moins sexy sur la forme. Et pourtant, les voix demeurent les mêmes que celles des doubleurs français (à l'exception de celle de Peter, alias Bill Murray), ce qui se matérialise tout de même comme une preuve de bon goût. Seulement voilà, il s'agit ici d'une version à ne pas conseiller, pour des raisons purement techniques. Comme précisé explicitement plus haut, préparez-vous à avoir peur.

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Pack à protons enrayé

Qu'on se le dise : la version PSP de SOS Fantômes tout comme les éditions PS2 et Wii ne sont vraiment pas de la même trempe que les moutures HD. En effet, les possibilités de gameplay sont ici amoindries, offrant ainsi des mécanismes plus simplistes et bien moins variés. D'entrée de jeu, ceux qui ont déjà goûté au titre par le passé seront très sévèrement déçus. Et cela commence bien évidemment avec la caserne de l'équipe, très pauvre en interactions. En gros, à part assister à une discussion prévue dans le cadre du scénario ou rejouer d'anciens niveaux, aucune possibilité de sera offerte au joueur. Toujours est-il qu'en tant que chasseur de fantôme émérite, vous disposerez de votre propre pack à protons en tant que sac à dos XL. Au bout de celui-ci, une lance à neutron permettra de se défaire de la plupart des ennemis via un effluve concentré et assez évasif dans son champ d'action. Ainsi, il ne sera pas rare de détruire de nombreux décors lorsque vous partirez à la chasse.

Et d'ailleurs, il ne sera pas donné à tout le monde de bien viser, surtout que le jeu ne se prête absolument pas aux contrôles de la PSP. En effet, le stick analogique permet de contrôler les déplacements du personnage, tandis que les quatre autres touches permettront d'ajuster le réticule. Et je peux vous dire que ce n'est pas une mince affaire de prendre en main un tel sac de noeuds d'imprécision. Il ne sera pas rare de frôler la crise de nerfs afin de viser certains ectoplasmes un peu trop lestes. Une horreur. Et ce ne sera pas la visée semi-auto qui vous rendra un grand service, tant elle se décalibre régulièrement. Bref, c'est bien mal parti pour la bonne marche du jeu. Qui plus est, la capture en elle-même a été bridée : s'il nous est possible d'éjecter les apparitions spectrales à notre convenance dans les autres versions, il faudra ici se contenter de directions spécifiques, précisées par des flèches. Une fois votre ennemi KO, il ne suffira que de le déplacer jusqu'à un piège de confinement muon.

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Au fil de l'aventure, d'autres équipements expérimentaux vous seront confiés, tels que les flèches boson (qui conféreront des dégâts supplémentaires à l'effluve), le diffuseur de particules (aux vertus similaires à un fusil à pompe), ou encore la fameuse lance de slime d'un vert du plus mauvais goût. D'autres petites subtilités telles que la stase pour geler les ennemis ou encore la mine slime permettront de se débarrasser de quelques récalcitrants. Si certains ennemis ne nécessitent pas de stratégie particulière pour s'en défaire, d'autres en revanche devront être exterminés d'une certaine manière. Par exemple, des spectres peuvent se protéger derrière un slime noir, nécessitant d'être arrosé de slime vert pour être abattus. D'autres seront moins résistants suite à une attaque givrante. Pour découvrir les astuces qui permettront de battre les fantômes, il faudra s'équiper des paralunettes et de scanner la cible. Un petit speech de Ray permettra de nous informer sur l'arme à utiliser. Ces quelques éléments permettent de minimiser la répétitivité, même si elle se ressent tout de même au bout de quelques niveaux.

Malgré tout, le soft comporte un cheminement assez bien construit puisqu'il ne se contente pas que de scènes de tir. En effet, la structure des niveaux amènera le joueur à parcourir quelques environnements calmes, débouchant sur de courtes phases d'exploration. Équipé de votre psychotensiomètre, il faudra être à l'écoute de la fréquence sonore afin de détecter les ennemis, parfois dissimulés dans les objets. Les paralunettes seront complémentaires afin de discerner des issues cachées du monde réel, ou encore des pièges disposés par des fantômes mal intentionnés. Plus tard dans l'aventure, plusieurs énigmes vous feront face, nécessitant l'utilisation de votre équipement et de votre sens de l'observation. Seuls les derniers chapitres de l'aventure s'avèrent nettement plus expéditifs, annihilant ainsi l'atmosphère du jeu pour découler sur un mauvais third person shooter.

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Tarte aux bugs et aux saccades

Attaquons-nous maintenant à la belle part du jeu, la part de la honte et de la médiocrité. Le jeu, passé de Terminal Reality à Red Fly Studios, s'est offert un petit lifting artistique. En premier lieu, le chara-design a muté d'un aspect réaliste à un look cartoon qui aurait pu paraître judicieux compte tenu des capacités techniques de la console portable. Or, le constat demeure très insuffisant, notamment par un manque de évident de détails. Ainsi, les pseudo-mimiques des protagonistes sont juste inintéressantes, bien que les animations de base présentent des ersatz de bonnes idées. Que sont devenus nos quatre chasseurs de fantômes, si ce n'est un amas de grossiers pixels à crénelage exacerbé ? Et ne parlons pas de leur intégration dans le décor, tant elle est incohérente. Tantôt sautillants, tantôt glissants, les déplacements des personnages lors des cut-scenes ou directement en phase de jeu sont ignobles.

Et ce n'est pas non plus en terme de level-design que le titre brillera de ces plus beaux éclats. Quoique, les niveaux étincellent, clignotent, surtout. En effet, les éléments des décors ont été, semble-t-il partiellement transportés dans le monde des fantômes. Il n'est donc pas rare de voir les reliefs des murs disparaître une seconde sur deux, à croire que c'est le stagiaire de Red Fly Studios qui s'est chargé de la phase de debug. Et vous n'avez pas tout vu, la caméra elle-même va nous aider à jouer à cache-cache avec les textures. Lors des cut-scenes par exemple, certains plans rapprochés traversent les personnages, transformant leur visages en cratères pixelisés. Du grand art. D'autres phases de jeu (le dernier niveau en tête) mettent en avant du clipping abusif puisque les textures des décors ne s'affichent que lorsque vous y posez le pied. Magnifique. De surcroît, le titre rame atrocement par moments, dès que l'écran se charge d'ennemis ou de boss (l'un d'entre-eux pourrait même relever de l'injouable, du supplice). Pour couronner le tout, les chargements sont étonnamment lents et semblent se figer quelques secondes entre la sauvegarde automatique et le loading suivant.

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Niveau sonore, ce n'est pas non plus l'Eldorado. Si les voix s'avèrent convaincantes, elles sont également très mal intégrées au soft. En effet, elles sont souvent dissimulées derrière les effets sonores et autres passages musicaux, si toutefois elle ne terminent pas tronquées. De plus, certains décalages sont à noter, excédant parfois deux secondes. Enfin, c'est peu dire vu que de nombreuses actions sont exempt d'un quelconque bruitage. La musique freeze parfois aussi, histoire de mettre la cerise sur le gâteau. Bref, techniquement parlant, l'édition PSP de SOS Fantômes a tout d'une farce. Si le jeu est d'ordinaire facile et relativement court, c'est bel et bien pour un laxisme graphique que terminer le jeu relèvera de l'exploit. Visiblement, mieux vaut en avoir très envie, y être contraint, ou aimer jouer avec sa patience.

Après un épisode HD de bonne qualité générale, SOS Fantômes débarque sur plusieurs formats techniquement inférieurs. Cette version PSP arbore un remaniement artistique qui opte pour une modélisation cartoon qui ne sert finalement que d'alibi pour cacher un amas de bugs et autres incohérences techniques qui entravent sévèrement le confort de jeu. Qui plus est, le gameplay initial est grandement inadapté aux contrôles de la console portable de Sony, révélant une pénibilité de prise en main. Bref, le titre n'a pour lui que le scénario qui plaira davantage aux fans et connaisseurs des deux longs métrages. Qu'on se le dise, il s'agit ici d'une des versions les plus abominables du soft.

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+ Les plus

  • Scénario de qualité comparable aux films
  • Voix originales

- Les moins

  • Gros bugs graphiques
  • Bug sonores, bruitages parfois inexistants
  • Inadapté aux contrôles de la PSP
  • Ça rame