Un petit coin d'enfer
Plutôt attendu par ceux et celles qui ont suivi le projet depuis ses débuts, The Last of Us n'est pas une production sortie de nulle part, puisqu'il est question du dernier jeu en date de Naughty Dog, le studio à l'origine de Uncharted. Au vu du succès de ses trois précédents jeux, Naughty Dog jouit d'une certaine appréciation auprès des fans, signe de bon goût et de qualité exemplaire. Aussi, Sony entend bien mettre en avant leur nouvelle pépite qui se présente comme la dernière du studio à venir sur PlayStation 3.
Exit l'ambiance archéologique et aventurière de Nathan Drake avec The Last of Us, puisqu'il s'agit d'une approche plus horrifique et nettement plus mature. Le titre nous permet de suivre Joel, un père de famille qui se prépare à faire face à un bouleversement du monde. L'origine de ce cataclysme se concentre dans une infection basée sur le Cordyceps. Ce champignon, touchant habituellement les insectes, a muté de sorte à pouvoir infecter les humains. En conséquence, la population tombe comme des mouches, puisqu'en sus des spores, les personnes infectées deviennent sauvages et attaquent ses congénères d'autrefois. Le début de l'aventure permet donc de constater les premières grandes frayeurs de propagations de l'infection, découlant sur des faits marquants qui changeront à jamais la vie de Joel.
Pour vous laisser le plaisir de la découverte, inutile de préciser les détails du début de l'histoire, mais Joel sera amené, vingt ans après la catastrophe biologique, à rencontrer Ellie. Cette jeune adolescente de quatorze ans sera amenée à suivre Joel dans son aventure, dans l'optique de rencontrer les Lucioles, un groupuscule de survivants qui s’organisent pour se prémunir de l'infection du champignon. Les raisons de la progression de notre duo sera révélée avec parcimonie au fil du jeu de façon très adroite et efficace. Par ailleurs, c'est la relation en constante évolution entre Ellie et Joel qui formera l'un des éléments important de ce scénario qui, malgré son contexte résolument post-apocalyptique, tient surtout d'une approche intimiste.
Au cours des chapitres du jeu, vous constaterez que le principal problème n'est pas l'infection et les créatures qui en résultent. À l'instar de Walking Dead, le scénario se focalisera petit à petit sur les autres survivants, dont la plupart est revenu à un stade primaire de survie. Aussi, certains groupes vont chercher purement et simplement à vous tuer et ce, dans l'optique de mettre la main sur vos rations de survie, vos armes et même vos habits. Cette mise en abîme de l'être humain est ainsi décuplée, nous faisant réfléchir sur les instincts bestiaux qui peuvent résider dans notre esprit, dans un souci de survie. Toutefois, Joel et Ellie rencontreront d'autres survivants moins féroces qui chercheront à s'allier au duo. En dépit de craintes de traîtrises, les alliances se font et se défont au fil du jeu, dans une mise en scène toujours impeccable pour un scénario toujours rythmé par une atmosphère particulière. Rien n'est convenu, les twists nous prennent clairement de court et l'issue de l'aventure se montre relativement surprenante. En bref, l'aventure de The Last of Us montre clairement l'exemple de ce qui peut se faire de mieux dans le domaine.
Apprenti Mc Gyver
La prise en main de The Last of Us n'a pas été laissée au hasard. Mixant allègrement le third person shooter ( TPS ) avec l'exploration teintée de survival horror, le titre de Naughty Dog se révèle très agréable à jouer. Les fans de Uncharted ressentiront légèrement le feeling habituel du studio dans leur nouvelle production, mais l'ensemble a tout de même bien évolué entre temps. Il ne sera pas vraiment question de plates-formes dans le cas présent, mais bien d'une progression essentiellement axée sur l'exploration au sein d'environnements généralement de taille moyenne, assurant une linéarité certaine dans la continuité du scénario, mais qui ne se révèle pas frustrante pour autant. Les décors étant si travaillés sur le plan artistique, le fait de fouiller les moindres recoins s'effectue dans un confort optimal, dompté d'une once de curiosité. Et cette méthode est franchement conseillée pour récolter les moindres ressources qui se révèlent relativement rares.
Outre l'exploration pure, il s'agira également de se confronter à des ennemis. Dans le cas des infectés, il sera question de « coureurs », le premier stade de mutation et de « claqueurs », le second stade. Dans le premier cas, les ennemis peuvent nous voir et nous attaquer avec acharnement en poussant des hurlements qui ne manqueront pas d'alerter tous les autres adversaires de la zone. Dans le second cas, vous mourrez d'une seule morsure à la gorge, mais vous aurez l'opportunité de leur passer au nez et à la barbe si vous vous révélez discrets. Plus résistants, les « claqueurs » nécessitent un coup fatal à l'aide d'un surin par exemple, ou à l'aide d'un cocktail incendiaire artisanal. Plus rares, des colosses infectés encore plus évolués seront mis hors d'état de nuire à l'aide de vos armes à feu. Si ces monstres vous attrapent, ils vous déchireront la mâchoire d'un coup.
Outre ces créatures fortement dangereuses et assurant un certains stress du fait qu'elles se terrent souvent dans les endroits très sombres, les survivants seront également difficile à combattre. Plus nombreux et surtout mieux armés, ces adversaires disposent d'une intelligence artificielle globalement efficace ( sauf qu'ils ne brochent pas quand Ellie est à découvert... ), de sorte à vous prendre en éteau à la moindre occasion. Pour s'en défaire, vous pouvez utiliser vos armes à l'instar d'un TPS classique, mais vous vous rendrez rapidement compte que les munitions sont très rares tout au long du jeu. Aussi, le gameplay est étudié de manière à vous forcer à jouer la carte de l'infiltration. Pour cela, il suffira de demeurer accroupi pour limiter les bruits et de passer dans le dos des ennemis pour les étrangler, leur donner un coup fatal à l'aide d'un surin, ou encore de leur planter une flèche dans la caboche.
Une fonction de détection des sons permet de discerner les ennemis à travers les murs, comprendre leur ronde et savoir quand frapper. En cas de difficulté, il est possible de jeter des briques ou des bouteilles pour détourner l'attention. Il est également possible de s'adonner aux joies du corps-à-corps, Joel étant suffisamment véloce pour donner des coups de poings, mais également utiliser des planches, battes et autres haches qu'ils trouvera ça et là dans le jeu. Toutefois, la durée de vie de ces armes blanches est faible : après quelques coups, elles deviendront inutilisables.
L'autre versant du jeu se situe dans l'artisanat, avec l'opportunité de créer des armes telles que des bombes à clous, cocktails incendiaires, surins, ainsi que des trousses de soin. Ces créations nécessitent l'usage de divers outils à trouver dans les environnements. C'est la raison pour laquelle il ne faut pas hésiter à fouiller de façon minutieuse, sous peine de se retrouver « à poil » face à des ennemis. Les détracteurs de la santé qui se régénère automatiquement seront ravis de constater qu'il n'en est pas question dans le jeu : il faudra trouver ou fabriquer de quoi se soigner. Cette mise en place contribue un peu plus au gameplay très axé survie, sans proposer une difficulté extrême : il y a de nombreux checkpoints.
Enfin, il est possible d'améliorer ses armes par le biais d'ateliers disséminés dans le jeu. Suivant des outils récupérés ça et là, vous pourrez augmenter le rechargement d'une arme, améliorer le recul, ou encore maximiser son chargeur. De même, des pillules à récupérer permettent d'améliorer ses conditions : santé maximale, rayon d'écoute, possibilité d'attaque au surin, etc.
Réussite artistique
Cela se constate dès les premiers instants de jeu : The Last of Us est une réussite graphique. Encore plus fin qu'un Uncharted, le nouveau né de Naughty Dog propose une véritable pâte artistique de chaque instant, confirmant le travail minutieux effectué au niveau des décors, proposant une atmosphère d'abandon, de désespoir, tout en fascinant par les subtiles détails. Les plus observateurs remarqueront même quelques clins d'oeil à Jak & Daxter et Nathan Drake à certains endroits du jeu, sous la forme d'objets du décor. En dépit de son level design parfois cloisonné ( on débute certains niveaux au départ d'un cul de sac... ), la réalisation riche des décors offre un sentiment de liberté inattendu. Toutefois, certaines mises en place mettent à plat certaines situations : la présence de nombreux points de couverture, de bouteilles et briques à terre laissent présager l'arrivée imminente d'ennemis.
Outre ce léger détail, le jeu brille par une modélisation impeccable, des personnages criants de réalisme, retranscrivant bien leur état d'âme. Cela agrémente l'intérêt porté à Joel et Ellie, mais également aux autres personnages secondaires qui ponctueront l'aventure. On sent clairement certaines complicités et autres craintes à la seule aide des attitudes visuelles. De plus, le charisme a énormément été travailler et le fait d'incarner un protagoniste principal qui a de la bouteille offre une certaine originalité qui change des habitudes avec des héros jeunots, voire ados.
La réalisation sonore se montre également au rendez-vous, avec tout d'abord une bande originale qu'il convient de saluer. Mettant en avant quelques morceaux de guitare sèche ponctués de silences pesants. Les morceaux se montrent très agréables et absolument adaptés à la progression dans des décombres urbains quasi-déserts. Le doublage français se veut très convaincant et nullement surjoué. De ce fait, l'intérêt envers les personnages ne sont pas éraflés.
Un mot enfin sur le mode multijoueurs du jeu qui se montre bien présent, alors que le mode solo suffisait déjà amplement tout l'intérêt. Le mode « Factions » propose deux règles autour de sept cartes issues de la campagne principale. Il faudra tout d'abord choisir son camp entre les Chasseurs et les Lucioles. Deux modes seront de mise : Raid sur les Provisions et Survivants. La première règle offre un Deathmatch classique clan contre clan ( quatre contre quatre ), tandis que la seconde reprend le même procédé à l'exception du fait que l'on ne réapparaît pas suite à une mort. Bien évidemment, il est possible de créer son propre arsenal, équipé de compétences à privilégier. Si le multijoueurs pourrait se révéler anecdotique, il se montre finalement intéressant, puisqu'en raison des faibles munitions, il sera souvent question de jouer de la furtivité pour exterminer le clan adverse.
Concrètement, The Last of Us est un excellent jeu qui se révèle indispensable pour les possesseurs de PlayStation 3. Finement réussi sur le plan technique, le titre offre une pâte artistique de haut niveau, agrémentée d'un scénario immersif et plutôt surprenant. La prise en main du jeu est un véritable régal, assurant réussi un mix entre le TPS, l'exploration et le survival et sans tomber dans les travers de la facilité. Le jeu se renouvelle et on ne s'ennuie pas. Il s'agit là d'une superbe production de fin de vie pour la console de Sony.
+ Les plus
- Réalisation graphique et sonore impeccable
- Duo de héros très charismatiques
- Scénario de qualité
- Très immersif
- Bonne durée de vie
- Prise en main confortable
- Les moins
- Intelligence artificielle encore légèrement perfectible