La vengeance dans la peau

Les amateurs de RPG japonais se souviennent sans doute de Valkyria Chronicles, un RPG de Sega sorti en 2008 sur PS3 et réédité dans un second temps sur PC et PS4. Davantage un succès d’estime qu’en termes de ventes, le soft avait réussi à jouer sur une ambiance de Seconde Guerre Mondiale japonisante, en mettant à l’oeuvre un gameplay tactique qui apportait une certaine profondeur aux affrontements. Afin de parfaire l’ambiance, le titre arborait une patte graphique crayonnée, ainsi que des thèmes sonores signés Hitoshi Sakimoto ( qui a déjà oeuvré sur Final Fantasy Tactics, Vagrant Story ou encore Radiant Silvergun ). Le jeu a connu deux suites exclusivement réservées à la PSP, dont le troisième opus n’a pas eu la chance de débarquer dans nos contrées.

Après quelques années d’absence, c’est avec une certaine impatience que les fans de RPG nippons attendaient l’arrivée du nouvel épisode, baptisé Valkyria Revolution. Pour le coup, il ne s’agit pas d’une suite, mais d’un spin-off qui se déroule dans une autre époque et mettant à l’honneur de nouveaux personnages. Pour le coup, c’est le studio japonais Media Vision ( Wild Arms, Chaos Rings ) qui s’est chargé du développement. Plutôt ambitieux lors de son annonce, cette aventure alternative se révèle-t-elle de la même trempe qu’un Valkyria Chronicles ? Hélas, c’est une déception. En effet, le titre cumule un certain nombre de défauts qui font de lui un titre en tous points inférieur à son illustre aîné sorti il y a presque dix ans. Et pourtant, les modifications apportées à la prise en main disposaient d’un capital intéressant sur le papier, puisqu’il était question de proposer des combats axés sur une approche tactique à distance et la possibilité de basculer en Action-RPG à proximité des ennemis à occire. L’histoire, quant à elle, dispose de bonnes idées, mais se révèle dynamitée par des défauts de mise en scène et de rythme.

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Comme énoncé plus haut, Valkyria Revolution propose un cadre bien différent de la Seconde Guerre Mondiale de Vakyria Chronicles. Si les faits se déroulent toujours en Europe, il est ici question de nous parachuter en pleine révolution industrielle. Nous débutons au coeur du royaume de Jutland qui fait face à la tyrannie du l’empire de Ruzi, mené par un impérialiste qui souhaite rallier toutes les régions à sa cause et ce, notamment dans l’optique de récolter du ragnite, un minéral précieux convoité par de nombreuses personnes. Pour faire face au royaume de Ruzi ainsi que son arme ultime – une valkyria – nous intégrerons une unité d’élite anti-valkyria, menée par le capitaine Amleth. Ce dernier, équipée d’une épée qui pourrait presque faire rougir Cloud de FFVII, aura pour objectif de libérer les différents royaumes de la région. Toutefois, Ameth est également poussé par son désir de vengeance vis-à-vis de l’empire.

En effet, le scénario démarre au pied d’une tombe sur laquelle il est inscrit qu’elle regroupe cinq traîtres, sans préciser leurs noms. Un professeur révèle donc l’histoire de ces protagonistes dont l’histoire est tombée dans l’oubli. Ainsi, le jeu évolue sous la forme de flash-back qui permettront de revivre les grands moments de cette marche vers la liberté. Si les bases scénaristiques se révèlent plutôt bien pensées, force est de constater que la progression se révèle terriblement poussive. Cela s’explique par deux facteurs : la mise en scène et le rythme. En effet, le jeu arbore un gros problème de rythme, offrant une progression tout simplement soporifique. Si le jeu n’est clairement pas avare en cut-scenes, les dialogues sont rarement très intéressants, occasionnant de longues phases contemplatives ( durant souvent une vingtaine de minutes ) sans réel intérêt. En parallèle, la mise en scène est antique, arborant le minimum syndical en matière d’animations. Enfin, et pour ne rien arranger, le chara-design est désastreux, mettant à l’honneur des personnages qui manquent cruellement de charisme. Votre serviteur, pourtant grand amateur de RPG, a fini par abréger certaines phases de dialogues afin de progresser dans l’histoire sans risquer la narcolepsie.

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Le Musô du pauvre

Déjà peu attrayant dans le déroulement de son scénario, Valkyria Revolution se prend également les pieds dans le tapis au niveau de son gameplay. Et pourtant, la communication autour du jeu avant son lancement s’orientait quasi-totalement autour de ce fameux mélange Tactical-RPG / Action-RPG ! Si des éléments du système de combat tactique ont été empruntés des épisodes de Valkyria Chronicles, ils ont été tronqués pour tenter de fluidifier les affrontements avec la possibilité d’attaquer directement les adversaires à l’arme blanche. Sur le papier, il convient d’utiliser des armes à feu – reléguées en tant qu’armes secondaires – à distance et de sortir les armes blanches à proximité des troupes du Ruzi. Dans les faits, les attaques « tactiques » à distance n’ont que peu d’intérêt et nous nous retrouvons souvent à foncer tête baissée à l’instar d’un Musô ( Dynasty Warriors et consorts ). Précisément, Media Vision a tenté de proposer un système de combat dynamique avec des mécaniques supplémentaires, mais la sauce ne prend clairement pas.

Et pourtant, quelques bonnes idées sont présentes, notamment la possibilité de se mettre à couvert derrière des murs et autres murets de fortune pour surprendre l’ennemi et bénéficier d’avantages liées à la perte de moral. En raison de son approche très orientée action, nous aurons tôt fait de foncer simplement dans le tas, sans faire vraiment face à de fortes pénalités. Nous contrôlons un personnage parmi une escouade de quatre soldats, à mener selon diverses spécificités ( scout, shock, etc ). Il est possible de passer d’un protagoniste à l’autre en cours de combat, les autres seront contrôlés par l’IA. Cette dernière est par ailleurs désastreuse, si bien que les ordres que nous soumettons à nos alliés sont souvent mal exécutés ( tirs dans les murs, des grenades dans le vide, etc ). L’IA ennemie est également complètement aux fraises, laissant les adversaires inactifs dans de nombreux cas de figure, quand ils ne restent pas bloqués dans des ruelles en raison d’un pathfinding mal calibré… Si la progression dans l’histoire est déjà soporifique, les combats ne donneront guère davantage de sensations fortes.

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L’autre important problème du système de combat du jeu se concentre dans son déroulement haché. Alors que le studio de développement mise sur l’action effrénée, toute action autre que les attaques au corps-à-corps nécessite d’ouvrir un menu contextuel qui met le jeu en pause. Qu’il s’agisse de lancer un sort, d’utiliser votre arme à feu, un objet ou encore donner un ordre un à allié, il faudra ouvrir ce menu et couper le rythme de jeu déjà pas bien frénétique. Nous pouvons ajouter à cela des déplacements très rigides dignes d’un jeu PS2 / PSP et nous avons à peu près la recette du gameplay de ce Valkyria Revolution.

En dehors des combats et des longues phases de cut-scenes, il est également possible de se promener dans le QG de Jutland et d’autres brefs lieux additionnels. Nous ne sommes clairement pas dans une liberté d’action totale puisqu’il conviendra de choisir parmi les quelques lieux à visiter, généralement dédiés à débloquer de nouveaux dialogues sans intérêt entre les membres de l’escouade, faire quelques emplettes et améliorer nos armes à feu / explosifs dans une usine dédiée à la recherche et au développement d’armement. Un système de progression est également présent en parallèle du gain de niveau d’expérience, permettant de booster nos capacités, mais son usage est assez particulier. Concrètement, le « butin » récolté en fin de combats permet de débloquer différents boost disposés sous la forme d’arbres de compétences. D’un point de vue global, l’interface du jeu a été mal pensée, occasionnant une compréhension aléatoire de certaines mécaniques et objets. Dommage. Une fois encore.

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Des années de retard

Valkyria Revolution

Le spin-off de Valkyria Chronicles.

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Vous l’aurez compris, Valkyria Revolution a tout d’une énorme déception en tant que spin-off de Valkyria Chronicles, mais aussi en tant que RPG. Le titre de Sega est clairement en deçà de la grande majorité des jeux de rôle japonais actuels. Cela se traduit également par sa réalisation, laquelle se montre bien plus fade que l’épisode de 2008, c’est dire ! Si le premier Valkyria Chronicles arbore encore aujourd’hui une certaine patte en raison de son rendu crayonné et aux teintes pastel, Valkyria Revolution abandonne cet aspect original pour proposer un rendu 3D peu détaillé et inspiré. En conséquence, la modélisation des personnages est antique, au même titre que la plupart des environnements du jeu. Le manque de créativité est palpable, si bien que nous avons l’impression de refaire sans cesse les mêmes combats dans des décors vides et peu détaillés. Alors que le rendu visuel est clairement à des années lumières de ce que la concurrence produit actuellement, le titre souffre de nombreux temps de chargement, parfois intempestifs pour changer une cut-scene de dix secondes.

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La partie sonore n’échappe pas non plus aux problèmes : les bruitages s’avèrent faiblards, les doublages ( anglais mais aussi japonais ) manquent clairement d’entrain et les musiques sont globalement peu inspirées, à l’exception de quelques passages qui assurent quelques brèves envolées… pendant les cut-scenes.

+ Les plus

  • Bases de scénario intéressantes

- Les moins

  • Très mal rythmé
  • Gameplay mi-tactique mi-action raté
  • IA désastreuse
  • Techniquement décevant
  • Interface peu claire
  • Globalement peu inspiré