Avec les révélations sur les pratiques de la NSA pour collecter les données personnelles de millions d'utilisateurs en employant des méthodes dépassant le cadre réglementaire officiellement fixé, les sociétés high-tech US font face à une forte croissance de la défiance à leur égard.

Même si la communication de crise leur fait promettre qu'elles sont pour la plupart les victimes non consentantes de ces activités dont l'ampleur est difficilement justifiable par la seule lutte contre le terrorisme, il reste que la spéculation selon laquelle les grandes oreilles américaines avaient accès à une partie de leur infrastructure s'avère fondée, avec ou sans leur accord.

microsoft  Le contre-coup de ces révélations initiées par Edward Snowden s'annonce plutôt rude pour l'industrie IT américaine qui cherche donc les moyens de restaurer rapidement la confiance dans leurs services. Ce ne sont pas les mesures annoncées par le président Barack Obama sur un nouvel encadrement des pratiques de la NSA qui renouera un climat de confiance et il faut donc montrer des signes de bonne volonté.

Dans un entretien au Financial Times, Brad Smith, directeur juridique de Microsoft, a évoqué la piste d'un hébergement des données personnelles de ses clients étrangers sur des serveurs situés hors des Etats-Unis, rompant avec la position d'autres sociétés.

Cette possibilité du choix du site de stockage des données pourrait être introduit dans les offres du groupe, ce dernier disposant de data centers dans divers pays. La manoeuvre n'est pas totalement innocente puisqu'elle permettrait également de se conformer aux projets de lois de certains pays (au Brésil, très remonté contre les écoutes de la NSA) voulant désormais stocker les données de leurs citoyens au sein de leurs frontières.

Certains observateurs se demandent déjà s'il ne s'agit pas d'un simple écran de fumée qui n'empêchera pas vraiment la NSA d'accéder aux données personnelles si elle en a besoin. Tout au plus devra-t-elle passer par quelques étapes supplémentaires pour arriver à ses fins.

Le coût de la mise en place de data centers dans les pays voulant conserver les données de leurs citoyens sur leur sol pourrait aussi constituer une forte contrainte sur la réalisation concrète de cette initiative, note le Financial Times.

Brad Smith évoque la nécessité de mettre en place des accords internationaux entre les Etats-Unis et l'Europe garantissant que les services de renseignement des uns n'iront pas à la pêche aux informations dans les serveurs des sociétés high-tech des autres.

Au vu de la façon dont la NSA est allée largement au-delà de ce qui lui était officiellement permis, ce qui est sans doute valable aussi pour les services de renseignement d'autres pays, de tels accords tiendraient surtout du jeu de dupes destiné à se donner bonne conscience. Qui peut croire que l'espionnage des ennemis et surtout des amis va soudain devenir très sage dans un monde toujours plus hyper-connecté et plus riches en données personnelles facilement récupérables ?

Source : Financial Times