C'est en tout cas ce que souhaite Michel Ancel, concepteur chez Ubisoft, qui estime que les éditeurs de jeux vidéo auraient tout à gagner à mettre en avant les créateurs sur l'emballage de jeux.

Michel Ancel, le père de Rayman, qui est en charge du studio montpelliérain d' Ubisoft, estime que le monde du jeu vidéo pourrait promouvoir davantage les auteurs à la manière du cinéma :

" Je ne veux pas spécialement que mon nom figure sur un jeu mais c'est dommage car c'est potentiellement, pour Ubisoft en tout cas, une marque qui se crée et qui pourrait être utilisée ", a-t-il déclaré à l'occasion du Carrefour de l'animation, organisé par le Forum des Images le week end dernier.

Il poursuit :

" C'est peut-être, sans prétention aucune, une sorte de non-reconnaissance ( du travail d'auteur ) mais c'est un travail qui est en cours. Peut-être que dans quinze ans, s'il y a de vrais auteurs, il y aura un nom de signalé, comme pour certains grands réalisateurs ( de cinéma ). "

Michel Ancel qui sera décoré ce lundi de l'insigne du chevalier des Arts et Lettres, nous vous en parlions ici il y a quelques jours, s'est exprimé à ce sujet :

" C'est la reconnaissance d'une forme d'art dans le jeu vidéo [...] Pour le jeu vidéo c'est plutôt positif, surtout si s'ensuivent des actions qui en favorisent le développement en France. "

L'auteur du très bon Beyond Good and Evil s'est également fait entendre sur le problème de la hausse des budgets des jeux vidéo. Il aimerait ainsi que le joueur ait la possibilité réelle de s'essayer à un jeu avant de l'acheter :

" La découverte à 60 euros ( prix d'un jeu pour console ), c'est 'hard' ", explique-t-il. " Il y a un format de diffusion à trouver qui permettrait d'éviter ces coûts énormes, c'est une industrie qui se cherche des modèles et l'une des clés est la qualité et l'innovation, tout le monde est d'accord là-dessus. "

Ancel juge ainsi que le jeu vidéo est passé d'un système artisanal à un système industriel, à l'image des suites à répétition directement inspirées du cinéma. Pour autant, s'il ne fait plus aucun doute que le jeu a un pouvoir de création, " ce n'est pas parce que la technologie évolue " que les auteurs ont forcément " de meilleures idées ".

Autre problème, et contrairement au cinéma, le jeu vidéo doit faire face à une multiplication des supports, du PC à la console de jeux en passant par le téléphone portable.

" La multiplication des interfaces est un problème et on s'aperçoit qu'il est préférable de se concentrer sur une seule interface ", déclare Ancel qui privilégie la console de jeux, avant tout, " pour une histoire de marché ". L'avenir du jeu passera selon lui inévitablement par une simplification des interfaces.

Source : Reuters