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Certains parlent de diversification, d’autres de dangereux glissements, mais on peut constater que Google a « désaxé » ses principaux concurrents : Yahoo ! et Microsoft alliés dans le domaine de la numérisation d’ouvrages qui l’eut cru '

Une coalition, l’OCA ( Open Content Alliance ), s’est ainsi formée pour contrer l’hégémonie googlienne dans le segment de la numérisation de millions d’ouvrages à travers le monde. « Détail » intéressant, l’OCA est portée avec vigueur par Yahoo ! et Microsoft.

Pour sa part, ayant déjà rallié à sa cause de prestigieuses institutions comme Harvard, Oxford, la New York Public Library, la Complutense de Madrid, l'Université de Californie ou encore l'Université du Wisconsin dernièrement, Google œuvre à tisser de nouveaux réseaux et à consolider ses acquis.


Ma liberté de scanner
Lancé le 31 août dernier, le nouveau moteur de recherche Google Book Search indexe les pages de milliers d’ouvrages scannés par le géant de Mountain View. Ce qui pose précisément un casse-tête juridique a trait aux méthodes employées par Google : ce dernier scanne en fac-similé et mémorise les livres libres de droit mais aussi sous copyright, tantôt avec l’accord des éditeurs, tantôt sans. En ce cas, il ne fournit qu'une fiche sur le livre et l'extrait comprenant les mots-clés recherchés, au nom de « la liberté de citation ».


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Evidemment, ce projet est décrié dès ses premiers balbutiements : les éditeurs avancent que Google n'a pas le droit de créer en propriétaire la version électronique de leurs livres ou des bibliothèques mondiales. D’autres l’accusent de privilégier des ouvrages en anglais, limitation que nie Google qui promet par ailleurs une prochaine version de Google Book Search en français.

Afin de contrer Google, des professionnels du monde – et du marché – de l’édition se sont réunis pour créer en octobre 2005 l'Open Content Alliance (OCA). L'OCA, organisation à but non lucratif qui réunit des dizaines de partenaires – universités, fondations, groupes informatiques – crée un « pot commun », libre d'accès, de tous les livres numérisés par chaque membre, avec possibilité de télécharger ou d'imprimer. Pour l'instant, elle propose 35.000 ouvrages, incluant ceux de précurseurs comme le projet Gutenberg.

S’exprimant à ce sujet à l’AFP, le président de l'Internet Archive et fondateur de l'OCA, Brewster Kahle s’interroge : « La question est de savoir si la connaissance du monde sera propriété d'un groupe privé ou ouverte à tous (...) Chacun de nos partenaires peut en tirer des recettes commerciales. Nous espérons la création de plusieurs moteurs de recherche », ajoute-t-il.


Un marché publicitaire à prendre
L’OCA est initialement soutenue par Yahoo ! qui financera la numérisation de 18000 livres et développe un moteur de recherche dédié. Microsoft a très vite pris le wagon en promettant de financer la numérisation de 150000 livres. Plus précisément, le géant de Redmond prépare pour « plus tard cette année » le lancement à grande échelle de son propre moteur de recherche de livres, Windows Live Books Search, et commence à constituer sa propre base privée. Ironiquement, il reprend le discours de Google en appelant les éditeurs à envoyer leurs ouvrages pour une « numérisation gratuite »…


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Déjà, l’OCA s’inquiète de ce projet parallèle : « Microsoft sera désormais plus fermé », déplore Brewster Kahle. A cet effet, Microsoft vient de signer mi-octobre un accord avec Kirtas, fabricant de scanners à haute vitesse capables de numériser 2.400 pages/heure (8 minutes par livre). En outre, la firme de Redmond vient de conclure un accord avec la Cornell University pour numériser sa vaste bibliothèque.

Pour l’instant, ni Google ni Microsoft n’ont officiellement dévoilé le nombre d’ouvrages vraiment scannés. « Des milliers », selon Google… Car derrière cette grande « œuvre de l’humanité » se cachent notoirement les recettes publicitaires accolées aux recherches des internautes. Microsoft a précisé à l'AFP qu'il « étudiait la possibilité d'intégrer des publicités à (son) moteur de recherche de livres ».

Enfin, comme souvent dans ces interminables bras de fer, il appartient à la justice de trancher. En attendant, soyons un peu idéalistes, optimistes – naïfs ' –, une concurrence entre ces acteurs majeurs résulterait peut-être en une qualité, une accessibilité, voire une gratuité de ces ouvrages numérisés.