Paris rejoint donc le « cercle fermé » des villes adjuvantes de Microsoft : Cambridge (Royaume-Uni), Pékin (Chine) et Bangalore (Inde). Or, la particularité de ce centre de recherche réside dans le fait que c’est un accord sur une base 50-50 (« fifty-fifty ») avec l’INRIA (Institut National de la Recherche en Informatique et Automatique), un organisme entièrement public, qui a débouché sur la mise sur pied de ladite structure.


Partenariat public / privé
Pour la petite histoire, l’idée de ce laboratoire vient de Gilles Kahn (l'ex-président aujourd'hui décédé de l'Inria qui en avait vendu l'idée à Bill Gates). Une trentaine de chercheurs de l’Inria et de Microsoft y travailleront sur des programmes communs et ce pendant 5 ans au moins.

L’apport financier de Microsoft est de 10 à 15 millions d'euros, une obole au regard des 2 milliards d'euros de chiffres d'affaires réalisés chaque année dans l'Hexagone par l'éditeur de logiciels. Avec cet investissement, Microsoft devient le premier partenaire privé de l'Inria avec 160 millions d'euros de budget annuel dont 20 % de ressources propres.

« Microsoft n'est pas un mécène, a tenu à préciser Michel Cosnard, président de l'Inria, cet accord est une grande victoire et va nous permettre de disposer de moyens et surtout d'offrir aux chercheurs des conditions attractives. » Le centre donnera dans la recherche « très en amont et à long terme », selon les deux partis.


Recherche… de profits '

Ainsi, 1er axe principal de recherche : les méthodes formelles, qui visent à faire progresser la conception de logiciels en ayant recours aux mathématiques. Deuxièmement, le laboratoire oeuvrera dans le développement d'outils informatiques pour les sciences. Or, un point qui pourrait être une 1ère pierre d’achoppement a trait au fait que les résultats des recherches donnent naissance à une propriété intellectuelle commune. Il s’agit à Microsoft et à l’Inria de s’accorder sur l’exploitation des fruits. « Cela se fera au cas par cas, rassure Michel Cosnard, exactement de la même manière que pour les autres partenariats. »

D’après le contenu des accords, les chercheurs bénéficieront d’une totale liberté dans leur travail et dans la publication de leurs travaux. Bien sûr, le géant de Redmond pourra utiliser les résultats des recherches pour ses logiciels et ils pourront aussi être vendus à des tiers sous forme de licence. « Cela ne me dérange pas de faire équipe avec des gens de Microsoft , explique Pierre-Malo Denielou, 24 ans, thésard et benjamin du labo, l'important c'est de travailler pour faire avancer la science. »


Exploitation ou exploration '
Pourtant, des voix discordantes s’élèvent déjà. Par exemple, le militant du logiciel libre Bernard Lang, directeur de recherche à l'Inria et représentant des personnels au conseil d'administration est plus sceptique : « C'est un bon accord pour la recherche mais il n'est pas sans risque. Microsoft en profitera peut-être pour accroître son avance dans certains domaines et débaucher les meilleurs ».

Allégations qui sont balayées d’un revers de la main par Rick Rashid, patron de la division recherche chez Microsoft : « Quand je vais en Chine, on me dit : mais qu'est-ce vous gagnerez à cofinancer de la recherche fondamentale '  Je réponds qu'elle profite à Microsoft comme elle profite à tous. »

Une véritable bonne affaire donc pour Microsoft, que ce soit en termes de recherche ou d‘image…