Le succès rapide de Zynga en tant qu'éditeur de jeux pour réseaux sociaux doit beaucoup à leur présence sur Facebook et son milliard de membres. Cette croissance s'est faite sous contrôle du réseau social qui a imposé certaines conditions d'accès en échange d'une absence de concurrence sur le créneau des jeux.

Cette forte dépendance, utile pour se faire un nom sur le marché mais dangereuse pour les perspectives à long terme dans la mesure où Facebook peut du jour au lendemain changer les règles du jeu et assécher les sources de revenus de l'éditeur, a conduit Zynga à développer des alternatives comme sa propre plate-forme pour ses jeux sociaux et à se tourner vers le jeu mobile sur différentes plates-formes.

Redéfinissant le contrat qui les unit, Zynga va gagner en indépendance vis à vis de Facebook en n'étant plus obligé d'afficher les publicités Facebook ou d'utiliser ses systèmes de paiement ( les crédits Facebook ). L'éditeur ne sera plus obligé d'assurer une exclusivité de ses jeux sociaux pour Facebook ou de lui fournir des titres.

Mais cette liberté gagnée a un prix : Facebook pourra désormais développer directement ses propres jeux si l'envie lui en prend. Si le réseau social a de nouveau indiqué qu'il ne comptait pas se lancer dans le développement de jeux sociaux, c'est typiquement le genre de promesse valable jusqu'au moment où intervient l'annonce surprise d'un titre made in Facebook.

Zynga est désormais comme un éditeur comme les autres aux yeux du réseau social et cette nouvelle situation, associée à l'épée de Damoclès représentée par une entrée éventuelle de Facebook sur les jeux sociaux ne rassure pas les investisseurs de l'éditeur qui se demandent si Zynga pourra continuer de croître sans le soutien massif de Facebook.

A l'annonce de la renégociation de leur contrat et des nouvelles conditions de leurs engagements réciproques, le cours de Zynga a donc reculé de près de 13%. L'éditeur fait partie de ces sociétés issues du Web à la croissance très rapide et vite introduites en bourse en 2011 mais qui ont du mal depuis à concrétiser les promesses de croissance attendues, en partie à cause d'un modèle économique dont la robustesse n'a pas eu le temps d'être mise à l'épreuve et en partie à cause de conditions économiques dégradées et limitant leur évolution par rapport au temps de leur introduction en bourse.