interdiction mobile Eva Joly, ex-magistrate ayant instruit plusieurs affaires de corruption et candidate aux Européennes sur la liste d'Europe-Ecologie ( menée par Daniel Cohn-Bendit ), a dénoncé la trop grande " proximité " des opérateurs de téléphonie mobile avec le pouvoir, dans le cadre de la table ronde " Radiofréquences, santé et environnement ", en place depuis le 23 avril et qui doit faire le point sur la nocivité éventuelle des téléphones portables et des antennes-relais.

Selon elle, les possibilités de discussions ne sont pas à la hauteur des enjeux et seule une instance européenne pourrait prendre les bonnes décisions, en toute indépendance. Lors d'une conférence de presse, elle a ainsi affirmé qu' " il y a une trop grande proximité entre le pouvoir et les opérateurs en France. '

Un souhait pas aussi innocent qu'il paraît puisque la Commission européenne s'est inquiétée à plusieurs reprises de la possibilité d'un risque sanitaire des radiofréquences, ce qui n'est pas en soi un aveu implicite de son existence mais plutôt l'observation du manque d'études claires sur le sujet. Il ne faudrait donc pas la pousser beaucoup pour l'inciter à dépasser la formulation d'avis et prendre des mesures réglementaires.


Trop de collusion en France pour un débat sain ?
Enfonçant le clou, elle rappelle que " l' Europe est construite autour de l'intérêt des Européens et non pas des intérêts financiers de Bouygues et des opérateurs de téléphonie ", mettant une fois de plus en lumière les rapports entre Nicolas Sarkozy et Martin Bouygues et évoquant les " cadeaux " faits à la télévision privée avec l'arrêt de la publicité sur les chaînes publiques.

" Cette proximité est néfaste aux intérêts des citoyens ", ajoute-t-elle, d'autant plus qu'elle est convaincue de l'effet néfaste des ondes sur la santé, considérant qu' " avec quatre milliards de téléphones, c'est le plus grand problème de santé publique à affronter ".

Une posture somme toute conforme à la vision des Ecologistes pour lesquels le risque de nocivité est avéré. Or cette relation entre les radiofréquences et l'apparition de cancer reste loin d'être reconnue comme telle et son existence éventuelle est justement l'un des objets du débat du Grenelle des ondes.

Car la base du problème, à savoir la reconnaissance par les deux camps des études scientifiques sur lesquelles s'appuyer, n'est toujours pas réglée. Alors, faut-il aller jusqu'aux instances européennes pour faire entendre sa voix et déborder ainsi l'attentisme du gouvernement français ? Faut-il aux contraire céder à l'angoisse collective cultivée depuis plus d'un an et instaurer un principe de précaution peut-être parfaitement inutile, au risque de prendre un retard préjudiciable par la suite ?

Source : AFP