Les fabricants de semiconducteurs, déjà dans la tourmente de la crise économique depuis mi-2008, doivent s'attendre à une année 2009 catastrophique. Ce sont les conclusions publiées à quelques jours d'intervalle de deux cabinets d'études, In-Stat et Gartner.

Pour le premier, le chiffre d'affaires annuel du secteur va plonger de 20% par rapport à 2008, atteignant 199,2 milliards de dollars. Si des signes de reprise commenceront à apparaître au second semestre 2009, le retour au niveaux des chiffres de 2007 n'est pas espéré avant 2012, l'écoulement des stocks et le retour à la confiance des clients étant les facteurs-clés pour un redécollage du marché.

Les acteurs les plus faibles pourraient ne pas y survivre. Il faut donc s'attendre à des annonces de fusions, acquisitions, faillites et restructurations en séries, ce qui a déjà commencé pour beaucoup d'entreprises du secteur.


Gartner envisage un déclin allant jusqu'à un record de 33%

Même vision du côté des analystes de Gartner. Ceux prévoyaient en décembre 2008 un déclin du chiffre d'affaires du marché des semiconducteurs de 16%. ils viennent de mettre à jour leur estimation et évaluent désormais la baisse à 24,1%, soit 194,5 millions de dollars en 2009.

Là aussi, Gartner voit une croissance modérée dès 2010, à 7,5%, mais il faudra attendre après 2012 pour retrouver les niveaux de 2008. " Nous estimons que la crise financière a remis à zéro le marché des semiconducteurs ", indique Bryan Lewis, vice-président de la recherche chez Gartner. " Après la récession de 2001, qui a été marqué par un plongeon record des ventes de 32,5%, les ventes de semiconducteurs ont mis environ quatre ans pour revenir à leurs niveaux de 2000. "

Les composants mémoire, et surtout la DRAM, resteront le maillon faible du secteur en 2009, conduisant même à la faillite de certains fabricants ( Qimonda, par exemple ). Même même les gros acteurs du marché ne seront pas épargnés.

Si Gartner évalue à 24% la chute du marché en 2009, il y a des chances que les premiers mois de l'année se révèlent pires que prévus. Selon les conditions du marché, le cabinet d'études précise que le déclin pourrait alors plus profond et marquer un recul de 33%, pire qu'en 2001.

En prévision de ce scénario du pire, les entreprises sont donc incitées à prévoir des restructurations mais elles ne doivent en aucun cas réduire leurs budgets de R&D, qui reste l'un des seuls moyens pour redécoller rapidement lorsque la croissance sera de nouveau là.