L'idée de LightSquared, consortium supervisé par le fonds Harbinger Capital, était astucieuse : monter un réseau LTE aux Etats-Unis et le louer aux opérateurs désespérement en quête de nouvelles ressources spectrales pour suivre l'essor de la croissance du data mobile.

Le fonds a obtenu des accords d'exploitation de fréquences dont certaines sont très proches de celles utilisées par le système GPS....et ont tendance à générer des interférences avec les appareils de positionnement. Malgré les mises en garde, LightSquared a longtemps rejeté ces critiques en soutenant qu'une simple modification de ses équipements LTE suffirait à s'en protéger.

Dans le même temps, le consortium a négocié un gros accord de déploiement d'un réseau LTE terrestre avec Sprint Nextel, d'une valeur de 9 milliards de dollars et qui doit aussi servir les ambitions de l'opérateur, ce dernier souhaitant migrer du WiMAX à LTE à court terme.

Problème : les derniers tests réalisés confirment que les interférences entre le GPS et les équipements LTE de LightSquared sont toujours bien là, mettant en danger l'accord avec Sprint qui doit être validé avant la fin de l'année pour obtenir l'approbation de la FCC ( le régulateur télécom US ), et à plus long terme l'ensemble du projet de location d'un réseau LTE, qui s'annonce pourtant lucratif.

Dans une volte-face sans doute dictée par l'urgence de la situation, LightSquared change complètement d'argumentation et affirme maintenant que la cause des interférences est liée au fait que les fabricants de systèmes GPS empièteraient sur ses fréquences.


Qui interfère sur qui ?

Le consortium a adressé à la FCC une communication dans laquelle il revendique le droit d'utiliser ces fréquences proches de celles du GPS pour un futur réseau LTE mais tout en soulignant qu'il n'est pas responsable des interférences mises en évidence. Il demande donc que le régulateur prenne des mesures pour faire valoir son droit d'exploitation des licences.

" L'inévitable conclusion issue de deux phases de tests indépendants est que le problème d'incompatibilité n'est pas causé par le réseau de LightSquared "
, affirme Jeff Carlysle, responsable des affaires légales chez LightSquared, qui affirme que les appareils GPS sont conçus à dessein pour piocher dans les fréquences obtenues par le consortium, d'où les interférences mises en évidence.

Il met en avant les approbations obtenues depuis huit ans auprès de différents organismes et agences gouvernementales et souligne qu'à ce titre, les accusations d'interférences de la part des fabricants de systèmes GPS arrivent bien tard, alors qu'eux-mêmes auraient dû prendre les mesures nécessaires depuis longtemps.

A voir maintenant si la FCC sera sensible à ces arguments, face à un marché du GPS dont on voit mal comment il pourrait être amendé ( au moins à court terme ) au vu du nombre d'utilisateurs et des implications économiques qu'il sous-tend.

Un rejet de l'accord entre LightSquared et Sprint serait un coup dur pour le projet du consortium, celui-ci n'ayant pas les ressources financières pour déployer lui-même un réseau LTE étendu. Précisons enfin que contrairement à ce qu'on peut lire souvent, les réseaux 4G en général n'interfèrent pas avec le système GPS ( mais ils risquent de le faire avec certaines fréquences de la TNT en France, là aussi du fait d'une proximité des fréquences sur la bande 800 MHz ). Il ne s'agit que ce cas particulier lié aux fréquences exploitées par LightSquared.

Source : Financial Times